Deuil très compliqué / Culpabilité

Bonjour à tous et toutes

Je vous écris aujourd’hui pour la première fois pour vous faire part d’une réponse expérience qui a été pour ma moitié, moi même et mon chien sûrement très traumatisante.

Nous avons adopté un chien «*batard*» à la SPA, un genre de labrador. Ils allaient le faire piquer car c’était un mâle, ancien chien délaissé par ses maîtres, et personne n’en voulait, mais dès que je l’ai vu j’ai su que je l’aimais déjà. J’ai dû insister mais ils ont accepté et nous l’avons adopté.

Il avait déjà 5 ans. Nous l’avons gardé 6 ans presque 7, le chien le plus gentil du monde. Il avait des gros souci d’anxiété, de peurs inexplicables, que nous avons toujours su gérer avec bienveillance. Je pense que personne n’a jamais autant aimé un chien, il était notre monde. Nous faisions tout autour de lui.

Depuis un an, ses crises d’anxiété se sont intensifiées, lui qui n’était pas destructeur pour un sous à un jour mangé / détruit une porte.
Depuis 6/7 mois c’était très très compliqué à gérer, nous ne savions pas dans quel état nous allions le retrouver, lui ou l’appartement, nous essayions de rester le plus possible avec lui.
On a tenu bon, la vie sans lui était inenvisageable.

Depuis janvier de cette année, nous avons (avec accord et prescription vétérinaire) pu lui donner des calmants (nous en avons essayé plusieurs à plusieurs doses, Zylkene, Gabapentine par exemple)
Elle nous a conseillé de voir une spécialiste très chère de ce genre de problème canin. J’avoue que nous avons laissé traîner par manque de moyens, nous disant que son état empirerai sûrement lentement et que nous aurions du temps devant nous.

Au début pendant 2/3 semaines ça allait avec ses traitements mais très vite son état s’est empiré.

Puis est venue cette semaine. Notre chien a fait des crises de panique toute la journée et toutes les nuits, il semblait sursauter puis il se mettait à marcher rapidement dans tout l’appartement façon erratique et terrifiée. Il cherchait à tout prix à partir par tous les moyens, grattant et se jetant sur chaque porte close.
Il a même essayé à plusieurs reprises de se jeter de mon balcon en escaladant la rambarde. Cela m’a traumatisé.
Nous sommes resté abasourdi, pensant que le souci venait de chez nous (ultrasons ? Bruits ? Odeurs ?) nous avons enquêté, mais il s’est mis à faire ça ailleurs aussi, et nous avons compris que le souci n’était pas que sous notre toit. Nous avons passé une semaine entière sans dormir, le veillant, et lui non plus n’a presque pas dormi de la semaine.
Même sous prozac à haute dose (toujours conseillée et prescrite par notre vétérinaire) il ne dormait et ne s’apaisait presque pas.
Par moment, pendant une heure il semblait redevenir lui même, puis d’un coup brutal ça repartait. Il marchait sans relâche, paniqué, halletant, il s’est même mis à baver alors qu’il n’a jamais bavé. Il ne réclamait plus du tout à manger alors qu’avant il était réglé comme horloge. Par contre si nous lui donnions à manger il mangeait lentement.

Cette semaine a été un véritable enfer. Plus de sommeil sauf par bribes, le contenir, le voir paniqué, le regard vide puis pendant une heure espérer quand il redevenait lui même. Puis tout à recommencé. Encore et encore sans relâche.

Une des deux vétérinaires qui nous a suivi nous a parlé d’un potentiel état de sénilité sévère, un genre d’effondrement psychique. Son physique allait très bien, ce qui était assez rageant car pour moi il avait encore des années devant lui (il avait tout de même 12 ans)
Elle a parlé d’euthanasie dès ce début de semaine. Comme une option, pas une obligation.

L’autre vétérinaire, plus jeune, nous a quant à elle beaucoup culpabilisé. Elle nous a dit que nous n’en avions pas fait assez, que nous aurions dû voir cette spécialiste plus tôt, que nous devions faire des IRM (entre 700 et 1400€) et en faire toujours plus. Elle nous a dit «*vous n’avez qu’à le rendre à la SPA y vous ne voulez plus le gérer*» puis même «*apparemment vous préférez le tuer plutôt qu’essayer*»

Nous avons essayé, depuis des années, des mois, des semaines avec nos moyens, mais tout notre amour et notre dévotion.
Nous étions épuisés, notre chien aussi, le voir aussi mal en point nous a anéanti. Je n’ai pas ressenti une telle peine depuis des années.

Nous avons opté pour l’euthanasie. Malgré la situation extrêmement dure nous avons tenu à passer quelques jours de plus avec lui. Nous lui avons cuisiné un steak le jour de son départ. La vétérinaire plus âgée a compris sa détresse et la nôtre et il a rejoint le paradis dès toutou le week-end dernier. Nous nous sommes couchés avec lui et avons invité tous les gens qui l’ont aimé, et lui avons tenu la tête et les pattes jusqu’a son dernier souffle.

Depuis, je pleure dès que je suis seul. Rongé, littéralement par la culpabilité, car physiquement il allait très bien, et nous n’avons jamais eu le fin mot de sa pathologie sous jacente. Les traitements essayés n’ont pas marché, mais je ne peux m’empêcher de me dire que si nous avions plus de moyens peut être aurions nous pu l’aider, le soulager mieux et lui sauver quelques mois/années voire plus.

Les mots très durs de cette vétérinaire m’ont plongé dans un état dépressif assez profond, et dans une culpabilité très intense.
Il me manque, tout ce qu’il était me manque. Même l’odeur de ses pets me manque. Il est mal vu d’euthanasier un chien physiquement en forme même si son mental s’effondre, et il est mal vu de ne pas avoir les moyens de faire plus.
A 12 ans, nous ne nous sommes pas thérapeutiquement acharné sur lui.

Si certains ou certaines se reconnaissent dans mon histoire, dans l’euthanasie d’un chien vieux mais physiquement en forme, mais mentalement hors de contrôle, je serais ravi de lire vos témoignages, et vos conseils.

S’il vous plaît soyez bienveillants.es, nous avons fait notre maximum et pourtant nous savons que nous aurions peut être du faire plus. Je suis perdu dans mon deuil et dans son absence.