Un chien unique
Sur le plan de l’apparence, le Teckel se distingue à plusieurs égards des autres races canines : non seulement sa morphologie est unique, mais en plus la gamme de couleurs et de marques que sa robe est susceptible d’arborer s’avère particulièrement étendue.
Il détient en outre le record du nombre de variétés officiellement reconnues. En effet, la Fédération Cynologique Internationale (dont sont membres une centaine d’organismes cynologiques nationaux – notamment ceux de la France, la Belgique et la Suisse) en reconnait pas moins de neuf.
Cela est dû à sa grande diversité :
- en termes de taille : il convient ainsi de distinguer le Teckel Standard, le Teckel Nain et le Kanninchenteckel ;
- en termes de texture et longueur du pelage : quelle que soit sa taille, le Teckel peut être à poil ras, long ou dur.
Si l’on ajoute à cela qu’il s’avère extrêmement polyvalent dans le domaine de la chasse, on aboutit à un chien que la FCI estime ne pas pouvoir classer aux côtés d’autres races qui seraient similaires. Elle lui consacre donc un groupe à part au sein de sa nomenclature (le groupe IV), au sein duquel il est le seul à figurer.
Il convient cela dit de souligner que le Kennel Club britannique (KC), le Club Canin Canadien (CCC), l’American Kennel Club (AKC) et le United Kennel Club (UKC) ne reconnaissent pour leur part « que » six variétés du Teckel, étant donné qu’en termes de gabarit ils se cantonnent au Teckel Standard et au Teckel Nain.
Les courses de Teckels
Bien que nettement moins connues que les courses de lévriers, les courses de Teckels existent depuis les années 70. Elles furent créées en Australie puis ont gagné depuis le monde entier, avec des règlements et des modalités variables d’un pays à l’autre. La compétition la plus connue est la Wienerschnitzel Wiener Nationals, qui existe depuis 1996 et se tient chaque année sur l’hippodrome de Los Alamitos, à Cypress (Californie).
Lors de cet événement, les chiens se voient attribuer chacun une porte de départ et une voie de course de laquelle ils ne doivent pas sortir. Il leur faut alors courir sur une cinquantaine de mètres en ligne droite, tandis que leurs propriétaires sont au bout des voies et les attirent avec un jouet ou une friandise. Le concurrent qui fait le meilleur temps est déclaré vainqueur. Il y a certes un prix en espèces pour son propriétaire, mais le but de la Wienerschnitzel Wiener Nationals est surtout de récolter des fonds pour un centre de soins pour animaux (le Seal Beach Animal Care Center) tout en s’amusant.
Teckels célèbres de l'Histoire
À partir du 19ème siècle, on commença à s’intéresser au Teckel pour autre chose que ses talents à la chasse. En effet, à l’instar de beaucoup d’autres races qui jusqu’à présent avaient une dimension purement utilitaire (la garde des biens, la conduite et la protection des troupeaux, la chasse…), il devint également prisé comme simple compagnon domestique, notamment au sein des familles royales. Ainsi, on peut citer parmi ces illustres propriétaires :
- la reine d’Angleterre Victoria (1819-1901) et son époux le prince Albert (1819-1861), qui eurent plusieurs Teckels, notamment des sujets à poil dur. Cette variété était la plus répandue à l’époque en Allemagne, si bien que ces chiens rappelaient à la souveraine sa terre natale. Il convient au passage de souligner que ce fut le prince qui introduisit la race au Royaume-Uni ;
- le dernier empereur d’Allemagne Guillaume II (1859-1941), qui avait une passion pour ce chien et en posséda de nombreux spécimens. On trouve d’ailleurs dans le parc de Huis Doorn, qui fut sa résidence en exil après la Première Guerre mondiale, les tombes d’au moins cinq Teckels lui ayant appartenu, ainsi que des monuments dédiés à deux d’entre eux : un mémorial dédié à Erdmann, un de ses chiens préférés, et une stèle à la mémoire de Senta, une femelle décédée en 1927 à l’âge de 20 ans. Guillaume II se déplaçait partout avec ses Teckels, qui n’étaient d’ailleurs pas toujours appréciés : ils avaient la réputation d’être mal éduqués, et il arrivait qu’ils mordent des dignitaires étrangers. Cette passion de l’empereur ne fut évidemment pas bénéfique à l’image de la race dans les pays opposés à l’Allemagne au cours de la première Guerre mondiale, en particulier au Royaume-Uni et aux États-Unis. En effet, celle-ci fut alors considérée comme un symbole de sa nation natale, et utilisée comme tel par la propagande dans les deux camps. Le rejet fut à ce point violent que la race faillit disparaître tant sur le sol britannique qu’américain ;
- la reine d’Angleterre Elizabeth II (1926-2022) : même si sa race de prédilection était le Welsh Corgi Pembroke, elle partageait la passion de son aïeule pour le Teckel et en posséda elle-même plusieurs.
Par ailleurs, la première mascotte officielle conçue pour des Jeux Olympiques fut un Teckel multicolore du nom de Waldi, imaginé pour les Jeux d’été de Munich (Allemagne) en 1972. Elle suscita un fort intérêt pour la race un peu partout dans le monde, augmentant à la fois sa popularité et le nombre d'élevages lui étant consacrés.
Le Teckel dans la littérature
Le Teckel est assez bien représenté dans la littérature, et en particulier dans celle destinée aux enfants. On le trouve ainsi notamment dans :
- Les Durondib et leur chien Adolphe, une bande dessinée humoristique du dessinateur américain Harold Knerr (1882-1949), qui fut publiée entre 1926 et 1952 dans les journaux illustrés Le Journal de Mickey et Hop-là !. Elle raconte les aventures de Dinglehoofer, un vieux garçon d’origine allemande, et de son Bouledogue Adolf (Adolphe en français). À partir de 1936, face à la montée en puissance d’Hitler, l’auteur décida de remplacer Adolf par un Teckel nommé Schnappsy ;
- la série de livres pour enfants Martine (1954-2010), créée par l’auteur belge Gilbert Delahaye (1923-1997) et le dessinateur belge Marcel Marlier (1930-2011), qui met en scène une fillette vivant toutes sortes d’expériences ancrées dans le quotidien : à la ferme, au cirque, à la montagne, dans la cuisine, etc. Elle est systématiquement accompagnée dans ses aventures par son Teckel Patapouf ;
- Francfort, un Teckel qui a du chien (2018), un roman jeunesse dans lequel l’autrice française Mia Cassany raconte la vie d’un Teckel très raffiné ;
- Nickel le Teckel (2022), un livre pour enfants de l’autrice et illustratrice française Juliette Lagrange (née en 1994), dont le héros est un Teckel timide et maladroit qui élabore un plan afin que sa famille l’accepte pour ce qu’il est, à savoir un grand artiste ;
- Tout le monde a un Teckel sauf moi (2023), livre jeunesse de l’autrice et illustratrice française Charlotte Pollet (née en 1988) mettant en scène une fillette nommée Assa qui aime passionnément les Teckels. Le livre est d’ailleurs rempli de ces petits chiens qui se cachent un peu partout dans les pages ;
- La Grande Aventure de Douglas le Teckel (2024), un livre pour enfants écrit par la Française Constance Gronnier et illustré par son compatriote Guillaume Cambier, dont le personnage principal est un Teckel du nom de Douglas qui un jour perd la pomme de pin dont il ne se sépare jamais. Se mettant en tête de la retrouver avec l’aide de ses amis, il vit une grande aventure au fil des quatre saisons ;
- Salami, docteur Teckel (2024), roman jeunesse écrit par l’autrice française Vanessa Rubbio, qui a pour héros un Teckel appartenant à une vétérinaire. Le jour de son anniversaire, il reçoit de la part de sa maîtresse une panoplie de vétérinaire : il va donc désormais pouvoir soigner de vrais patients…
Le Teckel dans la peinture
De nombreux peintres furent inspirés par le Teckel, essentiellement dans son rôle de chien de chasse. Parmi les œuvres qui le mettent en scène, on peut citer notamment :
- Le basset Pehr avec gibier et fusil (1740), du peintre français Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) : ce tableau représente un spécimen à poil ras noir et feu qui était le préféré du comte Carl Gustaf Tessin (1695-1770), ambassadeur de Suède à Paris de 1739 à 1742 ;
- Un Teckel et un renard à l’orée d’un bois, qui provient de l’atelier de l’artiste allemand Johann Elias Ridinger (1698-1767) et montre ces deux animaux en train de s’affronter dans un paysage sylvestre ;
- la gravure Beim Ausgraben das Dachses (1867), de l’artiste allemand Ludwig Beckmann (1822-1902), qui met en scène trois Teckels se disputant la dépouille d’un blaireau ;
- l’aquarelle Dachshund, Jagdbare Thiere (1875), réalisée par le peintre animalier allemand Carl Friedrich Deiker (1836-1892), qui représente un Teckel se battant avec un blaireau dans un arbre creux ;
- le tableau Dachshunds (1893), de l’artiste britannique John Emms (1844-1912) : on y voit deux Teckels à poil ras devant un piège contenant un rat ;
- Nochnicht haseinrein (1897), un tableau du peintre autrichien Carl Reichert (1836-1918) qui représente une scène d’intérieur dans laquelle quatre Teckels à poil ras sont très intéressés par la dépouille d’un lapin suspendu sur un mur. Ils sont près d’un fauteuil (l’un d’eux est même dessus) sur lequel ont été déposés un chapeau de chasse, un fusil, une cartouchière et une besace.
Le Teckel à l'écran
Le Teckel étant une race très populaire, il n’est guère surprenant qu’il soit également bien représenté à l’écran. On peut ainsi le voir notamment dans :
- le dessin animé des studios Disney Pluto somnambule (1942), réalisé par l’Américain Clyde « Gerry » Geronimi (1901-1989) : un des personnages est une femelle Teckel du nom de Dinah, qui est la petite amie de Pluto, le chien de Mickey ;
- le film La dame de Shangaï (1947), du réalisateur américain Orson Welles (1915-1985). Une très belle femme du nom d’Elsa Bannister rencontre un homme du nom de Michael O’Hara et le fait engager sur le yacht de son mari. Ce dernier souhaite mettre fin à ses jours, mais plutôt que de se suicider, il demande à son nouvel employé de le tuer, moyennant 5000 dollars. Or, O’Hara est tombé amoureux de la belle Elsa… Un Teckel apparaît dans une scène de ce film très noir ;
- Augie Doggie et Doggie Daddy (1959-1961), une série de dessins animés créée par les Américains William Hanna (1910-2001) et Joseph Barbera (1911-2006). La série narre les mésaventures d’un père Teckel nommé Doggie Daddy et de son fils Augie Doggie ;
- le film d’animation de 1995 Toy Story (au Québec Histoire de jouets), du réalisateur américain John Lasseter (né en 1957). Les héros sont des jouets appartenant à un enfant du nom d’Andy, qui s’animent dès qu’aucun humain n’est présent. Chaque anniversaire du petit garçon est source d’angoisse pour eux, car ils craignent d’être remplacés. Les choses se compliquent lorsque celui-ci se voit offrir Buzz l’Éclair, un aventurier de l’espace : contrairement à ses acolytes, il n’a pas conscience d’être un jouet. Ce nouveau venu va rapidement semer la pagaille, amenant le groupe à vivre diverses aventures pleines de dangers. L’un des personnages est un Teckel à ressort du nom de Zigzag (Slinky au Québec). Ce premier opus est suivi de trois autres (respectivement en 1999, 2010 et 2019), et Zigzag est également présent dans chacun d’eux ;
- Hugo Cabret (au Québec Hugo), un film d’aventures fantastique en 3D sorti en 2011 et réalisé par l’Américain Martin Scorsese (né en 1942). L’action se déroule à Paris, en 1931 : Hugo, 10 ans, perd brutalement son père horloger et devient orphelin. Il se réfugie alors derrière les horloges de la gare Montparnasse, les entretenant et vivant d’expédients, tout en tentant de réparer un automate que son père restaurait au moment de sa mort, persuadé que la machine cache un message de son géniteur. Un Teckel du nom de Blackie est présent dans le film ;
- le film d’animation Frankenweenie (2012), du réalisateur américain Tim Burton (né en 1958). Il a pour personnage principal un garçon nommé Victor, qui perd son Teckel Sparky mais parvient à le ressusciter. Ses amis font de même pour ramener à la vie leurs animaux de compagnie, mais ces derniers deviennent des monstres et sèment le chaos dans la ville. Sparky aide alors les enfants à ramener l’ordre ;
- Shelly, champion à 4 pattes, un film de 2013 réalisé par l’Américain Kevan Peterson. Il met en scène un petit garçon qui vient de perdre sa mère, et reçoit en cadeau un Teckel à poil ras du nom de Shelly. Constatant que son compagnon est très rapide, il l’inscrit à la fameuse course de Teckels américaine Wiener Nationals, mais lui et sa famille se heurtent à une femme prête à tout pour faire gagner son propre chien ;
- Shelly, en route vers l’or (2015), qui est la suite de Shelly, champion à 4 pattes (2013) et est également réalisé par l’Américain Kevan Peterson. Le scénario est d’ailleurs assez proche : la famille Jack engage son Teckel Shelly dans les championnats du monde de course de Teckels, mais elle faire face notamment à une certaine madame Merryweather, propriétaire d’un autre chien en lice et bien décidée à tout faire pour que ce dernier l'emporte ;
- le film d’animation Comme des bêtes (2016), des réalisateurs américains Chris Renaud (né en 1966) et Yarrow Cheney (né en 1973). Son héros est un Jack Russell Terrier nommé Max qui, en l’absence de sa maîtresse, fréquente les autres animaux de compagnie de son immeuble. Parmi eux figure notamment un Teckel qui s’appelle Buddy. Avec l’aide de ce dernier et de ses autres amis, Max déjoue le complot ourdi par un lapin blanc qui a été abandonné et qui est décidé à se venger en causant du tort aux animaux de compagnie heureux ainsi qu’à leurs propriétaires ;
- Le Teckel, un film réalisé en 2016 par l’Américain Todd Solondz (né en 1959) : il brosse le portrait d’un Teckel et des personnes qui croisent sa route, auxquelles il apporte un peu de bonheur.
Teckels de célébrités
Plusieurs personnalités – notamment des artistes et des membres de familles royales européennes – possèdent ou ont possédé au moins un Teckel. Ainsi :
- l’artiste espagnol Pablo Picasso (1881-1973) vécut jusqu’à son décès avec un Teckel du nom de Lump, qui lui fut confié en 1957 par le photographe américain David Douglas Duncan (1916-2018). Il utilisa d’ailleurs son chien comme modèle pour plusieurs de ses dessins ;
- l’artiste américain Andy Warhol (1928-1987) eut dans les années 70 deux Teckels : Archie, qui fut adopté en 1972 et que son maître emmenait partout, puis Amos, qui rejoignit la famille trois ans plus tard ;
- le prince d’origine française Henrik de Danemark (1934-2018) posséda simultanément plusieurs Teckels qui ne le quittaient jamais ;
- la princesse Caroline de Monaco (née en 1957) est la maîtresse de deux Teckels à poil ras qu’elle a adopté en 2010 et dont elle se sépare rarement ;
- le roi Frederik X de Danemark (né en 1968) et son épouse la reine consort Mary (née en 1972) possèdent au moins un Teckel à poil ras ;
- l'avocat pénaliste et ancien ministre de la Justice français Éric Dupond-Moretti (né en 1961) possède un Teckel nommé Jean-Claude, qu'il a l'habitude d'emmener avec lui dans toutes sortes d'endroits.
Teckels qui sont des célébrités
- À la fin des années 2000, une femelle Teckel à poil dur du nom de Chanel fit son entrée dans le Livre Guinness des records au titre de « chien le plus vieux du monde ». Née aux États-Unis en 1988, elle décéda en 2009, à l’âge plus que respectable de 21 ans ;
- le premier chien cloné du Royaume-Uni fut une femelle Teckel baptisée Winnie. Sa maîtresse participa en 2014 à un concours proposé par le laboratoire sud-coréen Sooam Biotech. Celui-ci offrait au gagnant le clonage de son chien, une prestation facturée en temps normal plus de 60.000 livres sterling (environ 75.000 euros). Ayant remporté le prix, la propriétaire de Winnie se rendit donc en Corée du Sud, où les scientifiques prélevèrent un échantillon de la peau de son animal. C’est ainsi qu’un clone de Winnie baptisé Mini-Winnie vit le jour quelques mois plus tard.