La popularité de l'American Staffordshire Terrier

Un peu partout dans le monde, l’American Staffordshire Terrier est desservi par son passé de chien de combat ainsi que son physique imposant. De fait, il a longtemps baigné dans la violence, y compris après l’interdiction officielle des combats d’animaux dans la plupart des pays au fil des 19ème et 20ème siècles.

 

Aux côtés d’autres chiens partageant la même histoire et/ou possédant une morphologie comparable, il dut faire face à plusieurs vagues de traitements médiatiques négatifs, qui aboutirent dans divers endroits à des législations visant à restreindre voire interdire sa présence – en particulier dans les années 80 et 90.

 

Malgré cela, il est globalement de plus en plus populaire, car un nombre croissant de personnes savent l’apprécier pour ce qu’il est vraiment derrière son apparence impressionnante : un chien courageux, affectueux, loyal et doté d’une grande capacité de travail.

Popularité de l'American Staffordshire Terrier dans son pays d'origine

L’American Staffordshire Terrier jouit aux États-Unis d’une popularité un peu moins importante que celle qu’il connut lors de sa création, à la fin du 19ème siècle.

 

Il faut dire qu’au départ, son succès fut retentissant : on pouvait le voir non seulement aux côtés d’hommes politiques ou sportifs célèbres tels que le champion de boxe Jack Johnson (1878-1946) ou le président Theodore Roosevelt (1858-1919), mais aussi sur les écrans, à tel point qu’il représentait alors pour beaucoup le chien emblématique des États-Unis.

 

Les choses se gâtèrent après la Seconde Guerre mondiale, sa popularité déclinant alors quelque peu. Ainsi, au milieu des années 50, seule une centaine de naissances étaient enregistrées chaque année auprès de l’American Kennel Club (AKC), l’organisme cynologique de référence du pays.

 

Toutefois, ce nombre ne tarda pas à augmenter, et le fit même de façon fulgurante au cours des années 70. Ainsi, alors qu’il se situait aux environs de 300 à l’aube de cette décennie, il avait plus que quadruplé dix ans plus tard, dépassant les 1200. La hausse se poursuivit jusqu’à 1984, avec un pic à plus de 1600 naissances annuelles, mais les années qui suivirent furent marquées par un net reflux : en cinq ans à peine, elles étaient repassées sous la barre des 700.

 

Toutefois, l’Amstaff reprit du poil de la bête tout au long des années 90, au point que le nombre d’individus enregistrés chaque année auprès de l’AKC tournait autour de 1700 à l’aube du 21ème siècle. Il baissa à nouveau fortement à partir de 2005, chutant à près de 1100 juste avant les années 2010.

 

Ce recul tend à se poursuivre depuis lors, ce qui se reflète dans le classement des races établi par l’AKC en fonction du nombre d’enregistrements annuels : alors que l’American Staffordshire Terrier se situait autour de la 60ème place rang au début des années 2000, il était au début des années 2020 un peu au-delà du 80ème rang.

 

Il faut dire qu’il est la cible de diverses législations qui restreignent - voire interdisent - sa possession, tout comme d’ailleurs celle d’autres races elles aussi jugées dangereuses. Cela dit, après s’être multipliées à la fin du 20ème siècle, les réglementations ciblant des races spécifiques sont désormais plutôt sur le recul, car leur utilité est assez contestée.

Popularité de l'American Staffordshire Terrier en France

L’American Staffordshire Terrier se diffusa à une vitesse soutenue en France à partir de son introduction à la fin des années 80. En effet, le nombre d’inscriptions au Livre des Origines Français (LOF) passa de moins de 5 en 1987 à plus de 100 en 1992 et près de 500 en 1996.

 

À partir de 1997, les compteurs explosèrent, avec une multiplication par plus de cinq en quatre ans seulement (entre 1996 et 2000). À l’aube du 21ème siècle, plus de 3000 Amstaffs naissaient chaque année dans l’Hexagone.

 

Ce succès retentissant ne fit que se confirmer dans les années suivantes, pendant lesquelles il trôna en première place du groupe des terriers et vit encore son nombre de naissances monter en flèche, au point d’atteindre un pic de plus de 10.000 en 2017.

 

En revanche, depuis lors, on note un certain déclin, qui est peut-être dû à une certaine lassitude face aux mesures législatives strictes dont il fait l’objet depuis la fin des années 90. Malgré cela, il reste très populaire, occupant la deuxième place du groupe des terriers (juste derrière son parent britannique, le Staffordshire Bull Terrier, qui est repassé devant lui en 2017) et enregistrant plus de 8.000 naissances annuellement. De fait, il figurait au début des années 2020 autour de la 6ème place dans le classement des races les plus plébiscitées par les Français.

Popularité de l'American Staffordshire Terrier en Belgique

L’American Staffordshire Terrier jouit d’une grande popularité en Belgique. En effet, avec autour de 5000 enregistrements annuels dans la base de données nationale Dog-ID, il figure depuis le milieu des années 2010 autour de la 10ème place au classement des chiens les plus présents dans le pays.

 

À la fin des années 2010, il était même la deuxième race la plus enregistrée à Bruxelles (juste derrière le Chihuahua, mais devant son cousin le Bouledogue Français), alors qu’en Wallonie, il faisait partie des 10 chiens les mieux implantés. Dans les Flandres, il se situait plutôt autour de la 15ème position.

Popularité de l'American Staffordshire Terrier en Suisse

L’American Staffordshire Terrier est bien implanté en Suisse, malgré des mesures restreignant ou interdisant sa présence dans plusieurs cantons – notamment ceux de Genève et du Valais. Il y est même de plus en plus populaire : les statistiques de la base de données nationale Amicus montrent que le nombre d’individus présents sur le territoire a doublé entre le milieu des années 2010 et le début de la décennie suivante, passant d’environ 1500 à plus de 3000 en 2021.

 

Cela lui a permis de grimper fortement au sein du classement des races les plus répandues dans le pays, au point de figurer autour de la 30ème place.

Popularité de l'American Staffordshire Terrier au Canada

Même s’il a depuis 1990 son propre club de race, l’American Staffordshire Terrier Club of Canada (ASTCC), l’Amstaff est loin d’être très populaire au Canada. Il est d’ailleurs distancé notamment par le Bouledogue Français et le Bouledogue Anglais, deux autres chiens de type bull : les statistiques du Club Canin Canadien (CCC) montrent même que ces derniers font tous deux partie des 10 races les plus répandues sur le territoire, ce qui est loin d’être son cas.

 

Cela s’explique en partie par le fait que certaines autorités limitent ou interdisent sa possession, que ce soit au niveau provincial (comme en Ontario) ou municipal (comme Winnipeg au Manitoba, ou Plessisville au Québec).

 

Ainsi, tant le CCC que l’ASTCC ne recensent guère plus d’une dizaine d’éleveurs dans le pays, la plupart situés en Colombie-Britannique et dans l’Alberta.

Popularité de l'American Staffordshire Terrier ailleurs dans le monde

Même si sa diffusion est freinée dans divers endroits par toutes sortes de réglementations ciblant les chiens supposés dangereux, l’American Staffordshire Terrier (AST) jouit d’une popularité certaine dans de nombreux endroits du monde.

 

C’est le cas notamment en Amérique, et pas seulement au Nord. De fait, la race s’est non seulement diffusée au Canada, mais aussi dans des pays d’Amérique latine. C’est le cas par exemple au Brésil, où au début des années 2020 environ 1400 individus étaient enregistrés auprès de l’organisme cynologique de référence du pays, le CBKC (Confederação Brasileira de Cinofilia).

 

Sur le Vieux Continent, elle s’est implantée en France, en Belgique et en Suisse, mais aussi dans les autres pays. Néanmoins, la tendance est plutôt orientée à la baisse, après un pic dans les années 2010.

 

C’est frappant par exemple en Espagne, où le nombre d’enregistrements annuel auprès de la Real Sociedad Canina de España (RSCE) est passé de plus de 1000 depuis le milieu des années 2010 à moins de 500 au début des années 2020, soit une division par deux. 

 

On constate le même phénomène notamment en Italie, où les données de l’Ente Nazionale della Cinofilia Italiana (ENCI) montrent que l’Amstaff a vu sa popularité monter en flèche avant d’atteindre un plateau au milieu des années 2010. On constate depuis un certain déclin du nombre de naissances annuelles, qui sont passées de plus de 5000 en 2016 à environ 3500 au tournant des années 2020. Malgré cette baisse, l’Amstaff reste un des chiens de type bull les plus populaires du pays : il a certes fini par être dépassé par le Bouledogue Français, mais reste notamment devant le Bouledogue Anglais et le Staffordshire Bull Terrier.

 

La race a également perdu du terrain aux Pays-Bas, où elle s’était répandue dès le début des années 80. Elle avait alors fait l’objet d’un tel engouement qu’un programme d’élevage sérieux fut presque instantanément mis sur pied et qu’un club de race fut également rapidement fondé, ce qui aida à obtenir sa reconnaissance par le Raad van Beheer en moins d’une décennie (1992). Par la suite, sa popularité a souffert quelque peu d’un traitement médiatique négatif l’associant souvent au Pitbull, qui a été impliqué dans plusieurs attaques envers les humains.

 

On retrouve également l’American Staff sous des latitudes encore plus éloignées de ses terres natales, comme en Océanie ou en Afrique.

 

Il est même très bien implanté en Australie, où sa présence a fortement augmenté depuis la fin des années 80. Le nombre d’enregistrements annuels auprès de l’Australian National Kennel Council (ANKC) a même été multiplié de plus de cinq dans les années 2000, passant d’environ 300 à l’aube du 21ème siècle à plus de 1600 une décennie plus tard. L’augmentation s’est poursuivie par la suite, si bien que dans la première moitié des années 2010 on comptait généralement plus de 2000 inscriptions par an. On constate toutefois à partir de 2016 un afaissement et une stabilisation autour de 1700. Cela reste une valeur élevée, qui permet à l’AST de figurer autour de la 10ème place des races les plus répandues du pays.

 

Il est nettement moins présent en Afrique du Sud, puisque le Kennel Union of South Africa (KUSA) ne recevait guère plus d’une soixantaine de demandes d’inscriptions par an en moyenne au tournant des années 2020. Cela représente une division par quatre par rapport au tournant des années 2010, où ce nombre se situait plutôt autour de 250.  Malgré cet effondrement, l’Amstaff figure parmi les cinq terriers les mieux implantés dans le territoire depuis le début des années 2000, derrière le Bull Terrier ainsi que le Staffordshire Bull Terrier.  

Photos de cette race