L'histoire du Bullmastiff

La genèse du Bullmastiff

Le Bullmastiff est une race de chien de garde qui fut créée en Grande-Bretagne au milieu du 19ème siècle. L’objectif était de répondre à une demande de la noblesse terrienne, en quête d’un chien efficace pour lutter contre les voleurs et surtout contre les nombreux braconniers.

 

À cette époque, le braconnage était puni de mort au Royaume-Uni, et ceux qui s’y livraient étaient armés, préférant tuer les gardes-chasse plutôt que se faire arrêter. Ces derniers avaient donc besoin d’un chien qui fût à la fois dissuasif de par son gabarit et un excellent gardien de par son tempérament, tout en étant également loyal et obéissant.

 

Afin d’obtenir un chien répondant à ces attentes, les gardes-chasse se livrèrent à des croisements entre deux races anglaises : le Mastiff, au gabarit impressionnant mais au caractère trop placide, et le Bulldog, au tempérament adéquat mais à la stature modeste. Le résultat fut le Bullmastiff, qui fut utilisé avec succès pour patrouiller dans les forêts et les grands domaines.

 

De nombreuses traces dans les littératures anglaise et française attestent du fait que des croisements entre ces deux races avaient déjà eu lieu au cours des siècles précédents, et ce dans toutes les couches de la société britannique. Dans son Histoire naturelle (écrite à partir de 1749), le naturaliste français Buffon (1707-1788) parle d’ailleurs d’un chien de ce type qu’il appelle Fort-Bulldog. Cependant, le Bullmastiff obtenu dans la seconde moitié du 19ème siècle fut la version la plus réussie - et du coup la seule qui fut retenue.

 

Il fut alors surnommé « Gamekeeper’s Night Dog » (« Chien de Nuit des Gardes-chasse »). D’ailleurs, afin de le rendre moins visible lors des patrouilles nocturnes, on privilégia les robes sombres et notamment bringées.

 

Cet animal puissant, courageux, déterminé, capable de poursuivre un braconnier et de le plaquer au sol puis d’attendre les ordres sans mordre, se révéla si efficace qu’il devint vite assez populaire. Le travail de sélection se poursuivit néanmoins, motivé tant par la volonté d’améliorer et de fixer ses qualités que d’obtenir sa reconnaissance comme race à part entière.

 

Au cours du 20ème siècle, la pratique du braconnage recula, et les propriétaires terriens firent de moins en moins appel au Bullmastiff pour protéger leurs domaines. Néanmoins, celui-ci était devenu assez populaire pour continuer à susciter l’intérêt du grand public, et devint un chien de garde et de compagnie apprécié. À partir de ce moment-là, on se mit à privilégier la couleur fauve, qui rappelait celle du Mastiff.

 

C’est justement son nombre élevé d’individus qui fit que la Seconde Guerre mondiale mit à mal la race, notamment en raison du manque de nourriture, mais que contrairement à bien d’autres elle ne fut pas menacée d’extinction.

La diffusion du Bullmastiff dans son pays d'origine

À la suite de sa création au milieu du 19ème siècle, le Bullmastiff acquit vite une certaine réputation en Grande-Bretagne comme gardien, d’autant que parallèlement à ses qualités utilitaires, on avait travaillé sur son tempérament afin d’obtenir un chien naturellement gardien mais équilibré, loyal et obéissant.

 

En 1871, six individus furent présentés lors d’une exposition canine à Londres, ce qui permit au grand public de le découvrir. Cette même année, le terme « Bullmastiff » fit son apparition pour le désigner : il fut utilisé pour la première fois dans un article du célèbre magazine rural britannique The Field.

 

À partir de 1924, sa reconnaissance par le Kennel Club britannique entraîna une augmentation sensible de la population de la race.

 

Par la suite, même si le recul du braconnage fut qu’il devint moins utile pour son usage historique, son efficacité alliée à son tempérament équilibré et loyal faisait de lui un chien polyvalent qu’on adopta aussi bien comme chien de compagnie que pour protéger la maison et la famille.

La diffusion internationale du Bullmastiff

On ne sait pas vraiment quand ni comment le Bullmastiff fut introduit dans les pays voisins de la Grande-Bretagne (notamment la France et la Belgique), ni d’ailleurs au Canada.

 

En revanche, concernant les États-Unis, on pense qu’il fut introduit dans les années 20 par le célèbre magnat John D. Rockefeller (1839-1937), qui fit fortune dans l’industrie pétrolière et fut le fondateur de la dynastie qui porte son nom. Il aurait importé un Bullmastiff pour protéger sa propriété de campagne.

 

Il est avéré par ailleurs que la race fut introduite en Afrique du Sud à la fin des années 30 dans le but de protéger les diamants de la compagnie minière De Beers. Il est d’ailleurs encore utilisé de nos jours à cette fin par la Diamond Society of South Africa.

La reconnaissance du Bullmastiff par les organismes officiels

Le Bullmastiff est reconnu par l’ensemble des principales institutions cynologiques officielles du monde entier.

 

Le Kennel Club britannique ouvrit logiquement la marche en 1924, suivi par l’American Kennel Club (AKC) en 1933, dès lors qu’il considéra que la race était fixée. L’autre organisme de référence aux États-Unis, le United Kennel Club (UKC), fit de même en 1948. La race est aussi reconnue par le Club Canin Canadien (CCC).

 

La Fédération Cynologique Internationale (FCI) reconnut pour sa part le Bullmastiff en 1955. Ceci eut un impact certain sur sa diffusion à l’international, car la FCI chapeaute plus d’une centaine d’organismes cynologiques nationaux - dont ceux de la France (Société Centrale Canine, ou SCC), de la Belgique (Société Royale Saint-Hubert, ou SRSH) et de la Suisse (Société Cynologique Suisse, ou SCS).