Hachikò (1923-1935) est un Akita Inu nommé ainsi tout simplement parce qu’il était le huitième chiot de sa portée (« hachi » signifie huit en japonais). Adopté en 1924 par Hidesaburō Ueno (1872-1925), professeur au sein du département d’agriculture de l’université impériale de Tōkyō (plus connue sous le nom de Tōdai), il prit l’habitude d’accompagner son propriétaire tous les matins lorsque celui-ci se rendait à la gare de Shibuya, puis de l’attendre le soir à son retour du travail. Le 21 mai 1925, il attendit en vain : quelques heures plus tôt, son maître était décédé en plein cours.
Fidèle par-delà la mort, Hachikò poursuivit son rituel pendant plus de sept ans, attendant chaque jour le retour d’Hidesaburō Ueno, tandis que des voisins et des voyageurs habitués de la gare veillaient sur lui.
Il devint de plus en plus connu, au point que des articles de presse se mirent à narrer son histoire. On commença à le surnommer « chûken » (« le chien fidèle »). Une statue de bronze créée en son honneur par le sculpteur japonais Teru Ando (1892-1945) fut inaugurée de son vivant à la gare de Shibuya en 1934.
Hachikò mourut un an plus tard et fut enterré aux côtés de son maître, au sein du cimetière d’Aoyama. Cela dit, une partie de son corps fut empaillée et est encore aujourd’hui conservée au Musée national de la nature et des sciences de Tōkyō.
Quant à sa statue, elle fut fondue dans le cadre de la mobilisation des ressources décidée pour la guerre puis la reconstruction, mais fut remplacée en 1948 par une sculpture similaire, réalisée par Takeshi Ando (1923-2019), le fils de Teru Ando. Trônant aujourd’hui encore face à la sortie qui porte le nom du chien le plus célèbre du Japon, à quelques mètres à peine du célèbre carrefour de Shibuya, elle constitue un point de rencontre populaire pour les locaux et une véritable attraction pour les touristes, qui se pressent pour la prendre en photo.
En 2015, à l’occasion du 80ème anniversaire de la disparition d’Hachikò, une statue en bronze le représentant debout sur ses pattes arrière en train d’accueillir son maître fut érigée sur le campus de Tōdai.
Bien sûr, la popularité d’Hachikò ne se limite pas à la seule ville de Tokyo. Ainsi, on trouve plusieurs autres statues à sa mémoire dans différents endroits de l’archipel. Il y en a notamment deux en bronze à Odate, dans la préfecture d’Akita (nord du pays) – préfecture d’où la race est originaire, comme le souligne son nom. La première date de 1987 et est installée devant la gare, à la place d’une première statue édifiée dans les années 30 en s’inspirant de celle de Shibuya, et qui avait été fondue pendant la guerre. La seconde, érigée en 2004, est située devant un petit musée entièrement dédié à l’Akita Inu. La présence de deux statues d’Hachikò dans la ville d’Odate n’est pas le fait du hasard : c’est là qu’il était né.