Pour l’Humain, l’étreinte est une démonstration d’affection très naturelle envers les personnes que l’on aime. La plupart des maîtres aiment tellement leur chien, le plus souvent considéré comme un membre à part entière de la famille, qu’ils ont tendance à lui prodiguer force câlins, pensant en toute bonne foi lui donner autant de plaisir que celui qu’éprouverait un humain à qui ils feraient la même chose. Mais est-ce effectivement le cas ? Le chien est-il aussi friand de câlins que son maître ? Rien n’est moins sûr !
Pour étreindre, il faut déjà avoir des bras et des mains, ce qui exclut la plupart des espèces animales, physiquement incapables de se livrer à cette activité. Chez les primates, dont l’Humain fait partie, l’étreinte sert à montrer son affection, à réconforter ou à chercher du réconfort. En revanche, chez les autres espèces, dont le chien, elle est ressentie très différemment.
En effet, prendre un chien dans ses bras peut être ressenti par ce dernier comme une menace, car le langage corporel du chien diffère de celui de l’Homme. Le rapport au toucher chez le chien est très différent et ne renvoie pas aux mêmes émotions, même si la chienne a des contacts tactiles avec ses petits ou si deux chiens qui s’entendent bien peuvent effectivement rechercher un tel contact.
Entre autres choses, le chien domestique a gardé de ses lointains ancêtres sauvages l’instinct atavique de fuite à la moindre alerte, au moindre signe de danger. Or, l’étreinte pourtant pleine d’amour de son maître le prive précisément de la liberté de mouvement permettant de prendre la fuite si besoin. Elle le bloque, l’immobilise, ce qui a pour effet de le stresser, de faire monter son anxiété, à tout le moins de le mettre mal à l’aise.
Là où l’humain voit une preuve d’amour, le chien ressent au mieux de l’incompréhension et une certaine confusion devant cet acte qui pour lui n’a aucun sens. Pire, il peut interpréter l’étreinte comme une tentative de domination, une pure contrainte physique qu’il risque d’assimiler à une menace.
Certes, la plupart de nos compagnons à quatre pattes tolèrent cet acte et s’y soumettent parce que l’immense confiance qu’ils ont en leur maître leur dit que celui-ci n’a aucune mauvaise intention, et parce qu’ils y ont été habitués très tôt, quand ils étaient chiots. Il n’en reste pas moins que pour un chien, l’étreinte, le câlin si cher à l’Homme, est un acte contre-nature qui au mieux le dérange.
Ce sentiment est souvent renforcé chez un individu qui n’a pas été habitué à être câliné dès son plus jeune âge, voire qui a subi de la maltraitance ou un traumatisme causé par des humains. L’étreinte a alors encore plus de chances d’être prise pour un geste agressif et d’entraîner rapidement une réponse du même type.