Les colliers étrangleurs sont présentés comme des outils d’apprentissage de la marche en laisse pour les chiens qui ont tendance à tirer pendant la promenade. Comme leur nom l’indique sans équivoque, ils obligent l’animal à rester au plus près de son maître en exerçant une pression sur son cou lorsqu’il se montre récalcitrant.
Une méthode certes efficace, mais pour le moins radicale ; elle est d’ailleurs régulièrement dénoncée par les associations de défense des animaux et par une très large majorité d’éducateurs canins, qui lui préfèrent d’autres méthodes.
Que faut-il en penser ?
Un collier étrangleur ressemble à un collier pour chien ordinaire, si ce n’est qu’il est extensible. Il se présente sous la forme d’une chaîne ou d’une corde dont les deux extrémités se terminent par un anneau, et assemblée de façon à former un nœud coulant autour de la nuque. Chaque fois que le chien tire sur sa laisse, la chaîne coulisse et le collier se resserre autour de son cou : il ressent alors une pression qui l’oblige de fait à ralentir, voire à s’arrêter.
A l’instar d’un collier contre les aboiements, un collier étrangleur fonctionne sur le principe de la punition positive et du renforcement négatif : le but est que l’animal cesse de lui-même de tirer pendant la promenade, de peur de subir un nouvel « étranglement ». Il n’a donc pas vocation à être porté plus de quelques semaines : sitôt que le comportement du chien en promenade est convenable, il peut être retiré et remplacé par un collier normal.
Bien que leur usage fasse encore débat au sein de la communauté des éducateurs canins, les colliers étrangleurs sont de moins en moins employés pour l’apprentissage de la marche en laisse chez le jeune chien, au profit d’une approche plus ludique. Ils sont plutôt indiqués pour les sujets plus âgés qui n’ont jamais appris à suivre leur maître ou sur lesquels les autres méthodes ont toutes échoué.
Le principal avantage que présente un collier étrangleur est qu’il produit des résultats rapides. En effet, la sensation particulièrement déplaisante qu’il procure incite rapidement le chien à arrêter de tirer sur sa laisse. Il s’agit d’une méthode « radicale », dans le sens où même des sujets très récalcitrants voire agressifs peuvent finir par cesser leurs mauvais comportements à cause de l’intensité de la sanction.
Un collier étrangleur peut donc être utilisé dans le but de reprendre rapidement le contrôle des déplacements et de l’allure lors des promenades, ce qui est une manière parmi tant d’autres de faire comprendre au chien qui est le maître dans la famille. En effet, au sein d’une meute, c’est toujours au leader et non au subalterne de choisir où se dirige le groupe.
Utiliser un collier étrangleur avec son chien peut sembler extrême, mais c’est potentiellement un mal nécessaire si toutes les autres méthodes d’apprentissage de la marche au pied ont échoué. En effet, s’il est mal maîtrisé et a tendance à courir n’importe où, il représente un danger à la fois pour lui-même et pour son entourage : il risquerait par exemple de traverser brusquement la route et se faire renverser par un véhicule, faire chuter son maître en tirant violemment, faire peur voire attaquer les personnes ou animaux qu’il croise, etc. Il est donc impératif que son maître soit capable de le retenir et de le garder près de lui chaque fois que la situation l’exige : il en va non seulement de sa responsabilité en cas de problème, mais aussi de la sécurité de beaucoup de monde.
Le collier étrangleur fait partie des colliers de dressage pour chien qui sont le plus sujets à controverse, en raison des risques qu'il présente pour la santé physique et mentale s'il est mal utilisé.
S’il possède une efficacité certaine pour apprendre à son chien à marcher en laisse, le collier étrangleur est loin d’être sans dangers pour sa santé.
En premier lieu, son utilisation peut entraîner des lésions au niveau des vertèbres. Le risque est particulièrement prononcé chez les chiots ainsi que chez les races qui ont une colonne vertébrale fragile, comme le Teckel ou le Basset.
Il peut aussi provoquer un écrasement de la trachée, des lésions au niveau du larynx et une chute de pression artérielle en appuyant sur les artères. Son usage est donc déconseillé pour les chiens présentant des troubles respiratoires ou cardiaques, et tout spécialement les races brachycéphales comme le Bulldog Anglais et le Carlin.
Un collier étrangleur peut également augmenter la pression à l’intérieur de l’œil et favoriser ainsi l’apparition d’un glaucome, une maladie oculaire pouvant entraîner à terme une cécité partielle ou totale. Le risque est accru chez les races prédisposées à cette maladie, comme le Basset Hound et le Shiba Inu.
Par ailleurs, la pression exercée peut engendrer un dérèglement de la thyroïde, une glande située à l’avant du cou. Il peut en résulter par exemple une hypothyroïdie, un syndrome pouvant notamment être à l’origine de changements comportementaux majeurs : hyperactivité, anxiété, agressivité démesurée...
L'étude intitulée « Severe brain damage after punitive training technique with a choke chain collar in a German shepherd dog » et publiée en 2013 dans le Journal of Vetenary Behaviour suggère quant à elle que l’usage d’un collier étrangleur peut aussi causer des troubles neurologiques irréversibles. Cela est dû à la compression des vaisseaux sanguins, qui empêche une bonne irrigation du cerveau.
Bien entendu, tous ces risques sont d’autant plus importants que la pression exercée par le collier est forte et se répète. Le maître doit donc faire en sorte de bien respecter les précautions d’emploi.
L’impact d’un collier étrangleur sur la santé de l'animal n’est pas que physique : il peut être aussi psychologique.
En effet, la douleur engendrée lors de la sanction risque de le rendre agressif ou craintif, au point d’ailleurs qu’il peut finir par redouter les promenades. Autrement dit, ce qui devrait être un moment de détente voire de complicité pourrait se transformer en corvée pour l’un comme pour l’autre, ce qui n’est évidemment pas le but recherché.
A cela s’ajoute le risque que le chien en vienne à associer la douleur qu’il ressent aux personnes et animaux qu’il croise pendant ses sorties, puisque c’est généralement à ce moment que son maître le retient le plus. Cela aurait toutes les chances de nuire à sa sociabilité en renforçant son caractère craintif et son agressivité, et donc le rendre plus dangereux. Le cercle vicieux n’est alors pas loin…
Il existe différents types de colliers étrangleurs, en fonction du matériau utilisé et de la rapidité de coulissage. On trouve également des modèles dits semi-étrangleurs, dont le principe est légèrement différent des modèles classiques. Les uns comme les autres sont disponibles dans la plupart des animaleries et sur les sites de vente en ligne.
Le collier étrangleur en métal (et plus précisément en acier) est le type le plus commun. La chaîne est constituée de maillons métalliques, dont la taille varie d’un modèle à l’autre. Plus ils sont petits, plus ils coulissent facilement, et donc plus la pression se fait sentir rapidement au niveau du cou lorsque le chien tire. Les gros maillons sont plutôt conseillés pour les chiens à poil long, afin d’éviter que le pelage se prenne dans la chaîne et l’empêche de coulisser convenablement. Quelle que soit la taille des maillons, les modèles de mauvaise qualité peuvent rouiller et même tacher le pelage : pour des questions esthétiques, mieux vaut donc privilégier un produit de bonne qualité et qui soit inoxydable, en particulier si la robe est de couleur claire.
Les modèles en acier ont l’inconvénient d’être difficiles à ajuster et ont tendance à tomber sur les épaules. Il existe donc également des colliers en nylon, faits pour ne pas glisser. Ils sont particulièrement recommandés pour les chiens qui ont un large cou, et présentent en outre l’avantage de ne pas tirer sur les poils du chien, comme peut le faire un collier constitué de maillons métalliques.
Il en va de même avec les modèles en cuir. Ces derniers sont aussi résistants que ceux en métal ou en nylon, mais un peu plus chers.
Enfin, on trouve également sur le marché des laisses-lassos faites de nylon, ou plus rarement de cuir, qui fonctionnent exactement comme un collier étrangleur, se resserrant lorsque le chien tire. La différence est qu’on a alors besoin d’un seul accessoire au lieu de deux (un collier d’une part, une laisse de l’autre).
Un collier semi-étrangleur possède la particularité d’être équipé d’une butée réglable, qui permet au maître de définir l’intensité de la pression maximale à exercer au niveau du cou. C’est d’ailleurs la seule chose qui le distingue d’un collier étrangleur « classique ». Ce système permet d’éviter que la sanction soit trop violente et limite ainsi le risque de blessure ou d’accident.
Certains colliers semi-étrangleurs sont munis de pointes tournées vers le cou, qui s’enfoncent lorsque le chien tire. Du fait des dommages qu’ils peuvent causer à l’animal, ils sont tout simplement à proscrire.
Le prix d’un collier étrangleur pour chien (ou semi-étrangleur) est d’environ 15 euros en moyenne, sachant que le matériau n’entre que peu en ligne de compte. Il existe toutefois de grands écarts entre les modèles les plus basiques, qui coûtent autour de 5 euros, et les produits les plus sophistiqués et résistants, qui peuvent valoir jusqu’à 80 euros. Un sacré investissement, quand on sait qu’un collier étrangleur n’est censé être utilisé que quelques semaines…
Même s’il n’est normalement pas nécessaire de prévoir un tel montant, mieux vaut veiller à opter pour un modèle d’une qualité acceptable, afin qu’il ne se déforme pas et ne blesse pas l’animal en ne coulissant pas correctement. En outre, si c’est un acier bas de gamme qui a été utilisé, il peut rouiller et tacher le pelage : pas forcément problématique pour un individu au pelage foncé, mais potentiellement très inesthétique pour un autre au pelage clair. Au final, il est raisonnable de prévoir un budget d’une vingtaine d’euros.
Un collier étrangleur est relativement simple à utiliser. Il s’enfile par la tête, comme un collier classique, et est rapide à mettre comme à enlever. Il ne reste plus alors qu’à passer la chaîne ou la corde dans un des anneaux et accrocher l’extrémité de la laisse à l’autre anneau.
Il est néanmoins important de respecter certaines règles pour assurer le bien-être du chien et éviter les accidents.
Utiliser un collier étrangleur ne s’improvise pas et nécessite un certain apprentissage pour le maître. Ce dernier doit donc avant toute chose demander conseil à un vétérinaire, à un éducateur ou à un comportementaliste canin.
Ce peut d’ailleurs être l’occasion d’envisager d’autres solutions moins radicales.
L’usage d’un collier étrangleur doit être réservé aux races de chien de grande taille et à la musculature puissante, comme le Mastiff et le Berger d’Anatolie, que leur maître ne peut que difficilement maîtriser s’ils se montrent récalcitrants.
Le propriétaire d’un animal de plus petit gabarit doit s’abstenir d’utiliser un collier étrangleur, dès lors qu’il n’est pas physiquement dans l’impossibilité de retenir son chien et d’empêcher un accident même s’il tire sur sa laisse.
Pour fonctionner correctement, la plupart des colliers étrangleurs doivent être placés dans un sens précis, en fonction du côté où le chien se situe par rapport au maître : s’il se tient à sa gauche, la boucle du collier doit former un « P », et dans le cas contraire elle doit former un « Q ».
Cette précaution permet à la chaîne de coulisser facilement et donc de relâcher la pression exercée sur son cou de façon instantanée, pour éviter qu’il ne soit blessé si le collier ne se desserre pas de manière adéquate.
Cela implique que durant toute la durée d’utilisation, le chien doit toujours marcher du même côté.
Avant chaque utilisation, le maître doit toujours doit vérifier que la chaîne puisse coulisser sans être entravée.
Mieux vaut donc éviter d’y accrocher une médaille pour chien, car elle pourrait bloquer la chaîne ou exercer une pression importante sur le cou lorsque le collier se resserre, et donc être source de douleur.
L’utilisation d’un collier étrangleur nécessite une laisse adaptée, ni trop courte, ni trop longue. En effet, s'il est relié à une longe de plusieurs mètres (par exemple une laisse à enrouleur), le chien peut se faire très mal s’il se met à courir et qu’il arrive d’un seul coup au bout de la lanière. Mieux vaut donc privilégier un modèle plutôt court.
Pour autant, il faut être conscient du fait que la pression exercée sur le cou est bien plus importante si la laisse est courte : le maître ne doit donc pas tirer brusquement dessus pour tenter de maîtriser son chien, car cela entraînerait un étranglement brutal.
L’utilisation d’un collier étrangleur nécessite une très grande responsabilité de la part du maître, car lui seul décide de la punition à infliger à son chien. Il ne faut pas tirer sur la laisse brutalement, au risque de le blesser gravement. Il ne faut pas non plus raser son cou pour augmenter l’impact du collier étrangleur, comme cela se voit parfois…
Si l’animal continue de ne pas obéir, par exemple parce qu’il s’est habitué à la gêne provoquée par le collier, essayer d’exercer une pression toujours plus forte n’est pas la bonne solution : mieux vaut plutôt changer de méthode.
Le collier étrangleur et les accessoires équivalents peuvent permettre d’apprendre à un chien à marcher près de son maître sans tirer, mais ils ne s’attaquent pas aux causes qui l’amenaient à tirer. Avant d’investir dans de tels objets, mieux vaut comprendre ce qui le fait se comporter ainsi, et tâcher d’y remédier directement.
L'une des raisons principales à ce comportement est que le chien manque peut-être tout simplement d'exercice physique. Le cas échéant, il tire sur sa laisse pour chercher à profiter au maximum de chaque promenade et sortie, et ce comportement a d'autant plus de chances de se produire s’il a attendu ce moment toute la journée. Une solution pour réduire ce problème est de lui proposer davantage d'exercice, soit en multipliant les sorties, soit en lui faisant faire du sport ou des jeux.
Une autre raison possible de ce comportement est que le chien se prend peut-être pour le chef de famille : après tout, dans une meute, c’est le leader qui choisir la direction du groupe. Ce comportement s'observe fréquemment chez les races au tempérament dominant comme l’Akita Inu ou le Basenji, résulte du fait que sa place dans la hiérarchie familiale n’a pas été instaurée correctement. Bien évidemment, l’idéal est que ceci soit fait lorsqu’il n’est encore qu’un jeune chiot facilement malléable. Néanmoins, il n’est jamais trop tard pour essayer de corriger le tir et faire comprendre à son chien qu’on est le maître, par exemple en l’empêchant de passer les portes en premier ou de s’asseoir en hauteur. Si telle était la cause du problème, il ne devrait plus tirer sur sa laisse durant les promenades une fois la hiérarchie rétablie.
Le collier étrangleur n’est pas la seule méthode pour empêcher son chien de tirer sur sa laisse, loin de là. Il existe en effet plusieurs alternatives qui présentent l’avantage d’être moins susceptibles de le blesser.
Un harnais de dressage, ou harnais anti-traction, est plus rigide qu’un harnais traditionnel et s’attache à l’avant, au niveau du poitrail, plutôt que sur le dos. Ainsi, il gène le chien lorsqu’il tire sur la laisse, et l’oblige à s’arrêter.
Cet accessoire est utile pour rééduquer complètement un chien à la marche, car il perd alors complètement ses anciennes habitudes. Il faut simplement faire attention à ce qu’il ne provoque pas de blessures par frottements au niveau du poitrail, du fait de sa rigidité.
Le prix d’un harnais de dressage est d’une vingtaine d’euros, et on en trouve principalement en animalerie physique ou sur internet.
Une autre solution pour empêcher le chien de tirer sur sa laisse consiste à utiliser un collier licol. Ce dispositif permet de diriger son animal par la tête plutôt que par le cou. Il se place sur le museau, un peu comme une muselière, si ce n’est qu’il ne l’empêche pas d’ouvrir la gueule. La boucle se resserre lorsque l’animal ne suit pas les intentions de son maître.
Contrairement à un collier étrangleur, un collier licol n’exerce pas une pression forte au niveau du cou, et limite donc le risque de problèmes de santé. Il peut toutefois endommager les cervicales en cas de mouvement brusque de la part de l'un des deux protagonistes, et nécessite donc un certain entraînement.
Le prix d’un collier licol est comparable à celui d’un collier étrangleur ou d’un harnais, soit une vingtaine d’euros. On peut s’en procurer en animalerie physique ou sur internet.
Le maître peut aussi introduire différents exercices pour apprendre à son chien à marcher à ses côtés sans avoir besoin de recourir à un collier étrangleur ou un autre accessoire. Les méthodes les plus efficaces s’appuient sur la motivation de l’animal.
La méthode du renforcement positif prend la forme d’encouragements et de récompenses lorsqu’il se conduit bien. Dans les premiers exercices de marche à pied, il peut être félicité par une caresse ou une friandise lorsqu’il se tient près de son maître : il comprend ainsi rapidement qu’il est dans son intérêt de rester proche de lui. Les premiers exercices peuvent se limiter à quelques pas, puis on augmente la distance au fur et à mesure qu’il progresse, le but étant qu’à terme il marche naturellement auprès de son maître.
Quant à la technique de la punition négative, elle consiste à retirer une récompense quand le chien adopte un mauvais comportement. Ainsi, dès lors qu’il se met à tirer sur sa laisse durant la promenade, son maître peut siffler la fin de la partie et faire demi-tour pour rentrer à la maison.
L’apprentissage de la marche au pied prend du temps et demande de la patience, mais c’est un investissement qui en vaut la peine, plutôt que de recourir à un expédient dès la première difficulté. Il permet en effet de construire une relation de confiance et de rendre son chien plus intelligent, tout en évitant le risque qu’il soit blessé et/ou stressé par un accessoire coercitif.
Apprendre à son chien à ne pas tirer sur sa laisse peut prendre du temps, et s’avérer particulièrement difficile avec certains individus à la tête dure. Il peut donc être tentant d’utiliser un collier étrangleur pour garder le contrôle durant les promenades, fût-ce par la contrainte. Cette méthode est efficace sur la plupart des individus, mais elle présente de nombreux inconvénients, notamment en termes de risques pour la santé. Nombre d’éducateurs canins prônent plutôt aujourd’hui un recours à des solutions plus douces – et potentiellement aussi plus efficaces sur la durée.
Si le maître pense malgré tout qu’un collier étrangleur peut être une solution pour sécuriser les sorties avec son animal, il est important qu’il demande d’abord à un professionnel (vétérinaire ou éducateur canin) de lui montrer comment l’utiliser de manière appropriée : cela permet d’éviter de possibles blessures et d’avoir à s’en servir le moins longtemps possible.