Canada - Montréal : Chiens interdits dans deux parcs

07/06/2007

Depuis hier, quiconque se balade avec un chien dans la part Émilie-Gamelin et au square Viger s'expose à une amende de 100$ et 300$.

Ariane Lacoursière
La Presse

Assis dans l'herbe du parc Émilie-Gamelin à Montréal, Fred, jeune punk de 19 ans, parle à son sac à dos. «Reste caché. Bouge pas», souffle-t-il.

Malgré ces avertissements, un chiot sort du sac en agitant la queue. Inquiet, le jeune homme prend prestement son animal dans ses bras en jetant des regards nerveux aux alentours.

Depuis hier, les chiens ne sont plus admis au parc Émilie-Gamelin et au square Viger, au centre-ville de Montréal. L'arrondissement de Ville-Marie a décidé de sévir après avoir reçu de nombreuse plaintes de résidants du secteur,

«Le nombre de chiens augmentait sans cesse ces dernières années dans ces deux parcs. Les citoyens n'étaient plus à l'aise d'y aller. Plusieurs d'entre eux et beaucoup de commerçants nous ont demandé d'agir», a expliqué Jacques-Alain Lavallée, responsable des communications de l'arrondissement.

Dorénavant, quiconque se balade avec un chien dans ces deux parcs s'expose à une amende de 100$ à 300$.

«Pensez-vous vraiment que j'ai cet argent-là? Je n'ai même pas assez de sous pour avoir une maison faque, imaginez pour payer une amende», dit Fred, en remettant son chiot dans son sac.

Comme Fred, les nombreux jeunes marginaux qui envahissent chaque été le parc Émilie-Gamelin et le square Viger se sentent injustement visés par la nouvelle interdiction. «On a presque tous un chien. Interdire nos chiens, c'est une façon subtile de nous tasser du centre-ville. C'est clair que la Ville ne veut pas de nous ici», dit Vanessa, jeune punk de 18 ans qui passe ses étés dans les rues de la métropole.

«Ils ont mis des pancartes avec des chiens barrés de rouge juste parce qu'ils ne pouvaient pas mettre des pancartes avec des punks barrés de rouge. C'est pas nos chiens qu'ils veulent éliminer, c'est nous», ajoute Fred.

L'arrondissement de Ville-Marie se défend d'avoir voulu pousser les jeunes marginaux hors des parcs. «On est très préoccupés par le phénomène de l'itinérance. Mais on ne pouvait pas rester sans bouger. Nos citoyens étaient vraiment très inquiets», dit Jacques-Alain Lavallée.

Migration au parc La Fontaine

Déjà hier, les habitués du parc Émilie-Gamelin disaient qu'ils étaient moins nombreux qu'à l'habitude. «Mes amis sont allés au parc La Fontaine. Là-bas, il y a un parc à chiens. Mais on va finir par ne plus avoir le droit d'aller là-bas non plus, pense Daniel. La solution, ça serait qu'on disparaisse.»

Photo François Roy, La Presse