Chien secouriste : les chiens de recherche et de sauvetage

Chien secouriste : les chiens de recherche et de sauvetage

Parmi tous les chiens utilisés pour assister et sauver des personnes en danger, ce sont les chiens de recherche de victimes d’avalanche et les chiens de sauvetage en mer qui sont les plus connus.

Si les chiens de recherche et de sauvetage remplissent d’autres missions, celles-ci n’en sont pas moins importantes. Voici une présentation de ces compagnons à quatre pattes héroïques, qui réalisent des prouesses avec beaucoup de modestie…

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L'histoire des chiens de recherche et de sauvetage

L'histoire des chiens de recherche et de sauvetage

Appelés aussi « chiens de décombres » ou « chiens de catastrophe », les chiens de recherche et de sauvetage sont formés spécialement pour rechercher et sauver des personnes en danger. Ils interviennent à la suite d'événements tels que des séismes, des effondrements d’immeubles, des glissements de terrain, des incendies ou encore des catastrophes aériennes ou ferroviaires. Leur aide est précieuse, car une seule équipe cynophile équivaut en efficacité à une quarantaine de secouristes.

Si aujourd’hui cette forme de secours est courante, il n’y a pas si longtemps qu’elle est réellement organisée. Dans l’Égypte des Pharaons, on faisait certes appel à des chiens pour secourir les soldats blessés durant les batailles, mais c’est seulement à la toute fin du 19ème siècle, en Belgique et en Allemagne, qu’on commence vraiment à utiliser des chiens dans les missions de sauvetage. Ils sont alors appelés « chiens sanitaires ».

La mission du chien sanitaire est alors de retrouver des blessés. Tout commence en 1895, en Belgique, lorsque le Professeur Reul, de l’École Vétérinaire de Cureghem (région de Bruxelles-Capitale), effectue des démonstrations de chiens sanitaires devant des responsables de l’armée. Impressionné par leur efficacité, le lieutenant Van de Putte fonde la « Société des chiens sanitaires ».

Dans le même temps ou presque, en Allemagne, Max Von Stephanitz, le créateur de la race du Berger Allemand, incite l’armée à utiliser cette race de chien pour retrouver les blessés. Il faut croire que lui et ses chiens ont su être convainquants, puisqu‘ils commencent à être intégrés dans presque tous les régiments à partir de 1890. Leur chenil de formation, à Oberdollendorf (en Rhénanie-du-Nord-Westphalie), devient un modèle pour les autres pays, notamment la Suisse.

L’armée française ne se montre pas très intéressée dans un premier temps : la première « Société du chien sanitaire » ne sera créée qu’en 1908, et il faudra attendre 1911 pour que l’armée française accepte de former ces chiens de secours.

 

L'histoire des chiens de recherche et de sauvetage

Par la suite, ces chiens sont intégrés peu à peu dans les armées, y compris en France. Pendant la Première Guerre mondiale, on les utilise ainsi pour retrouver les soldats ensevelis dans les tranchées. Lors de la Seconde Guerre mondiale, en Grande-Bretagne, on fait de même pour les victimes des bombardements. Mais d’un point de vue officiel et structurel, cela reste embryonnaire, et il faut attendre 1954 pour qu’apparaissent les premières formations et les premières véritables structures dans certains pays précurseurs comme les États-Unis, la Suisse ou l’Allemagne de l’Ouest.

 

En France, les premières équipes cynophiles ne voient officiellement le jour qu'en 1982. C’est cette année-là qu’est créé, à Briançon, le premier centre de formation aux métiers canins (devenu aujourd’hui le Centre Agréé de la Défense et de la Sécurité Civile), sous l’impulsion du célèbre expert et sauveteur François Rostolland. Ces équipes sont par la suite envoyées au secours des victimes de tremblements de terre en Algérie et en Yougoslavie.

Plusieurs centres de formation de chiens de recherche et de sauvetage ont depuis vu le jour dans les SDIS (Services Départementaux d’Incendie et de Secours) français. Les stages de formation qu’ils organisent sont à destination des Sapeurs Pompiers, des UIISC (Unités d’Intervention et d’Instruction de la Sécurité Civile) et des agents cynophiles civils présélectionnés par l’ANECRS (Association Nationale des Équipes Cynophiles de Recherche et de Sauvetage) à travers toute la France. L’ANECRS assure par ailleurs le suivi des diplômés par des entraînements réguliers, et tient à jour la liste des équipes opérationnelles en cas de besoin.

Depuis l’ouverture du premier centre à Briançon, François Rostolland et d’autres experts cynophiles ont formé des milliers de chiens à travers le monde, et il est devenu tout à fait courant que des unités cynophiles soient envoyées en renfort partout où cela est nécessaire.

Les qualités d'un chien de recherche et de sauvetage

N’importe quel chien n’est pas forcément adapté pour devenir un chien de recherche et de sauvetage. En effet, si certaines des qualités de ces sauveteurs sont inhérentes à l’espèce canine (même s’il y a des variations d’une race de chien à une autre), d’autres en revanche sont plus spécifiques, et ne se trouvent pas chez tous les individus.

Une ouïe et un odorat excellents

Une ouïe et un odorat excellents

L'ouïe d'un chien est très fine, au point qu'il peut entendre un son faible (gémissement, grattement…) à une distance de 25 mètres, contre 4 mètres pour l’Homme. Cela lui permet de repérer des personnes enfouies sous des décombres, même si les sons sont très étouffés.

Quant à l'odorat, c’est ni plus ni moins que son sens le plus développé. En effet, la truffe d'un chien contient en moyenne 220 millions de cellules olfactives, contre seulement environ 5 millions pour le nez humain. On peut donc dire que l'odorat du chien est 35 fois supérieur à celui de l’Homme - et encore ne parle t-on là que de valeurs moyennes : les races de chien ayant le meilleur odorat se situent bien au-delà. Il s'agit par exemple du Chien de Saint-Hubert, du Beagle ou du Berger Allemand, dont le flair surpasse de loin celui des autres chiens. Le Chien de Saint-Hubert dispose ainsi de 300 millions de cellules olfactives, contre « seulement » 125 millions pour le Teckel.

 

En outre, le système olfactif du chien et la zone de son cerveau qui traite les odeurs lui permettent d’identifier et de garder en mémoire énormément d’odeurs. Il est ainsi capable de différencier chacune des odeurs présentes dans une rue (les passants, les animaux, les voitures, les arbres, le contenu des poubelles...), de savoir d’où elles proviennent, d’y déceler des émotions ou des informations relatives à la santé, et de nombreuses autres choses.

Ces deux sens, l’ouïe et l’odorat, sont bien sûr essentiels dans le cadre de la recherche et du sauvetage de victimes, et sont la première des raisons à l’utilisation du chien pour des missions d’assistance.

De bonnes qualités physiques et psychiques

De bonnes qualités physiques et psychiques

Un chien de recherche et de sauvetage doit avoir une taille et un poids moyens pour pouvoir être adapté aux zones difficiles d’accès. Mieux vaut donc éviter les chiens de très grande taille.

 

Il doit en outre disposer de certaines qualités physiques : être endurant, ne souffrir d’aucun handicap physique ni maladie invalidante, être sportif et disposer de bonnes capacités de récupération.

Quant aux qualités psychiques, au-delà de l’éducation de base (savoir rester calme, discret, ne pas quémander, etc), un chien de recherche et de sauvetage doit être équilibré, être doté de bonnes capacités de concentration et d’apprentissage, et savoir prendre des initiatives. Il ne doit pas s'agir d'un chien agressif, nerveux ou timide : il doit au contraire être capable de cohabiter avec les autres animaux et les humains. Enfin, les stimulations extérieures telles que le bruit, le transport ou les cris, ne doivent pas engendrer de stress.

Le profil du chien de recherche et de sauvetage idéal

Le profil du chien de recherche et de sauvetage idéal

Quel que soit le pays, certaines races sont privilégiées pour la formation de chiens de recherche et de sauvetage. Il s’agit du Berger Allemand et du Berger Belge Malinois, mais aussi du Berger Blanc Suisse, du Hovawart et du Labrador Retriever.

Pour autant, la BRH (Bundesverband RettungsHunde), l’association fédérale allemande pour les chiens de sauvetage, qui fait autorité en la matière dans le monde entier, estime qu’il n’y a pas à proprement parler de races prédisposées au sauvetage. De nombreuses races (et même des croisés) sont d’ailleurs représentées au sein de la BRH. L’association, la plus ancienne et la plus importante au monde, certifie en moyenne environ 650 chiens de recherche et de sauvetage par an, et souligne que c’est avant tout le caractère et la personnalité du chien qui comptent.

Cela dit, de façon générale, de nombreuses races de taille moyenne remplissent plusieurs des conditions pour devenir des chiens de recherche et de sauvetage :

  • par leurs attributs physiologiques, à commencer par un odorat très développé ;
  • par leurs caractéristiques physiques : taille et poids adaptés aux milieux difficiles d’accès, chiens endurants ;
  • par leur caractère : chiens calmes, ayant le goût du travail, persévérants, obéissants, mais sachant faire preuve d’initiative, etc.

 

Le Berger Allemand et le Berger Belge Malinois sont deux parfaits exemples de races de taille moyenne qui remplissent ces conditions et sont particulièrement utilisées pour la recherche et le sauvetage.

En ce qui concerne l’âge du chien, étant donné qu’une excellente condition physique est nécessaire pour ce travail épuisant, il reste opérationnel tant que ses qualités demeurent vives. Lorsque le chien montre des signes de vieillesse et que ses capacités déclinent (ce qui survient généralement entre 8 et 10 ans), il est mis à la retraite, mais il n’y a pas d’âge prédéterminé pour cela.

Enfin, le sexe n’entre pas en ligne de compte dans les critères de sélection : mâles comme femelles sont tout autant aptes à remplir ce type de mission. Par contre, quel que soit leur sexe, les chiens de recherche et de sauvetage sont généralement stérilisés. En effet, en intervention comme en entraînement, ils travaillent les uns à côté des autres ; les stériliser permet d’éviter tout risque qu’ils soient distraits de leur travail par des motivations d’ordre sexuel, et c’est aussi une mesure préventive, dans la mesure où la stérilisation du chien permet de prévenir divers problèmes de santé.

La formation d'un chien de recherche et de sauvetage

La formation initiale

La formation initiale

La formation d’un chien de recherche et de sauvetage de victimes débute très tôt (vers l’âge de trois mois), et se base sur le jeu et la motivation à obtenir une récompense, en l’occurrence généralement un « boudin » de tissu. L’éducation des chiens de recherche et de sauvetage repose donc sur la méthode d’éducation canine naturelle inventée par l’éthologue canin Joseph Ortega.

L’éducation de base d’un futur chien de recherche et de sauvetage se divise en trois dimensions qui s’imbriquent au fur et à mesure :

  • le franchissement d’obstacles et la gestion du stress (obstacles rigides ou en mouvement, bruit, fumée, odeurs fortes, promiscuité des personnes et des autres chiens, véhicules, etc.) ;
  • l’obéissance (le rappel du chien, la marche au pied, les positions assis/couché/debout, le refus des appâts, le rapport d’objet, etc.) ;
  • la recherche et la détection (recherche du maître ou d'étrangers, désignation correcte des victimes, etc.).

 

Avant l’âge de six mois, le chien sait retrouver son maître. Puis il apprend à retrouver son maître alors que ce dernier est accompagné d’un étranger, puis finalement un étranger tout seul, en variant les personnes. Il apprend à signaler cette présence en aboyant et en remuant la queue (dans le cas d’une personne vivante), en gémissant et en couchant les oreilles (pour une personne décédée), jusqu’à l’arrivée de son maître.

Au cours de sa formation, le chien apprend à retrouver des personnes de mieux en mieux cachées, dans des endroits de plus en plus difficiles d’accès. Il doit ainsi traverser des zones instables, se glisser dans des endroits étroits et sombres, franchir des zones de feu, le tout dans le bruit des engins, les cris, les sirènes, les odeurs de fumée, etc. Il apprend également à voyager en hélicoptère et à être hélitreuillé avec son maître. Ces exercices sont particulièrement éprouvants pour lui (en particulier au début), mais ils sont d'autant plus nécessaires qu'il sera souvent confronté à de telles situations une fois en intervention.

L’entraînement du chien de recherche et de sauvetage

L’entraînement du chien de recherche et de sauvetage

Entre les interventions, le chien de recherche et de sauvetage et son maître s’entraînent régulièrement et par tous les temps sur des parcours variés offrant plusieurs degrés de difficulté, de façon à rester opérationnels : ils demeurent ainsi aptes à partir en mission n’importe où, n’importe quand…

Les échecs

Les échecs

Les échecs dans l’apprentissage viennent à plus de 90% du fait que le chien a été mal choisi. En effet, il arrive trop souvent que le maître vienne en formation avec son chien alors que celui-ci présente des défauts flagrants, ou encore qu’il aille chercher son compagnon sans vraiment opérer une sélection adéquate.

Pourtant, si on respecte scrupuleusement les conditions requises et qu’on prend le temps de sélectionner un chien ayant le caractère et la personnalité qui conviennent, il y a peu d’échecs. En tout état de cause, la détection de victimes n’est ni plus ni moins qu’une recherche de foyers d’odeurs dans une zone déterminée, ce qui est très facile pour le chien. Ce qui est difficile, c’est le milieu dans lequel il évolue lors de ces interventions, qu’il doit apprendre à “oublier” pour bien faire son travail.

Quant aux échecs ou comportements inadéquats en intervention, ils sont rares, et généralement dus à une formation inadaptée. Normalement, un chien bien formé ne pose pas de problème une fois sur le terrain. Ceci dit, la formation des chiens de recherche et de sauvetage a connu des ajustements au fur et à mesure des années, car il y a toujours une part empirique dans l’élaboration des protocoles.

 

Par exemple, on a constaté que des chiens formés aux décombres qui trouvaient des gens bloqués dans une cave enfouie sous des gravats, tout en étant parfaitement capables de se frayer un chemin jusqu’à eux, ne les signalaient pas à leur maître, car les personnes elles-mêmes n’étaient pas ensevelies. Les chiens ne comprenaient pas que ces personnes avaient elles aussi besoin d’aide. Les formateurs ont dû intégrer ce problème – et bien d’autres - dans leurs protocoles de formation.

Mais il ne faut pas oublier que le chien n’est pas seul en intervention. Il s’agit d’un travail d’équipe, et le maître-chien a un rôle tout aussi important.

 

L'histoire des chiens de recherche et de sauvetage

Après le passage de divers modules de difficulté croissante, il passe un brevet d’aptitude, qui est en fait décerné au binôme chien / maître-chien. En France, il est appelé Brevet de Recherche et de Sauvetage. Ce diplôme n’étant valable que pour un an, ils doivent ensuite chaque année passer le TCO (Test de Contrôle Opérationnel) afin de rester aptes à intervenir.

Dans d’autres pays, comme l’Allemagne, la Belgique et la Suisse, les formations amènent au même type de brevet, délivré au binôme dans son ensemble, et également à durée de validité limitée (généralement un an), avec à la clef l’obligation d’effectuer régulièrement des stages de recyclage pour rester opérationnels. Comme en France, ces formations sont essentiellement destinées aux professionnels des services de secours (pompiers, protection civile, Croix-Rouge, etc.).

Le cas du Canada est un peu particulier : les formations de chiens de recherche et de sauvetage n’y existent que depuis 2010 et ne sont pas le fait des institutions locales, mais d’une OGN française, le COSI (Comité de Secours Internationaux), qui a déjà rempli presque une centaine de missions depuis sa création en 1985. L’explication est donnée par Michel Massouty, responsable de la division Québec-Canada du COSI : « Au Québec et au Canada, ce dont on a le plus besoin, c'est de la recherche en forêt, mais il s'avère qu'on est rarement sollicités. C'est lors du séisme en Haïti que j'ai vraiment pris conscience qu'on n'était pas assez formés pour ce type d'événement. Alors on a trouvé le COSI en France, et ils ont accepté de nous former à leurs frais pour les catastrophes naturelles depuis juillet 2010 ». Les équipes cynophiles ainsi formées sont toutes constituées de bénévoles.

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Par Délia H. - Dernière modification : 10/18/2023.

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