Le chien ou le chat sont particulièrement ritualisés dans leurs comportements du quotidien, souvent «réglés comme du papier à musique» pour réagir à nos emplois du temps qui dictent les leurs.
C’est d’ailleurs dans la « routine » que nos compagnons se sentent le mieux (surtout les plus sensibles) : c’est habituel donc prévisible, alors ça les rassure.
Au rythme de nos allées et venues, entièrement dépendant, le chien se fabrique un « catalogue de comportements canins » persos, tout organisé autour de nos activités humaines, professionnelles ou autres.
Idem pour le chat, même si celui-ci peut sortir parfois et donc être un peu plus libre.
Toute modification singulière des conduites de nos compagnons, de leur aspect physique et leur regard doit donc retenir l’attention du maître.
Sa « mine abattue », son manque d’entrain à sortir en balade, sa gamelle qui ne le motive plus, ses jouets qui le laissent insensible sont déjà des signes de malaise manifeste.
S’il ne se lève plus ou cherche à s’isoler, s’il est agité, halète fortement, geint, boîte, titube, s’essouffle vite, boit davantage, vomit, tousse, crache, a la diarrhée ou du mal à éliminer : autant de comportements qui signalent l’inconfort ou la douleur et qui doivent donc nous alerter.
Sans se précipiter chez le vétérinaire au moindre gémissement, il y a lieu de faire preuve de calme et discernement : répondre promptement s’il y a urgence ou plutôt prendre un peu le temps d’examiner la situation.
Les maîtres d’animaux familiers se sentent souvent démunis face à la maladie de leur compagnon, un peu comme ces parents avec leur bébé malade, qui ne peut expliquer ni son mal ni son ressenti. Il est parfois difficile de faire la part des choses devant le changement remarqué : est-ce le signe annonciateur de maladie grave ou «cela va t’il passer rapidement ? »
Les vétérinaires nous conseillent d’avoir le réflexe de prendre la température de notre chien ou notre chat s’il semble mal en point, les normales se situant autour de 38°5. En dessous de 37°5 ou au-dessus de 39°5, mieux vaut faire examiner l’animal au plus vite.
Ces praticiens nous ont appris aussi à repérer certains symptômes qui les guideront vers un diagnostic plus rapide, et ils nous informent par ex :
- Qu’en été, une respiration rapide, des halètements sonores et une démarche chancelante peuvent être signes d’un coup de chaleur.
- Un chat qui n’arrive plus à déglutir peut faire une angine ou une affection de l’appareil digestif (dents, larynx..)
- Un animal qui boit énormément, s’essouffle facilement…une affection des reins ou autre maladie.
- Un chien abattu sans appétit, dont les urines deviennent foncées, peut faire penser à une piroplasmose transmise par une tique infectée.
- Un chien de grande taille, prostré, faisant de vains efforts pour vomir, peut faire un retournement d’estomac (complication survenant souvent après l’absorption d’une grande quantité d’aliment ou d’eau, suivie d’effort physique intense) Le vétérinaire devra intervenir sur l’heure pour sauver l’animal.
- Un animal qui boîte s’est peut-être fait une entorse, une fracture (mais avant de s’alarmer, il est bon de vérifier préalablement l’intégrité des coussinets !)
Les visites chez ce praticien n’enchantent pas nos compagnons. Nous voulons les voir guérir, mais ils n’ont aucune possibilité de comprendre le sens d’interventions médicales parfois douloureuses. Comment un animal pourrait-il comprendre que subir des soins déplaisants soit en réalité pour son bien ?
Ils sont peu coopératifs pour certains, et on les comprend !
Ils n’aiment pas qu’on les attache, les muselle, les immobilise écrasés sur une table, les pique ou leur enfonce instruments ou produits dans les orifices naturels, etc…-idem pour les êtres humains d’ailleurs, bien qu’ils aient pourtant la capacité de s’expliquer ces nécessités- !
Les animaux eux, vivent toute cette sollicitude comme une atteinte à leur intégrité physique, à leur bien-être.
Dès leur plus jeune âge, quelques apprentissages appropriés pourront les aider à mieux tolérer les soins de notre part, comme à mieux vivre ces passages obligés (vaccinations, détartrages) dans ce lieu aux odeurs fortes et non familières.
- Habituer très tôt le jeune animal à être manipulé, brossé par différentes personnes, doucement avec des caresses, d’abord debout, puis couché. D’une voix enjouée obtenir gentiment son calme et prendre garde à ne pas lui faire vivre négativement tout contrôle régulier des yeux, oreilles, dents, pattes…obtenir progressivement sa docilité par terre pour ces soins, ensuite sur une table, et gratifier la docilité d’une petite friandise.
- Familiariser très jeune, le chiot à la muselière, en la banalisant et gratifiant l’animal en mettant une gourmandise au fond. (On peut cependant s’y prendre de même avec un adulte, en la lui faisant porter de courts instants, sans raison ou en jouant avec lui, en le caressant)
- Habituer également de manière ludique, le chiot ou le chaton à entrer, occuper et ressortir de sa boîte de transport, en y jouant avec lui par exemple. Ou bien la laisser ouverte près de son lieu de couchage pour qu’il la découvre par lui-même : cette boîte n’est ainsi plus associée d’avance à un fatal mauvais traitement.
- Veiller à ce que la voiture soit associée aux sorties agréables comme la promenade pour le chien par exemple, et pas juste réservée aux visites chez le vétérinaire (c’est le cas pour certains gros chiens qui sortent peu ou toujours en balade « à patte » ou pour les chats et qui reconnaissent déjà le transport en voiture comme signe annonciateur de misères !)
Grâce à ces quelques apprentissages, les soins chez le vétérinaire seront déjà vécus un peu moins durement, parce que la détresse émotive ne naîtra pas d’avance. Monter sur la table d’examen, être manipulé, inspecté, porter sa muselière (si elle est nécessaire pour certains chiens)…tout cela ne sera pas forcément promesse de tourments, mais gestes anodins ou de bienveillance.
Lors de ces visites, l’animal perçoit très bien l’attention renforcée, l’inquiétude, les émotions négatives du maître, et il est évident que notre anxiété ne l’aide pas, bien au contraire.
Son bien être commande davantage une certaine neutralité de notre part. Inutile de vouloir le rassurer par exemple quand il tremble, ce qui aboutit à l’effet inverse, c'est-à-dire le conforter dans le fait qu’il a raison d’être effrayé ! Dans ces circonstances ou d’autres, nous aidons l’animal qui a peur si nous banalisons ce moment, et s’il ne rencontre rien d’autre que notre calme neutralité.
Une fois le diagnostic établi, le maître suivra scrupuleusement les prescriptions du vétérinaire.
Les soins doivent être effectués sans excès, avec douceur et sans forcer l’attention que l’on porte à l’animal malade.
Plutôt qu’employer la manière forte pour administrer un médicament ou réaliser un soin, veillez à aborder l’animal d’une voix incitatrice et gaie. Pas non plus question de l’attirer vers vous avec une friandise par exemple, pour le capturer traîtreusement et lui faire ensuite subir vos manipulations.
Prenez le temps, faites-en une activité ludique, surtout au premier soin qui servira de modèle futur. En instaurant la confiance vous aurez plus de chance d’obtenir sa coopération, par la promesse de vos attentions, caresses et gaîté.
Les interactions basées sur la confiance ont toujours une fonction tranquillisante, à l’inverse celles basées sur la tromperie sont toxiques et angoissantes et risquent de retarder la guérison de votre compagnon.
Si l’animal souffre, certains soins sont parfois douloureux. Comprenez alors qu’il peut se retourner sur la main qui l’agresse… anticipez dans ce cas, et prévoyez alors de vous protéger.
Ne négligez jamais de caresser, de la voix et de la main, l’animal qui a été patient et docile quand vous avez vérifié, par exemple, points de sutures, écoulements ou infections possibles après une opération. Il a surmonté sa peur en vous faisant confiance, les soins suivants en seront facilités.
Après avoir bien récupéré d’un acte chirurgical, certains chiens sont heureux de pouvoir jouer et sauter de nouveau ! C’est aux maîtres de juguler ces fougues pour éviter les complications (même chose pour un cardiaque !)
S’il est capital que l’animal ait à la maison «une place à lui» pour se reposer, quand il est malade il a encore davantage droit à la quiétude et doit pouvoir profiter d’un isolement réparateur. Sans forcément le changer de place, veillez plutôt à réduire bruit et agitation autour de l’animal et faites respecter son repos, aux enfants en particulier. Le plus souvent le traitement permet d’enrayer l’affection. Malgré tous ces soins, il arrive parfois qu’une boiterie récidive. Qui n’a pas connu un chien à la «claudication diplomatique» ? qui, bien que guéri, utilise ce stratagème pour attirer l’attention et retrouver la sollicitude affectueuse obtenue lors des soins post-opératoires, ou même pour se rendre pitoyable lorsqu’il est grondé !
D’autres fois la maladie, les mêmes gastrites, diarrhées ou dermatoses reviennent. Il y a lieu alors de se demander, ce qui dans l’environnement perceptif de l’animal, pourrait bien induire ces récurrences.
Les chiens et les chats qui vivent étroitement avec les humains, se laissent imprégner telle une «éponge affective» . Émotionnellement en première ligne, ils partagent les tracas de leurs maîtres, leurs contrariétés et conflits, subissent leur méconnaissance des spécificités de l’espèce canine ou féline ainsi que leur anthropomorphisme. Nombre de leurs affections peuvent être les symptômes de difficultés d’adaptation, de dysfonctionnements de la relation homme/animal.
Le chien, animal social auquel des règles de vie claires et permanentes doivent être posées pour son confort relationnel, se voit souvent attribuer maladroitement les privilèges de la dominance par ses maîtres, qui prétendent ensuite exiger son obéissance. A cette place intenable, le chien déploie des comportements désordonnés en proie à des émotions contradictoires.
Or des émotions non ou mal gouvernées finissent toujours par provoquer des troubles métaboliques , et pour peu que ces émotions soient durables, ces troubles métaboliques finissent par provoquer des maladies organiques.
La peau semble le récepteur le plus sensible à ces modifications bio émotionnelles. Le tube digestif est lui aussi un excellent récepteur d’émotions…l’appareil urinaire…ainsi que le cœur .
Résultat, le chien se lèche nerveusement, se gratte, tousse, vomit, a la diarrhée, boîte ou bien tourne après sa queue, aboie, miaule, urine ou défèque (des selles moulées) dans la maison… Ces douleurs, lésions ou comportements altérés étant l’exact reflet des émotions ressenties.
Le chat plus indépendant que le chien arrive à prendre plus de distance face aux problèmes des humains, sauf s’il vit une relation symbiotique avec son maître.
Tzarine, chatte de la race «Sacré de Birmanie» vit seule avec Brigitte très angoissée qui la caresse ou la cajole de manière excessive. Elle se lèche certaines parties du corps et de la queue et ces léchages stéréotypés vont jusqu'à l’automutilation, laissant apparaître des plaques d'alopécie.
Malgré plusieurs traitements dermatologiques ordonnés par le vétérinaire, elle n’est pas guérie. Dès son retour du travail, plus Brigitte «chouchoute» et inspecte le pelage de la chatte, et plus la Birmane se mutile.
Le toilettage a normalement chez le félin une fonction anxiolytique. Dans le cas d’angoisse vécue par l’animal, ce toilettage outrancier devient une activité de substitution pour se calmer. Les caresses excessives de Brigitte, ainsi que les attentions et les contrôles anxieux du poil de la chatte, perpétuent son comportement de léchage.
Certaines affections peuvent aussi survenir en réaction aux problèmes personnels de membres de la famille (divorce, conflit momentané ou autre choc intra familial, déménagement, etc)
Problèmes qui ne sont pas vécus « pour eux même » par l’animal, car ça n’est pas tant le caractère heureux ou malheureux du changement de vie qui est en cause, mais plutôt le sentiment d’insécurité qu’il engendre.
Parce qu’un animal familier ne peut pas être considéré indépendamment de ses relations avec ses maîtres, face à la maladie de son compagnon, tout propriétaire devrait re-situer cette «plainte» dans son système relationnel, en se posant quelques questions :
- Qu’est-ce qui a changé dans l’environnement perceptif de mon chien ou de mon chat ?
- N’y a-t-il pas actuellement un problème personnel ou familial qui me fait réagir différemment face à lui ?
- Quelle est mon attitude envers mon animal ? Ne suis-je pas trop anxieux pour lui ?
- Mon attachement pour lui n’est-il pas excessif, est-ce que je ne le cajole pas trop ? Ne me suis-je pas appuyé sur l’entretien et le maintien de cet attachement qui ne le laisse pas devenir plus autonome et équilibré ?
- Est-ce que je ne projette pas sur lui des désirs inconscients, des fantasmes qu’un animal ne peut ni réaliser ni assumer ? Ceux-ci influencent la manière d’être avec le chien (ou le chat) et interfèrent sur les affects et la santé de ce dernier.
L’éthologue Boris CYRULNIK l’explique dans «le cas Pupuce» et dans «le chien de remplacement»,3 qui se réfugie dans la maladie parce que son maître le vit à travers son premier chien décédé et idéalisé.
Parce que tout comportement en situation d’interaction a valeur de message, la maladie pourrait donc bien en être un aussi…une manière de dire, de montrer un mal être….
Source : Co-rédaction de Danièle Mirat et Françoise Gaudron comportementalistes
http://www.communicanis.com et http://www.maitre-animal.com
B. CYRULNIK "Les animaux de compagnie peuvent être des symptômes de troubles psychiatriques" Le Monde 26/09/99
R. DANTZER « L’illusion psychosomatique» O. Jacob
B. CYRULNIK «L’ensorcellement du monde» O. Jacob
B. CYRULNIK «Sous le signe du lien» Hachette/Pluriel
Mon chien dont je viens de demander avis sur ses signes cliniques ,nous venons de l'hospitaliser. le veterinaire est pessimiste
Après un déménagement, je me suis retrouvée très isolée avec des problème relationnels avec la famille élargie. J'étais très énervée, stréssée, et je suis quelqu'un de très sensible. Ma chienne à qui je communiquais mon stress perdait ses poils sur l'arrière du corps. A ce moment là, j'ai dû fzire une visite chez une assistante sociale qui, persuadée d'avoir les compétences d'un vétérinaire, avait décidé que ma chienne avait une mailadie de peau. impossible de lui faire entendre raison : les poils repousseraient tout seuls lorsque je serai plus détendue, dès que je me sentirai mieux. jec n'ai pas emmenée ma chienne consulter. J'ai constzaté sans rien faire que les poils ont commençé à repousser au fur et à mesure que je prenais mes marques, retruvait du calme, etc.
Par contre, l'après-midi où elle n'a pas voulu sorir comme elle le faisait d'habitude 'systématiquement), et qu'elle était fatiguée, restant dans son panier, je n'ai pas attendu et elle a vu un vétérinaire le lendemain. Elle avait dû manger quelque chose de pas bon pour elle, avait les reins malades, un très fort taux d'urée et était bien déshydratée. je n'ai pas voulu la laisser le week-end chez la vétérinaire. Elle m'a demandé si je sentais de lui faire des piqures et m'a expliqué comment lui faire ses piqures sous la peau,, en entrant l'aiguille d'un centimètre, trois fois par jour. Elle m'avait laissé entendre un probable risque vital que je refusais d'accepter. Mais il n'était pas question que je l'abandonne tout un week-end, malade, et seule dans une cage ! La vétérinaire ne m'avait pas donné de précisions à ce sujet, mais sachant la déshydratation, je lui faisais boire, lentement et doucement, toutes les 20 mn ou 1/2 heures, le contenu d'eau d'une petite seringue de laquelle j'avais ôté l'aiguille. Au départ, elle était très faible. Petit à petit elle est allée mieux, détournant la tête lorsque je la piquais mais se laissant faire sagement. C'était un chien très facile à soigner. A la dernière seringue d'eau, le mardi ou le mercredi, elle s'est débattue comme une folle pour aller boire un bon coup à sa gamelle comme pour me dire "C'est ça, que tu veux que je fasse ?!". J'avais passé le week-end auprès d'elle, lui tenant littéralement la patte, en essayant de rester positive et surtout de lui cacher mon inquiétude, tout en la laissant bien se reposer entre les soins, tout en la surveillant. Comme il lui fallait de la chaleur, une amie m'avait prêtée une bouillotte que j'entourais d'une serviette pour la réchauffer.
Elle a eu le dimanche la visite calme et inquiète de ma mère et ma fille pour lui dire de tenir le coup. La vétérinaire m'a dit ensuite qu'en 10 ans, c'était la première fois qu'elle voyait un chien dans cet état guérir.
Et c'est le cancer sous la patte (qui correspond au creux de l'épaule là où on s'épile ou se met du déo) qu'on a vu son cancer, puis les métastases aux poumons, quelques années plus tard, lorsque la cancer me l'a prise.
Ma mère est persuadée que c'est mon amour - et mes soins - qui l'ont sauvée cette fois là.Il est évident que sans les piqures et les 24 heures où elle est resté chez le vétérinaire ont été indispensable.
Je reste étonnée qu'on ne m'ait pas conseillé de faire boire un animal déshydraté.
Comme quoi, il faut parfois agir vite lorsque l'animal est visiblement malade et courir au plus vite chez le vétérinaire qui seul peut faire les examens indispensables, le diagnostic et connais quels médicaments utiliser.
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