S’il est courant pour un médecin de prendre le pouls de ses patients humains, la même chose peut se pratiquer également chez les animaux, en particulier le chien. En effet, cette donnée permet d’obtenir de précieux renseignements sur son état de santé à un instant donné… à condition de savoir comment s’y prendre !
Est-ce utile de prendre le pouls de son chien ? Comment doit-on procéder ? Comment savoir si le pouls mesuré est normal ou non ?
Le pouls correspond à la perception du flux sanguin produit par les contractions du cœur et circulant dans les artères. Prendre le pouls revient donc à palper certaines zones précises de la peau, là où une artère est proche, pour sentir le sang circuler à travers le réseau cardiovasculaire. L’exercice permet de compter les battements de cœur et d’en déduire la fréquence cardiaque au moment où la mesure est effectuée. Il donne également d’autres informations, comme une idée de la pression artérielle.
En règle générale, la fréquence cardiaque normale d’un chien se situe entre 60 et 160 battements par minute : elle est donc plus élevée que celle de l’humain, qui tourne plutôt autour de 70 battements par minute. Il existe toutefois d’importances variations en fonction de la taille, l’âge ou l’état de santé. Par exemple, les petits chiens ont un rythme cardiaque plus rapide que ceux de grande taille, et la fréquence cardiaque d’un chiot est environ 20% supérieure à celle d’un adulte.
En outre, comme chez l’Homme, le rythme cardiaque d’un chien s’adapte en temps réel à son niveau d’activité : il augmente donc pendant les séances d’exercice, car ses besoins en oxygène et nutriments sont alors accrus, et diminue au contraire pendant les phases de repos, pour ménager l’organisme et économiser ses forces. Il a aussi tendance à s’accélérer en cas de stress, de fièvre, d’infection, et peut au contraire être diminué par certains médicaments et substances, à l'instar par exemple de l'huile de CBD pour chien. Ainsi, nombreux sont les facteurs qui peuvent avoir un impact sur la fréquence cardiaque et/ou la pression artérielle.
Le pouls d’un chien peut notamment être qualifié de :
Dans la mesure où le pouls correspond au passage du sang dans une artère, prendre le pouls de son chien est la meilleure façon d’évaluer rapidement son rythme cardiaque. Cela donne également des indications sur l’état de son cœur et sa pression artérielle. Combinées, ces données permettent de détecter certains des problèmes de santé qui se traduisent par des symptômes cardiaques.
Par exemple, dans une situation d’urgence où un chien gît au sol, mesurer son pouls permet de savoir s’il a perdu simplement connaissance ou s’il est en arrêt cardiaque (voire s’il est décédé). Plus largement, lors d’une prise en charge médicale, cela donne une première indication sur son état de santé : un pouls filant est potentiellement un indicateur qu’il est en état de choc, tandis qu’un rythme trop rapide peut être notamment le signe d’une fièvre, d’une tachycardie ou d’un coup de chaleur.
Bien évidemment, le pouls n’est qu’un indicateur parmi tant d’autres : il ne permet pas à lui seul de savoir si son chien est en bonne santé. En revanche, un pouls anormal est bien souvent le signe que quelque chose ne va pas. Sa vérification fait donc partie des examens de routine effectués par le vétérinaire lors du bilan de santé annuel ou de tout autre visite.
Toutefois, pour pouvoir déterminer si la valeur mesurée est dans la norme ou non, encore faut-il avoir quelques repères. En effet, même s’il existe des valeurs de référence par type de chiens (grands ou petits, jeunes ou âgés, sportifs ou pantouflards…), chaque individu est unique. Pour cette raison, il est important de prendre le pouls de son chien de temps à autres afin d’établir une valeur de référence, à savoir le nombre moyen de pulsations par minute au repos en temps normal. Cette valeur pourra ensuite être comparée aux mesures effectuées en vue de contrôler l’état de santé de l’animal lorsque la situation l’exige.
Même si la pratique n’est pas encore très répandue, prendre le pouls de son chien à intervalle régulier et dans certaines situations bien précises est toujours utile pour évaluer rapidement son état de santé. En effet, comme chez l’Homme ou les autres mammifères, un changement de rythme cardiaque peut être le symptôme d’une maladie.
Tout d’abord, le mesurer au repos, lorsque l’animal est détendu et a priori en bonne santé, permet de connaître sa fréquence cardiaque standard, qui servira ensuite de référence pour les mesures futures. Pour s’assurer d’obtenir une valeur fiable, il est préférable de prendre son pouls à plusieurs reprises dans de telles conditions à quelques semaines d’intervalle. Au passage, si on observe alors de grands écarts d’une fois à l’autre, cela pourrait être le signe d’un problème de santé.
En plus de déterminer une valeur de référence au repos, il est judicieux d’en faire de même après une activité physique. En effet, il est utile de connaître le rythme cardiaque de son chien pendant ou juste après un effort d’une intensité donnée pour au moins deux raisons :
Ainsi, une fois ces références fixées, le maître peut mesurer le pouls de son chien chaque fois qu’il le soupçonne d’être en mauvaise santé, et comparer le résultat à la valeur de référence.
Il faut toutefois savoir que le rythme cardiaque normal d’un chien dépend aussi notamment de son âge, son état de santé global et son niveau d’entraînement. Par conséquent, la valeur de référence définie à un instant donné peut ne plus être valable quelques mois voire années plus tard ; il est alors utile de l’actualiser. C’est le cas en particulier lors du passage à l’âge adulte, car les chiots ont un pouls naturellement plus rapide. Cela peut aussi être nécessaire par exemple si sa corpulence change, c’est-à-dire qu’il maigrit ou grossit notablement.
Comme pour un humain, prendre le pouls d’un chien est facile à faire et à la portée de tous.
La mesure du pouls d’un chien ne demande pas d’instrument particulier : elle peut se faire en exerçant simplement une légère pression des doigts sur la peau, à proximité du passage d’une artère. Le passage du sang pulsé par le cœur est en effet normalement assez fort pour être « entendu » sans matériel spécifique, du moins lorsque la pression est exercée au bon endroit. Il s’agit donc d’un acte à la portée de tous.
La pression sur la peau doit être exercée avec deux doigts, de préférence l’index et le majeur. Mieux vaut en revanche éviter d'utiliser le pouce, car il existe alors un risque de confondre son propre pouls avec celui du chien.
Les vétérinaires et autres spécialistes de la santé animale disposent quant à eux d’instruments et équipements permettant d’obtenir des informations plus fiables. Le procédé le plus couramment utilisé est le stéthoscope (très similaire à celui destiné aux êtres humains), mais il en existe d’autres, comme l’échographie ou l’électrocardiogramme, qui permettent d’analyser très précisément le rythme cardiaque.
Le choix de la technique utilisée dépend de l’urgence et du niveau de précision nécessaire : s’il s’agit uniquement de savoir si un chien est en arrêt cardio-respiratoire ou non, une simple pression avec les doigts est généralement suffisante.
Chez un humain, le pouls est facilement perceptible au niveau du poignet ou du cou. Chez les animaux en revanche, la mesure se fait généralement à d’autres endroits, qui dépendent d’ailleurs de chaque espèce. Mais dans tous les cas, la pression doit être exercée au niveau d’une artère et non d’une veine, car c’est bien dans les artères que le sang est pulsé par le cœur.
Chez le chien, la prise du pouls est généralement effectuée au niveau de l’artère fémorale, située à l’intérieur de la cuisse. Pour un non-initié, l‘emplacement exact peut être au départ un peu délicat à trouver ; néanmoins, c’est bien là que s’obtiennent les résultats les plus précis, raison pour laquelle cette zone reste privilégiée lorsqu’on ne dispose pas d’instruments particuliers.
Pour localiser l’emplacement de l’artère fémorale, il suffit de plier la patte avant gauche du chien parallèlement à son corps, jusqu’à ce que le coude touche le thorax. Il faut ensuite poser l’index et le majeur à l’intérieur de la cuisse juste en-dessous du coude pour déceler les battements du cœur, leur rythme et leur intensité.
En théorie, il n’est pas nécessaire de faire s’allonger l’animal pour effectuer la mesure. Si toutefois il est difficile de le faire tenir debout uniquement sur trois pattes, mieux vaut le coucher d’abord sur le flanc droit. Dans les deux cas, la manœuvre est relativement simple et ne nécessite normalement pas l’intervention d’une deuxième personne – sauf si bien sûr s’il se montre particulièrement peu coopératif.
Le pouls peut aussi être perçu à des endroits autres que l’artère fémorale, comme par exemple sur la poitrine, directement au niveau du cœur. Sauf malformation particulière, le coeur d'un chien se trouve du côté gauche, comme chez l’être humain.
Pour connaître son emplacement exact, il suffit de plier la patte avant-gauche de l’animal, puis de la ramener perpendiculairement au thorax : le cœur se trouve alors juste sous le coude. La main entière est alors utilisée pour percevoir les battements à travers la peau, lorsque le sang passe dans l’artère aorte.
Cette méthode peut à première vue sembler plus fiable que la mesure au niveau de l’artère fémorale, car les battements cardiaques y sont ressentis avec plus d’intensité. Toutefois, elle ne permet pas d’obtenir d’autres informations utiles, en particulier concernant la pression artérielle ou la bonne circulation du sang dans l’organisme. Elle est donc surtout utilisée par défaut, lorsque le pouls au niveau de l’artère fémorale est filant voire imperceptible.
Il est essentiel de rassurer son chien avant de prendre son pouls, car en cas de stress et d’inquiétude causés par cette manipulation inhabituelle, son rythme cardiaque et sa pression artérielle s’en trouvent accrus : ceci peut évidemment fausser la mesure. Il est donc essentiel de faire en sorte que cet examen soit le moins angoissant possible pour lui : cela implique par exemple de ne pas le manipuler brutalement ou de crier, mais au contraire de lui parler avec douceur, d’un ton rassurant.
Il ne faut pas oublier en effet qu’un chien n’aime pas être manipulé, a fortiori au niveau des pattes et de l’abdomen, car ces gestes sont très intrusifs pour lui. S’il n’a pas été habitué à ce type de contacts depuis tout petit, il risque de se montrer récalcitrant lorsque son maître tente de lui prendre le pouls. Il est donc important de ne pas le brusquer et de tout faire pour qu’il soit apaisé.
Dans la même logique, s’il doit être allongé pour la mesure, mieux vaut le laisser se détendre quelques minutes dans cette position avant de commencer à compter les pulsations, afin d’avoir des résultats fiables.
Si le maître s’interroge sur l’état de santé de son animal mais ne parvient pas à prendre son pouls parce que celui-ci se montre récalcitrant, angoissé, ou semble souffrir quand on le manipule, la meilleure chose à faire consiste à l’emmener chez un vétérinaire, afin que ce dernier procède à un bilan complet. Insister ne contribuerait qu’à stresser davantage le chien, voire à s'exposer à une morsure, destinée à faire cesser ce qui est perçu comme une agression.
Il peut arriver de devoir prendre le pouls d’un chien ayant perdu connaissance, afin par exemple de s’assurer qu’il n’est pas en état de détresse cardio-respiratoire. La mesure est alors facilitée par le fait que l’animal n’oppose aucune résistance. Il convient toutefois d’être vigilant, car il pourrait reprendre soudainement conscience, avoir peur/ou et se montrer agressif en sentant qu’on le manipule.
L’intervention d’une deuxième personne est alors généralement utile pour le maintenir immobile, voire sécuriser sa gueule en l’attachant par exemple avec un lacet ou une laisse, le temps de prendre son pouls et d’éventuellement réaliser les premiers secours sur le chien. Il faut toutefois avoir en tête que la présence d’un inconnu est potentiellement très anxiogène pour lui - a fortiori s’il est dans un état de vulnérabilité et/ou dans une posture inhabituelle : le résultat obtenu a donc des chances d’être faussé s’il reprend conscience en cours de route.
Habituer son chien à accepter d’être mis en position latérale de sécurité (PLS), c’est-à-dire sur le flanc avec la tête en expansion, la gueule ouverte et la langue sortie, est une chose très judicieuse à faire. En effet, non seulement cela peut lui sauver la vie en cas de noyade ou de coma, mais cela facilite aussi la mesure de son pouls et plus largement la prise en charge par les vétérinaires. Ainsi, même s’il reprend connaissance pendant qu’il est examiné alors qu’il est dans cette posture, il a davantage tendance à rester immobile et à garder son calme s’il y a été habitué au préalable.
Prendre le pouls de son chien permet d’en déduire notamment sa fréquence cardiaque, qui correspond en fait au nombre de pulsations ressenties en une minute.
Pour ce faire, une fois l’endroit souhaité repéré, il faut apposer deux doigts (ou la main selon les cas), compter pendant 30 secondes le nombre de pulsations, puis multiplier le résultat par 2 pour obtenir le nombre de pulsations par minute.
Il est également possible de le faire sur 15 secondes et de multiplier le résultat par 4, ou sur 20 secondes puis de multiplier par 3, ou encore de compter pendant une minute entière, l’essentiel étant d’obtenir un résultat sur 60 secondes.
Comme souvent, plus la durée de mesure est longue, plus la fréquence obtenue est fiable. En effet, la fin d’expiration se caractérise par un ralentissement cardiaque naturel : le cœur est alors un peu plus lent qu’en phase inspiratoire. Ce phénomène parfaitement normal appelé arythmie sinusale peut légèrement fausser le résultat si la mesure est faite sur une durée très courte. C’est pourquoi il n’est pas recommandé de prendre le pouls d’un chien pendant moins de 15 à 20 secondes d’affilée.
Après avoir pris le pouls de son chien et calculé la fréquence cardiaque correspondante, le maître doit comparer le résultat aux valeurs de référence pour les chiens de même gabarit, âge et niveau d’activité.
Quelques faits sont à garder en tête pour y voir plus clair :
Comparer le résultat à ces valeurs moyennes au sein de la gent canine donne une première bonne indication. Cela étant, cette comparaison a également des limites pour évaluer l’état d’un chien en particulier : en effet, chaque individu étant différent, un écart par rapport à la fourchette moyenne n’est pas nécessairement signe de mauvaise santé. Par conséquent, il est intéressant de se référer également aux résultats obtenus précédemment sur le même animal dans des conditions similaires.
Si le rythme cardiaque du chien présente un écart important par rapport aux valeurs de référence établies au préalable, ou bien s’il est très éloigné des valeurs de référence pour la gent canine, sans pour autant qu’il y ait d’explication connue, cela peut être le signe d’un problème de santé. Il est alors primordial de se rendre chez un vétérinaire sans tarder pour que celui-ci effectue un examen plus complet. Si d’autres symptômes généraux sont présents (difficultés respiratoires, tremblements, fièvre importante, perte de connaissance…), une consultation en urgence est même indispensable.
Même si ce n’est pas encore une pratique très courante chez les maîtres, savoir prendre le pouls de son chien peut être très utile lorsqu’on a besoin d’obtenir des informations sur l’état de son cœur le plus vite possible, en particulier si l’on soupçonne un problème de santé grave. L’exercice n’étant toutefois pas aussi simple que sur l’être humain, il est préférable de s’entraîner en amont pour ne pas céder à la panique en cas d’urgence.
Connaître le rythme cardiaque de référence de son animal est de toute façon une bonne chose, car cela permet de surveiller à intervalle régulier ce qu’il en est, et de déceler une éventuelle anomalie avant que d’autres symptômes potentiellement plus graves apparaissent. Certaines pathologies cardiaques se soignent bien si elles sont décelées à temps, et un geste aussi anodin que prendre le pouls de son chien peut permettre que ce soit le cas. Il n’y a donc pas lieu de s’en priver !