La cystinurie chez le chien : symptômes, traitement et prévention

Un chien boit de l'eau

De manière générale, les chiens sont moins concernés par les troubles urinaires et rénaux que les chats, même lorsqu'ils vieillissent. Ils sont en revanche davantage affectés par des problèmes cardiovasculaires, en particulier avec l'âge.


Cela ne signifie pas pour autant qu'ils sont épargnés par les maladies rénales. La cystinurie est l'une de ces dernières : d'origine génétique, elle est rare à l'échelle de la gent canine, mais affecte fortement la santé des sujets touchés, et peut même entraîner leur décès.


Quels sont les différents types de cystinurie chez le chien ? Quels en sont les principaux symptômes ? Est-il possible de la soigner ? Existe-t-il un test de dépistage ?

Qu'est-ce que le cystinurie ?

Un chien fait pipi sur le bord du chemin

La cystinurie est une maladie génétique héréditaire causée par une accumulation de cystine dans les reins. Elle affecte les humains, mais aussi les chiens, les chats et d'autres animaux.

  

La cystine est un acide aminé (c'est-à-dire un « morceau » de protéines) qui a une action notamment sur la pousse des poils et des ongles. Elle est d'ailleurs utilisée dans certains compléments alimentaires pour traiter des carences ou problèmes de santé - en tout cas chez l'humain.

 

En temps normal, la cystine présente dans le sang est filtrée par les reins puis réinjectée dans la circulation sanguine pour éviter qu'elle ne soit éliminée dans l'urine. Toutefois, en cas de malformation des reins, il peut arriver que ces derniers ne réinjectent pas dans le sang toute la cystine qu'ils récupèrent. Celle-ci finit alors par s'agglutiner sous forme de calculs et par boucher les canaux urinaires. Il en résulte divers problèmes de santé, pouvant dans les cas graves aller jusqu'à la mort.

Les races de chiens prédisposées à la cystinurie

Un Staffie bringé avec un collier debout dans une forêt

La cystinurie est une maladie génétique qui se transmet de manière héréditaire. Elle a été recensée seulement au sein de quelques dizaines de races canines, et est absente chez les autres.

 

Les principales races de chiens touchées par la cystinurie sont le Bouledogue Français, le Bouvier Australien, le Border Collie, le Bullmastiff, le Labrador, le Landseer, le Lévrier Ecossais, le Pinscher Allemand, le Pinscher Nain, le Staffordshire Bull Terrier, le Terre-Neuve, le Terrier Irlandais, ainsi que toutes les races qui leur sont apparentées.

 

Le Terre-Neuve est à ce jour la race la plus touchée : d'après les estimations, environ un quart d'entre eux seraient porteurs de la mutation génétique correspondante. C'est ce qui ressort notamment de l'étude intitulée « Efficient screening of the cystinuria-related C663T Slc3a1 nonsense mutation in Newfoundland dogs by denaturing high-performance liquid chromatography » et publiée en 2006 dans le Journal of veterinary diagnostic investigation. Cela signifie que les chances d'adopter un représentant de cette race qui développe un jour cette maladie sont loin d'être négligeables.

 

À l'inverse, chez d'autres races comme le Border Collie, la prévalence de la cystinurie est à peine d'1 à 2% - et c'est même moins que cela chez celles qui sont le moins touchées.

Les différents types de cystinurie chez le chien

Bien qu'on parle de cystinurie au sens large, il en existe en fait trois types différents chez le chien, en fonction notamment de la mutation génétique impliquée : le type I, le type II et le type III. Ils ne concernent pas les mêmes races, et ne se transmettent pas de la même façon.

 

Toutefois, dans les trois cas, les mâles sont davantage touchés que les femelles, probablement pour des raisons hormonales.

La cystinurie de type I

Vue proche d'un Terre Neuve fatigué

La cystinurie de type I est la forme que l'on trouve notamment chez le Terre Neuve, le Landseer et le Labrador. Il s'agit probablement de la plus répandue au sein de la gent canine.

 

Elle se transmet selon un mode récessif. Cela signifie que les deux parents doivent être porteurs de la mutation associée et la transmettre pour que le chiot soit malade. Si un seul de ses parents lui transmet la mutation, il est alors porteur sain : il ne développe pas la maladie, mais peut tout de même à son tour transmettre la mutation à sa descendance.

 

La mutation génétique responsable de la cystinurie de type I est la même pour le Terre Neuve et le Landseer. Elle est différente pour le Labrador, même si elle se situe sur le même gène.

La cystinurie de type II

Un jeune Border Collie aux yeux bleus

La cystinurie de type II est présente notamment chez le Bouvier Australien, le Border Collie, le Pinscher Allemand et le Pinscher Nain.

 

Contrairement au type I, elle se transmet selon un mode dominant. Cela signifie qu'il peut suffire qu'un seul parent soit porteur de la mutation pour qu'un chiot hérite de la maladie, même si l'autre parent n'en est pas porteur. Il n'existe donc pas de porteur sain : soit le chiot possède l'anomalie dans son patrimoine génétique et alors il développe un jour ou l'autre la maladie, soit ce n'est pas le cas et alors il est épargné à vie.

 

Le gène ainsi que la mutation concernés sont les mêmes pour le Border Collie et le Bouvier Australien d'une part, le Pinscher Allemand et le Pinscher Nain d'autre part.

La cystinurie de type III

Vue proche de Terrier Irlandais couché sur le sol

La cystinurie de type III concerne entre autres le Bullmastiff, le Terrier Irlandais, le Staffordshire Bull Terrier, le Bouledogue Français et le Lévrier Ecossais.

 

Contrairement aux types I et II, la mutation génétique en cause dans ce cas précis n'est pas connue. Les spécialistes pensent toutefois que les hormones sexuelles jouent un rôle important dans l'apparition de la maladie, car elle est plus fréquente chez les mâles entiers que chez les mâles castrés et les femelles.

Les symptômes de la cystinurie chez le chien

Un homme pose la main sur la tête de son Shiba Inu

La cystinurie est une malformation congénitale, c'est-à-dire qu'elle est présente dès la naissance. La cystine s'accumule donc dans les reins dès les premières semaines, et les symptômes apparaissent assez tôt. Cela se produit généralement vers 6 mois pour le type I, et vers un an pour le type II. Dans le cas du type III, l'âge d'apparition se situe le plus souvent entre 1,5 et 4 ans, avec une forte variabilité d'un animal à l'autre.

 

La cystinurie provoque généralement la formation de calculs rénaux et une inflammation de l'appareil urinaire. Concrètement, les principaux symptômes sont une envie fréquente d'uriner, une difficulté à uriner, des douleurs importantes à la miction et/ou du sang dans les urines. Selon les cas, des symptômes généraux comme de l'apathie ou des vomissements peuvent aussi être présents.

 

Si rien n'est fait pour éliminer les éventuels calculs de cystine, la maladie finit par évoluer à plus ou moins long terme vers une rupture de la vessie et/ou une destruction progressive des reins. Dans ce dernier cas, il en résulte une insuffisance rénale, et donc la mort prématurée de l'animal.

 

Le type et la gravité des symptômes dépendent toutefois de la taille et de la localisation des calculs : ils peuvent être assez variables d'un chien à l'autre. Il existe même des sujets asymptomatiques, qui sont atteints de cystinurie mais ne développent jamais de symptômes - ces cas sont toutefois rares.

Le test de la cystinurie chez le chien

Un laborantin avec un test salivaire

La principale difficulté avec la cystinurie chez le chien est qu'il existe des porteurs sains et des individus asymptomatiques : ils ne sont pas malades et n'ont aucun symptôme, mais peuvent transmettre la mutation génétique à leurs petits et conduire ces derniers à être malades.

 

Heureusement, il existe un test très fiable qui permet de détecter la présence de l’anomalie génétique chez un chien donné. Il peut être pratiqué dès le plus jeune âge : il nécessite un simple frottis buccal à faire réaliser par un vétérinaire, puis à envoyer à un laboratoire d'analyse. Les résultats sont généralement disponibles dans un délai maximal de 4 semaines.

 

Ce test est très utile pour savoir rapidement si un individu est porteur de l'anomalie - y compris avant même qu'il ne développe d'éventuels symptômes, s'il n'est pas porteur sain. Dans ce dernier cas, cela permet de mettre en place un traitement pour limiter les risques d'apparition de calculs de cystine. Dans tous les cas, cela permet aussi de savoir à quoi s'en tenir si on envisage de l'utiliser comme reproducteur.

 

Le prix d'un test de dépistage de la cystinurie chez le chien est d'environ 75 euros. Il est possible de faire tester plusieurs individus en une seule fois, ce qui permet souvent d'obtenir une réduction. C'est surtout utile pour les éleveurs des races concernées par la maladie, par exemple lorsqu'ils décident de faire tester une portée entière ou l'ensemble de leurs reproducteurs.

 

Un test n'est disponible toutefois que pour certaines races, qu'elles soient concernées par la cystinurie de type I ou celle de type II : le Border Collie, le Bouvier Australien, le Labradoodle, le Labrador, le Landseer, le Pinscher Allemand, le Pinscher Nain et le Terre-Neuve. Il n'en existe pas en revanche pour les races chez qui la mutation génétique impliquée n'est pas connue avec certitude - en particulier celles qui sont touchées par la cystinurie de type III.

Le traitement de la cystinurie chez le chien

Une femme donne des cachets à son chien malade

Le traitement de la cystinurie vise à éliminer les éventuels calculs de cystine déjà présents et à éviter que de nouveaux se forment. Autrement dit, il ne permet pas de régler le problème à la base et de guérir le chien concerné. Celui-ci doit être traité tout au long de sa vie, sans quoi il risque de développer des symptômes.

 

Le principal levier consiste à lui donner de la tiopronine, une substance permettant de dissoudre les éventuels calculs de cystine au niveau des reins. Elle se prend sous forme de comprimés : la posologie est en général de l'ordre de 15 à 20 mg par kilo de masse corporelle, deux fois par jour.

 

En parallèle de cela, il est recommandé de privilégier les aliments humides (notamment les pâtées) pauvres en protéines et en sel, car cela réduit les risques d'apparition de calculs de cystine. Le mieux est de demander conseil au vétérinaire pour choisir l'alimentation la plus adaptée à l'animal.

 

Par ailleurs, dans le cas d'une cystinurie de type III touchant un mâle entier, la castration est généralement une option intéressante. Il a en effet été constaté que la cystine s'accumule souvent moins après l'opération.

 

Quoi qu'il en soit, si le chien a des douleurs (ce qui est fréquent lorsque des calculs sont déjà présents), il est possible de les soulager avec des antidouleurs prescrits par le vétérinaire, en attendant que les calculs disparaissent. L'huile de CBD pour chien est une autre option si l'on souhaite opter pour un traitement plus naturel : elle diminue les douleurs, sans véritables effets secondaires. Mieux vaut toutefois demander conseil au vétérinaire avant de décider d'en donner à son animal.

 

Dès lors qu'il est convenablement pris en charge, un chien atteint de cystinurie mène globalement une existence normale, même s'il est vrai qu'il doit suivre un traitement s'inscrivant dans la durée et un peu contraignant. Ainsi, la maladie a finalement peu d'impact sur sa qualité de vie et sa longévité.

 

En revanche, si jamais le traitement ne suffit pas pour éliminer les calculs de cystine ou si ces derniers bloquent totalement la miction et doivent être retirés d'urgence, une opération chirurgicale sous anesthésie générale s'impose. Cela ne dispense toutefois pas de continuer ensuite à traiter l'animal avec de la tiopronine et à lui donner une alimentation adaptée, car il n'est pas à l'abri de rechutes.

Comment prévenir la cystinurie chez le chien ?

Une vétérinaire tient un chien Beagle dans ses bras

La cystinurie est une maladie peu fréquente à l'échelle de la gent canine dans son ensemble, mais qui touche tout de même massivement certaines races - notamment le Terre-Neuve. Or, dans la mesure où il existe un nombre plus ou moins important de porteurs sains en fonction des races, le dépistage est crucial pour éviter de propager la maladie.

 

En effet, dès lors qu'un test génétique de la cystinurie existe pour une race donnée, la meilleure technique de prévention est de toujours tester les reproducteurs envisagés : cela permet de savoir précisément lesquels sont porteurs de l'anomalie et lesquels ne le sont pas. Dans le cas d'une cystinurie de type I, il faut éviter de faire se reproduire ensemble deux chiens porteurs. En revanche, pour la cystinurie de type II, tout individu porteur doit être purement et simplement exclu de la reproduction.

 

Lorsqu'aucun test de dépistage n'existe pour la race en question, les choses sont évidemment plus compliquées, puisqu'il n'est pas possible d'identifier avec certitude les asymptomatiques et les porteurs sains. Le mieux à faire est alors d'exclure systématiquement de la reproduction tout individu malade ainsi que ses plus proches parents - en particulier ses géniteurs et ses éventuels descendants.

Conclusion

La cystinurie est une maladie génétique globalement rare, mais qui est en revanche assez répandue chez certaines races. Elle ne tarde pas à se manifester, et peut dégénérer si elle n'est pas prise en charge à temps. Il faut d'autant moins attendre que divers traitements permettent de limiter les symptômes - voire de les faire disparaître. Ils ne règlent pas le problème à la base et doivent être donnés à vie, mais procurent indéniablement au chien touché de meilleures conditions d'existence.

 

Néanmoins, le mieux reste bien sûr de tout faire pour éviter d'être confronté à cette maladie rare. C'est ce que permet le test de dépistage qui existe pour une partie des races affectées : il est très utile pour détecter les chiens porteurs de l'anomalie en cause, et éviter que leurs descendants soient touchés par la maladie.

 

Lorsqu'on envisage d'adopter un chiot appartenant à une des races en question, il est donc fortement recommandé de réclamer les résultats du test effectué sur le petit et/ou sur ses parents : cela permet de savoir s'il risque ou non d'être touché par la cystinurie au cours de sa vie. Si l'éleveur n'a pas pris la peine de faire effectuer le test ou refuse d'en transmettre les résultats, c'est vraisemblablement le signe qu'il n'est pas sérieux - voire carrément malhonnête : mieux vaut alors passer son chemin et se tourner vers un autre professionnel, afin d'éviter toute mauvaise surprise.

 

Par Aurélia A. - Dernière modification : 09/13/2022.