Parmi les nombreuses parties du corps d'un chien, on trouve notamment la tête, le cou, les pattes, le tronc, mais aussi la queue. Cette dernière est de longueur variable d'une race à l'autre, et même parfois d'un individu à l'autre au sein d'une race donnée. Il existe d'ailleurs des chiens qui ont naturellement une queue très courte, voire qui n'ont pas de queue du tout.
Lorsqu'elle est présente, il peut arriver toutefois qu'on veuille la raccourcir - voire l'enlever totalement.
Dans quels cas de figure la question est-elle susceptible de se poser ? Est-il alors légalement possible de le faire ? Quelles conditions faut-il respecter le cas échéant ?
La caudectomie est le nom technique désignant l'opération visant à écourter voire carrément retirer la queue d'un animal. Le terme vient des mots « cauda » (qui signifie « queue » en latin) et « ectomie » (qui signifie « excision » en grec).
Elle est couramment pratiquée sur certains animaux domestiques, notamment le chien, le cheval, le porc ou encore le mouton. Les raisons varient toutefois selon les espèces.
Dans le cas des chiens, il s'agit d'une pratique ancienne qui a encore cours de nos jours, en particulier pour certaines races. Elle est généralement motivée par des considérations esthétiques, mais pas uniquement. Elle fait toutefois l'objet de controverses, pour des questions évidentes de bien-être animal. C'est ce qui explique que même si elle reste autorisée par la loi dans certains endroits du monde (par exemple la France), elle est interdite dans d'autres - notamment la Belgique, la Suisse, l'Espagne, le Québec...
En temps normal, la queue d'un chien comprend une vingtaine de vertèbres, et est donc plutôt longue. Elle peut toutefois être plus courte que cela, notamment pour des raisons génétiques. En effet, certains individus naissent avec un nombre réduit de vertèbres, et donc une queue toute petite : c'est ce que l'on appelle la brachyourie. Il existe même des cas - rares - où le chien n'a pas de queue du tout : il s'agit de l'anourie.
Lorsqu'il en possède une, on peut souhaiter la raccourcir voire l'enlever totalement.
Le plus souvent, ce souhait est motivé par des raisons esthétiques. C'est vrai notamment pour les races dont pendant longtemps il était commun de couper la queue : certains propriétaires souhaitent rester fidèles à cette apparence.
Une telle opération peut toutefois aussi avoir une utilité pratique. En effet, une queue raccourcie voire totalement retirée implique un risque réduit de blessure à ce niveau - en particulier pour un chien de chasse (a fortiori s'il doit souvent se faufiler dans des broussailles), ou un chien de garde ou de berger (la queue est une zone vulnérable car elle offre une prise à l'assaillant, que celui-ci soit un humain ou un animal). La coupe est alors généralement faite dès le plus jeune âge.
Enfin, la caudectomie peut aussi être pratiquée pour des raisons médicales. C'est le cas en particulier si la queue cause des douleurs du fait d'une maladie, d'une malformation ou d'un traumatisme. Dans ce cas précis (qui reste assez rare), le vétérinaire a la possibilité de la couper même à l'âge adulte. Dans un certain nombre de pays, c'est d'ailleurs le seul cas où cette pratique est autorisée pour les chiens
Techniquement, n'importe quel chien peut avoir la queue coupée.
Dans la pratique, c'est seulement chez certaines races que l'ablation (totale ou partielle) est souvent pratiquée. C'est le cas en particulier de celles qui ont longtemps été - et qui éventuellement sont aujourd'hui encore - utilisées pour :
Il existe ainsi au total plusieurs dizaines de races particulièrement concernées par cette question. La majorité d'entre elles sont en fait des races de chiens de chasse qui sont amenées à évoluer souvent dans des buissons et broussailles, et qui peuvent facilement se blesser au niveau de la queue.
La caudectomie est une pratique décriée - en particulier pour les chiens -, et ce n'est pas sans raisons.
En premier lieu, elle est évidemment douloureuse pour l'animal, que ce soit sur l'instant ou même ensuite pendant la phase de cicatrisation. Le vétérinaire peut la pratiquer sous légère anesthésie pour limiter la douleur, mais encore faut-il que le chien soit suffisamment âgé pour cela : s'il n'a que quelques jours ou semaines, l'utilisation d'un anesthésiant ou même d'un sédatif présente trop de risques pour sa santé, et l'ablation est alors réalisée à vif. Une telle expérience à un si jeune âge risque même de le traumatiser à vie : il pourrait notamment développer une mauvaise gestion de la douleur, par exemple en surréagissant à la moindre blessure.
Au demeurant, comme pour toute opération, il existe un risque de complications plus ou moins graves : une hémorragie, une infection, une sensibilité accrue à la douleur, une douleur chronique au niveau de la queue...
En outre, un chien dont la queue est écourtée voire carrément retirée est pénalisé pour nager et conserver son équilibre lorsqu'il court, car elle lui sert de gouvernail dans l'eau et de balancier sur terre.
Enfin, il a également plus de difficultés à communiquer avec ses congénères et ses maîtres. En effet, sa queue lui sert en temps normal à signaler ses émotions : joie, peur, stress... Si elle est écourtée voire carrément absente, il est moins en mesure de se faire comprendre.
Toutes ces raisons expliquent qu'un nombre important de pays ont fait le choix d'interdire cette pratique, en tout cas lorsqu'elle n'est pas justifiée sur le plan médical.
Couper la queue d'un chien, même très tôt dans sa vie, n'est pas autorisé partout : dans un certain nombre de territoires, le législateur a jugé cette pratique cruelle en plus d'être peu utile, et a donc fait le choix de l'interdire purement et simplement.
Dans d'autres endroits, il a décidé de l'encadrer, si bien qu'il n'est pas possible d'effectuer cette opération dans n'importe quelles conditions. Cet encadrement passe souvent par la fixation d'un âge maximal au delà duquel elle n'est plus permise.
En France, la pratique de la caudectomie demeure autorisée pour tous les chiens, quel que soit le cas de figure - donc également pour des raisons purement esthétiques.
En effet, le Décret n° 2004-416 du 11 mai 2004 portant publication de la convention européenne pour la protection des animaux de compagnie, intègre une dérogation à l'article 10 de ladite Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie, finalisée par le Conseil de l'Europe en 1987 et signée par la France en 1996. Cet article vise entre autres à interdire la coupe de la queue des animaux de compagnie, sauf si celle-ci est réalisée dans un but médical.
Toutefois, la loi française stipule que la caudectomie doit être réalisée dans les cinq jours après la naissance du chiot, en tout cas lorsqu'elle n'est pas motivée par des raisons médicales. En effet, à cet âge, les tissus et les nerfs présents dans la queue ne sont pas encore bien formés, ce qui limite la douleur lors de la coupe.
Par ailleurs, elle ne figure pas dans la liste des actes médicaux pouvant être réalisés par des personnes non vétérinaires, définie par l'Arrêté du 5 octobre 2011 fixant la liste des actes de médecine ou de chirurgie des animaux que peuvent réaliser certaines personnes n'ayant pas la qualité de vétérinaire. Cela signifie que seul un vétérinaire est autorisé à la pratiquer. Il est d'ailleurs en droit de refuser de le faire, notamment s'il considère qu'elle n'est justifiée que dans un but médical.
En Belgique, la caudectomie est interdite pour les chiens dans le cas général depuis 2001, en vertu de l'article 17bis de la Loi relative à la protection et au bien-être des animaux. Il n'est donc pas possible d'y avoir recours pour des raisons esthétiques ou même utilitaires - par exemple afin de limiter le risque de blessure lors de la chasse.
Elle n'est en fait tolérée que dans le cas où elle est justifiée par des raisons médicales - par exemple si un traumatisme ou une malformation au niveau de la queue cause une forte gêne ou des douleurs chroniques.
En Suisse, l'Ordonnance sur la protection des animaux (OPAn) du 23 avril 2008 interdit la caudectomie pour tous les chiens.
Elle va même plus loin que cela, puisqu'elle interdit aussi d'importer en Suisse un chien écourté (c'est-à-dire ayant la queue coupée) même si l'opération a été faite à l'étranger. Cela permet d'éviter que certains propriétaires contournent la réglementation en faisant appel à un vétérinaire d'un autre pays. Les seules exceptions à cette règle concernent les personnes résidant à l'étranger et venant passer des vacances en Suisse, ou qui viennent s'y installer avec leur animal de compagnie : dans ces deux cas, l'importation d'un chien écourté est tolérée.
Comme en Belgique et en Suisse, la pratique de la caudectomie est prohibée au Québec pour les chiens. Cette interdiction est néanmoins plus récente, puisqu'elle résulte du Règlement sur le bien-être et la sécurité des animaux domestiques de compagnie et des équidés, paru en 2022 et entré en vigueur en 2024.
Une exception est toutefois prévue pour le cas où un vétérinaire justifie d'y avoir recours pour des raisons médicales.
Le Québec n'est pas la seule province canadienne où le législateur s'est emparé du sujet, à défaut de législation fédérale : il en va de même dans toutes les autres sauf l'Ontario, souvent avec des dispositions similaires.
Lorsqu'elle est autorisée par la loi, la coupe de la queue d'un chien peut être réalisée de deux façons différentes :
Que ce soit ou non lui qui réalise l'intervention, le vétérinaire peut ensuite prescrire des anti-douleurs et éventuellement des antibiotiques pendant quelques jours afin de limiter le risque d'infection.
Quelle que soit la technique employée, le moignon de la queue cicatrise normalement en moins d'une semaine. Si toutefois la cicatrisation tarde à survenir ou si l'on constate un saignement, une rougeur, un gonflement ou un écoulement de pus dans les jours qui suivent, c'est potentiellement le signe d'une complication : il faut contacter un vétérinaire sans attendre.
En théorie, il est possible de couper la queue d'un chien à n'importe quel âge : après tout, il s'agit d'une intervention qui n'est pas bien compliquée sur le plan technique.
Dans la pratique toutefois, lorsqu'on y a recours à des fins esthétiques ou utilitaires, la caudectomie est le plus souvent pratiquée alors que l'animal est encore très jeune, afin de limiter sa douleur. En France par exemple, la loi stipule qu'elle doit être réalisée dans les 5 jours qui suivent sa naissance : au-delà, elle n'est plus permise.
Si par contre la coupe de la queue est pratiquée pour des raisons médicales (par exemple du fait qu'une blessure ou une malformation cause des douleurs chroniques), il n'y a pas vraiment d'âge pour la réaliser : le vétérinaire peut l'effectuer même sur un chien déjà adulte, s'il l'estime nécessaire.
La caudectomie est une pratique visant à raccourcir voire retirer la queue d'un chien. Pendant longtemps, on y a surtout eu recours pour des raisons esthétiques ou pour limiter le risque de blessure ; toutefois, compte tenu des inconvénients qu'elle présente, nombre de pays ne l'autorisent plus qu'à condition qu'elle soit motivée par des considérations médicales. Au demeurant, lorsqu'elle est autorisée quelle que soit la raison (comme c'est le cas notamment en France), il est courant qu'un âge maximum soit prévu par la loi, afin de limiter les souffrances de l'animal lors de l'intervention.
D'autres opérations telles que l'otectomie (c'est-à-dire la coupe des oreilles d'un chien) ou la dévocalisation (c'est-à-dire l'ablation de ses cordes vocales) soulèvent des questions éthiques similaires. Elles sont donc elles aussi interdites dans nombre de pays, sauf à être motivées par des considérations médicales.
Bonjour, J’envisage d’adopter un chien, mon choix s’est penché sur un berger australien. Je me suis renseigné...