Tout propriétaire de chien a déjà été confronté au moins une fois à un larmoiement excessif des yeux de son animal. Comme chez l'être humain, il peut s'agir d'un phénomène passager qui disparaît de lui-même en quelques heures. Toutefois, si les yeux continuent de couler pendant plusieurs jours, cela cache peut-être un problème plus grave.
Quelles sont les causes possibles de larmoiement excessif d'un chien ? Que faire face à un chien dont les yeux coulent sans discontinuer ? À partir de quand faut-il s'inquiéter ?
Le larmoiement excessif, aussi appelé épiphora dans le langage médical, désigne comme son nom l'indique un écoulement anormalement long et abondant de larmes, qui fait donc couler les yeux. Ce phénomène existe chez bon nombre d'animaux, dont le chien et le chat.
Comme pour l'être humain, les larmes du chien sont produites par ses glandes lacrymales, qui se trouvent à proximité immédiate de chacun de ses yeux. Elles coulent ensuite sur les globes oculaires afin de les hydrater, les lubrifier et les nettoyer. De ce fait, elles sont cruciales pour les garder en bon état.
Après cela, une bonne partie des larmes produites s'évapore ; celles qui restent sont évacuées au niveau des points lacrymaux (situés dans les coins intérieurs des yeux) avant de passer par les voies lacrymales pour être envoyées vers le nez ou la gorge en vue de leur élimination de l'organisme.
Il arrive toutefois dans certains cas que ce schéma classique de production et/ou d'évacuation des larmes soit perturbé : on dit alors que les yeux du chien coulent ou pleurent.
Le larmoiement excessif touche globalement tous les chiens un jour ou l'autre, ne serait-ce que de manière passagère. Les causes possibles de cet excès de larmes sont toutefois multiples et très diverses.
Dans l'ensemble, on en distingue de deux types : celles qui sont dues à une production excessive de larmes, et celles qui sont causées par une mauvaise évacuation de celles-ci.
Chez le chien comme chez l'Homme, la cause la plus courante des yeux qui pleurent est une irritation passagère causée par un élément externe qui atterrit sur le globe oculaire ou se glisse sous la paupière et occasionne alors une gêne.
Le plus souvent, il s'agit de petits éléments tels que du pollen, de la poussière, de la fumée, du sable, des débris... Des larmes sont alors produites en abondance afin de protéger l'oeil et éliminer l'intrus. Les deux yeux sont généralement concernés.
Le larmoiement peut également être causé par une substance irritante qui entre en contact avec le globe oculaire : c'est le cas par exemple du savon ou du shampoing, qui entraînent tous deux des picotements lorsqu'ils atterrissent dans les yeux, et conduisent alors à une production accrue de larmes. Cela se produit aussi par exemple lorsque le chien se baigne dans la mer ou dans une piscine, à cause du sel ou du chlore que l'eau contient.
Une autre cause fréquente de larmoiement excessif chez le chien est une sécheresse oculaire.
En effet, cette dernière entraîne la production de larmes en abondance, afin de réhydrater l'oeil et éviter qu'il ne s'irrite et se détériore. Autrement dit, un oeil trop sec provoque en réaction une humidification trop importante. Les deux yeux sont généralement touchés.
La sécheresse oculaire peut elle-même être causée par divers facteurs, notamment un vent fort ou un air ambiant sec. Ce dernier peut lui-même être dû à l'utilisation d'une climatisation, d'un chauffage, d'un ventilateur...
Les yeux peuvent aussi couler à cause d'une plaie ou d'un traumatisme.
Les raisons peuvent être multiples : un choc local (par exemple à cause d'une branche), une griffure dans l'oeil ou au niveau du coin de ce dernier (ce qui endommage le système d'évacuation des larmes), un objet ou un épillet coincé entre le globe oculaire et la paupière, etc.
Dans ces cas-là, le larmoiement est souvent unilatéral : un seul oeil coule - celui qui est blessé ou abîmé.
Un chien peut également avoir les yeux qui coulent en raison d'une anomalie congénitale entraînant une malformation de l'oeil et/ou des paupières. Les symptômes sont alors visibles très tôt et durent dans le temps, voire toute sa vie durant si rien n'est fait.
Parmi les anomalies congénitales susceptibles d'engendrer des épiphora à répétition, on peut citer :
Selon les cas, l'épiphora peut être unilatéral ou bilatéral, et résulte tantôt d'une production trop importante de larmes, tantôt d'une mauvaise évacuation de celles-ci - voire parfois des deux à la fois.
En plus des affections congénitales, le chien peut avoir les yeux qui pleurent à cause de maladies oculaires susceptibles de survenir à tout moment de la vie.
Parmi celles-ci, on peut citer :
Ces maladies peuvent elles-mêmes être causées par d'autres problèmes de santé : par exemple, la conjonctivite est parfois une des conséquences de la maladie de Carré ou de l'hépatite de Rubarth.
Comme pour les anomalies congénitales, un seul ou les deux yeux peuvent couler, selon les cas. Cela est le plus souvent causé par une production accrue de larmes, mais il peut aussi s'agir d'une mauvaise évacuation de ces dernières par les voies lacrymales.
Les yeux peuvent se mettre à couler à cause d'une obstruction des voies lacrymales, qui sont les canaux chargés de l'évacuation des larmes vers le nez ou la gorge. Lorsque ces voies sont bouchées, les larmes ne peuvent plus être éliminées naturellement et coulent le long du museau.
L'obstruction des voies lacrymales peut avoir diverses origines : la présence de petits corps étrangers dans les canaux, une tumeur, un bouchon de mucus, du tissu cicatriciel à la suite d'une plaie, etc. Elle est le plus souvent unilatérale et ne concerne qu'un seul oeil, mais peut dans certains cas toucher les deux.
Dans certains cas, le chien a les yeux qui coulent à cause de la forme particulière de son crâne et/ou de son museau, qui empêchent la bonne évacuation des larmes. Les deux yeux sont alors généralement touchés.
C'est le cas notamment chez les races de chiens brachycéphales, c'est-à-dire qui ont le museau écrasé. En effet, compte-tenu de la morphologie particulière de leur crâne et de leur nez, l'évacuation des larmes se fait plus difficilement, car les points lacrymaux ont tendance à se « boucher » plus rapidement que chez les autres chiens. On peut citer notamment le Carlin, le Boxer ou encore le Pékinois.
Certaines races de petite taille comme le Caniche et le Coton de Tuléar ont également souvent les yeux qui coulent, car ils ont un crâne de forme plutôt bombée ; cela perturbe également l'évacuation des larmes.
Le fait qu'un chien a les yeux qui pleurent n'est pas très grave en soi. Après tout, les larmes ont avant tout un rôle de prévention des problèmes oculaires : le fait qu'elles soient un peu trop nombreuses n'est pas réellement nocif pour sa santé.
Cela étant, un épiphora présente tout de même quelques inconvénients :
Par ailleurs, le larmoiement excessif est très souvent le signe que quelque chose ne va pas (par exemple une irritation, même si elle est passagère) et s'accompagne d'ailleurs souvent d'autres symptômes, tels que des picotements ou des douleurs au niveau des yeux. Il n'est donc pas très grave en lui-même, mais cache potentiellement un problème plus sérieux.
La plupart du temps, les yeux du chien ne coulent pas très longtemps et le larmoiement s'arrête de lui-même au bout de quelques minutes. Si c'est le cas, il n'y a pas vraiment de raison de s'inquiéter : l'animal avait peut-être simplement des poussières ou autre chose dans l'oeil.
Pour autant, il ne faut pas non plus ignorer totalement ce symptôme, car il peut parfois cacher des problèmes plus graves. Ainsi, certains cas doivent alerter. C'est le cas notamment si :
Si un ou plusieurs des signes ci-dessus sont présents, mieux vaut contacter un vétérinaire sans attendre, lui décrire la situation et attendre ses instructions.
Lorsqu'un chien a les yeux qui pleurent, il convient d'avoir la bonne réaction pour faciliter l'arrêt du larmoiement sans pour autant prendre le risque d'aggraver la situation. L'attitude à adopter n'est pas la même selon qu'une consultation chez le vétérinaire est nécessaire ou non.
Dans le cas où une visite chez le vétérinaire s'impose, il ne faut surtout pas prendre l'initiative de nettoyer les yeux de son chien au préalable : cela risquerait d'effacer certains symptômes, et donc de fausser le diagnostic. Mieux vaut amener l'animal tel quel chez le professionnel, qui se chargera d'examiner les signes cliniques et d'effectuer si besoin un examen ophtalmologique afin de déterminer la cause du larmoiement.
Il ne faut pas non plus tenter de retirer les éléments qui seraient éventuellement coincés dans les yeux ou sous la paupière de son animal : cela risquerait en effet non seulement de lui faire mal (et d'ailleurs potentiellement de se faire mordre en représailles), mais aussi de causer de graves blessures au niveau du globe oculaire. Là encore, mieux vaut laisser faire un vétérinaire : celui-ci se chargera lui-même de retirer l'intrus, en ayant recours si besoin à des tranquillisants ou des anesthésiants.
Dans le cas où il n'y a aucun signe inquiétant qui pourrait justifier une visite chez un vétérinaire, il est possible de se contenter de nettoyer les yeux de son animal. Cela permet de les apaiser, de les débarrasser des éventuels débris ou poussières qu'ils pourraient contenir, de les humidifier s'ils sont un peu secs, et de retirer les croûtes formées par le passage des larmes.
Pour qu'il soit efficace, ce soin doit être réalisé à l'aide de produits spécialement conçus pour l'entretien des yeux des chiens. Les lotions destinées aux humains ou aux autres animaux (notamment aux chats) sont à bannir, tout comme les collyres, qui sont des médicaments destinés à soigner des problèmes oculaires bien précis et ne doivent pas être utilisés à tort et à travers.
Des taches brunâtres et disgracieuses se forment parfois au coin de chaque oeil, en particulier chez les chiens qui pleurent le plus. Ceci est dû au fait que les larmes contiennent de la porphyrine, une substance qui brunit ou rougit en séchant. Pour les retirer, il suffit de passer dessus du coton humidifié avec une solution spécialement conçue contre les traces de larmes.
Tous les chiens ont un jour ou l'autre les yeux qui pleurent un peu trop. Le plus souvent, il s'agit d'un phénomène passager qui ne prête pas à conséquence. Toutefois, il peut arriver que ce larmoiement soit le signe d'un problème plus grave, qu'il convient alors d'identifier le plus tôt possible en faisant appel à un vétérinaire.
Cela étant, il ne faut pas oublier que même si une production excessive de larmes doit attirer l'attention, une sécrétion lacrymale anormalement faible peut être tout autant - voire encore plus - problématique. Par conséquent, si un chien semble avoir les yeux secs, il est préférable de consulter un vétérinaire, car il souffre peut-être de déshydratation ou d'une maladie (par exemple la kératoconjonctivite sèche).