Tabagisme passif : peut-on fumer à côté d'un chien ?

Le tabagisme passif désigne le fait d'inhaler involontairement la fumée de tabac dégagée par un fumeur, avec tous les risques que cela implique pour la santé.

La fumée de cigarette est la principale responsable du tabagisme passif, mais ce n'est pas la seule : cela vaut aussi pour la fumée de cigare, de pipe ou de narguilé. En revanche, le liquide utilisé dans une cigarette électronique ne contient pas de tabac, même s'il peut comprendre de la nicotine : on parle donc plutôt de vapotage passif.

Le tabagisme passif impacte l'entourage des personnes qui fument, c'est-à-dire la famille, les amis, les collègues... ainsi que les éventuels animaux de compagnie. Pour avoir une idée de l'ampleur du phénomène, il convient de rappeler que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recensait environ 1,25 milliard de fumeurs dans le monde en 2022, dont :

• 15 millions de fumeurs en France ;
• 2,2 millions de fumeurs en Belgique ;
• 1,6 million de fumeurs en Suisse ;
• 3,8 millions de fumeurs au Canada, dont 850.000 au Québec.

Un nombre considérable de personnes et d'animaux sont donc concernés par la question du tabagisme passif.

La fumée de tabac renferme un grand nombre de toxines : jusqu'à plusieurs milliers en fonction de la substance qui est fumée. Les principales et probablement les plus dangereuses sont la nicotine, le goudron, le monoxyde de carbone, le formaldéhyde, le cyanure d'hydrogène, le benzène et le cadmium.

Ces substances sont connues pour avoir différents impacts sur la santé : irritation des voies respiratoires, dysfonctionnement de la moelle osseuse, accélération du rythme cardiaque, dégradation des veines et artères, effets cancérogènes... Elles pénètrent dans l'organisme via l'appareil respiratoire du chien, ou se déposent sur son pelage puis sont avalées lorsqu'il se lèche.

Naturellement, plus l'exposition à la fumée est importante et régulière, plus l'impact sur la santé a des chances d'être fort. Cela étant, même une exposition ponctuelle est susceptible d'être problématique.

Par ailleurs, contrairement à une idée reçue, le cigare, la pipe et le narguilé ne sont pas moins nocifs que la cigarette : tous contiennent globalement les mêmes substances toxiques dans des proportions similaires.

Les substances contenues dans la fumée de tabac sont nocives pour la santé des fumeurs, mais aussi de ceux qui la respirent de manière passive (dont les animaux).

Les études manquent pour connaître précisément l'impact du tabagisme passif sur les chiens. Néanmoins, les premiers résultats semblent indiquer un risque accru de diverses maladies, comme ce que l'on observe chez les humains.

Par exemple, l'étude intitulée « The dog as a passive smoker: effects of exposure to environmental cigarette smoke on domestic dogs » et publiée en 2007 dans la revue Nicotine & Tobacco Resarch a montré que les chiens vivant depuis deux ans avec un fumeur ont des voies respiratoires altérées et sont davantage sujets à l'anthracose, une maladie pulmonaire causée par une exposition chronique à des polluants aériens.

L'étude « Cancer of the nasal cavity and paranasal sinuses and exposure to environmental tobacco smoke in pet dogs » publiée en 1998 dans l'American Journal of Epidemiology a quant à elle montré que les chiens avec un museau allongé ont plus de chances de développer une tumeur nasale s'ils vivent avec un fumeur plutôt qu'avec un non-fumeur. En revanche, aucune étude ne permet à ce jour de savoir s'il en va de même pour le cancer du poumon.

Mais le tabagisme passif semble pouvoir causer aussi des maladies non respiratoires chez le chien. Par exemple, l'étude « The effects of cigarette smoke and nicotine on platelet thrombus formation in stenosed dog coronary arteries: inhibition with phentolamine » publiée en 1982 dans la revue Circulation a mis en évidence un risque accru de thrombose. Quant à l'étude « Association between passive smoking and atopic dermatitis in dogs » publiée en 2014 dans la revue Food and Chemical Toxicology, elle semble indiquer une prévalence plus importante de dermatite atopique.

D'autres données sont nécessaires pour préciser ces premiers résultats, mais il semble plus que probable que la fumée de tabac soit très mauvaise pour la santé de nos compagnons canins.

La fumée de tabac a des effets délétères pour la santé des humains ainsi que celle des animaux de compagnie, en particulier en cas d'exposition importante et/ou régulière. Heureusement, quelques conseils faciles à mettre en pratique permettent de réduire cet impact.

La meilleure chose à faire si l'on possède un chien ou si l'on est amené à en fréquenter un souvent consiste à arrêter de fumer : c'est la technique la plus efficace pour qu'il ne soit pas exposé au tabagisme passif et ainsi éviter de nuire à sa santé.

Bien entendu, c'est bien plus facile à dire qu'à faire. En effet, la nicotine crée une dépendance physique et psychologique qui pousse à continuer de fumer et cause des symptômes de manque (maux de tête, tremblements, nervosité, insomnie...) lorsqu'on tente d'arrêter. Toutefois, recourir à un substitut nicotinique (par exemple sous forme de patchs, de gommes à mâcher ou de comprimés à sucer) permet de réduire ces symptômes et faciliter le sevrage.

L'utilisation de la cigarette électronique pourrait aussi être d'une certaine aide pour arrêter de fumer, si l'on en croit l'étude « Comparative Effectiveness of Electronic Cigarettes and Pharmacotherapy for Smoking Cessation: A Systematic Review and Bayesian Network Meta-analysis of Randomized Trials » publiée en 2022 dans la revue Addiction.

Si cela ne suffit pas pour parvenir à arrêter, le mieux est de se tourner vers un professionnel de santé : il peut s'agir de son médecin traitant, d'un tabacologue, d'un addictologue, d'un psychologue... Ces spécialistes accompagnent le fumeur dans son sevrage, l'aidant à conserver sa motivation et à limiter les rechutes même pendant les moments difficiles.

Si l'on ne souhaite pas arrêter, ou durant la phase de sevrage, il est vivement conseillé de ne pas fumer à côté d'un chien. De cette façon, il a bien moins de chances de respirer les particules toxiques dégagées par le tabac, et donc de tomber malade.

L'idéal est de fumer à l'extérieur, pour que le domicile soit préservé au maximum.

Si ce n'est pas possible, mieux vaut a minima fumer en son absence, dans une pièce qu'il n'utilise pas ou très peu. De cette façon, la quantité de substances toxiques dans l'air et qui se déposent dans la pièce est limitée : c'est bénéfique pour soi-même comme pour son chien.

Si l'on fume en intérieur, il est important de bien aérer la pièce en question, pour éliminer un maximum de particules toxiques et ainsi limiter les risques pour la santé.

Le mieux à faire pour cela est d'ouvrir les fenêtres lorsqu'on fume puis les laisser ouvertes pendant au moins 20 minutes, pour chasser la fumée - ainsi que l'odeur.

Une alternative consiste à utiliser un purificateur d'air. Il permet de réduire le nombre de particules en suspension de manière significative, mais son efficacité sur la quantité de nicotine dans l'air reste limitée, si l'on en croit l'étude « The feasibility of an air purifier and secondhand smoke education intervention in homes of inner city pregnant women and infants living with a smoker » publiée en 2018 dans la revue Environnemental Research. Son utilisation ne dispense donc pas de s'abstenir de fumer en présence de son chien et dans les pièces qu'il utilise le plus.

Lorsqu'on fume une cigarette ou un autre objet, des résidus de tabac se déposent sur la main que l'on utilise pour tenir ce dernier. Si on ne se lave pas les mains ensuite, on risque alors de les répandre un peu partout dans le domicile, sur les meubles et objets que l'on touche - et même directement sur le chien, si on le caresse par exemple.

Pour cette raison, il est plus que judicieux de se laver soigneusement les mains avec du savon juste après avoir fumé. Cela permet d'éliminer un maximum de résidus présents sur les doigts, et donc d'éviter de contaminer encore davantage son logement ainsi que son entourage - notamment son animal de compagnie.

La fumée de tabac est dangereuse pour la santé de nos compagnons canins, mais le tabac brut ainsi que les mégots sont eux aussi très nocifs s'ils sont ingérés. En effet, ils contiennent un grand nombre de substances chimiques, en particulier de la nicotine, très toxique pour les chiens comme pour les humains.

De manière générale, le tabac et les mégots sont peu problématiques pour un humain, car ce dernier a peu de chances d'en avaler un par accident (hormis éventuellement s'il s'agit d'un jeune enfant). Ils le sont toutefois bien plus pour un chien, qui pourrait être tenté d'en goûter un par curiosité, ou qui pourrait boire de l'eau ayant été contaminée par un mégot par exemple. Le cas échéant, une intoxication à la nicotine a toutes les chances de se produire : selon la dose ingérée, les symptômes possibles sont une diarrhée, des vomissements, des tremblements, des convulsions, une paralysie... voire un coma.

Pour ces raisons, il est crucial de ne surtout pas laisser traîner son tabac, ses cigarettes et/ou ses mégots si l'on a un chien à la maison : les conséquences s'il vient à en manger pourraient être fatales...

Aussi appelée vapoteuse ou e-cigarette, la cigarette électronique est un dispositif électronique servant à chauffer un combustible (généralement appelé e-liquide) pour le transformer en « vapeur » et ensuite l'inhaler.

Le liquide en question ne contient pas de tabac. En revanche, il est habituellement constitué d'un alcool (glycérol, propylène-glycol, éthanol...), de nicotine ainsi que d'une substance conférant une saveur agréable (vanille, fraise, pêche...). La vapeur produite comprend globalement les mêmes produits.

De manière générale, la vapeur de cigarette électronique est considérée comme bien moins nocive que la fumée de tabac, notamment parce que sa teneur en produits chimiques est bien plus réduite. Cela étant, les études manquent pour évaluer précisément son impact sur la santé des humains comme des animaux. Par exemple, l'étude « Electronic cigarettes: human health effects » publiée en 2014 dans la revue Tobacco Control a réalisé un état des lieux de la littérature scientifique jusqu'en 2013 : si elle indique que la vapeur d'e-cigarette contient effectivement moins de substances toxiques que la fumée de tabac, elle n'est pas pour autant en mesure de conclure sur son innocuité pour les humains.

Par conséquent, et dans l'attente d'études complémentaires, mieux vaut éviter de vapoter en présence d'un chien ou dans une pièce qu'il utilse beaucoup, a fortiori si l'on consomme un produit à base de nicotine. 

En revanche, l'ingestion d'e-liquide est très dangereuse pour un chien, en raison notamment de sa teneur en alcool et/ou en nicotine. Le risque est d'autant plus important que contrairement à un chat, ce dernier est naturellement attiré par les saveurs sucrées et/ou fruitées : il pourrait donc être tenté de goûter le produit et de s'intoxiquer avec. En fonction de la composition et de la dose ingérée, les conséquences pour sa santé peuvent être très sévères - voire fatales. Pour cette raison, il est crucial de ne jamais laisser sa cigarette électronique ni ses recharges à la portée de son chien.