Du fait de ses origines, le chien a une dentition qui n’est pas faite pour mastiquer longuement les aliments, mais plutôt pour déchiqueter et avaler par grosses bouchées. Certains de nos compagnons à quatre pattes engloutissent ainsi leur gamelle en quelques secondes, sans prendre le temps de mâcher. D’autres ont même l’air obsédés par le fait de manger et semblent vouloir finir leur repas le plus vite possible.
Ce comportement est-il normal ? Quelle est la différence entre la boulimie, la gourmandise et la gloutonnerie ? Comment reconnaître un chien boulimique, et remédier à ce trouble alimentaire ?
Très connue chez l’Homme, la boulimie existe également chez certains animaux domestiques, dont le chien. Elle se caractérise par une sensation continuelle de faim intense couplée à une absence de sensation de satiété, le tout entraînant de fait la consommation d’une trop grande quantité de nourriture. Il s’agit donc d’un trouble du comportement alimentaire, au même titre par exemple que l’anorexie ou le pica.
Le meilleur ami de l'Homme est qualifié d'opportuniste, car il s’est toujours naturellement nourri en grande partie de restes et d’aliments trouvés sur son passage, y compris parfois avariés. Cette attitude fait partie de son instinct et n’est donc pas problématique. Néanmoins, un chien souffrant de boulimie est obsédé par la recherche constante de « se remplir » : il se jette littéralement sur tout ce qui est à sa portée, jusqu’à s’en rendre malade. Ce trouble peut le pousser à voler la nourriture de son maître, et même à avaler des choses autres que des aliments et potentiellement dangereuses : jouets, coquillages, plantes toxiques pour les chiens...
Même si elle leur ressemble dans sa manifestation, la boulimie se distingue donc :
Le terme de boulimie est employé abusivement chez le chien, dans le sens où ce dernier n’a pas contrairement à l’Homme de pratiques compensatoires pour lutter contre la prise de poids inhérente à son insatiable appétit, telles que le fait de jeûner ou de vomir intentionnellement. Le terme « boulimie sans vomissement » ou « hyperphagie » serait donc probablement plus approprié à la gent canine.
La boulimie est une maladie dont les causes sont complexes et variées. On en distingue deux types : les causes primaires (elle est alors liée à un problème métabolique précis) et les causes secondaires (elle est alors la conséquence d’un autre problème de santé).
La boulimie du chien peut avoir une origine primaire, c’est-à-dire être causée par un dysfonctionnement du métabolisme de l’animal.
Par exemple, les centres du cerveau qui contrôlent les sensations de satiété et de faim peuvent être lésés par une tumeur cérébrale ou un traumatisme crânien, ce qui les empêche de réguler correctement l'appétit. Le chien mange alors sans être capable de se contrôler et de s’arrêter.
Certaines mutations génétiques peuvent également avoir pour effet de réduire la sensation de satiété, ce qui pousse les individus porteurs à manger plus que de raison, sans jamais se sentir rassasiés. Ils sont donc alors prédisposés à la boulimie et à l’embonpoint.
La boulimie primaire ne représente toutefois qu’une petite partie des cas détectés chez le chien.
Le plus souvent, la boulimie du chien est secondaire, c’est-à-dire qu’elle est la conséquence d’une autre maladie ou d’un autre problème de santé.
Les causes sous-jacentes possibles sont nombreuses, mais les plus courantes sont :
La boulimie ne semble toucher que les chiens domestiqués. Ainsi, dans la nature, les canidés sauvages effectuent souvent plusieurs dizaines de kilomètres par jour pour trouver leur repas : ils ne peuvent donc pas se permettre de manger excessivement, car cela ralentirait leurs performances à la course et à la chasse, voire les mettrait en danger.
En revanche, du fait de leur proximité avec l’être humain, les individus domestiqués ont changé de mode d’alimentation : leur nourriture est bien souvent disponible à heure fixe, dans un endroit invariant et sous une forme toujours identique. Il est possible que ce bouleversement des habitudes alimentaires ait favorisé le développement de comportements boulimiques chez le chien.
Deux raisons peuvent expliquer cette situation : des stimulations trop peu nombreuses, et/ou des mauvaises habitudes dont le maître est parfois directement responsable.
Les chiens domestiques mènent souvent des vies qui ne sont pas en accord avec leurs besoins élémentaires – en particulier lorsqu’ils sont utilisés uniquement pour la compagnie.
En effet, nombre d’entre eux manquent de stimulations physiques et intellectuelles (promenades, jeux, activités faisant appel à leurs sens…) et/ou d’interactions avec des congénères. Ce décalage entre leurs besoins et la réalité de leur quotidien peut engendrer des difficultés émotionnelles et des troubles du comportement, parmi lesquels la boulimie. Les individus vivant en intérieur ou aux côtés d’un maître souvent absent sont évidemment les plus exposés à ce type de problèmes.
Autrement dit, il n’y a qu’un pas pour que les troubles émotionnels du chien causés par une incompatibilité entre ses besoins et son mode de vie se manifestent sous forme d’hyperphagie : sa gourmandise peut rapidement devenir une obsession de recherche constante de nourriture, et donc in fine de la boulimie.
Naturellement gourmand, le chien a tôt fait de développer de mauvaises habitudes alimentaires au contact de l'Homme, ainsi qu'à réclamer toujours davantage.
C'est d'autant plus vrai que les industriels travaillent à développer des produits toujours plus appétents pour faciliter la prise, par exemple en ajoutant des additifs tels que l’huile de saumon dans les aliments pour chien.
Les maîtres ne sont pas non plus hors de cause : qui n’a jamais craqué face au regard implorant de son compagnon, lui donnant plus de nourriture que de raison ?
L'étude intitulée « A Deletion in the Canine POMC Gene Is Associated with Weight and Appetite in Obesity-Prone Labrador Retriever Dogs » et publiée en 2016 dans la revue Cell Metabolism a même permis d’identifier chez le Labrador et le Flat Coated Retriever un gène dit de l’obésité, puisque sa mutation altère la sensation de satiété et pousse donc à manger en continu. Cette mutation est d’ailleurs beaucoup plus fréquente chez les chiens d’assistance : habitués à obtenir bon nombre de friandises en récompense de leur docilité à l’entraînement, ils sont de fait les plus gourmands.
Si la boulimie est considérée comme un trouble du comportement et même une maladie, ce n’est pas par hasard. En effet, le fait qu’un animal boulimique avale trop vite, ne mastique pas assez et mange des quantités excessives de nourriture n’est pas sans conséquences sur sa santé.
Cela peut notamment entraîner :
Si l'on pense que son chien est peut-être boulimique, il est utile d’observer son attitude lorsqu'il mange pendant quelques jours afin d’effectuer une analyse objective de la situation. Les questions qu’il faut alors se poser sont par exemple les suivantes :
L’évolution de son poids ainsi que l’aspect et la quantité de ses déjections sont également des indicateurs fiables de sa bonne santé alimentaire. Si des changements notables surviennent (prise de poids rapide ou au contraire amaigrissement, selles nauséabondes voire diarrhéiques…), il est préférable de se tourner vers un vétérinaire sans tarder.
Plus largement, seul ce dernier est en mesure d’effectuer un diagnostic totalement fiable (en utilisant notamment les observations effectuées par le maître), car la boulimie peut facilement être confondue avec d’autres problèmes alimentaires. Le recours à un professionnel est également indispensable pour déterminer la cause sous-jacente et adapter le traitement en conséquence.
Le traitement de la boulimie chez le chien dépend en grande partie de la cause sous-jacente.
Soigner une boulimie d’origine psychologique implique bien souvent de se faire accompagner d’un comportementaliste canin, plus à même qu’un vétérinaire de comprendre la ou les cause(s) du stress de l'animal.
Après avoir analysé la situation, le professionnel propose des pistes pour aider l’animal à se libérer de son anxiété, de son hyperactivité ou encore de ses angoisses. Cela implique par exemple de :
Parallèlement, le maître doit également chercher à modifier certaines mauvaises habitudes alimentaires de son quotidien (comme le fait de lui donner à manger chaque fois qu’il réclame, ou d’avoir la main trop lourde sur les friandises) qui pourraient continuer à entretenir l’obsession du chien pour la nourriture, et ce malgré la disparition de la cause initiale.
Le traitement à mettre en place pour soigner une boulimie d’origine médicale varie fortement selon la cause sous-jacente, et nécessite donc au préalable d’avoir identifié cette dernière.
Dans le cas d’un chien souffrant de carences alimentaires, un rééquilibrage de son régime est souvent nécessaire, en changeant le type d’alimentation qu’il reçoit et/ou en utilisant des compléments alimentaires. Toutefois, si elles sont dues à une infestation parasitaire, une simple vermifugation permet généralement d’éliminer les parasites et ainsi de résoudre le problème.
Dans le cas où l’animal souffre d’une maladie métabolique telle que de l’hyperthyroïdie ou du diabète, un traitement adapté doit être mis en place, si c’est possible. Ce dernier doit dans certains cas être donné à vie.
Par ailleurs, comme pour la boulimie d’origine comportementale, un changement de certaines habitudes alimentaires peut être nécessaire pour faire cesser le comportement compulsif du chien vis-à-vis de la nourriture et l’aider à retrouver la sensation de satiété.
Pour aider son chien à retrouver la sensation de satiété, il est possible d’agir à plusieurs niveaux.
Tout d’abord, il faut éviter de remplir sa gamelle chaque fois qu’il l’a vidée, de façon à la maintenir toujours pleine. En effet, contrairement par exemple au chat, il n’est pas capable de s’autoréguler.
En revanche, le fait de diviser sa ration quotidienne en deux ou trois repas permet de réduire le temps entre chaque prise, et donc la probabilité que l’animal se mettre à avoir faim.
Une autre bonne solution pour l’aider à retrouver la sensation de satiété consiste à allonger la durée de ses repas. Il existe deux manières d’y parvenir :
Enfin, le lieu et les conditions des repas ont également leur importance : mieux vaut qu’ils soient pris dans un endroit calme, en l’absence d’enfants et d’autres animaux, et éviter de le regarder manger. En effet, ces distractions pourraient l’inciter à tout engloutir beaucoup plus rapidement, se déconnectant ainsi de sa sensation de faim : cette dernière n’aurait pas même le temps d’apparaître qu’il aurait déjà fini le contenu de sa gamelle.
Prévenir la boulimie d’un chien n’est pas chose aisée, car elle peut avoir des causes très variées.
Une bonne adéquation entre les besoins de l’animal et les conditions de vie qui lui sont offertes est néanmoins le meilleur moyen de limiter une grande partie des risques. Cela implique notamment de lui permettre de se dépenser tous les jours autant que nécessaire, de passer du temps avec lui au quotidien, de lui offrir un environnement rassurant et confortable, mais aussi d’éviter autant que possible les changements brusques, car les chiens sont attachés à leur routine et leurs habitudes.
En parallèle, le respect de quelques règles simples concernant son alimentation réduit les chances qu’il développe de mauvaises habitudes alimentaires pouvant mener à la boulimie.
Par exemple, il est essentiel de ne pas lui donner de nourriture chaque fois qu’il en fait la demande, car cela l’encourage à répéter ce comportement indésirable. Beaucoup de propriétaires en sont conscients mais se laissent néanmoins amadouer, par exemple s’ils sont eux-mêmes en train de manger ou lors d’occasions spéciales ; ils ont tôt fait de ressentir un sentiment de culpabilité s’ils ne cèdent pas face aux yeux implorants de leur compagnon. Pourtant, il est dans l’intérêt de ce dernier qu’ils tiennent bon, et c’est aussi le meilleur moyen de faire cesser ce comportement. Cette règle doit être respectée non seulement par l’ensemble des membres de la famille, mais aussi par les invités.
Il est aussi courant de laisser le chien se substituer au lave-vaisselle une fois le repas terminé. Ceci doit être évité, car lui donner des restes de table déséquilibre son régime alimentaire, en plus de l’inciter à réclamer toujours plus. De toute façon, l’alimentation destinée aux humains est globalement mauvaise pour les chiens, puisque les deux espèces ont des besoins nutritionnels très différents. Certains mets que les premiers apprécient sont même toxiques pour les seconds.
Quant à l’utilisation de friandises, il est indéniable qu’elle peut donner des résultats très probants dans le cadre de son éducation. Mieux vaut toutefois y avoir recours avec parcimonie, car ce sont des aliments à la fois très caloriques et très appétents. D’autres manières de le récompenser sont à privilégier, comme des caresses, des mots d’encouragements ou encore des jouets et séances de jeux.
Enfin, si l'animal a l’habitude de se jeter sans rencontrer la moindre résistance sur tout ce qu’il trouve sur son passage, nourriture ou autre, il faut l’aider à cesser ce comportement. À défaut, il prend l’habitude d’obtenir instantanément ce qu’il désire et risque notamment de se précipiter sur des aliments avariés ou toxiques. La meilleure solution consiste à lui apprendre l’autocontrôle via des ordres de base (« Non ! », « Lâche ! », « Viens ! »…). Si cette méthode est inefficace, il est toujours possible de recourir à des répulsifs à pulvériser sur les aliments par terre. Du poivre fait par exemple très bien l’affaire, car il fait partie des odeurs détestées des chiens. Un remède un peu drastique, mais qui a fait ses preuves !
La boulimie est un trouble alimentaire qu’il est important de ne pas prendre à la légère. En effet, elle est souvent le symptôme d’une autre maladie ou d’un problème psychologique potentiellement grave. De plus, compte tenu du risque de surpoids qu’elle implique, elle peut elle-même avoir rapidement des conséquences aussi majeures que néfastes sur la santé de l’animal.
Il est courant que le propriétaire porte une part de responsabilité dans l’apparition de cette maladie chez son compagnon. Par conséquent, recourir à un vétérinaire est nécessaire pour confirmer le problème et en connaître la cause, mais ne suffit pas forcément : il faut aussi être capable de s’interroger sur ses propres comportements au quotidien, et les modifier durablement si besoin. Autrement dit, le maître est souvent à la fois une partie de la cause et de la solution.
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