Le souffle au coeur chez le chien : durée de vie, traitement...

Un vétérinaire écoute le coeur d'un chien avec un stéthoscope

Les chiens ont beau être des animaux robustes, ils ont des fragilités bien identifiées. Le coeur en fait partie : les maladies cardiaques font donc partie des principales causes de décès au sein de la gent canine, avec les cancers et le vieillissement.


Le souffle au coeur est justement un des symptômes cardiaques les plus courants chez le meilleur ami de l'Homme. S'il peut ne pas être très grave, il est souvent le signe d'un problème de santé majeur - raison pour laquelle il ne doit pas être négligé.


Comment se manifeste un souffle au coeur, et quelles en sont les causes possibles ? Existe-t-il des traitements ? Quelle est l'espérance de vie d'un chien atteint de souffle au coeur ?

Qu'est-ce qu'un souffle au coeur ?

Un chien avec un stéthoscope

Le souffle au coeur désigne un bruit anormal, une sorte de chuintement qui vient en plus des battements habituels et s'entend lors d'une auscultation du coeur. C'est donc le symptôme d'un problème de santé, et non une maladie en soi.

 

Ce son est causé par une mauvaise circulation du sang dans cet organe, qui elle-même peut avoir différentes origines. Plus précisément, il résulte des turbulences causées par le mouvement inhabituel du sang.

 

Le souffle au coeur existe chez l'être humain, mais aussi chez nombre d'animaux, dont le chien et le chat. La prévalence chez la gent canine n'est pas connue avec précision, mais certaines estimations l'évaluent à plus de 20%, ce qui est considérable...

Les causes possibles d'un souffle au coeur chez le chien

Un chihuahua malade allongé dans un lit

Le souffle au coeur étant un symptôme et non une maladie, il est la conséquence d'un problème de santé sous-jacent. Les causes possibles sont nombreuses, et leur niveau de gravité assez variable de l'une à l'autre.

 

Il est possible toutefois de les classer en trois catégories, et ce faisant de distinguer trois types de souffles au coeur :

  • les souffles pathologiques, qui sont liées à un problème cardiaque ;
  • les souffles physiologiques, causés par un autre problème de santé ;
  • les souffles juvéniles, qui surviennent pendant la croissance.

Les souffles pathologiques

Un Golden Retriever malade

Les souffles pathologiques sont causés par une maladie ou un problème cardiaque qui apparaît généralement au cours de la vie du chien, mais peut aussi parfois être présent dès la naissance.

 

Plus précisément, ils sont souvent dus à un dysfonctionnement des valves cardiaques. Ces dernières sont censées empêcher le sang de refluer lorsque le coeur du chien se contracte, mais il arrive parfois qu'elles soient défaillantes : par exemple, elles peuvent présenter une malformation ou perdre leur étanchéité avec les années. Elles ne jouent alors plus correctement leur rôle, et une partie du sang remonte dans le coeur au lieu d'être envoyé vers l'organisme. Les turbulences alors créées sont responsables de ce bruit anormal.

 

D'autres maladies cardio-vasculaires du chien sont susceptibles de causer un souffle au coeur. Par exemple, des mauvaises contractions du myocarde (comme dans le cas d'une cardiomyopathie dilatée), une sténose aortique (c'est-à-dire un diamètre anormalement réduit de la base de l'aorte) ou encore un coeur anormalement gros à la naissance sont des causes possibles de souffle cardiaque.

Les souffles physiologiques

Un Setter Irlandais malade allongé dans l'herbe

Les souffles au coeur ne sont pas forcément la conséquence d'une anomalie cardiaque : ils peuvent aussi découler d'autres problèmes de santé. On parle alors de souffles physiologiques.

 

Par exemple, le sang d'un chien atteint d'anémie contient moins de globules rouges que la normale : il est donc plus fluide, ce qui modifie la façon dont il circule dans les vaisseaux sanguins et occasionne des turbulences. À l'inverse, une déshydratation a tendance à rendre le sang plus épais, ce qui là aussi a un impact sur sa circulation et engendre un bruit.

 

Un chien souffrant d'hypertension artérielle peut également développer un souffle cardiaque. En effet,  la pression sanguine est alors modifiée, ce qui est susceptible de causer des turbulences.

 

Ces exemples ne sont que quelques-unes des causes possibles d'un souffle physiologique : il en existe beaucoup d'autres.

Les souffles juvéniles

Un chiot malade allongé dans l'herbe

Il existe également des souffles juvéniles, qui comme leur nom l'indique surviennent pendant la croissance du chiot. Ils seraient liés au fait que lors de cette période, la constitution du sang change rapidement : cela occasionne des turbulences, et donc un bruit anormal à l'auscultation.

 

Contrairement aux autres cas de figure, les souffles juvéniles sont temporaires : ils disparaissent d'eux-mêmes au bout de quelques semaines à quelques mois, lorsque le sang retrouve une constitution plus "normale".

 

Sans être systématiques, de tels souffles sont fréquents. Une étude intitulée "Innocent Cardiac Murmur in Puppies: Prevalence, Correlation with Hematocrit, and Auscultation Characteristics" et publiée en 2015 dans le Journal of veterinary internal medecine montrait ainsi que sur les 195 chiots alors examinés, 28% étaient porteurs d'un souffle juvénile.

Les conséquences d'un souffle au coeur chez le chien

Un chien malade

En lui-même, un souffle au coeur n'est pas grave : il ne s'agit que d'un bruit anormal que l'on peut entendre lorsqu'on écoute les battements. En revanche, hormis dans le cas du souffle juvénile qui est temporaire, il est le symptôme d'un problème de santé qui lui peut être grave.

 

Ainsi, il est un des premiers signes à apparaître dans bon nombre de pathologies cardiaques, avant d'être suivi par d'autres symptômes plus sévères. L'insuffisance cardiaque est probablement le plus grave d'entre eux : elle correspond à un épuisement du muscle cardiaque, qui ne parvient plus à irriguer correctement l'organisme. Elle survient lorsque la maladie cardiaque causant le souffle s'aggrave, et conduit bien souvent au décès rapide de l'animal - l'espérance de vie d'un chien atteint d'insuffisance cardiaque est en effet assez réduite.

 

Lorsque le souffle est physiologique, c'est-à-dire causé par d'autres problèmes de santé qu'une maladie cardiaque, les conséquences sur la santé sont généralement plus faciles à gérer, même si certaines sont tout de même terribles. Par exemple, une hypertension artérielle peut conduire à un AVC du chien, tandis qu'une anémie sévère constitue bien souvent une urgence vitale nécessitant une prise en charge immédiate.

 

Par conséquent, mieux vaut ne pas laisser traîner les choses dès lors qu'un chien a un souffle au coeur, et tenter d'en déterminer l'origine. Cela ne garantit pas qu'il sera possible de le soigner (certaines maladies ne sont pas traitables), mais permet au moins d'en atténuer les éventuelles conséquences.

La durée de vie d'un chien ayant un souffle au coeur

Un chien noir et blanc avec un stéthoscope autour du cou

L'espérance de vie d'un chien avec un souffle au coeur peut être assez variable, car tout dépend en réalité de la cause sous-jacente et de la gravité de l'atteinte cardiaque. Par exemple, un souffle juvénile est bénin et n'a donc pas d'impact sur la longévité de l'animal.

 

L'espérance de vie peut être très bonne si la pathologie qui en est responsable est facile à soigner. Ainsi, la persistance du canal artérien se traite bien via une opération chirurgicale, et n'a pas de conséquence à long terme si elle est diagnostiquée suffisamment tôt.

 

Dans le cas inverse, la durée de vie peut être fortement réduite et ne pas dépasser quelques mois, en particulier lorsque le problème n'est pas soignable. Par exemple, un chien atteint de cardiomyopathie dilatée ne vit généralement pas très longtemps après l'apparition des symptômes, car la maladie évolue malheureusement assez vite vers une insuffisance cardiaque.

Le diagnostic du souffle au coeur chez le chien

En soi, diagnostiquer un souffle au coeur chez un chien n'est pas très difficile : une simple écoute avec un stéthoscope permet de le faire, par exemple lors d'une visite de routine chez le vétérinaire.

 

Là où les choses se compliquent, c'est qu'il faut ensuite remonter jusqu'à la cause sous-jacente, et évaluer la gravité de l'atteinte cardiaque. Cela passe une étude plus précise du souffle constaté, ainsi que par un ou plusieurs autres examens.

La caractérisation du souffle au coeur

Pour établir un diagnostic, le praticien tâche de caractériser le plus précisément possible le souffle qu'il observe, car cela donne de précieuses indications sur l'origine et la sévérité de celui-ci.

L'intensité du souffle au coeur

Un vétérinaire écoute le coeur d'un chien

Selon les cas, les souffles au coeur ne sont pas tous aussi bruyants ni faciles à percevoir. Ils sont donc classés sur une échelle de 1 à 6, en fonction de leur intensité.

 

Les différents grades sont définis de la façon suivante :

  • grade 1 : le souffle est très faible, n'est audible que dans une pièce parfaitement silencieuse et peut être intermittent ;
  • grade 2 : le bruit reste discret, mais est audible au bout de quelques secondes d'écoute attentive ;
  • grade 3 : le bruit est audible immédiatement, mais reste localisé en un endroit précis ;
  • grade 4 : le souffle est bien audible, et peut être entendu sur une surface plus étendue ;
  • grade 5 : en plus des signes du grade 4, on entend un frémissement similaire à un ronronnement ;
  • grade 6 : le frémissement est là aussi présent, et le souffle est audible même en éloignant le stéthoscope du corps.

 

Cette échelle a été mise au point en 1993 pour l'être humain, puis a été adaptée à la médecine vétérinaire. Elle participe au diagnostic, à l'estimation de la gravité de l'atteinte et à l'évaluation du pronostic. Elle sert aussi à suivre l'évolution du souffle, car celui-ci peut diminuer ou au contraire s'aggraver avec le temps.

Les autres critères

Une femme écoute le coeur d'un chien

En plus de son intensité, d'autres critères permettent de définir précisément un souffle au coeur, et à partir de là d'établir une liste des causes possibles.

 

On peut citer par exemple :

  • sa localisation dans l'organe, que l'on détermine en repérant l'endroit du corps où il est le plus facile à percevoir ;
  • sa fréquence sonore, certains sons étant aigus et d'autres plutôt graves ;
  • son moment d'apparition par rapport aux battements habituels ;
  • sa constance : il peut par exemple être plus fort après un effort important et moins marqué dans les moments de repos, ou à l'inverse être très stable tout au long de la journée.

 

Tous ces éléments sont autant d'indices permettant d'estimer les causes possibles et la gravité de l'atteinte cardiaque. Ils peuvent ainsi aider à choisir quels examens complémentaires lancer.

Les examens complémentaires

Radiographie du thorax d'un chien vu aux rayons X
Radiographie du thorax d'un chien vu aux rayons X

En plus de l'étude précise du souffle cardiaque en lui-même, divers examens complémentaires peuvent être utiles pour aider à déterminer le problème qui en est à l'origine.

 

On peut citer par exemple :

 

  • la recherche de symptômes complémentaires, comme une fièvre ou une hypertension ;

 

  • une prise de sang, utile pour déceler nombre d'anomalies potentielles (par exemple, un taux anormalement bas de globules rouges met en évidence une anémie) ;

 

  • une échographie cardiaque, qui permet d'avoir une image très précise du coeur et de la circulation du sang à l'intérieur ;

 

  • un électrocardiogramme, afin de détecter d'éventuels troubles du rythme cardiaque ;

 

  • une radiographie du thorax, afin d'évaluer la taille du coeur et détecter certaines complications dans les stades avancés (coeur dilaté, oedème pulmonaire...).

 

Il n'est pas forcément nécessaire de faire l'ensemble de ces examens : tout dépend du type de souffle et de sa cause supposée.

Peut-on traiter le souffle cardiaque d'un chien ?

Un vétérinaire ausculte un chien avec un stéthoscope

Tous les souffles au coeur n'ont pas forcément besoin d'être traités. En effet, tout dépend de leur cause et leur intensité. Par exemple, les souffles juvéniles ne sont que temporaires et ne prêtent pas à conséquence : ils disparaissent d'eux-mêmes lorsque le chiot grandit, et ne nécessitent donc pas de soins particuliers.

 

Tout l'enjeu est donc d'identifier la cause du souffle : une fois qu'elle est établie, on peut savoir dans quelle mesure il s'agit d'un problème soignable, et le cas échéant entamer un traitement qui aura notamment pour effet d'atténuer ses symptômes de celui-ci (dont le souffle au coeur), voire les faire disparaître.

Les traitements envisageables

Un chien sur la table d'opération chez un vétérinaire

Lorsqu'ils sont possibles, les traitements curatifs constituent la meilleure option pour soigner un chien avec un souffle au coeur. Ils permettent de faire disparaître la cause sous-jacente, et en même temps le bruit constaté. Malheureusement, il n'en existe pas toujours.

 

Dans le cas d'un souffle pathologique (c'est-à-dire directement lié à un dysfonctionnement du coeur), les traitements curatifs sont assez rares. En effet, même si certaines anomalies cardiaques peuvent effectivement être soignées par une intervention chirurgicale (c'est le cas par exemple de la persistance du canal artérien), c'est loin d'être le cas de toutes.

 

En revanche, dans le cas d'un souffle physiologique, envisager un traitement curatif est généralement beaucoup plus simple. Par exemple, il est souvent assez facile de faire disparaître ou d'au moins atténuer une déshydratation, une anémie ou encore une hypertension en ayant recours à des médicaments et/ou un changement d'alimentation.

Les changements de mode de vie

Une femme donne des croquettes spéciales à son chien malade

Lorsqu'il n'existe pas de traitement curatif permettant de régler la cause du souffle au coeur, il est recommandé de mettre en place diverses mesures dans la vie quotidienne du chien afin de réduire les risques qu'il développe des problèmes cardiaques plus graves.

 

L'objectif de ces mesures est de soulager au maximum le coeur pour qu'il ne s'épuise pas en tentant d'irriguer l'organisme. Cela passe notamment par le fait de :

 

 

  • éviter de l'exposer à des situations stressantes ou angoissantes ;

 

  • lui épargner les efforts longs et importants, par exemple en remplaçant une promenade d'une heure par quatre balades d'un quart d'heure ;

 

  • lui administrer certains médicaments permettant de soutenir le muscle cardiaque ;

 

  • modifier son régime alimentaire pour éviter toute prise de poids inutile, car le surpoids fatigue le coeur. Selon ce dont il souffre, une alimentation spéciale peut même être nécessaire : par exemple, un régime sans sel est généralement indiqué en cas d'hypertension.

 

Ces mesures ne permettent pas de guérir l'animal, mais augmentent son espérance de vie en évitant de solliciter inutilement son coeur et en retardant ce faisant l'apparition de complications cardiaques. Elles doivent généralement être respectées tout au long de sa vie, car son état de santé a davantage de chances de s'aggraver avec le temps que de s'améliorer.

Conclusion

Le souffle au coeur est un symptôme répandu au sein de la gent canine, qui peut être aussi bien bénin et passager que synonyme d'un problème de santé plus grave. Dès qu'il est détecté, il faut tout mettre en oeuvre pour déterminer son origine puis entamer un traitement, si tant est que cela s'avère nécessaire et possible.

 

Lorsque la guérison n'est pas envisageable, chien et maître doivent apprendre à vivre avec. Quelques mesures simples permettent de limiter ou ralentir la dégradation de l'état de santé de l'animal, et d'améliorer son espérance de vie. Suivre à la lettre les recommandations de son vétérinaire est alors le meilleur moyen de garder son chien en bonne santé aussi longtemps que possible.

 

Par Aurélia A. - Dernière modification : 10/07/2021.