Mon chien boit beaucoup : causes possibles et solutions

En moyenne, un chien adulte et bien portant boit normalement entre 50 et 70 mL d'eau par jour et par kilogramme de masse corporelle. Cela signifie qu'un individu qui pèse 10 kg consomme entre 0,5 et 0,7 litre par jour, tandis qu'un autre qui atteint 50 kg boit autour de 3 litres au quotidien. Les besoins sont donc très variables d'une race à l'autre, du fait de la diversité des gabarits au sein de la gent canine.

Au demeurant, les besoins en eau peuvent même varier à taille et poids égaux. En effet, ils dépendent aussi d'autres facteurs tels que le type de nourriture consommé, la température ambiante, le degré d'humidité de l'air ou bien sûr le niveau d'activité.

Néanmoins, on considère qu'un chien boit trop lorsque sa consommation dépasse les 100 mL par kilo et par jour - donc par exemple un litre s'il pèse 10 kg. On parle alors de polydipsie, c'est-à-dire littéralement « soif intense ».

Il existe un certain nombre de facteurs pouvant amener un chien à boire plus que la norme. Les plus courants sont une température élevée et un effort important, et la situation n'a alors rien d'anormal. En revanche, d'autres causes possibles s'avèrent pour leur part problématiques.

Un chien peut se mettre à boire beaucoup sans que cela ne soit grave. Il existe en effet toutes sortes de situations parfaitement normales susceptibles d'entraîner une augmentation naturelle de la soif - à commencer par la chaleur ou le fait qu'il effectue un effort important.

Contrairement à un humain, un chien ne transpire pas, ou très peu. En effet, il est dépourvu de glandes sudoripares (c'est-à-dire produisant de la sueur) sur la majeure partie de son corps.

Par conséquent, lorsqu'il a trop chaud et a besoin de se rafraîchir, il utilise d'autres techniques. En particulier, il halète, c'est-à-dire qu'il accélère sa respiration en ouvrant la gueule afin de favoriser l'évaporation de sa salive. Grâce à ce mécanisme, la chaleur accumulée dans son corps s'évacue massivement par le biais de sa bouche.

Toutefois, pour qu'un chien puisse haleter, il faut qu'il fabrique assez de salive sans pour autant se déshydrater. Il doit donc boire davantage pour compenser les pertes en eau.

Comme un humain, un chien qui fait un effort important accumule de la chaleur dans son organisme. Comme lorsque les températures extérieures sont élevées, haleter lui permet de se rafraîchir et d'éviter la surchauffe : en ouvrant la gueule et en respirant plus vite, il favorise l'évaporation de la salive, ce qui refroidit sa bouche puis le reste du corps.

Ce mécanisme est moins efficace que la transpiration des humains, mais il lui permet d'évacuer la chaleur en excès. Il implique toutefois des pertes en eau, qui sont alors compensées en buvant davantage.

Lorsqu'une chienne qui vient de mettre bas allaite ses petits, elle doit produire une grande quantité de lait, en particulier si sa portée est nombreuse. Or, son lait maternel est constitué d'environ 85% d'eau : il lui faut donc boire beaucoup plus tout au long de cette période pour compenser cette perte en eau.

Cette augmentation de la soif est tout à fait normale et naturelle, et sa consommation d'eau redevient normale environ deux mois après la mise bas - c'est-à-dire après le sevrage des chiots.

La quantité d'eau qu'un chien boit dépend du type d'alimentation qu'il reçoit.

En effet, s'il est nourri avec de la pâtée ou du fait maison, qui comptent tous deux entre 70 et 80% d'eau, il n'a pas besoin de boire autant que s'il mange des croquettes, qui elles n'en contiennent qu'environ 10%. Cette faible teneur en eau est d'ailleurs la raison pour laquelle les croquettes sont à éviter pendant la période estivale - à moins de les humidifier avant de les servir, si l'animal accepte de les manger ainsi.

Par ailleurs, comme chez l'être humain, les aliments très salés ou très sucrés ont tendance à augmenter la soif -  et donc la consommation d'eau. Il n'est donc pas surprenant qu'un chien qui en mange souvent boive plus que la moyenne.

Il est parfaitement normal qu'un chien boive beaucoup dans certaines situations, qui ne nécessitent absolument pas de s'inquiéter. Toutefois, cette augmentation de la soif peut aussi être la conséquence d'une cause nettement plus problématique, notamment une maladie ou un trouble du comportement.

Le diabète est une maladie bien connue causée par une quantité trop importante de glucose dans le sang, et n'épargne pas la gent canine.

L'un de ses symptômes majeurs - et même le premier à apparaître - est une augmentation notable de la quantité d'urines pour éliminer le glucose en excès, et donc en parallèle une soif augmentée pour éviter la déshydratation.

C'est d'ailleurs en référence à ces deux symptômes que le mot « diabète » a été choisi : il signifie en effet en grec « qui passe au travers », en référence à l'eau qui semble traverser le corps sans être assimilée.

L'insuffisance rénale correspond à un dysfonctionnement empêchant les reins de filtrer correctement le sang pour le débarrasser des déchets et toxines qui l'encombrent.

Selon la cause qui en est à l'origine, elle est susceptible de prendre différentes formes, mais elle se traduit souvent par une augmentation de la quantité d'urine et une soif accrue. Elle peut toutefois aussi se manifester par un arrêt de la miction : dans ce cas, la soif n'est pas augmentée.

Quelle qu'en soit leur origine, des diarrhées et/ou des vomissements constituent une perte importante de liquides, et donc une déshydratation pouvant même être mortelle si elle n'est pas rapidement compensée par un apport en eau suffisant.

Par conséquent, il est normal qu'un chien présentant de tels symptômes ait beaucoup plus envie de boire qu'à l'accoutumée : il cherche à réhydrater son organisme pour compenser l'eau qu'il a perdu. Naturellement, plus les vomissements et/ou les diarrhées s'étalent dans le temps, plus l'augmentation de la soif persiste.

Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, le diabète insipide est une maladie très différente du diabète.

Il s'agit en fait d'un dysfonctionnement hormonal qui conduit les reins du chien à laisser passer trop d'eau dans les urines au lieu de la retenir dans l'organisme. Par conséquent, il en résulte une miction importante et une soif accrue pour compenser les pertes en eau et éviter une déshydratation importante.

Ce qui rapproche les deux maladies, ce n'est donc pas tant leur origine que la similarité de leurs principaux symptômes, à savoir l'augmentation des urines et de la soif.

Le syndrome de Cushing est un dérèglement hormonal généralement causé par une tumeur, et qui engendre une production excessive de cortisol dans l'organisme.

Les symptômes de cette maladie sont assez variables d'un individu à l'autre, mais peuvent notamment prendre la forme d'une augmentation de la miction et de la soif. Lorsque c'est le cas, le chien boit donc beaucoup plus que d'habitude, et urine aussi davantage.

Le pyomètre est une infection utérine grave qui concerne les femelles dotées d'un utérus, dont les chiennes. Il se produit lorsque des bactéries pathogènes parviennent à coloniser massivement celui-ci, à la suite le plus souvent d'un dérèglement hormonal et/ou immunitaire.

Une chienne qui a été stérilisée ne peut être touchée, mais dans le cas contraire elle est susceptible d'en développer un. Cette maladie se traduit alors par une fatigue importante, un abattement, ainsi que parfois un écoulement de pus au niveau de la vulve et une soif importante.

La potomanie est un trouble du comportement caractérisé par une volonté irrépressible de boire. Il s'agit en quelque sorte de l'équivalent de la boulimie, sauf que la nourriture est alors remplacée par l'eau.

Comme la boulimie, la potomanie est le fait d'une anxiété que le chien tente d'apaiser par ce comportement répété.

Elle survient généralement à la suite d'un évènement stressant tel qu'un changement de maître, un déménagement ou l'arrivée d'un nouveau membre dans le foyer : conjoint, bébé, autre animal... Elle peut aussi résulter d'une inadéquation entre les besoins de l'animal et le mode de vie qui lui est proposé - par exemple s'il ne reçoit pas assez d'attention et se sent négligé.

En soi, le fait qu'un chien boive beaucoup n'est normalement pas grave. En effet, tant que cela reste dans la limite du raisonnable, consommer de grandes quantités d'eau n'est pas vraiment problématique.

Toutefois, si elles sont réellement énormes (par exemple trois fois supérieures aux besoins), cela a des effets réellement délétères sur la santé. En particulier, une hyperhydratation risque d'engendrer une hypoatrémie, c'est-à-dire une trop faible quantité de sodium dans le sang - un problème potentiellement mortel. Cela dit, ce cas de figure concerne très peu la gent canine : seule une potomanie sévère semble pouvoir aboutir à un tel résultat.

En revanche, le fait de boire beaucoup est potentiellement le symptôme d'une maladie sous-jacente qui elle peut être grave : diabète, insuffisance rénale... Si rien n'est fait rapidement, d'autres symptômes beaucoup plus sévères sont alors susceptibles d'apparaître. La soif anormale est d'ailleurs souvent l'un des premiers - voire le premier - signe(s) que quelque chose ne va pas : il ne faut donc pas l'ignorer.

Enfin, ce comportement peut aussi trahir un mal-être profond, que le chien tente d'apaiser en buvant beaucoup : on est alors dans le cas de la potomanie. Si sa souffrance n'est pas prise en compte, son stress pourrait s'aggraver et évoluer vers une anxiété chronique, voire une véritable dépression.

Un chien qui boit beaucoup ne souffre pas forcément un problème de santé : il peut simplement avoir chaud ou avoir effectué un effort important qui lui donne davantage soif que d'habitude. Par conséquent, il n'est pas nécessaire de s'inquiéter outre mesure s'il se met à consommer plus d'eau que d'habitude.

Il convient néanmoins d'y prêter attention dans certains cas particuliers, car ce peut être le signe d'un problème. Toute la question est de parvenir à faire la distinction entre ce qui est normal et ce qui ne l'est pas.

Dans l'ensemble, il faut s'inquiéter si l'on se trouve dans au moins un des cas suivants :

• la quantité d'eau bue est beaucoup plus importante qu'à l'accoutumée (par exemple deux fois plus) ;
• cette soif inhabituellement élevée n'a pas de raison apparente ;
• elle dure plusieurs jours et ne semble pas vouloir s'arrêter ;
• d'autres symptômes sont présents, en particulier sur le plan urinaire, digestif et/ou comportemental.

Dès lors qu'au moins une de ces conditions est vérifiée, mieux vaut faire appel à un vétérinaire sans tarder, afin de tirer les choses au clair.

Si l'on pense qu'un chien boit trop, il ne faut surtout pas prendre l'initiative de lui retirer sa gamelle d'eau pour réduire sa consommation. En effet, dans la plupart des cas où elle est le signe d'une maladie, sa soif inhabituellement élevée est la conséquence d'une perte anormale d'eau, et non l'inverse : le priver d'eau conduirait donc à une déshydratation rapide, voire à la mort.

Le bon réflexe à avoir est de contacter un vétérinaire et lui décrire la situation, puis attendre ses instructions. Il y a des chances qu'il demande à voir l'animal, pour l'ausculter et lui faire passer divers examens. En attendant le rendez-vous, il est intéressant de noter sur un carnet les quantités que celui-ci boit, les circonstances dans lesquelles cela se produit, ainsi que les éventuels symptômes qu'il présente : ce sont des données très précieuses pour établir un diagnostic fiable.

Si le vétérinaire ne détecte rien d'anormal sur le plan physiologique et soupçonne donc plutôt une potomanie, il convient de se tourner vers un comportementaliste canin afin d'identifier les causes du mal-être de l'animal et d'y remédier de manière appropriée.

Si un chien boit beaucoup à cause d'un problème de santé physique ou mentale, il est généralement possible d'agir sur la cause sous-jacente afin de remédier à ce comportement. En tout cas, la soif en elle-même ne se soigne pas, et ce serait d'ailleurs une mauvaise chose de limiter l'accès à l'eau.

La manière de traiter le problème dépend du cas dans lequel on se trouve. Ainsi :

• le diabète se gère avec des injections d'insuline quotidiennes ;
• le diabète insipide se gère avec un traitement hormonal ;
• le syndrome de Cushing nécessite une opération ou des médicaments ;
• l'insuffisance rénale peut éventuellement se soigner si les reins ne sont pas trop endommagés ;
• les diarrhées et les vomissements peuvent être réduits avec des antidiarrhéiques et des antivomitifs ;
• le pyomètre se traite avec des antibiotiques, et si possible une intervention chirurgicale ;
• la potomanie nécessite la mise en place d'une thérapie avec un comportementaliste canin.

Quel que soit le cas de figure, dès lors que la cause de la soif anormale disparaît ou est en tout cas traitée, le chien réduit sa consommation d'eau jusqu'à retrouver un niveau normal ou proche de l'être.