La dysplasie rénale chez le chien : symptômes, traitement, prévention...

La dysplasie rénale chez le chien : symptômes, traitement, prévention...

Touchant de nombreuses races, y compris parmi les plus populaires, la dysplasie rénale est une maladie généralement héréditaire qui s’attaque aux reins de l’animal. Elle est d’autant plus problématique qu’elle est incurable et que l’état de santé du chien malade se détériore au fur et à mesure que ses reins se dégradent.


Néanmoins, à terme, la généralisation des tests ADN sur les chiens envisagés comme reproducteurs pourrait permettre de faire reculer ce fléau.


En quoi consiste exactement la dysplasie rénale, et quelles en sont les causes possibles ? Quelle est l'espérance de vie en cas de dysplasie rénale ? Comment la détecter et y faire face ?

Qu'est-ce que la dysplasie rénale du chien ?

Qu'est-ce que la dysplasie rénale du chien ?

La dysplasie rénale correspond à un développement anormal des reins du chien. Dans les faits, elle se caractérise par la présence de structures rénales inappropriées pour le stade de développement de l’animal. En effet, certains tissus, le plus souvent des glomérules, sont restés au stade de développement foetal et affaiblissent donc la capacité naturelle de l’organe à remplir son rôle.

 

Les glomérules sont des grappes compactes de capillaires qui filtrent les déchets et l’excédent d’eau contenus dans le sang. Dans le cas d’une dysplasie rénale, les reins ne parviennent pas à retenir l’eau de manière adéquate et peinent alors à éliminer les déchets toxiques de l’organisme. Autrement dit, cette anomalie est à l’origine d’une insuffisance rénale chronique du chien, et celle-ci se manifeste souvent dès son jeune âge, dès lors que la quantité de tissus immatures est importante.

 

Hormis dans de rares cas où un seul rein est touché, la dysplasie rénale affecte les deux reins de manière égale, c’est-à-dire que la proportion de tissus immatures est la même dans les deux. Par ailleurs, cette proportion reste stable tout au long de la vie du sujet : elle n’augmente ou ne diminue pas avec l’âge.

 

Si le terme de « dysplasie rénale juvénile » a été utilisé pendant de nombreuses années, cette maladie peut en réalité se révéler chez un chien de tout âge. En effet, les symptômes de cette anomalie de naissance n’apparaissent qu’une fois la fonction rénale réellement diminuée. Or, ceci peut prendre des années, si bien qu’elle peut même se manifester chez des chiens âgés de plus 10 ans.

 

En réalité, plus les reins contiennent de glomérules immatures, moins ils sont en mesure de fonctionner normalement, et plus la maladie apparaît tôt. Les individus n’ayant qu’une faible proportion de tissus anormaux peuvent ainsi ne montrer des signes de la maladie qu’à l’âge adulte, voire à un âge avancé.

 

En 2003, le Dr Kenneth Bovee de l’Université de Pennsylvanie (Etats-Unis) présenta lors d’un congrès de la WSAVA (World Small Animal Veterinary Association) les résultats d’une étude sur la dysplasie rénale chez les Shih Tzu, intitulée Renal Dysplasia in Shih Tzu Dogs. Il avait auparavant suivi pendant 10 ans près de 143 Shih Tzu et 52 accouplements. Selon cette étude, si le pourcentage de glomérules foetaux est supérieur à 25%, il s’agit d’une forme modérément sévère à sévère de dysplasie rénale. L’animal a peu de chances de survivre plus de 3 à 6 mois pour la forme sévère, et 1 à 2 ans pour la forme modérée. S’il se situe entre 10 et 25%, le chien développera une insuffisance rénale à l’âge adulte. Enfin, s’il est inférieur à 10%, l’animal peut rester asymptomatique toute sa vie.

 

L'insuffisance rénale dont souffrent les chiens atteints de dysplasie rénale s’intensifie avec le temps car les reins, ne pouvant fonctionner correctement, se dégradent au fur et à mesure. Même si certains traitements permettent de plus ou moins la repousser, l’issue est généralement la même : les reins finissent par lâcher. À partir de ce moment-là, l’organisme ne peut plus se nettoyer naturellement et est donc rapidement empoisonné par les déchets toxiques non éliminés. Le chien malade arrête de boire et d’uriner, et son état de santé se dégrade en l'espace de quelques jours – il ne peut survivre guère davantage.

Les causes de la dysplasie rénale du chien

Les causes de la dysplasie rénale du chien

La dysplasie rénale est le plus souvent héréditaire, c’est-à-dire transmise génétiquement par les parents à leurs chiots. En effet, il s'agit d'une maladie transmise selon un mode autosomique dominant avec pénétrance incomplète, c’est à dire qu’il suffit que l’un des parents porte le gène muté pour que ses descendants l’aient également. Le fait qu’elle soit « incomplète » signifie que les descendants peuvent être porteurs de la maladie sans en ressentir les symptômes.

 

Quoi qu’il en soit, la cause à l’origine de la dysplasie rénale du chien transmise par voie héréditaire est une mutation du gène COX-2 (cyclooxygénase-2). L'animal peut toutefois être un porteur sain, c’est-à-dire être porteur du gène COX-2 muté, sans que la maladie ne se déclenche pour autant. En revanche, tous les porteurs transmettent le gène en cause à leurs descendants, qui sont susceptibles de déclencher la maladie même si leurs parents étaient porteurs sains. Il est donc très important pour les éleveurs de races à risque de choisir les bons reproducteurs, à savoir des individus non porteurs du gène COX-2 muté : le risque zéro n’existe que si aucun des deux parents ne possède ce dernier.

 

Enfin, si la cause héréditaire est la plus fréquente, la dysplasie rénale peut aussi dans de rares cas être contractée in utero lorsque la chienne gestante attrape un herpès canin, principalement dans le cadre d’une primo-infection ou d'une exposition toxique lors de sa grossesse. La transmission se fait alors via un contact direct par voie transplancentaire, par voie vénérienne ou par voie oronasale, c’est à dire lors du passage du chiot par la filière pelvienne.

Les races prédisposées à la dysplasie rénale

Les races prédisposées à la dysplasie rénale

La dysplasie rénale est présente chez de nombreuses races. Le Shih Tzu et le Lhassa Apso sont les races les plus fréquemment touchées, mais le Caniche, le Cocker ou encore le Bouvier Bernois sont également prédisposés à la dysplasie rénale héréditaire.

 

Toutefois, il n'est pas pour le moment possible de lister de manière exhaustive et fiable les races touchées par cette maladie. En effet, les recherches avancent peu, car le financement d’études sur le sujet comme l’implication des éleveurs sont encore insuffisants. Les informations transmises par certains éleveurs (toutes races confondues) ainsi que par des vétérinaires au sujet de chiens présentant cette pathologie permet néanmoins d’appréhender progressivement l’ampleur de cette maladie chez le meilleur ami de l'Homme.

 

Chez le Shih Tzu, Kenneth Bovee constata même lors de son étude un taux de 85% d’individus atteints de dysplasie rénale. Toutefois, le pourcentage de porteurs d'une forme sévère de la maladie était assez réduit, et seuls 5 à 10 % des représentants de la race finissaient par mourir d’insuffisance rénale chronique. De fait, même dans les races les plus à risque, le pourcentage d’individus touchés sévèrement par la dysplasie rénale est relativement faible.

Les symptômes de la dysplasie rénale chez le chien

Les symptômes de la dysplasie rénale chez le chien

Les symptômes et la gravité de la dysplasie rénale peuvent varier grandement d’un chien à l’autre, notamment en fonction du nombre de glomérules immatures présents dans ses reins.

 

Par ailleurs, même si l’animal est touché dès son plus jeune âge, les symptômes peuvent ne se manifester qu’après de nombreuses années de bonne santé apparente. En effet, ils apparaissent une fois que les deux tiers du rein sont déjà détériorés, et donc qu’il est prêt de lâcher.

 

Dans un premier temps, on observe généralement une baisse d’activité générale du chien. En parallèle, il se met généralement à uriner très fréquemment et ses urines sont claires, car elles ne sont plus diluées correctement par les reins. Il mange moins - voire plus du tout - et perd du poids, mais boit en revanche plus qu’auparavant. Son haleine peut être plus odorante et son pelage devenir plus terne. Ce sont autant de signes d’une mauvaise santé qui nécessitent de consulter un vétérinaire pour en déterminer la cause.

 

Lorsque l'état de santé se dégrade davantage, il peut avoir de la fièvre, vomir, présenter des ulcères buccaux et être dans un état léthargique. Il est alors nécessaire de consulter d’urgence son vétérinaire.

 

Lorsque la dysplasie touche un chien adulte, il peut même se mettre à devenir soudainement malpropre. Quand c’est un chiot qui est affecté, son apprentissage de la propreté peut en être rendu plus difficile. On observe d’ailleurs souvent un retard de croissance chez les chiots touchés par la dysplasie rénale.

L'espérance de vie d'un chien atteint de dysplasie rénale

Un petit chien bichon fatigué allongé sur un canapé

En dégradant les reins et en les empêchant de bien travailler, la dysplasie rénale réduit l'espérance de vie du chien atteint. Cette influence est toutefois très variable, en fonction de la proportion de tissus immatures présents dans les reins, qui détermine la gravité de la maladie et la vitesse d'apparition de l'insuffisance rénale.

 

Dans les cas les plus graves, et sans prise en charge appropriée permettant de retarder leur dégradation, la durée de vie d'un chien avec une dysplasie rénale dépasse rarement les deux ans. Cela signifie qu'un individu atteint dès sa naissance et développant une forme grave a peu de chances de vivre plus de deux ans. Dans les autres cas en revanche, l'espérance de vie peut atteindre de longues années, en particulier si les atteintes sont peu étendues et le diagnostic posé rapidement.

Le diagnostic de la dysplasie rénale chez le chien

Un vétérinaire fait une échographie à un chien

Il existe différentes manières d’identifier une dysplasie rénale du chien.

 

En premier lieu, une échographie abdominale peut permettre d’observer la forme et l’aspect des reins. En effet, en cas de dysplasie rénale, leur apparence est modifiée : ils peuvent être plus petits, de forme irrégulière et/ou distendue par des kystes rénaux. Ainsi, une échographie des reins peut alerter qu’un chien est atteint de dysplasie rénale avant même que des symptômes ne se manifestent.

 

L'analyse d'un prélèvement sanguin suite à une prise de sang du chien, et en particulier de l’urée, la créatine et le phosphore, peut aussi mettre au jour une insuffisance rénale. Cependant, certains individus peuvent malgré tout sembler en bonne santé, c’est-à-dire que leurs indicateurs ne montrent rien de particulier. En effet, ayant grandi avec cette anomalie, l’organisme peut s’y être plus ou moins adapté. En outre, quand bien même ces examens permettent de déceler une insuffisance rénale, celle-ci peut avoir bien d’autres causes qu’une dysplasie rénale : empoisonnement du chien, vieillesse, maladie génétique, infection…

 

Le diagnostic de la dysplasie rénale peut en revanche être établi de manière certaine par une biopsie rénale, qui permet également de mesurer sa gravité. En effet, la dysplasie rénale étant un développement anormal du rein, elle implique la présence de tissus restés au stade foetal au sein des reins de chiens pourtant adultes. C’est en analysant au microscope un échantillon de tissus du rein qu’il est possible de connaître le pourcentage de glomérules foetaux présents, et donc d’identifier la gravité de la maladie. Au-delà de 25% de glomérules foetaux ou immatures présents dans des reins matures, on considère être sur une forme grave de dysplasie rénale.

Le test de la dysplasie rénale

Le test de la dysplasie rénale

Il est possible depuis peu de faire un test génétique, qui permet de détecter la mutation éventuelle du gène COX-2 dans l’ADN. Délivré par l'organisme Dogenes et disponible uniquement au Canada et en Australie pour le moment, il permet d’établir clairement si l’animal est porteur ou non du gène défectueux.

 

Toutefois, il ne fournit aucune indication sur la gravité de la maladie, contrairement à la biopsie rénale, qui elle permet de connaître sa gravité mais ne peut la détecter si le gène n'a pas muté. Ce test est donc utile pour les éleveurs, car il leur permet de s’assurer que leurs chiens reproducteurs ne sont pas du tout porteurs du gène et ne risquent donc pas de transmettre la maladie à leur descendance.

 

Comme cela fut déjà le cas par le passé pour d’autres maladies héréditaires (à l'instar par exemple de la myélopathie dégénérative), ce test apporte de grands espoirs de faire reculer la dysplasie rénale via l’exclusion systématique de la reproduction des individus à risque.

Le traitement de la dysplasie rénale chez le chien

Le traitement de la dysplasie rénale chez le chien

Il n’est pas possible de guérir de la dysplasie rénale, en raison du caractère irréversible de l’anomalie. C’est une maladie incurable qu’aucun traitement ne peut soigner. Le rein continue donc à se dégrader avec le temps, ce qui aggrave l’insuffisance rénale dont souffre l’animal.

 

Il existe toutefois des traitements visant à limiter les symptômes et ralentir la progression de la maladie. Le plan thérapeutique mis en place peut différer d’un chien à l’autre.

 

Par ailleurs, le vétérinaire conseille quasi systématiquement un changement alimentaire au profit d'un régime avec une faible teneur en sel et en protéines, afin de soulager les reins du chien malade.

 

Enfin, un traitement médicamenteux est souvent mis en place pour aider l'animal à moins souffrir de la dégradation de ses reins et des conséquences du ralentissement rénal, comme l’anémie ou l’hypertension du chien.

 

Par contre, alors que chez l’Homme la dialyse est très souvent utilisée en cas d’insuffisance rénale, ce traitement n’est pas envisageable durablement pour des animaux. En effet, une dialyse dure entre 2 et 5 heures, et il est nécessaire que le sujet reste calme pendant toute la manipulation. Pour un chien, une anesthésie générale est donc nécessaire. Surtout, il doit être hospitalisé pendant toute la durée du traitement, sachant que cette dernière va de 10 à 30 jours, en fonction du temps nécessaire pour nettoyer complètement son organisme. Au début, les séances ont lieu tous les jours, puis elles s'espacent progressivement, jusqu'à ce qu'il ait totalement récupéré. Il n’est donc pas envisageable de maintenir un chien ou un chat sous dialyse plus d’un mois de suite, tant pour des raisons financières que physiologiques. En effet, même quand elles sont de courte durée, les anesthésies sont à terme épuisantes pour son organisme. En outre, dans le cas de la dysplasie rénale, il faudrait mettre l'animal sous dialyse à répétition, c’est-à-dire recommencer le traitement à intervalle régulier. De fait, la dialyse n’est utilisée sur les chiens que dans de rares situations et pour un traitement ponctuel, comme par exemple en cas d’empoisonnement.

 

Quant à une éventuelle greffe de rein, chose relativement courante chez l’humain, cette opération est très peu pratiquée de nos jours sur les chiens, à part pour quelques canidés fortunés.

 

Enfin, il faut savoir que les maladies génétiques ne sont que très rarement prises en charge par les assurances santé pour chiens. Quand elles proposent de couvrir ces risques, le tarif est généralement assez dissuasif.

La prévention de la dysplasie rénale

À l’avenir, il est fort possible qu’au moins pour les races les plus touchées, les clubs de race se mettent à exiger le test pour inclure un chien dans la grille de cotation, c’est à dire dans le classement des meilleurs sujets de la race, et le désigner ainsi « officiellement » comme un reproducteur de qualité.

 

Il est aussi probable qu’à l’instar de ce qu'on constate déjà pour plusieurs autres maladies, les personnes adoptant un chien auprès d’un éleveur canin professionnel prennent l’habitude de lui demander les résultats des tests génétiques des parents concernant le gène COX-2, afin de s’assurer que le chiot qu’ils s’apprêtent à acquérir ne risque pas d’être touché par la dysplasie rénale. Les assurances suivront peut-être également le mouvement, en demandant aux propriétaires souhaitant souscrire une assurance santé animaux pour leur chien de prouver qu’il n’est pas porteur du gène COX-2 muté. En effet, les maladies génétiques non déclarées à la souscription entrent généralement dans le cadre des exclusions de remboursements.

 

Pour le moment, les acquéreurs potentiels de chiots susceptibles d'être porteurs de la dysplasie rénale peuvent uniquement demander la réalisation d'une prise de sang permettant de prouver que l’urée, la créatine et le phosphore se situent à un niveau normal.

Vivre avec un chien souffrant de dysplasie rénale

Vivre avec un chien souffrant de dysplasie rénale

Lorsqu'on vit avec un chien atteint de dysplasie rénale, il faut redoubler de bienveillance et de compréhension à son égard.

 

En effet, il est probable qu’à partir d’un certain stade de la maladie, le chien soit non propre à cause de l’insuffisance rénale. Il est important de distinguer dans ce cas s’il s’agit d’une bêtise, qu’il convient dès lors de sanctionner, ou bien d’un geste involontaire de sa part, causé par une maladie qu’on n’avait pas encore décelée jusque là.

 

Il doit aussi faire attention à l’alimentation de son animal. Si le vétérinaire conseille de passer à un régime alimentaire strict et sans sel, il ne faut pas par exemple lui donner en parallèle des friandises salées !

 

Enfin, il doit s’astreindre à un suivi régulier de son compagnon par le vétérinaire, de manière à suivre l’évolution de la maladie et l’accompagner correctement tout au long de sa vie.

Conclusion

Plus fréquente chez certaines races, la dysplasie rénale est un développement anormal des reins qui handicape fortement les individus qui en sont atteints, condamnés à souffrir à plus ou moins brève échéance d’une insuffisance rénale aboutissant à l’arrêt total du fonctionnement des reins.

 

Comme il n’existe aujourd’hui aucun traitement pour la soigner, c’est sur la prévention que reposent le plus gros des espoirs. En effet, les tests génétiques sur les chiens destinés à la reproduction permettent d’écarter de cette dernière les individus porteurs, afin d’éviter la propagation de la maladie dans la génétique de leurs descendants.

Par Céline C. - Dernière modification : 02/11/2022.