En montagne, les équipes cynophiles de recherche en avalanche sont indispensables à l’établissement de services de secours efficaces. Promptes à intervenir à chaque instant, elles sont sans cesse sur le qui-vive. C’est ainsi que chaque année, des vies sont sauvées par des secouristes dévoués et des chiens d’exception.
Les débuts de l’utilisation de chiens pour le sauvetage de personnes ensevelies par la neige est impossible à dater précisément. Certaines sources laissent toutefois penser que cette pratique existait déjà avant le 19ème siècle. Et, comme très souvent, lorsque l’histoire est floue, on la construit autour de mythes. En l’occurrence, c’est Barry, un Saint-Bernard ayant vécu au 19ème siècle, qui a rempli ce rôle.
À l’époque, ce chien a acquis une certaine notoriété en sauvant quatre pèlerins égarés par temps de blizzard. Pour autant, il faut souligner que Barry n’était pas un chien d’avalanche à proprement parler : ses sauvetages ne concernaient pas des personnes ensevelies. À sa mort, il fut embaumé et conservé – jusqu’à aujourd’hui – dans le Musée d’histoire naturelle de Berne.
Si l’on ne peut pas affirmer avec justesse de quand datent les premiers chiens d’avalanche, il est possible d’observer que la pratique a commencé à s’organiser davantage lors de la première et deuxième guerre mondiale. Ces périodes ont été riches en enseignements pour les Suisses qui vont, dès 1950, être les premiers à utiliser les chiens d’avalanche pour retrouver d’éventuels soldats ensevelis par la neige lors de missions en montagne.
De nos jours, on compte plus de 300 chiens d’avalanche en France. En Suisse, il y a environ 40 conducteurs et autant de chiens pour chacun des quatre cantons du sud du pays, placés sur la chaîne des Alpes. On compte également une vingtaine d’équipes dans les cantons du Jura.
Néanmoins, les chiens de recherche de victimes d’avalanche ne sont pas utilisés qu’en Europe : ils sont aussi très répandus au Canada et aux États-Unis, où ils sont nommés les Search-and-Rescue Dogs. Au Japon, des Nadare Inu sont aussi utilisés pour veiller à la sécurité des skieurs. La Nouvelle-Zélande n’est pas en reste, puisqu’elle compte environ 35 chiens d’avalanche. Le chien d’avalanche existe aussi dans les pays montagneux de l’Amérique du Sud tels que le Chili, l’Uruguay ou la Colombie. Leur usage y est toutefois moins répandu et se limite aux domaines skiables les plus touristiques.
Ainsi, partout dans le monde, l’efficacité des chiens d’avalanche fait l’unanimité, et c’est ce qui explique qu’on les retrouve dans d’innombrables unités de secours en montagne aux quatre coins du globe.
Pour autant, ils n’évitent pas les drames : les avalanches font encore de nombreux morts chaque année. En France, l’Association Nationale pour l’Étude de la Neige et des Avalanches (ANENA) dresse un triste bilan : sur la saison 2017-2018, 36 personnes ont perdu la vie au cours de 64 accidents d’avalanche. Néanmoins, sur 41 personnes ensevelies, 12 ont été sauvées par les équipes cynophiles de secours en montagne.
Chaque service de secours tente de tendre vers une certaine stabilité et durabilité des effectifs, et recrute de nouveaux tandems maître-chien lorsque le nombre de chiens d’avalanche est en baisse. Cela a déjà été plusieurs fois le cas en Suisse romande, mais ce genre de situation demeure relativement rare.
Pour mener leur mission à bien, les chiens d’avalanche se servent d’un outil incroyablement puissant : leur truffe. Dotée de plus de deux milliards de cellules olfactives, la truffe d’un chien lui permet d’identifier une source olfactive à plusieurs kilomètres de distance. Actuellement, aucune technologie ne se montre plus efficace. Voilà qui assure de nombreuses années de vie à cette pratique !
Les chiens d’avalanche sont systématiquement des mâles, sélectionnés de manière stricte par les maîtres lorsqu’ils ne sont encore que des chiots. Ils doivent alors bien sûr être en excellente santé. Bergers Allemands ou Malinois, Flat-Coated Retriever et Border Collie sont autant de races privilégiées en raison de leur excellent flair, de leur pugnacité implacable et de leur condition athlétique.
De 15 mois à 4 ans, le chien vacciné et reconnu en bonne condition physique par un vétérinaire est éligible à la formation de chien d’avalanche, pour ensuite devenir un chien sauveteur la quasi-intégralité du reste de sa vie. Il est mis à la retraite lorsqu’il atteint l’âge de 10 ans.
Toutefois, avant d’être formé à partir de l’âge de 15 mois, le chiot passe par une préformation propédeutique, qui peut être dispensée dès ses 3 mois. L’éducation du chien est basée sur le ludisme et la sociabilité.
Le ludisme permet de former le chiot sans que cela lui soit contraignant. Il se voit présenter un curieux objet, « le boudin de jeu », dont généralement il raffole, et qu’il prend alors l’habitude de chercher. Il s’agit bien sûr de conditionner le chien au mécanisme du « je cherche, je trouve ». En parallèle, il bénéficie également d’une éducation classique (ordres de base, apprentissage du rappel...).
La sociabilité consiste quant à elle à apprendre au chien à communiquer avec l’humain, à se faire comprendre, notamment en signalant au maître (de manière claire) qu’il pense avoir trouvé son boudin de jeu.
Une fois qu’il atteint l’âge de 15 mois, le chien devient éligible à la formation de l’ANENA (Association Nationale pour l’Étude de la Neige et des Avalanches), seul centre formateur agréé par le Ministère de l’Intérieur. Cette formation s’étale sur 15 jours. Elle permet au chien de se familiariser avec la neige et d’améliorer l’utilisation de son flair. Il y a donc une continuité indispensable entre la préformation et la formation : elle permet finalement d’intégrer les apprentissages dans un contexte précis, mais aussi de les fixer dans la mémoire du chien par la répétition intensive. Deux évaluations sommatives sont organisées en fin de semaine, et la formation débouche sur une session d’examens de 3 jours.
Dernier critère mais qui n’est pas des moindres : le chien d’avalanche se doit d’être conduit – comme on dit dans ce milieu cynophile particulier – par un très bon maître...
Le maître-chien sauveteur est généralement quelqu’un qui allie deux passions : celle de la montagne et celle du chien. De fait, on ne trouve aucun sauveteur qui l’est devenu à but lucratif. En effet, être conducteur de chien d’avalanche n’est pas reconnu comme un métier à part entière. Le maître-chien est bien sûr rémunéré, mais il l’est par le biais de primes qui sont relativement peu conséquentes.
A tout moment, il se doit d’être en très bonne condition physique. On imagine bien en effet que suivre un chien puissant dans une neige épaisse, au milieu de conditions météorologiques parfois extrêmes, doit être pour le moins éprouvant.
Par ailleurs, comme le chien, le conducteur de chien d’avalanche doit évidemment avoir été formé. La formation fait montre d’une certaine pluridisciplinarité : non content d’y étudier le milieu montagneux, on y apprend ainsi par exemple à skier avec un chien, et bien sûr le dressage dudit chien. Chacun de ces apprentissages donne lieu à des exercices qui permettent d’appliquer les savoirs acquis lors de la formation théorique.
La formation de maître-chien sauveteur d’avalanches est accessible à une condition : une fois formé et agréé, il faudra que le secouriste assure des permanences. Ainsi, les pisteurs maîtres-chiens d’avalanche doivent être très disponibles, pleinement engagés et impliqués dans leur activité. Lors de ces heures de permanence, qu’il neige ou qu’il grêle, le sauveteur et son compagnon doivent se tenir prêts à intervenir. Par ailleurs, ils ont à s’entraîner tout au long de l’année, de manière échelonnée, à raison de minimum cinq entraînements par an.
La certification de pisteur-secouriste est discernée par l’ANENA à un tandem : un maître et son chien. Cela signifie donc que le duo de sauveteurs est indissoluble. Le chien et son maître restent ensemble jusqu’au départ à la retraite d’un des deux éléments du couple. En l’occurrence, le chien d’avalanche arrête d’exercer vers l’âge de 10 ans, tandis que le maître peut continuer sa carrière jusqu’à ce que sa condition physique ne le lui permette plus.
En France comme dans les autres pays, chaque sauvetage faisant intervenir des chiens d’avalanche est particulier tant par son contexte que sa nature.
Pour autant, chaque accident, aussi unique soit-il, sera traité avec une même méthodologie : celle que l’on enseigne lors de la formation de sauveteur cynophile. Pour être le plus efficace possible, cette méthodologie est assimilée et perfectionnée avec des exercices pratiques : les simulations. Chaque année, une équipe cynophile (constituée d’un chien et son maître) doit participer à au moins cinq entraînements de ce type. L’observation du déroulement d’un tel exercice permet de se faire une idée de ce que peut être un sauvetage...
L’alerte (fictive) a été lancée à 9h57. D’après les informations reçues, il y aurait treize victimes à retrouver vite, très vite. Effectivement, le temps presse : si les chances de survie sont de plus de 90% en cas d’ensevelissement pendant moins de 15 minutes, elles sont inférieures à 40% s’il dure une demi-heure. Au-delà de 2 heures, elles sont de moins de 10%.
Lorsque les chiens arrivent, deux pisteurs-secouristes, déjà sur place, sondent la zone à l’aide d’appareils Recco et DVA (Détecteur de Victimes d’Avalanche). Les chiens entrent alors dans la partie : trois chiens vifs qui vont devoir évoluer dans une zone de 200 mètres de longueur sur 70 de large. Un de leurs principaux atouts est leur capacité de couvrir cette superficie en un temps très court, contrairement aux pisteurs-secouristes dont le pas devient ardu et lourd dans la neige, même avec un bon entraînement et une parfaite condition physique. On estime ainsi qu’un chien de recherche de victimes d’avalanches peut balayer l’équivalent d’un terrain de football en un quart d’heure, là où une équipe de sondeurs met six fois plus de temps. Or, comme on l’a vu, chaque minute compte.
Toutefois, une telle vitesse d’exécution implique, même pour les chiens les plus endurants, que la fatigue arrive plus rapidement. Les chiens doivent donc se reposer un petit peu après vingt minutes. Effectivement, après ce délai, leur concentration laisse à désirer. La moindre erreur de concentration pouvant avoir des conséquences tragiques, les maîtres-chiens n’ont d’autres choix que de solliciter leur compagnon par intermittence.
Une fois la première équipe de recherche mise en place, les tandems avancent en rang serré, derrière le duo de tête qui donne la cadence. Celui-ci est composé du chef d’équipe et de son chien : ensemble, ils guident les autres pisteurs.
Longue et fastidieuse, l’activité éprouve les maîtres et les animaux. Pourtant, chez les sauveteurs, pas question de perdre en attention, car la tâche est trop importante pour se permettre la moindre faute. Chacun y va du sien : les secouristes sondent à tout va et les chiens tentent de capter les faibles odeurs humaines à peine décelables. Lorsqu’un chien pense avoir trouvé quelque chose, il s’arrête net et creuse la neige, tout en cherchant à capter l’attention de son maître. Celui-ci lui accorde alors tout son intérêt et inspecte plus en profondeur la zone ciblée par le chien.
À trois reprises, un hélicoptère de la gendarmerie en provenance de Modane est venu renforcer les équipes en ressources humaines et matérielles.
Deux heures plus tard, la simulation se termine. Le bilan fictif de l’exercice est annoncé : une personne est indemne, huit blessées et quatre décédées. La simulation est suivie d’un retour d’expérience réflexif. Les critiques sont tantôt élogieuses, tantôt négatives, mais toujours pertinentes et constructives. Le but de l’exercice et des indispensables échanges qui s’ensuivent est que tous les intervenants apprennent à travailler ensemble afin de devenir meilleurs. Chaque simulation est l’occasion de tirer des conclusions pour améliorer la réactivité et les compétences de chacun, chiens comme humains.
La recherche de victimes d’avalanches est un bel exemple de la complicité entre chiens et humains. Lorsque les limites de l’homme sont atteintes, comme cela peut être le cas lors d’une avalanche, l'exceptionnel odorat du chien les dépasse et permet de sauver des vies humaines. Mais tout cela ne serait bien sûr pas possible sans le travail acharné des maîtres-chiens, qui savent mieux que quiconque comment stimuler ou canaliser leur compagnon, afin d’en exploiter pleinement le potentiel.
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