Il a été l’une des plus grandes stars du cinéma muet, possède son étoile sur Hollywood Boulevard et a joué dans plus de 25 films. Avec son museau allongé et sa fourrure marron, c’est peu dire que Rintintin était un acteur atypique. Et pourtant, le Berger Allemand le plus célèbre de l’Histoire a bel et bien connu une notoriété digne de Charlie Chaplin, Buster Keaton ou encore Greta Garbo.
Expressif et parfaitement réceptif aux ordres de Lee Duncan, son maître, Rintintin s’est en l’espace d’une décennie imposé comme l’une des figures les plus marquantes du cinéma américain d’après-guerre. Retour sur la carrière d’un acteur avec quatre pattes et beaucoup de talent.
S’il est le plus connu des acteurs canins, Rintintin n’est pourtant pas le premier à avoir été révélé à l’écran ni à avoir connu la gloire. Proche des humains, capable de leur obéir et de répondre à des ordres complexes, curieux de nature et grand amateur de jeux, le chien est, à plus d’un titre, un animal fait pour la scène.
C’est en 1894 qu’il fait sa première apparition au cinéma, dans le court-métrage de William Kennedy Laurie Dickson intitulé Athlète à la baguette. Un gymnaste y manipule une baguette devant son animal, qui observe attentivement ses mouvements. Le film est banal et le chien se cantonne à un simple rôle d’observateur, mais l’envie d’intégrer le meilleur ami de l’Homme dans des projets cinématographiques est bien là.
Au fil du temps, d’autres de ses congénères suivront. Parmi les plus célèbres figurent Blair, héros du court-métrage Sauvée par Rover (1905), dans lequel le Collie d’une famille bourgeoise déjoue la tentative d’enlèvement d’un bébé ; Jean the Vitagraph Dog, un Border Collie qui compte à son palmarès une vingtaine de courts-métrages tournés entre 1910 et 1915, dont la majorité est aujourd’hui perdue ; ou encore Mut, qui partage l’affiche d’Une Vie de chien (1918) avec Charlie Chaplin. La complicité entre la vedette de cinéma et le chien est telle que lorsque le premier part en tournée mondiale pour présenter son film, Mut se laisse mourir de chagrin, car il se sent abandonné. C’est une preuve supplémentaire que, si les chiens ne sont pas des acteurs ordinaires, ils ont également une sensibilité et des besoins que le cinéma, à ses débuts, n’avait pas encore appris à apprivoiser.
À mesure que la durée des films s’accroît, les rôles décernés aux chiens deviennent de plus en plus sophistiqués et permettent de mettre en avant leur courage, leur force, mais aussi leur grande intelligence. Il faut pourtant attendre les années 1920 pour qu’un chien crève enfin l’écran. Mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, la première star canine du cinéma n’était pas Rintintin, mais un autre Berger Allemand connu sous le nom de Strongheart.
Strongheart et Rintintin ont plus d’un point commun :
Né en Allemagne en 1917, Strongheart, ou Etzel von Oeringen de son vrai nom, est élevé comme chien policier et sert la Croix-Rouge allemande pendant la Première Guerre mondiale. À l’armistice, rongé par la pauvreté, son propriétaire prend la difficile décision de l’envoyer dans une pension canine de l’État de New York, aux États-Unis. C’est là qu’il est découvert en 1920 par Laurence Trimble, maître de Jean the Vitagraph Dog, qui voit en lui un très fort potentiel cinématographique et persuade son amie Jane Murfin, productrice et scénariste à Hollywood, de l’adopter. Le chien est ensuite renommé Strongheart (« cœur vaillant » en français), un nom jugé plus vendeur.
Rintintin naît quant à lui un an plus tard, en 1918, et de l’autre côté du Rhin, au cœur d’une zone bombardée et en proie aux combats de l’actuelle Meurthe-et-Moselle. Il est découvert dans les ruines d’un chenil du village de Flirey par le caporal américain Lee Duncan, en compagnie de sa mère Betty et des 4 autres chiots de cette dernière. Lee Duncan décide d’en adopter deux, qu’il baptise Rintintin et Nanette, une référence aux poupées de Francisque Poulbot que l’on s’offre alors en France en guise de porte-bonheur.
La chance ne sourit pas à Nanette, qui meurt quelques mois plus tard d’une pneumonie, alors que Lee Duncan et ses chiens arrivent en Amérique. Il obtient alors une autre femelle Berger Allemand qu’il baptise Nanette II, et l’idée d’élever des chiots pour en tirer quelques revenus commence à faire son chemin...
Il commence aussi à enseigner des tours à Rintintin, qu’il compte bien présenter dans des compétitions canines. Les premières performances de son protégé sont cependant très mauvaises - la faute notamment au caractère agressif de l’animal, qui évidemment ne plaît pas aux juges. Pour couronner le tout, Rintintin se casse une patte et reste handicapé pendant 9 mois. Toutefois, les efforts de Duncan finissent par porter leur fruit. En 1922, alors qu’il présente Rintintin lors d’une épreuve destinée aux chiens de travail à Los Angeles, celui-ci est filmé en train de sauter à 3,58 mètres de haut par l’un des amis de Duncan. En regardant les images de son animal en train de réaliser cette performance exceptionnelle, Duncan a alors le déclic d’en faire un chien star de cinéma, au même titre que Strongheart.
Il faut dire que depuis qu’il a été découvert par Laurence Trimble en 1920, ce dernier ne chôme pas. Toujours sous la direction de celui-ci, il est notamment la vedette de Hurle à la mort (1921), dans lequel il incarne un chien-loup tiraillé entre son amour pour son maître et l’appel de la nature. C’est la première fois qu’un chien se voit offrir un rôle aussi ambitieux, et c’est une réussite : tout au long de ce mélodrame qui met en avant sa bravoure et sa dévotion envers son maître, Strongheart fait preuve d’un talent dramatique et d’une expressivité qui impressionnent la critique. Le succès est d’ailleurs au rendez-vous : le film bat tous les records d’audience, une popularité due en partie au fait que les spectateurs ne voyaient jusqu’alors les chiens que dans des comédies.
De son côté, Lee Duncan est tellement obsédé par l’idée de faire de Rintintin le nouveau Strongheart qu’il dira plus tard dans son autobiographie « y penser alors nuit et jour ». Quand il n’est pas en train d’entraîner son chien, il arpente les rues d’Hollywood de studio de cinéma en studio de cinéma pour supplier les producteurs d’auditionner son protégé. En 1922, sa persistance finit par payer : ce dernier fait sa première apparition à l’écran dans Gaspard le loup, un western dans lequel il incarne l’un des chiens-loups du caporal Pierre de Barre. Rintintin n’est même pas cité dans les crédits de ce film muet dont il n’existe plus aucune copie, mais Gaspard le loup est le tremplin dont sa carrière avait besoin. Il enchaîne alors avec une seconde apparition dans le film muet My Dad (1922), où ses talents finissent de convaincre les pontes de la Warner. Lee Duncan décide alors de leur montrer le script d’un film sur lequel il travaille et dans lequel il souhaite que son champion occupe le rôle principal. La Warner accepte alors de produire Where the North Begins (1923), dans lequel Rintintin est vu en train de battre son propre record de saut en hauteur pour atteindre les 3,65 mètres de haut. Le film est un grand succès dès sa sortie et permet à la carrière de son héros de décoller, même si celui-ci est encore loin de faire de l’ombre à Strongheart.
Après Hurle à la mort, ce dernier tourne dans trois autres films réalisés par Trimble : Brawn of the North (1922), The Love Master (1924) et enfin Croc-Blanc (1925). Son succès sur les écrans est tel qu’il vit désormais dans sa propre maison, où il est traité comme un roi. Il suscite une grande admiration, au point par exemple que l’auteur américain et spécialiste des animaux J Allen Boone lui adresse une série de lettres plus tard compilées plus tard dans Letters to Strongheart (1939).
Mais très vite, la rivalité entre les deux chiens tourne à l’avantage de Rintintin, dont on ne cesse de saluer le charisme et l’expressivité. À la sortie de A Race for Life en 1928, un critique déclare même : « Strongheart, c’est qui ça ? ». Un an plus tard, le premier grand acteur canin de l’Histoire meurt tragiquement des suites d’une blessure sur le tournage de son septième film. En effet, brûlé par une lampe défectueuse, Strongheart contracte une tumeur à laquelle il succombe le 24 juin 1929. Toutefois, sa mort n’émeut guère les foules, qui n’ont déjà plus d’yeux que pour Rintintin.
Dans le même temps, c’est-à-dire au cours de la deuxième moitié des années 1920, Rintintin, ou Rinty pour les intimes, enchaîne les tournages à une vitesse folle, parfois même au côté de Nanette II. Il aura d’ailleurs avec sa « compagne » pas moins de 48 chiots, que le gratin d’Hollywood s’arrache.
Mais avec le succès, la question du dressage de Rintintin se pose de plus en plus. Pour prouver que son chien ne subit aucune maltraitance afin d’effectuer ce qu’on attend de lui, Lee Duncan fait la tournée des cinémas pour parler de sa méthode de dressage et exécuter quelques tours devant un public médusé par l’osmose entre le maître et son animal.
Au sommet de sa carrière, Rintintin est traité comme un héros national. Il est amené sur les plateaux de tournage en limousine, se rend dans des écoles et des hôpitaux pour rencontrer ses plus jeunes fans, et reçoit plus de 10 000 lettres par jour.
On raconte également que c’est lui qui reçoit le plus de votes pour l’Oscar du meilleur acteur lors de la toute première cérémonie des Oscars en 1929, mais que l’Académie lui préfère Emil Jannings, afin de se donner une crédibilité. Il est toutefois difficile de savoir s’il y a du vrai dans cette vieille légende d’Hollywood.
Quoi qu’il en soit, sa célébrité confine parfois à l’absurde, comme lorsqu’il apparaît à l’antenne de sa propre émission radio, répondant aux auditeurs par des aboiements.
Rintintin n’a pourtant pas volé sa célébrité, car il a pratiquement sauvé la Warner à lui tout seul. À son arrivée, en 1923, le célèbre studio de cinéma est au bord de la faillite ; ce sont les westerns peu coûteux mais très rentables dans lesquels il apparaît qui permettent de renflouer les caisses de l’entreprise. À bien des égards, Rintintin est même meilleur acteur que ses consorts humains, car il ne lui faut bien souvent qu’une seule prise pour réussir ses scènes : c’est autant d’économies pour les producteurs, ravis de son travail.
De ses succès à l’ère du cinéma muet, il ne reste malheureusement plus grand-chose aujourd’hui. En effet, seuls 6 de ses films muets (sur 25) ont survécu à l’épreuve du temps, les autres ayant été détruits ou perdus.
À partir de la fin des années 20, Rintintin commence à tourner dans des films parlants. En 1931, il apparaît pour la dernière fois à l’écran dans The Lightning Warrior, son quatrième et dernier film parlant. Il meurt l’année suivante, plus précisément le 10 août 1932, dans la maison de Lee Duncan à Los Angeles. Ce dernier l’enterre d’abord dans le jardin de sa demeure, mais finit par vendre cette dernière et organise alors le rapatriement de la dépouille de Rintintin en France, son pays d’origine. Le chien le plus célèbre de l’histoire du cinéma est enterré au cimetière des chiens et autres animaux domestiques d’Asnières-sur-Seine, près de Paris.
La mort de Rintintin ne signe pas pour autant sa disparition des écrans de cinéma, car Lee Duncan s’active à trouver un successeur au célèbre acteur. C’est chose faite dès 1932 lorsque Rintintin Junior, l’un de ses nombreux enfants, reprend le rôle qui aurait dû être celui de son géniteur dans The Pride of the Legion, un film de gangster dont il n’existe aujourd’hui plus que 30 minutes. S’ensuivent de nombreux westerns, dont les serials The Law of the Wild (1934) et The Adventures of Rex and Rinty (1935), dans lesquels Rintintin Junior partage l’affiche avec un autre animal vedette de l’époque, un cheval nommé Rex The Wonder Horse.
Rintintin Junior continue de tourner jusqu’en 1939. Cette année est marquée par la collaboration entre John Wayne et John Ford pour les besoins de La Chevauchée fantastique, chef-d’œuvre du cinéma en noir et blanc qui permet au western de sortir du carcan de la série B. Le public se montrant de plus en plus friand de ces oeuvres sérieuses et sophistiquées, les animaux au cinéma n’ont plus vraiment la côte.
Rintintin Junior décède en 1941 d’une pneumonie. Six ans plus tard, son fils Rintintin III fait son unique apparition au cinéma dans The Return of Rintintin (1947), un anecdotique film dramatique post-guerre dans lequel un orphelin de guerre désabusé retrouve goût à la vie grâce à son chien. Les temps ont cependant changé, et la prestation du petit-fils de Rintintin n’intéresse malheureusement plus grand monde.
S’il n’a pas la carrière cinématographique de son grand-père, Rintintin III n’a cependant pas à rougir de son parcours. En effet, son maître et lui ont aidé en 1939 l’armée américaine à créer le programme de dressage canin de Camp Haan, en Californie : plus de 5000 chiens de travail destinés à soutenir l’effort de guerre y ont été formés jusqu’à sa fermeture en 1946.
Du premier Rintintin, il ne reste finalement plus grand-chose, si ce n’est 6 films muets et 4 longs métrages parlant. Ni les uns ni les autres n’ont marqué l’histoire du cinéma. Pourtant, tout le monde a entendu parler de Rintintin, et la plupart des gens sont au moins en mesure d’affirmer qu’il s’agit d’un Berger Allemand dont le genre de prédilection était le western.
Il est cependant probable que la majorité des spectateurs contemporains ayant eu la chance de voir Rintintin jouer dans leur jeunesse l’aient découvert non pas dans l’un de ces films, mais dans la série télé Rintintin produite de 1954 à 1959.
Créée par Lee Duncan lui-même et produite par Herbert B. Leonard, elle met en scène un jeune orphelin et son chien, recueillis par le 101e régiment de cavalerie de Fort Apache. Ensemble, ils aident les militaires à maintenir l’ordre dans la région.
Elle est principalement filmée dans le ranch de Corriganville, dans la Simi Valley, au nord-ouest de Los Angeles (Californie). Certaines scènes d’action sont toutefois filmées quelques kilomètres plus loin, dans le ranch Iverson à Chatsworth.
La série est un western bon enfant au budget très modeste, qui se distingue surtout par les prouesses de sa vedette canine. Néanmoins, pour la première fois, le personnage de Rintintin n’est pas joué par un Rintintin. En effet, il est prévu que le héros soit joué par Rintintin IV, mais ses performances devant la caméra s’avèrent tellement mauvaises que la production doit rapidement trouver un autre chien pour le remplacer. C’est donc un certain Flame Jr. que l’on voit le plus souvent à l’écran, même si la production préfère passer sous silence ce changement de casting, de manière à pouvoir continuer de capitaliser sur le célèbre patronyme. Pendant que Flame Jr. tourne, Rintintin IV reste chez lui à recevoir des visiteurs curieux de rencontrer la vedette de leur série télévisée préférée. Pire : en 2015, un procès portant sur la question des droits d’utilisation du nom « Rintintin » a semé le doute quant au lien de parenté entre Rintintin IV et son illustre ancêtre présumé. Il est donc possible que cette série TV n’ait de Rintintin que le nom.
Quoi qu’il en soit, elle connaît un grand succès, avec au compteur pas moins de 5 saisons et 164 épisodes, tous en noir et blanc. Elle est même à l’époque la deuxième série la plus regardée de la chaîne américaine ABC. En outre, de nombreuses rediffusions dans les années 60 et jusqu’aux années 80, après avoir bénéficié d’une coloration en sépia, lui assurent une impressionnante durée de vie.
En France et en Belgique, la série est diffusée pour la première fois dans les années 60, puis est régulièrement rediffusée par la suite. C’est le cas notamment en 2014 sur la chaîne française Gulli : elle parvient alors à réunir pas moins de 370 000 spectateurs, un chiffre honorable pour une oeuvre alors vieille de plus d’un demi-siècle.
À la mort de Lee Duncan en 1960, Herbert B. Leonard récupère les droits d’exploitation de Rintintin pour la télévision. Il faut toutefois attendre la fin des années 80 pour que le nom prestigieux soit attaché à un nouveau programme. De 1988 à 1993, la série Rintintin Junior est une co-production franco-canadienne qui met en scène les enquêtes de l’officier de police Hank Katts et de son chien policier.
Il faut toutefois noter que la série n’est rattachée au nom de Rintintin que dans certains pays, à commencer par la France et les États-Unis. Au Canada, elle est connue sous le nom Katts and Dog, et Rintintin y est prénommé Rudy. Malgré ce problème d’identité fluctuante, cette série familiale connait un certain succès et a même le droit en 1991 à un téléfilm intitulé Rin Tin Tin and the Paris Conspiracy, dans lequel le duo de choc s’envole pour la Ville Lumière.
Elle est toutefois loin d’avoir aussi durablement marqué les esprits que la première, et ne bénéficie pas de rediffusions aussi fréquentes. En 1992, la chaîne français La Cinq, co-productrice de la série, dépose le bilan. De ce fait, les saisons 4 et 5 sont exclusivement produites au Canada. Encore aujourd’hui, elles restent des exclusivités canadiennes et n’ont jamais été doublées en français ni diffusées dans l’Hexagone.
Herbert B. Leonard meurt à son tour en 2006, mais le personnage de Rintintin lui survit - comme il avait déjà survécu à son créateur Lee Duncan en 1960. D’ailleurs, à peine un an plus tard, le réalisateur israélien Danny Lerner est choisi pour mettre en scène Rintintin dans un film biographique qui pour la première fois raconte toute sa vie, de sa découverte pendant la Première Guerre Mondiale à sa carrière cinématographique. Disposant d’un budget modeste (9 millions de dollars), cette production franco-canadienne s’avère d’assez piètre qualité, et ne rend pas vraiment honneur à la singularité du parcours du chien le plus célèbre du cinéma. Rintintin (Finding Rin Tin Tin, en anglais) s’avère d’ailleurs être un échec critique et commercial.
Si Rintintin n’attire plus les foules sur les écrans, la situation n’est guère plus glorieuse en dehors des plateaux, avec notamment différents conflits sur la question des droits du nom Rintintin. À la sortie du film en 2007, Daphen Hereford, une éleveuse texane affirmant élever des descendants de Rintintin, assigne les producteurs en justice pour utilisation illégale du nom Rintintin, mais est déboutée par le juge. Ironie du sort, elle est à son tour assignée en justice en 2015 par le cascadeur retraité Max Kleven, à qui appartiennent les droits d’exploitation de Rintintin au cinéma, et qui l’accuse d’utiliser frauduleusement le nom de Rintintin.
Cet imbroglio juridique est dû au fait qu’en dépit du succès qu’avait connu Lee Duncan avec ses chiens, il n’avait jamais pensé à déposer la marque Rintintin. À la suite de ce second procès, la justice américaine conclut que Hereford a en effet obtenu les droits de Rintintin de manière frauduleuse, et que rien ne prouve que les chiens qu’elles élèvent sont bien des descendants de Rintintin premier du nom. En effet, il est seulement établi qu’ils sont des descendants directs de Rintintin IV, mais le lien de parenté entre ce dernier et son illustre aïeul potentiel est mis en doute. Il est donc difficile aujourd’hui de savoir qui sont vraiment les descendants de Rintintin.
En tout cas, son nom n’a rien perdu de sa superbe. S’il n’est pas certain que les descendants de Rintintin IV aient un quelconque lien avec Rintintin premier du nom, d’autres chiens qui eux descendraient effectivement de la star canine peuvent valoir beaucoup d’argent - parfois plus de 50 000 dollars.
Au-delà d’éventuelles considérations pécuniaires et autres polémiques, le nom de Rintintin continue d’évoquer des souvenirs à toute une génération qui a grandi en suivant les aventures au Far West du Berger Allemand le plus célèbre de l’Histoire.
Rintintin a aussi joué un rôle déterminant dans l’usage du chien comme acteur de cinéma. Il a en effet démontré aux producteurs et aux spectateurs que le meilleur ami de l’Homme peut parfaitement avoir sa place face à la caméra. Sans lui, il n’y aurait peut-être pas eu de Lassie, de Beethoven ou encore de Uggie, le célèbre Jack Russel du film oscarisé The Artist.
Ainsi, alors même que peu de films dans lesquels Rintintin a joué ont survécu à l’épreuve du temps, et qu’aucun n’a marqué l’histoire pour lui-même, sa plus grande réussite a sans doute été de montrer au monde entier l’intelligence, la sensibilité et le courage dont les chiens sont capables.
Il y a d’ailleurs fort à parier que l’absence des écrans de Rintintin n’est que temporaire, et qu’il reviendra un jour faire rêver de nouvelles générations de spectateurs.