Les films avec des chiens sont nombreux, et il est même courant que le meilleur ami de l’Homme y occupe le rôle principal. Ce que l’on sait moins, c’est que celui-ci se fait parfois passer à l’écran pour un animal qu’il n’est pas : le loup.
Il existe en effet de nombreuses œuvres cinématographiques mettant en scène ce dernier, mais réaliser un tournage avec un tel animal n’est pas sans poser problème…
À la différence du chien, le loup n’a jamais été domestiqué, et est habitué à vivre dans la nature. Comme tout animal sauvage, il est donc difficile - voire impossible - à dresser.
Les éleveurs de loups qui mettent à disposition l’un deux pour des tournages ont donc recours à certains subterfuges afin d’obtenir le résultat souhaité. Par exemple, pour une course-poursuite, des ultrasons permettent de faire suivre à l'animal un parcours précis. Il est aussi bien sûr possible de l’attirer avec de la nourriture.
Tourner à ses côtés présente néanmoins des risques, tant pour l’équipe technique que pour les acteurs. Afin de s’en prémunir, un tournage avec un loup nécessite donc de nombreux aménagements et le respect de normes de sécurité drastiques, qu’elles soient ou non imposées par le législateur.
Il faut donc notamment prévoir :
Il n’y a pas qu’en termes de logistique que tourner avec un loup implique certaines contraintes : la mise en scène est également impactée. C’est le cas notamment pour les costumes, car une personne portant des vêtements en fourrure ou en cuir (qu’ils soient authentiques ou synthétiques) risquerait d’être attaquée par l’animal dès lors qu’il est en dehors de sa cage. Dans ces moments-là, toute présence de nourriture (nécessaire pour la scène tournée ou simplement utilisée pour se restaurer) est également dangereuse. Mieux vaut par ailleurs éviter les écharpes, qui pourraient être tirées et source d’étranglement.
Il faut également s’abstenir de se mettre au sol ou à quatre pattes devant le canidé, puisqu’une simple chute ou le moindre faux-pas peut être interprété comme une faiblesse, et réveiller son instinct de prédateur. Il est d’ailleurs courant que l’éleveur double l’acteur, en particulier lors d’une scène à risques comme une course-poursuite ou une attaque. En effet, alors qu’il voit le second comme un inconnu (voire une proie potentielle), le loup connaît très bien le premier et considère qu’il fait partie de sa meute : il est donc moins susceptible de l’attaquer.
Selon l’endroit, la réglementation peut également interdire qu’un enfant tourne avec un animal sauvage. Une solution consiste alors à recourir à une personne de petite taille comme doublure.
Enfin, faire jouer un loup peut avoir un impact financier et / ou organisationnel : le côté imprévisible de l’animal implique qu’il est difficile de planifier le nombre exact de journées de tournage nécessaires.
Tout ceci explique que le recours à des images de synthèse est un subterfuge de plus en plus utilisé pour éviter d’avoir à tourner avec de vrais loups. Il existe néanmoins aussi une autre pratique courante, qui consiste à utiliser à la place le meilleur ami de l’Homme.
Tourner avec un loup n’est pas impossible, mais implique des difficultés supplémentaires pour les acteurs, les producteurs et le réalisateur. Certains font donc le choix d’utiliser simplement des chiens qui ressemblent à des loups, et le résultat est généralement très convaincant.
Il est aussi beaucoup plus facile à atteindre. En effet, si le chien est le meilleur ami de l’Homme, c’est notamment du fait de sa capacité à se comporter de manière docile et à faire ce qu’on attend de lui.
De fait, le cinéma est un domaine dans lequel il excelle depuis de nombreuses années. De Beethoven à Lassie en passant par Hachiko, on dénombre d’ailleurs des dizaines de films dont le personnage principal est un chien. Qu’ils en fassent ou non un métier à part entière, certains représentants de la gent canine sont même devenus des stars.
Néanmoins, ils n’arrivent pas là par hasard, car ce métier ne s’improvise pas : les chiens acteurs sont généralement formés à ce rôle dès leur plus jeune âge.
Même s’il existe une dizaine de races de chien qui ressemblent au loup, certaines sont davantage courantes à l’écran.
C’est le cas en particulier de l’Inuit du Nord, devenu célèbre grâce à la série américaine fantastique Games Of Thrones, diffusée partout dans le monde depuis 2011. Inspirée des romans de George R. R. Martin, elle met en scène divers clans, dont la famille Stark. Celle-ci est composée d’adultes et d’enfants, et a pour emblème les loups ; ces derniers sont des personnages clefs dès la première saison.
Or, le tournage se déroule principalement en Irlande du Nord, où une loi de 1925 interdit aux enfants de jouer aux côtés d’un animal sauvage. La production décida donc d’utiliser des chiens Inuit du Nord à la place.
Cette race fut créée dans les années 80, avec pour but de ressembler le plus possible à un loup. Assurément, l’objectif fut atteint. Auparavant méconnue du grand public, elle devint populaire à la suite de la diffusion de la série, et la demande pour cette race augmenta. Toutefois, de nombreux propriétaires, mal informés, ne furent pas en mesure de répondre aux besoins de leur animal (en termes d’espace, d’activité, de nourriture…), ce qui entraina un grand nombre d’abandons.
Une autre race de chien souvent utilisée dans le cinéma à la place du loup est le Chien-Loup Tchécoslovaque, issu de croisements entre le Berger Allemand et le Loup des Carpates. On le retrouve notamment dans Alpha, un film américain d'aventure historique sorti en 2018 et réalisé par Albert Hughes. Loin d’être une menace, il y est au contraire l’ami du personnage principal.
L’amitié est également au cœur de Croc-Blanc (White Fang), le roman mondialement célèbre de Jack London narrant la relation entre un jeune chercheur d'or du Yukon et son animal. Dans le film américain de 1991 inspiré de l’œuvre, c’est un Malamute de l’Alaska qui fut choisi pour incarner le héros.
Le Chien Loup de Saarloos est quant à lui mis en scène notamment dans le film français de 2007 Survivre avec les loups. Celui-ci raconte l’histoire d’une petite fille de 8 ans qui parcourt l’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale et intègre une meute de loups. La mise au point de ce chien dans les années 30 reposa sur des croisements avec des loups. Plus grand qu’un Husky Sibérien, il est musclé, rapide, et de couleur gris-noir ou gris-blanc.
Parmi les autres races de chiens utilisées à la place des loups dans les films, on peut également citer entre autres le Tamaskan, le Kugsha ou encore le Husky.
