Les combats de chiens

Les combats de chiens

Il existe différents types de combats impliquant des chiens. Ceux consistant à faire se battre deux chiens, la plupart du temps jusqu’à la mort, est la forme la plus connue. Mais il existe aussi des combats de chiens contre d’autres animaux : des ours, des sangliers, etc. Plus ça promet d’être sanglant, mieux c’est...


A l’instar par exemple de la corrida, ces « spectacles » sont des expressions culturelles issues de temps qu’on aurait pu croire révolus. Quelles qu’en soient les causes (appât du gain, laxisme de certains pays…), cette pratique barbare est malheureusement encore florissante de nos jours.

Les origines des combats de chiens

Les origines des combats de chiens

Qu’ils soient opposés à des congénères ou à d’autres animaux, on trouve des traces de combats de chiens tout au long de l’Histoire et dans de nombreuses cultures. De fait, tout laisse à penser que cette pratique existe depuis les débuts de la domestication du chien par l’Homme, c’est-à-dire depuis la Préhistoire.

 

Ainsi, à Rome, durant l’Antiquité, on faisait combattre des chiens contre de gros animaux, comme des ours ou des lions. Ces affrontements se tenaient entre deux combats de gladiateurs dans les grandes arènes comme le Colisée, de manière à varier les plaisirs des spectateurs. En France, ce « sport » était particulièrement en vogue au 18ème siècle, et ce dans tous les milieux sociaux. Il se pratiquait au grand jour jusqu’en 1834, date à laquelle les combats de chiens furent interdits. En Angleterre, ils étaient très ancrés dans la culture et très populaires du Moyen Âge jusqu’au 19ème siècle. Ils y furent interdits en 1835, un an après la France. Néanmoins, dans les deux cas, ils se poursuivirent clandestinement après leur interdiction.

 

Au fil des siècles, dans de nombreux pays, certaines races de chiens ont ainsi été sélectionnées et élevées avec l’objectif d’accroître leur potentiel d’agressivité et leur résistance, de façon à en faire de meilleurs combattants. C’est le cas par exemple du Bouledogue Anglais et du Bull Terrier, jadis utilisé dans des combats avec des taureaux, d’où son nom. Le Staffordshire Terrier, croisement du Bull Terrier et du Terrier Anglais aujourd’hui disparu, aurait quant à lui été créé par les mineurs anglais du Staffordshire, très friands de combats de chiens.

 

Aujourd’hui encore, ces combats demeurent une réalité, qu'ils se pratiquent dans la clandestinité ou en toute légalité.

Dans quels pays pratique-t-on les combats de chiens ?

Les combats de chiens sont interdits dans nombre de pays, mais quelques-uns continuent à autoriser cette pratique barbare au grand jour. De fait, qu’ils soient légaux ou clandestins, ils ont encore de beaux jours devant eux dans certains pays, à moins que les autorités s’y décident enfin à frapper fort.

Les pays qui autorisent les combats de chiens

Les pays qui autorisent les combats de chiens

Il existe encore des pays qui autorisent les combats de chiens, y compris des pays dits « développés ». L'exemple le plus emblématique est peut-être celui du Japon, tristement célèbre pour ses duels faisant s’opposer des Tosa Inu, une race locale qui est officiellement la seule habilitée à prendre part à des combats de chiens. Il faut relever toutefois que certaines préfectures (l’équivalent des départements français ou des provinces belges et canadiennes) ont fait le choix d’interdire purement et simplement cette pratique.

 

Toujours en Asie, la Thaïlande n’est pas en reste, qui autorise les combats de chiens contre des sangliers : c’est une tradition dans les zones rurales depuis les années 60.

 

© One-voice.fr
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En Russie (et dans les pays de l’Est en général, où le trafic de chiens et autres animaux a toujours été florissant), la mafia locale a mis la main sur les combats de chiens, qui sont en augmentation. Ils sont organisés au grand jour et on s’y rend en famille. Par ailleurs, en plus des combats de chiens entre eux, sont organisés, là aussi en toute légalité, des combats de chiens contre des ours élevés spécifiquement dans ce but.

 

Enfin, pour compléter le panorama concernant le rapport aux animaux en Russie, on peut aussi évoquer ces centres d’entraînement pour chiens de chasse où les chiens s’entraînent sur des ours, des renards et d’autres « proies » qui sont attachées et sans défense, puisqu’on a pris soin au préalable de leur arracher les dents et/ou les griffes - tout cela là aussi le plus légalement du monde. Jusqu’à présent, toutes les tentatives pour promulguer des lois interdisant ces pratiques dans le pays ont échoué...

Les combats de chiens clandestins

Les combats de chiens clandestins

De nombreux pays ont interdit les combats de chiens, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a plus : simplement, au lieu de se pratiquer au grand jour, ils se tiennent dans la clandestinité. De fait, donner la liste des pays où on organise des combats de chiens clandestins est presque impossible, tant il y en a...

 

Dans certains, même s’ils sont illégaux, les combats de chiens sont peu (voire pas du tout) sanctionnés par les autorités, au nom de la culture et/ou parce qu’ils restent discrets. C’est le cas par exemple en Tunisie, au Pakistan, où cette pratique passionne et est un véritable sport national, ou encore en Afghanistan, où sont organisés au grand jour des combats de chiens entre eux, ainsi que des combats entre des chiens et des ours.

 

D’autres pays répriment cette barbarie, mais sans parvenir à enrayer le fléau. Ainsi, on constate une recrudescence des combats de chiens en Angleterre (où les chiens issus de croisements avec des Pitbulls servent d’armes pour les gangs), en Afrique du Sud, au Canada, en Australie ou encore en Italie.

 

En ce qui concerne la France, cette pratique est un délit, passible selon l’article 515-14 du Code Pénal de 2 ans d’emprisonnement et de 30.000 euros d’amende, sanction qui peut être assortie d’une interdiction provisoire ou définitive de détenir un animal. Cela n’arrête ni les trafiquants, ni les organisateurs de tels combats. Il s’en tient fréquemment dans les cités des grandes zones urbaines, où ils sont l’œuvre de jeunes délinquants pour qui les combats sont une démonstration de force. La police estime toutefois que le phénomène a nettement reculé par rapport aux années 90.

 

Un autre pays s’illustre sur le sujet : les États-Unis. En effet, tout interdits qu’ils soient, les combats de chiens y reviennent en force, que ce soit dans les villes ou dans les zones rurales. Il faut dire que les autorités sont peu actives contre le fléau, ce qui laisse le champ libre aux criminels. Pire encore, on voit apparaître depuis peu, notamment en Floride, une nouvelle sorte de combat, encore plus terrible : le « trunking ». Cette pratique consiste à enfermer deux chiens dans le coffre d’une voiture (« trunk »), où ils se battent à mort tandis que le véhicule roule. « Ils mettent les chiens dans le coffre d’une voiture, le ferment à clé, se mettent à rouler avec la musique à fond pour que personne ne puisse entendre les cris des chiens. Après 10 ou 15 minutes, ils s’arrêtent. Ils jettent le chien mort et le vainqueur continue la route » explique ainsi Dahlia Canes, de l’association Miami Coalition Against Breed Specific Legislation, qui lutte contre les lois interdisant en Floride et ailleurs certaines races canines réputées dangereuses, notamment le Pit-Bull.

Pourquoi y a-t-il autant de combats de chiens un peu partout dans le monde ?

Pourquoi y a-t-il autant de combats de chiens un peu partout dans le monde ?

L’existence de combats de chiens s’explique essentiellement par deux raisons, qui sont intimement liées.

 

La première raison, c’est le divertissement que procure ce « sport », comme disent les amateurs. Dans des pays comme le Pakistan ou la Russie, ces derniers sont très nombreux, et ne voient pas forcément le mal. Ils sont passionnés de combats de chien comme d’autres sont passionnés de foot...

 

La deuxième raison est d’ordre financier. Qu’ils soient légaux ou illégaux, les combats donnent le plus souvent lieu à des paris, qui rapportent énormément d’argent - sans parler de la vente des chiots de champions. Aux Etats-Unis, les sommes pariées rien que sur un seul combat peuvent atteindre des centaines de milliers de dollars. Le crime organisé, qu’il s’agisse de la mafia ou de puissants gangs, n’a pas tardé à mettre la main sur ce lucratif trafic, qui permet également de blanchir de l’argent sale et de vendre de la drogue lors des réunions. Bien sûr, dès lors qu’il s’agit d’une activité illégale, il est difficile de disposer de données chiffrées, mais le fait que le crime organisé se soit lancé dans le domaine est symptomatique : ces gens-là ne s’intéressent qu’à ce qui rapporte de l’argent, beaucoup d’argent...

 

Pour des criminels plus modestes, les combats de chien servent surtout à montrer leur force et à impressionner leurs rivaux. Ceci est directement en lien avec l’utilisation des chiens comme armes.

 

Dans un pays comme la Thaïlande, le propriétaire d’un chien vainqueur d’un combat contre un sanglier gagne l'équivalent d'environ 2000 euros. A cette somme déjà conséquente - a fortiori ramenée au pouvoir d'achat local - vient s’ajouter la publicité ainsi obtenue s’il s’agit d’un éleveur, ce qui est souvent le cas. En effet, les éleveurs de chiens de combat et de chiens de chasse utilisent les résultats de leurs animaux dans les combats pour augmenter le prix de leurs chiots.

Les races utilisées dans les combats de chien

Les races utilisées dans les combats de chien

Les participants aux combats de chiens ont eu de tous temps une nette préférence pour les molossoïdes, qui ont une morphologie et une combativité très adaptées à cette activité. Cela dit, beaucoup de races ont été (et sont encore) utilisées, le plus important étant le caractère combatif du chien.

 

De nos jours, dans de nombreux pays, le chien de combat par excellence demeure le Pitt-Bull. Son nom même semble le prédestiner à cet usage, puisqu’il vient de « pit », l’arène qu’un utilise pour faire combattre les chiens, et de « bull », car cette race est issue (entre autres) de croisements avec les chiens utilisés autrefois dans des combats contre des taureaux. Le Pit-Bull n’est d’ailleurs pas une race reconnue par les organismes canins internationaux, mais le résultat de croisements d’espèces réputées agressives dans le but d’obtenir un pur combattant à mort. Il est devenu le symbole de la férocité, raison pour laquelle il est également prisé des petits malfrats et autres délinquants en tout genre.

 

Egalement issus de multiples croisements, l’American Staffordshire Terrier et le Mastiff d’Anatolie sont eux aussi très prisés comme chiens de combat. On peut citer aussi le Bull Terrier, le Dogue Argentin, le Kangal, ainsi que des races plus communes comme le Rottweiler, le Berger Allemand ou encore le Dobermann.

Faire d’un chien un tueur

Faire d’un chien un tueur

Comme déjà évoqué, une façon d’obtenir des chiens de plus en plus agressifs est la sélection génétique à travers des croisements réalisés n’importe comment, par des personnes qui n’ont généralement aucune connaissance en matière d’élevage et de reproduction de chiens.

 

En parallèle, le « dressage » du futur chien de combat se résume essentiellement à un conditionnement par la torture. Plus il est commencé tôt, plus il est efficace. Le chiot est enlevé à sa mère avant le sevrage, il est isolé pour éviter toute socialisation, et ses seuls contacts sont avec son bourreau, c’est-à-dire son propriétaire.

 

L’apprentissage du chien de combat se base sur un rapport de force permanent, dans lequel l’animal est battu s’il n’est pas assez performant, s’il montre trop peu d’agressivité ou des signes de soumission. Des décharges électriques peuvent être employées pour le punir, et on lui fournit diverses proies pour stimuler son agressivité : des chiens, des chats, des lapins, etc. Pour renforcer sa musculature, on lui fait tirer de lourdes charges, souvent au-delà du raisonnable (on peut ainsi trouver sur Internet une vidéo montrant un chiot de neuf mois tirer 13 kg de chaînes…). Enfin, la coupe les oreilles du chien - sans anesthésie, bien sûr - permet d'offrir moins de prise à un adversaire pendant le combat.

 

Quant à ses conditions de vie, elles sont déplorables : enfermé dans de petits espaces, transporté pendant parfois des heures dans de mauvaises conditions pour se rendre sur le lieu d’un combat, il ne connaît, depuis son plus jeune âge, que les coups et le stress. Les rares compliments ne se produisent que lorsqu’il se montre féroce, alors c’est ce qu’il fait. Certains chiens en arrivent même à se retourner contre leur maître à force d’être désocialisés et maltraités. Au final, la mort apparaît presque comme une délivrance, après toute une vie de souffrance.

Les risques encourus par les chiens de combat

Les risques encourus par les chiens de combat

Les combats de chiens peuvent soit s’arrêter au premier sang (pour les organisateurs les moins cruels), soit jusqu’à ce qu’un des deux combattants refuse le combat et s’avoue vaincu, soit – et c’est le cas le plus courant - jusqu’à la mort.

 

Dans tous les cas, le vainqueur est souvent dans un piètre état, et il arrive qu’un des combattants meure non des suites de ses blessures, mais d’un arrêt cardiaque dû au stress et à la souffrance.

 

Si le chien est blessé (et il peut s’agir de blessures graves), son maître recoud ses plaies sur le lieu même du combat – toujours sans anesthésie, cela va de soi – puis il est mis au repos jusqu’au prochain combat. Certains individus livrent ainsi plus de 100 combats dans leur vie, jusqu’au moment où ils meurent dans l’arène, ou d’une septicémie suite à des blessures mal soignées et au manque d’hygiène.

 

De fait, si quelques chiens ont parfois la chance d’échapper à ce calvaire et de trouver une famille aimante après l’intervention des autorités et des associations de défense des animaux, la plupart malheureusement connaissent un destin tragique.

 

Les plus chanceux, s’ils ont déjà une belle carrière derrière eux, peuvent arrêter les combats pour devenir reproducteurs, mais cela dépend bien sûr uniquement de leur maître. De fait, la grande majorité des chiens meurent dans l’arène, le jour où ils tombent sur un adversaire plus fort et plus féroce. Il n’y a pas de retraite pour les chiens de combat, tout simplement parce qu’ils ne sont pas considérés comme des êtres vivants, mais comme des instruments, des machines à faire de l’argent, remplaçables à l’infini...

Conclusion

Si les usages du chien sont nombreux et parfois très éprouvants pour l’animal, la plupart n’en demeurent pas moins respectueux de son bien-être mental et physique. C’est évidemment tout sauf le cas des combats de chiens, et il paraît fort anachronique qu’au 21ème siècle encore, certains pays – y compris des pays dits « développés » - autorisent ou du moins ferment les yeux sur de telles pratiques. Il convient aussi de souligner la complicité morbide de centaines de milliers de personnes qui, aux quatre coins du monde, se trouvent apprécier ce genre de « spectacle ».

 

Au-delà des importantes sommes en jeu, qui expliquent sans doute en bonne partie la persistance de cette pratique, on évoque aussi souvent les traditions ancestrales. Mais celles-ci doivent-elles nécessairement peser davantage que le respect des êtres vivants ?

 

« On reconnaît le degré de civilisation d'un peuple à la manière dont il traite ses animaux », disait Gandhi. Plus de 70 ans après sa mort, le propos reste d’actualité.

Par Délia H. - Dernière modification : 09/20/2020.

Commentaires sur cet article

merci beaucoup pour votre blog qui apporte toujours de nouveaux conseils pour éduquer mon chien rapidement

   
Par nadia racelma
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