Autres noms : Mâtin de Navarre
Noms d'origine : Mastín del Pirineo, Mastí del Pirineu ou Perro Mastin de los Pirineos
Pays d'origine : Espagne
Groupe : Chien de type Pinscher ou Schnauzer - Molossoïde - Chien de montagne et de bouvier suisse
Le Mâtin des Pyrénées est un chien de très grande taille, puissant et musclé, au corps solide et bien proportionné. Malgré ses dimensions imposantes, il est étonnamment vif et agile.
Sa grande tête de longueur modérée se termine par un museau triangulaire vu de dessus et une truffe bien noire, humide et volumineuse. Ses mâchoires s’articulent en ciseaux, et la lèvre supérieure couvre l’inférieure. Ses petits yeux en amande de couleur noisette plus ou moins foncée expriment l’intelligence et l’affection, mais son regard se durcit à l’approche d’une menace. Ses oreilles triangulaires tombent le long des joues mais se redressent partiellement lorsqu’il est attentif.
Son poil est dense, épais et long, mesurant de 6 à 9 cm et recouvrant tout le corps, du bout de sa longue queue au bout des pattes. Il est plus long sur le cou et les épaules, ainsi que sur le ventre et la queue.
Sa robe est blanche avec un masque bien défini de couleur gris, brun, noire ou sable. Il peut y avoir des tâches irrégulières bien délimitées de la même couleur que le masque sur le reste du corps, mais le bout de la queue et des pattes doit toujours être blanc. Les sujets tricolores ou entièrement blancs ne sont pas acceptés par le standard de la race.
Enfin, le dimorphisme sexuel est bien marqué, le mâle étant bien plus imposant que la femelle.
Les standards de race sont des documents établis par les organismes officiels qui listent les conditions qu'un Mâtin des Pyrénées doit respecter pour être pleinement reconnu comme appartenant à la race :
Aussi appelé Mâtin de Navarre, le Mâtin des Pyrénées est une race de chien aux origines très anciennes, ses ancêtres étant les Molosses amenés par les Phéniciens en Espagne il y a plus de 3000 ans. Ils se répandirent dans toute la péninsule ibérique, et les nombreux croisements avec les chiens locaux donnèrent naissance aux deux races de mâtins originaires d’Espagne : le Mâtin Espagnol, qui se développa dans les plaines de Castille, et le Mâtin des Pyrénées, qui se développa dans les régions montagneuses isolées de Navarre. Malgré la proximité géographique, ces deux races connurent une évolution différente et restèrent bien distinctes l’une de l’autre.
Dès le 6ème siècle, des troupeaux d’un millier de brebis étaient accompagnés par un berger et cinq de ces chiens pour les longues transhumances qui les emmenaient à travers les régions montagneuses de Navarre et d’Aragon. Les Pyrénées étaient alors habitées par de grands prédateurs, ours et loups, et la protection des troupeaux dépendait uniquement de la force et du courage de ces Mâtins. Ils accomplissaient leur mission avec brio, et étaient souvent remerciés en obtenant les mêmes rations que celles des bergers.
Ces transhumances existaient encore au 18ème siècle, époque à laquelle ils portaient de larges colliers, nommés « carlanca », faits de cuir ou d’acier avec de longues pointes métalliques, destinés à protéger leur cou des morsures des grands prédateurs.
Au 17ème siècle, la séparation des Pyrénées entre le royaume de France au nord et le royaume d’Espagne au sud limita le territoire du Mâtin de Navarre. « Coincé » entre le Mâtin de León au Sud et le Patou au Nord, il resta confiné dans sa région d’origine jusqu’à la fin des années 1970. Ceci limita évidemment les croisements avec d’autres chiens et lui permit de rester une race naturelle très pure.
Au début du 20ème siècle, la disparition des loups et ours dans les Pyrénées ainsi que l’utilisation du train pour le transport des troupeaux rendirent le Mâtin des Pyrénées de moins en moins utile. Puis, dans les années 30 et 40, la Guerre d’Espagne et la Seconde Guerre Mondiale causèrent diverses pénuries et autres rationnements. Ces chiens de grande taille à l’appétit féroce devinrent de plus en plus difficiles à nourrir et entretenir, alors même qu’ils avaient perdu une bonne partie de leur utilité. Dans un tel contexte, on comprend aisément que la race déclina fortement, au point d’être proche de la disparition.
Dans les années 70, le loup fit sa réapparition dans les Pyrénées aragonaises, et l’intérêt pour le Mâtin des Pyrénées connut un renouveau. C’est à cette époque qu’un groupe de passionnés décida de donner un nouveau élan à la race en fondant le Club Espagnol du Mâtin des Pyrénées en 1977. Ils recensèrent initialement une centaine d’individus, mais le cheptel fut restreint aux 30 spécimens qui présentaient les meilleurs caractéristiques physiques et comportementales. Leur programme d’élevage donna naissance au Mâtin des Pyrénées actuel : un gentil géant, puissant et capable de défendre sa famille.
La Fédération Cynologique Internationale (FCI) reconnut la race cinq ans plus tard, en 1982. Par la suite, elle traversa l’Atlantique et fit son arrivée aux Etats-Unis, où le Pyrenean Mastiff Club of America fut fondé en 1996. L’United Kennel Club (UKC) la reconnut à son tour en 2006, et l’autre organisme américain de référence, l’American Kennel Club (AKC), fit de même en 2014. Néanmoins, aujourd’hui encore, les éleveurs de Mâtin des Pyrénées en Amérique du Nord se comptent sur les doigts d’une main.
Plus largement, bien qu'elle soit présente dans de nombreux pays, cette race reste assez peu répandue, puisque la population mondiale est estimée aux alentours de 5000 individus. En France, mois de 20 Mâtins des Pyrénées sont enregistrés chaque année au Livre des Origines Français, et ce nombre est même souvent inférieur à 10. En Grande-Bretagne, même si la race est reconnue par The Kennel Club depuis 2001, un seul spécimen a été enregistré entre 2010 et 2018.
Malgré son aspect impressionnant, le Mâtin des Pyrénées est un chien calme, équilibré et non agressif. Conscient de sa force physique, il ne l’exhibe pas et ne l’utilise qu’en cas de besoin.
Docile et affectueux avec sa famille, il accepte aussi très bien les enfants, avec il se montre très patient. Il est très protecteur, caractéristique héritée bien sûr de son passé de chien de troupeau, et se montre par conséquent plutôt méfiant envers les étrangers. Il aboie à l’approche d’un inconnu pour lui signifier qu’il entre sur son territoire et le dissuader d’aller plus loin, ainsi que pour avertir son maître de l’arrivée de quelqu’un, mais ce n’est pas non plus une race de chien qui aboie beaucoup. Par contre, s’il commence à sentir sa famille menacée, son comportement change du tout au tout et le gentil géant peut devenir une bête intimidante voire franchement agressive, selon la nature de la menace.
Par ailleurs, comme la plupart des chiens de berger, le Mâtin des Pyrénées est habitué à prendre des décisions par lui-même et risque fort de ne pas écouter un maître dont les commandes sont hésitantes ou incohérentes. Ce n’est donc pas une race de chien recommandée pour une première adoption.
La plupart des Mâtins de Navarre tolèrent généralement bien les autres chiens, surtout si ces derniers sont calmes. Un congénère trop joueur et insistant risque cependant de se voir rappeler à l’ordre, sans grand dommage néanmoins – là aussi, ce chien est conscient de sa supériorité physique, et n’en abuse pas. Il en va de même pour les autres animaux de la maison : n’ayant qu’un faible instinct de prédation, il ne court pas après un chat qui se promène dans le jardin. En revanche, il risque d’être agacé par celui qui vient le réveiller avec des coups de patte joueurs.
Il tombe sous le sens qu’un animal de ce gabarit n’est pas du tout adapté à la vie en appartement : bien qu’il ne soit pas particulièrement actif ou joueur, il a besoin d’espace pour bouger et risque de tout chambouler, sans le vouloir, si son maître cherche à le faire vivre entre 4 murs. Un jardin est donc indispensable au Mâtin des Pyrénées, et doit être de dimension suffisante pour qu’il puisse patrouiller calmement. Il doit aussi être bien clôturé, de sorte que les limites de son territoire soient claires. Au demeurant, il peut sans problème être installé dans ledit jardin : parfaitement résistant à tous types de conditions climatiques, été comme hiver, il est l’incarnation même du chien d’extérieur. Cela suppose toutefois de mettre à sa disposition un endroit – par exemple une niche - où il peut se mettre à l’abri si besoin.
N’ayant pas un grand besoin d’exercice, ce chien n’a pas besoin d’être promené quotidiennement s’il a suffisamment d’espace pour gambader à sa guise pendant la journée. Cela dit, il apprécie malgré tout un peu d’exercice en compagnie de sa famille et se fait un plaisir de se joindre à la promenade dominicale. Pendant les deux premières années de sa vie, il faut tout de même s’assurer que ces sorties ne sont pas trop longues, afin de ne pas causer de problèmes à ses articulations lors de sa croissance. Pour la même raison, il est préférable de le promener sur des chemins de terre, plutôt que sur des trottoirs et voies asphaltées.
Tout chien a besoin d’être socialisé dès son plus jeune âge. Mais ceci est encore plus vrai avec un chien aux dimensions imposantes comme le Mâtin des Pyrénées, afin d’éviter tout problème une fois adulte. Rencontrer d’autres personnes, d’autres animaux, vivre diverses situations... l’aidera à devenir moins méfiant et à ne pas réagir de manière agressive lorsqu’il est confronté à un évènement inhabituel pour lui.
L’obéissance doit aussi lui être inculquée dès les premiers mois : des commandes de base comme « Assis », « Stop » ou « Au pied » doivent être parfaitement assimilées avant qu’il ne devienne trop grand et par conséquent incontrôlable. En effet, il est illusoire par exemple d’espérer retenir un Mâtin adulte de 80kg qui décide de tirer sur sa laisse pour aller chiper le sandwich qui dépasse du sac d’un randonneur.
Il est aussi recommandé de l’habituer à se laisser manipuler et toiletter dès son arrivée dans le foyer, lorsqu’il est encore facile de le retenir s’il prend peur au cours de la séance de toilettage. De fait, s’il a bien été habitué dès ses premiers mois, le brossage et l’entretien d’un adulte ne doit pas poser de problèmes.
Par contre, le Mâtin de Navarre est d’autant plus une race de chien difficile à éduquer qu’il est intelligent et manipulateur : petit, il abuse de son côté mignon pour faire ce qu’il veut de son maître, tandis qu’adulte, il sait pertinemment qu’il a l’avantage de la force physique. Il faut donc lui faire comprendre dès son plus jeune âge qu’il est dans son intérêt d’écouter son maître, notamment pour éviter de se retrouver dans des situations compliquées.
Le renforcement positif est la meilleure méthode d'éducation avec ce chien, car elle crée un lien fort avec son maître, et l’habitue progressivement à écouter ce dernier de son plein gré. Les méthodes d’éducation canine traditionnelles peuvent donner des résultats qui semblent initialement satisfaisants, mais c’est oublier un peu vite qu’une fois adulte le Mâtin des Pyrénées est plus puissant que son maître : il peut alors à tout moment décider de s’imposer par la force, reproduisant simplement la méthode qui avait été utilisée à son encontre pour lui apprendre à obéir quand il était petit...
Faire appel à un éducateur canin peut s’avérer judicieux pour réussir l’éducation de son chien. Néanmoins, il est indispensable d’être également présent lors des séances d’éducation et même d’y occuper un rôle central, de sorte que l’éducateur soit surtout là en soutien et conseil. En effet, ce n’est pas parce qu’un chiot de 20 kg s’assoit ou revient sur simple commande de l’éducateur et lui obéit au doigt et à l’œil qu’il fera pareil une fois devenu adulte, pesant 80 kg, et que l’auteur de la demande sera son maître.
Le Mâtin des Pyrénées est un animal très robuste, comme le prouve son espérance de vie élevée pour sa taille.
Il est toutefois sujet aux problèmes de santé affectant la plupart des grandes races de chiens : dysplasie de la hanche, dysplasie du coude et dilatation-torsion gastrique.
Par ailleurs, il peut aussi être affecté par la panostéite, qui est une inflammation des os longs pendant sa phase de croissance, et conduit le chien à boiter.
Il présente aussi une prédisposition pour l'ectropion et l'entropion, des anomalies des paupières qui causent des problèmes plus ou moins graves de vision, mais qui peuvent être corrigées par une intervention chirurgicale.
Enfin, ses oreilles tombantes ont tendance à garder la saleté, avec à la clef un risque prononcé d’otites et d’infections diverses si elles ne sont pas nettoyées fréquemment.
Le long pelage du Mâtin des Pyrénées requiert un brossage intensif tous les deux ou trois jours, afin d’éliminer le poil mort et d’empêcher la formation de nœuds. Lors des périodes de mue, à l’automne et au printemps, il perd énormément de poils, si bien que le brossage doit alors être quotidien.
En outre, il convient de couper les poils entre les coussinets environ une fois par mois. Cela permet d’éviter l’accumulation de débris et de saletés qui peuvent non seulement le gêner, mais aussi causer des blessures risquant de s’infecter.
En revanche, faire prendre un bain à son chien doit rester exceptionnel, afin de ne pas abîmer sa peau. A moins que la situation l’exige (par exemple s'il s’est sali ou que des matières toxiques se trouvent sur son pelage), deux fois par an est un maximum à ne pas dépasser.
Chaque semaine, une des séances de brossage du pelage du chien doit aussi inclure une vérification de ses yeux, ses oreilles et ses dents, afin de prévenir une éventuelle infection. Les oreilles réclament une attention toute particulière : comme pour tout chien aux oreilles pendantes, le risque d’otites est particulièrement prononcé. Il convient de bien les nettoyer avec une lingette humide afin d’éviter toute accumulation de saletés.
Par ailleurs, il est nécessaire de tailler les griffes de son chien dès qu’elles commencent à racler le sol, émettant alors un bruit caractéristique. Etant donné leur épaisseur, il faut se munir d’un coupe-ongle suffisamment robuste pour éviter de casser les griffes et potentiellement blesser l’animal.
Etant donné les dimensions impressionnantes du Mâtin de Navarre, mieux vaut l’habituer dès ses premiers mois à ces séances de toilettage et aux manipulations, car il est difficile de parvenir à ses fins s’il n’a pas envie de rester calme et cherche à fuir.
Le Mâtin des Pyrénées a un appétit en relation avec sa taille et peut consommer de 20 à 40 kg de nourriture par mois. Peu difficile, il se satisfait aussi bien de la nourriture pour chien du commerce que de celle préparée à la maison. Il faut cependant s’assurer dans tous les cas qu’elle lui apporte tous les nutriments nécessaires en choisissant une nourriture de qualité, adaptée à son âge et à sa taille, si l’on opte pour des aliments industriels, ou bien en sollicitant l’expertise d’un vétérinaire si l’on préfère cuisiner pour son chien.
Pendant ses 18 à 24 premiers mois, il doit recevoir une nourriture spécifique pour les chiots de grande taille, afin de s’assurer qu’il ne grandisse pas trop vite et ne prenne pas trop de poids par rapport à ce que son ossature peut alors supporter. On minimise ainsi les risques de dysplasie de la hanche ou du coude.
Les adultes doivent eux recevoir leur ration journalière en deux voire trois repas, et digérer calmement pendant au moins une heure – toute activité physique intense doit être proscrite après avoir mangé. Ces précautions permettent de diminuer grandement les risques de dilatation-torsion de l’estomac.
Le Mâtin des Pyrénées a été pendant des siècles un excellent chien de protection des troupeaux contre les grands prédateurs dans les montagnes pyrénéennes, et aujourd’hui encore certains remplissent cette fonction avec succès le long de la frontière franco-espagnole.
Néanmoins, c’est avant tout en tant que chien de compagnie et chien de garde qu’il est le plus apprécié de nos jours. Calme, affectueux et docile (sous réserve d’avoir été bien éduqué), il fait le bonheur de sa famille en journée, et leur permet de dormir en toute sérénité le soir venu : une maison protégée par un Mâtin des Pyrénées n’est pas le premier choix pour un cambrioleur.
Un chiot Mâtin des Pyrénées coûte entre 1400 et 1500 euros. Il n’y a pas de différence de prix notable entre les chiots mâles et les femelles.