Comme l’Homme, le chien peut ronfler. Dans la plupart des cas, il n’y a pas lieu de s’en inquiéter.
Cependant, en plus d’être gênants car bruyants, les ronflements sont parfois le signe de problèmes auxquels il faut prêter attention et dont il faut surveiller l’évolution afin de garder son chien en bonne santé.
À quoi sont dus les ronflements ? Existe-t-il des chiens qui ronflent plus que d’autres ? Quelles sont les solutions possibles ?
Le ronflement, aussi appelé ronchopathie, est le bruit résultant de l’obstruction partielle des voies aériennes supérieures amenant l’air aux poumons. Il se produit souvent lors de l’inspiration, lorsque les tissus mous du palais vibrent au passage de l’air.
Normalement, l’air inspiré circule librement dans les voies respiratoires, sans être gêné ni par les tissus alors tendus du pharynx, ni même par tout autre obstacle. Mais dans certains cas, notamment pendant le sommeil, une obstruction partielle peut se produire au niveau de l’appareil respiratoire. Pour que l’organisme continue à être correctement oxygéné, la respiration s'accélère, ce qui accentue les turbulences dues à l’air inspiré et provoque donc les ronflements.
Ces derniers ne sont pas le propre de l’Homme : on les trouve aussi chez de nombreux mammifères (dont le chien), mais aussi certains oiseaux comme le colibri. Les ronflements du lion et de l’éléphant sont les plus impressionnants au sein du règne animal.
Les ronflements surviennent surtout pendant le sommeil, a priori lors de la phase de sommeil paradoxal, qui est celle du relâchement du corps et notamment des muscles du pharynx. Mais ils peuvent en fait survenir n'importe quand (y compris pendant les phases d'éveil), si les voies respiratoires sont obstruées pour une raison ou une autre.
Quelle que soit l’espèce, ils peuvent être légers ou au contraire très prononcés, chroniques ou plus ponctuels. Ils sont d’ailleurs parfois bien bruyants : la moyenne haute se situe autour de 60 décibels (dB) pour la gent canine, mais certains chiens ronflent à plus de 100 dB, soit plus fort qu’une tondeuse à gazon !
Dès lors, on comprend aisément qu'avoir un chien qui ronfle peut causer une véritable gêne pour un grand nombre de personnes. C'est d’autant plus vrai que d’après une enquête IPSOS réalisée en 2017 pour le compte de SantéVet dans le cadre du lancement du premier observatoire sur « Les Français et leurs animaux de compagnie », près de 28% des chiens dorment dans la chambre de leurs maîtres.
Qu’ils soient légers ou forts, les ronflements ont tous une cause particulière, qui peut être liée par exemple à l’âge, au poids ou encore à la morphologie de l’animal.
Si le phénomène peut être ponctuel et ne pas nécessiter de s’inquiéter outre mesure, notamment chez un sujet jeune, il peut aussi être le symptôme d’un problème de santé plus ou moins grave.
Tout comme chez l’Homme, le surpoids voire l’obésité peuvent avoir des conséquences sur la santé du chien, et notamment sur ses capacités respiratoires. En effet, ses voies aériennes sont susceptibles d’être partiellement bloquées par l’excès de graisse autour de sa gorge, ce qui cause une difficulté à respirer et peut le conduire à ronfler.
Dans ce cas précis, les ronflements doivent être pris au sérieux, car il s’agit d’un symptôme d’un problème qui peut rapidement devenir grave.
Un chien peut se mettre à ronfler en avançant dans l'âge, même s'il n'était pas sujet à ce problème plus jeune. En effet, avec le vieillissement, les muscles et tissus du palais et ceux proches des cordes vocales ont tendance à se relâcher : ceci peut entraîner des vibrations, notamment à l'inspiration durant le sommeil.
Par ailleurs, un chien âgé peut facilement prendre du poids, notamment parce qu'il a tendance à devenir moins actif à cause de la fatigue, de douleurs articulaires en cas par exemple d’arthrose, etc. Or, le surpoids est également un facteur déclencheur de ronflements.
Si les ronflements se déclenchent de façon soudaine et sont accompagnés d’éternuements, ce peut être parce qu’un corps étranger est venu se loger dans la truffe du chien et gêne le passage de l’air : un gravillon, une tige, un épillet, etc.
L’obstruction des narines peut aussi être le fait de kystes ou même de tumeurs nasales, qui sont heureusement souvent bénignes mais qu'il faut tout de même prendre soin de retirer avec une petite opération chirurgicale chez un vétérinaire.
Le chien a beau être essentiellement un carnivore, il mange de temps en temps de l’herbe pour se purger l’appareil digestif et soulager certaines douleurs gastriques.
Si un individu qui vient de manger de l’herbe se met à ronfler, ce peut être parce que de petits brins se sont collés à son palais ou sont restés coincés dans sa gorge. Les ronflements ne sont alors que temporaires : ils devraient rapidement disparaître après que l’animal a bu ou mangé.
Certains médicaments comme les anesthésiants, tranquillisants ou analgésiques détendent les muscles de la gorge, ce qui peut provoquer des ronflements. Si le chien est sous traitement médical il se peut donc qu’il se mette soudain à ronfler.
Il en va de même s’il a subi récemment une opération sous anesthésie ; le phénomène s’arrête lorsque les produits cessent de faire leur effet sur les muscles.
La ronchopathie peut aussi survernir chez un chien souffrant d’un problème de santé dentaire, par exemple si ses gencives sont gonflées ou s’il y a un abcès. En effet, cela modifie le passage de l’air dans la bouche et la gorge.
Cette situation est souvent le fait d’une infection buccale causée par une dent cassée ou un excès de tartre.
Même si cela peut paraître surprenant de prime abord, une allergie avec symptômes respiratoires est susceptible d'engendrer des ronflements.
De fait, comme chez l’Homme, un chien souffrant d'une allergie à certains pollens, aux acariens ou à la poussière peut se mettre à éternuer et avoir les muqueuses de la truffe gonflées et/ou enflammées. Il a donc plus de chances de ronfler, en tout cas pendant ces phases.
Le meilleur ami de l’Homme possède des voies respiratoires plus fragiles que celles de ce dernier, et qui peuvent facilement être irritées.
C’est le cas par exemple avec la fumée de cigarette : le tabagisme passif provoque des inflammations de la gorge et des bronches, avec à terme d’éventuels ronflements à la clé. Voici donc une raison supplémentaire pour arrêter de fumer !
De même, il convient de faire attention lorsqu’on allume des bougies parfumées ou utilise sa cheminée : la fumée peut causer des irritations et favoriser l'apparition de ronflements chez le chien, en plus évidemment d’autres pathologies potentiellement graves.
De manière générale, la plupart des fumées, gaz polluants (par exemple émis par les pots d’échappement) et composés volatils de toute sorte (parfums, produits d’entretien, huiles essentielles, etc.) sont susceptibles de provoquer des irritations de la gorge et/ou des bronches, et donc à terme des ronflements.
Un chien qui se met à ronfler soudainement souffre peut-être d’une maladie des voies respiratoires.
Celle-ci peut être bénigne, comme par exemple un simple rhume. Dans ce cas, le problème est dû au mucus qui s’accumule et obstrue les voies respiratoires, et disparaît dès la guérison.
Mais il peut également s’agir de maladies plus graves. Par exemple, les ronflements peuvent survenir chez un chien asthmatique - notamment lors d’une crise -, car ses voies respiratoires sont obstruées. S’ils sont accompagnés de toux et/ou de fièvre, ils sont plutôt le fait d’une maladie infectieuse comme la bronchite ou la toux du chenil.
Chez un chien en bonne santé, qui n’est ni âgé, ni en surpoids, et ne présente aucune des pathologies décrites précédemment, les ronflements peuvent être liés simplement à son lieu de couchage et/ou la position dans laquelle il s’endort.
En effet, comme chez l’Homme, une position sur le dos ou un air trop sec facilitent les ronflements. Il suffit alors de s'endormir dans une autre position pour faire disparaître le problème.
Tous les chiens ne sont pas égaux face au ronflement. Les races au nez écrasé à l’instar du Bouledogue Français, du Shi Tzu, du Griffon Belge et du Dogue de Bordeaux y sont en effet plus sujettes que les autres.
La prédisposition est en fait morphologique. Ces races partagent en effet des caractéristiques communes : un crâne court (c’est-à-dire plus large que long), une face plate et des yeux globuleux. Ceci est le résultat d’une sélection génétique sur de nombreuses générations, réalisée à dessein par les éleveurs pour des considérations esthétiques. Ainsi, des chiens comme le Carlin ou le Cavalier King Charles Spaniel sont très appréciés en raison de leur aspect juvénile (grands yeux, tête ronde…) même une fois adultes, ce qui en fait craquer plus d'un.
Cette apparence séduisante a son revers : les chiens au nez écrasé sont plus fragiles que les autres, en particulier sur le plan respiratoire. En effet, ils ont un crâne raccourci, mais leur palais demeure aussi grand que celui d’un chien normal et cache plusieurs plis : cela engendre des difficultés à respirer, et donc potentiellement des ronflements.
Comme chez l’être humain, un ronflement est généralement anodin tant qu'il est passager, mais peut devenir problématique s'il est régulier.
Tout d’abord, un chien qui ronfle peut évidemment perturber le sommeil des autres membres du foyer, mais aussi le sien, car il le réveille fréquemment pendant la nuit.
Surtout, il peut souffrir d'une maladie susceptible de générer des troubles graves si elle n’est pas traitée rapidement. Par exemple, s'il a également le nez qui coule ou est léthargique, il peut s’agir d’une affection grave comme l’hypothyroïdie ou l’apnée du sommeil. Dans le cas où le ronflement résulte de la présence d’un corps étranger coincé dans les narines, il existe un risque d’infection susceptible d'aboutir à une septicémie potentiellement mortelle.
Quelle qu’en soit la cause, des ronflements réguliers signalent toujours une gêne ou une difficulté à respirer, qui peut à terme conduire à une asphyxie ou à une insuffisance cardiaque - le coeur doit en effet faire plus d'effort pour compenser la respiration défaillante et continuer à oxygéner correctement l'organisme.
Un chien qui ronfle n'est donc pas si anodin que cela dès lors que la situation se prolonge plus d’une poignée de jours, réapparaît de manière chronique et/ou s'accompagne d'autres symptômes. Le cas échéant, il est recommandé de prendre conseil auprès d’un vétérinaire.
Il n’existe pas de solution miracle pour empêcher un chien de ronfler, d’autant qu’il n’existe pas de médicaments anti-ronflements spécifiquement destinés à la gent canine. En tout cas, lui donner des produits anti-ronflements destinés aux humains est à proscrire, car ils pourraient l’empoisonner gravement.
Pour espérer solutionner le problème, il faut parvenir à identifier et éliminer la cause sous-jacente. Plusieurs actions peuvent être tentées, notamment une vérification de l'état de sa gueule et de ses narines.
Il faut d’abord vérifier si un corps est présent dans les narines du chien.
S’il s’avère que c’est le cas, le vétérinaire doit rapidement le lui retirer avant qu’il n’entraîne des lésions plus graves : cela peut nécessiter de faire opérer le chien si l’obstruction des narines est due à des kystes ou des tumeurs, ou si l’obstacle n’est pas facilement retirable autrement.
En cas d’abcès dans la gueule du chien, il est nécessaire de consulter un vétérinaire : en effet, ce genre de problèmes peut à terme avoir de graves conséquences, telles que des troubles cardiovasculaires.
De façon générale, brosser les dents de son chien au moins une fois par semaine est le meilleur moyen de préserver son hygiène bucco-dentaire et d’éviter en particulier la formation de tartre, qui pourrait notamment finir par provoquer une parodontite.
Il est également possible d'agir sur le couchage du chien, notamment en changeant sa position et en faisant en sorte qu’il s’installe sur le ventre, afin qu’il puisse mieux respirer.
Ainsi, un panier de forme ronde l’incite à se mettre en boule pour dormir ; cette position réduit considérablement les ronflements. En parallèle, un petit coussin pour surélever sa tête peut faciliter sa respiration.
Si on soupçonne que certains médicaments font ronfler le chien, il ne faut surtout pas prendre l’initiative d’arrêter le traitement sans en avoir discuté préalablement avec son vétérinaire.
Il convient néanmoins de lui signaler ce potentiel effet secondaire, afin qu’il puisse tirer les choses au clair. Si c'est possible, il peut tenter de prescrire d’autres médicaments à la place, qui ne présentent pas cet inconvénient, et attendre un peu pour voir si la situation s'améliore.
Si aucune des solutions précédentes ne fonctionne, le chien ronfle peut-être à cause d'un air ambiant pollué et/ou irritant, qui gêne son appareil respiratoire. On peut alors tenter de le purifier, pour voir si les ronflements s'estompent.
Si le chien ronfle à cause d’une allergie ou lors d'une crise d’asthme, il convient de nettoyer régulièrement son panier et d’aérer le plus possible les lieux de vie, de manière à éliminer les possibles allergènes. Il faut aussi s’assurer qu’un nouveau parfum d’intérieur ou produit d’entretien n’est pas à l’origine de cette réaction.
En parallèle, les lieux les plus exposés aux pollens doivent être évités lors des promenades avec son chien.
Si les symptômes persistent, le vétérinaire peut proposer des solutions pour diminuer l’ampleur des crises respiratoires.
Pour éviter que son animal ne soit victime de tabagisme passif, le maître a tout intérêt à s’abstenir de fumer en sa présence ainsi que dans la pièce où il dort.
Si l’air dans la pièce où le chien dort est très sec, un humidificateur d’air peut être une solution.
Il faut également faire attention à ne pas placer le chien dans le flux d’air froid de la climatisation, ou simplement dans un courant d’air froid venant de l’extérieur (s’il dort à côté de l’entrée, d’une fenêtre...), pour éviter qu'il tombe malade.
Cela permet de limiter le risque d’infections respiratoires et donc les ronflements, en particulier si l'animal est naturellement sensible aux changements de température.
Faire maigrir son chien en surpoids ne peut que lui être bénéfique, même s’il s’avère au final que les ronflements ont une autre cause. Cela vaut d’ailleurs quel que soit son âge.
Pour y parvenir, il faut lui offrir une meilleure hygiène de vie, à travers de l’exercice plus régulier et une nourriture plus adaptée, en n’hésitant pas à faire appel aux conseils d’un vétérinaire. Cette remise à l’exercice physique et cette transition alimentaire (dans le cas – fréquent - où un changement de nourriture s’impose) doivent être graduelles, pour ne pas fragiliser encore plus sa santé.
Si c’est effectivement le surpoids qui était à l’origine de ses ronflements, ils devraient s’estomper à mesure qu’il retrouve un poids normal.
Dans le cas des races de type brachycéphale, il n’existe pas de solution simple pour empêcher son chien de ronfler, car les ronflements sont le fait de la morphologie. L’évolution du problème doit être suivie régulièrement et avec attention, car la gêne respiratoire est réelle et peut même s’aggraver avec le temps.
Une opération est tout de même possible pour réduire les ronflements et surtout augmenter l’espérance de vie du chien en lui permettant de mieux respirer, dans le cas où la gêne est vraiment très importante. C'est toutefois une opération lourde : si les ronflements sont faibles et la gêne peu prononcée, mieux vaut probablement ne pas la faire.
Dans les cas les plus graves susceptibles de déboucher sur une suffocation ou un étouffement (c’est-à-dire surtout chez les chiens au nez très écrasé), le vétérinaire peut proposer d’effectuer une intervention chirurgicale pour régler le problème de respiration sous-jacent - et donc du même coup les ronflements.
Le chirurgien vétérinaire commence par effectuer un bilan endoscopique sous anesthésie générale, ce qui lui permet de noter les anomalies de l’appareil respiratoire du chien.
En fonction des résultats de ce bilan, il peut proposer deux opérations :
Selon les cas, une seule ou les deux opérations sont recommandées. Toutes deux se pratiquent sous anesthésie générale et à jeun, parfois dans la foulée même du bilan endoscopique. À son réveil, le chien reçoit des anti-douleurs et des anti-inflammatoires pour quelques jours, et doit rester au repos pendant ce temps.
Ces deux interventions sont courantes et traitent de manière radicale et efficace la source du problème chez les chiens qui ronflent le plus.
Mais il ne s’agit pas du seul avantage. En effet, une fois opéré, l’animal :
Bien entendu, plus tôt le chien est opéré, plus il récupère vite, et plus les bénéfices sur sa santé sont importants.
Malgré les améliorations qu'elles permettent en termes de respiration et de ronflements, ces deux opérations ont quelques inconvénients.
En effet, bien que courantes, elles se pratiquent sous anesthésie générale et restent lourdes. Elles ne conviennent donc pas à tous les chiens, en particulier ceux qui sont cardiaques, âgés et/ou très fragiles.
De plus, elles sont réservées aux cas les plus sévères : il n'est pas possible de faire opérer n'importe quel chien dès les premiers ronflements. Pour les cas moins problématiques, les solutions moins radicales sont donc à privilégier.
Le prix pour faire faire une rhinoplastie ou une palatoplastie à son chien est compris entre 450 et 750 euros par opération, soit 900 à 1500 euros au total si les deux sont nécessaires.
Il faut toutefois savoir que ces interventions ne sont généralement pas couvertes par les assurances santé : tout maître souhaitant souscrire une assurance santé pour son compagnon peut avoir intérêt à vérifier les conditions de remboursement et les exclusions, en particulier s’il appartient à une race prédisposée.
Les ronflements d’un chien peuvent paraître anodins. Pourtant, il est important de rester attentif à leur évolution et de chercher des solutions pour les faire cesser. La réaction doit être d’autant plus rapide s’ils apparaissent soudainement et/ou s’ils s’accompagnent d’autres symptômes. Le danger principal réside en l’obstruction des voies respiratoires, qui peut finir par causer notamment une situation de détresse respiratoire.
Bien souvent, une meilleure hygiène de vie et de nouvelles habitudes de couchage suffisent à réduire – voire faire disparaître - ces ronflements. Toutefois, chez les chiens de type brachycéphale, qui ont tendance à ronfler plus que les autres pour des raisons anatomiques, des opérations lourdes peuvent être envisagées. En plus de mettre fin aux ronflements, elles sont synonymes de bénéfices majeurs pour la santé de l’animal.