Même s’il faut compter environ un an pour que les bases soient bien fixées, le Border Collie n’est pas très difficile à éduquer, car son besoin de stimulation mentale est tel qu’il ne demande qu’à apprendre.
Il est alors possible d’aller très loin : d’après les célèbres travaux sur l’intelligence canine du professeur de psychologie américain Stanley Coren, le Border Collie est la race de chien la plus intelligente. De fait, il comprend et assimile très vite, semblant même parfois devancer les désirs de ses propriétaires. Ses capacités sont impressionnantes : il est capable d’apprendre des mots, de reconnaître un objet en particulier parmi d’autres du même type, ainsi que d’obéir sans se tromper à des ordres très complexes – notamment dans le cadre du travail sur troupeau, mais pas seulement. Il peut donc apprendre à peu près n’importe quoi, y compris par exemple ranger le salon ou ses jouets.
Cette soif d’apprentissage contrebalance avantageusement sa tendance à se montrer têtu, notamment pendant sa très longue adolescence (il n’atteint sa maturité psychologique que vers 3 ou 4 ans). Il peut donc convenir à un maître novice, mais celui-ci doit être patient, cohérent et assez ferme au départ pour lui faire comprendre qui décide.
Quoi qu’il en soit, il ne faut pas hésiter à se faire aider par un éducateur canin professionnel en cas de difficultés, afin que la cohabitation s’établisse sur de bonnes bases. Il est en effet essentiel que tel soit le cas, car l’éducation détermine la qualité de la relation qu’on a avec son chien tout au long de sa vie. Du reste, tant qu’à avoir un compagnon doté d’une grande intelligence, autant que cette dernière soit utilisée au service de son maître plutôt que pour lui donner du fil à retordre…
Seule une méthode d’éducation positive est efficace avec un chien indépendant d’esprit mais sensible et intelligent comme le Border Collie. En effet, toute forme de rudesse ne ferait que le rendre réticent à obéir. Pire, elle pourrait créer des blocages et lui faire perdre confiance en son maître.
Le renforcement positif consiste à ignorer les mauvais comportements et à récompenser les bons par une friandise, un compliment ou une caresse. Le Border comprend ainsi qu’en obéissant, non seulement il obtient un bénéfice direct, mais en plus il fait plaisir à son maître, ce qui est important pour lui. Une fois que cela est acquis, il devient très réactif aux ordres.
Il faut cependant garder à l’esprit que ce chien s’ennuie vite : si les séances d’éducation sont trop longues et surtout trop répétitives, elles ont tôt fait de perdre de l’intérêt à ses yeux, et il risque alors de devenir moins coopératif. Afin de maintenir sa curiosité et son attention en éveil, il est donc préférable de privilégier des séances courtes et variées, quitte à en prévoir davantage.
Comme pour n’importe quelle race, il est nécessaire de commencer l’éducation d’un chiot Border Collie vers l’âge de 2 à 3 mois, c’est-à-dire dès son arrivée dans le foyer.
Même s’il est alors trop jeune pour des enseignements assez complexes comme le rappel ou la marche au pied, il est parfaitement capable de commencer à intégrer les règles du foyer et certaines notions comme la propreté, le fait de répondre à son nom ou d’être manipulé, ainsi que certains ordres de base.
Non seulement il est alors particulièrement malléable, mais en plus c’est une excellente manière de satisfaire son grand besoin d’être stimulé intellectuellement. Autrement dit, on fait d’une pierre deux coups, en l’occupant et développant ses facultés mentales, tout en facilitant son intégration dans le foyer.
Cela dit, un chien peut apprendre à tout âge, a fortiori le Border Collie. Même si du retard a été pris au début ou si son éducation comporte des lacunes, il est tout à fait possible de travailler (ou retravailler) plus tard des notions mal – ou pas du tout - assimilées, y compris quand il est adulte.
D’ailleurs, au vu des facultés d’apprentissage de ce chien et de sa réactivité aux ordres, on peut lui apprendre de nouvelles choses et l’entraîner à un très haut niveau durant toute sa vie. Il ne demande pas mieux, car le travail mental est essentiel pour sa santé et son équilibre.
Pour que la cohabitation s’établisse sur de bonnes bases, et comme avec n’importe quelle race, l’éducation du Border Collie implique de fixer et de faire respecter les règles dès son arrivée dans le foyer.
S’il s’agit d’un chiot, il y a d’autant moins de temps à perdre : non seulement il est plus malléable qu’un adulte (même s’il peut se montrer un peu têtu), mais en plus cela empêche qu’il prenne de mauvaises habitudes. Il est plus facile en effet d’éviter que ces dernières s’installent, plutôt que de devoir essayer de les corriger une fois qu’elles sont bien ancrées.
Pour que les règles « impriment », il faut que tous les membres du foyer fassent preuve de cohérence et de constance sur le sujet : ce qui est interdit l’est tout le temps et par tout le monde. Cette clarté est indispensable pour que le chien comprenne parfaitement comment il doit se comporter, et soit bien intégré parmi les siens.
Cela suppose que chacun comprenne pourquoi on lui impose ces règles et en quoi cela est important – y compris les enfants, qui ont tendance à tout pardonner à leur compagnon à quatre pattes. Il faut donc prendre le temps de leur expliquer qu’elles ne sont pas là pour le brimer ou pour le punir, mais permettent au contraire que la cohabitation se fonde sur le respect mutuel, et qu’un chien a besoin d’un cadre stable ainsi que de connaître parfaitement sa position hiérarchique au sein du foyer pour être bien dans sa tête.
Tant pour son bien que pour celui de ses maîtres, il est important de mettre particulièrement l’accent sur certains aspects dans le cadre de l’éducation d’un Border Collie.
Le premier, qui est la base de tous les autres, est bien sûr qu’il doit respecter son maître et lui obéir en toutes circonstances. Celui-ci doit donc savoir se montrer ferme, tout en restant bienveillant. Cela dit, comme le Border est loin d’être le chien le plus récalcitrant à l’autorité, il intègre généralement très vite cette règle.
Il convient aussi de lui apprendre rapidement à se passer de ses propriétaires, c’est-à-dire à ne pas se sentir abandonné et se mettre dans tous ses états lorsque ceux-ci sont absents. En effet, sa proximité avec eux implique qu’il souffre facilement d’anxiété de séparation. Il ne faut donc pas tarder à l’habituer progressivement à rester seul.
Il est également très important qu’il apprenne rapidement qu’il ne doit pas essayer de rassembler tout ce qui se trouve autour de lui : personnes, enfants, animaux, vélos, voitures, etc. En effet, pour rassembler son troupeau, un chien de berger est habitué à aboyer, pincer, pousser… : autant de comportements dont il faut lui faire comprendre qu’ils ne sont pas acceptables hors du cadre strict de son travail, que ce soit à l’encontre des membres de sa famille ou de tiers.
Par ailleurs, le Border Collie a tendance à donner facilement de la voix, par exemple à l’approche d’une personne inconnue ou en réaction à certains bruits (il est très sensible aux sons). Par conséquent, il est également important qu’il apprenne très tôt à ne pas aboyer pour tout et n’importe quoi, ou du moins à cesser immédiatement de le faire dès qu’on lui en donne l’ordre.
Enfin, même s’il n’est pas particulièrement fugueur, le rappel (c’est-à-dire le fait de revenir dès qu’on l’appelle) est également une chose qu’il convient de lui apprendre sans trop tarder, car il n’est pas impossible que sa curiosité le pousse à se sauver. En attendant, il est impératif de garder systématiquement le contrôle sur lui, via une laisse reliée à un collier pour chien adapté à son tour de cou.
Socialisation du Border Collie
Quelle que soit sa race, la socialisation est une étape essentielle dans la vie d’un chiot pour qu’il devienne un adulte équilibré. En effet, c’est elle qui lui permet de savoir gérer toute sa vie durant les situations nouvelles sans se montrer trop craintif ou au contraire trop méfiant - voire agressif - face à des personnes ou des animaux inconnus.
D’une façon générale, la phase la plus critique se déroule pendant les trois premiers mois de la vie d’un chiot, et plus particulièrement entre le deuxième et le troisième mois. C’est d’ailleurs pour cette raison que certains éleveurs ne proposent pas leurs petits à l’adoption avant l’âge de 3 mois, afin de s’assurer de leur offrir auparavant une socialisation de qualité. Dans tous les cas, le travail doit impérativement être continué par les maîtres dès l’arrivée de l’animal dans son nouveau foyer. Le faire jusqu’à ses 7 mois n’est pas de trop pour qu’il soit parfaitement équilibré.
Tout au long de cette période, il est primordial de lui faire rencontrer tous types de personnes et d’animaux – y compris des congénères, afin qu’il continue d’intégrer les codes sociaux de son espèce qu’il a commencé à apprendre aux côtés de sa mère. Il est toutefois préférable pour ce faire d’attendre qu’il soit vacciné et de choisir – au moins au début – des individus amicaux, afin d’éviter tout traumatisme qui pourrait avoir de fâcheuses conséquences tout au long de sa vie.
En outre, pour qu’il apprenne à ne pas craindre l’inconnu, il est important de régulièrement l’exposer à toutes sortes de situations et de stimuli : odeurs, bruits…
Un accent particulier doit être mis sur ces derniers, car le Border Collie est généralement très sensible aux sons (orages, pétards, cris d’enfants en train de jouer…), ce qui peut l’amener à réagir négativement – voire dangereusement pour lui ou pour les autres.
Par ailleurs, la socialisation participe également à éviter qu’il poursuive, morde et pousse tout ce qui bouge, tant son instinct de chien de berger le pousse à « rassembler » les enfants, autres animaux, vélos, voitures… Il faut donc qu’il apprenne que ce qui est normal quand il travaille (le cas échéant) ne l’est pas hors de ce cadre. En effet, ces comportements peuvent causer toutes sortes de problèmes : chutes, accidents, blessures...
Il faut cependant avoir conscience que même la meilleure socialisation ne permet pas de miracles. En effet, si le Border Collie n’a pas un instinct de chasse très développé, il est en revanche assez territorial et protecteur : même parfaitement socialisé, il a des chances de ne pas apprécier la présence d’un congénère inconnu (surtout du même sexe) ou d’un petit animal qui se serait introduit dans le jardin.