L'anxiété de séparation chez le chien

Un chien inquiet attendant le retour de son maître

L'anxiété de séparation, aussi appelé trouble du détachement ou névrose d'abandon, est un trouble du comportement du chien très fréquent qui s'exprime par de nombreux signes de détresse, le plus souvent lorsque l'animal est séparé de ses maîtres ou des personnes auxquelles il est très attaché. 


Les conséquences de ce trouble sont nombreuses, que cela soit pour le chien lui-même (psychologiquement, mais aussi physiquement), pour le lien entre le maître et son animal, pour l'état de la maison (destructions, salissures...), mais aussi pour la bonne entente entre voisins.


Il est donc important d'en connaître les origines pour en détecter les premiers signes, et ainsi soigner rapidement ce trouble du comportement chez le chien.

Origine de l'anxiété de séparation du chien

Chiot caressé et dorloté par ses maîtres

L'anxiété de séparation du chien trouverait son origine dans les premiers mois de sa vie, dans ce que l'on appelle l'attachement du chiot. Dès sa naissance, en tant qu'être social, le chiot crée des liens, en priorité avec sa mère : elle devient immédiatement quelqu'un d'important. Pourtant, après huit semaines à veiller sur ses petits, la mère s'en éloigne petit à petit, les repoussant lorsqu'ils deviennent trop insistants, ne répondant plus systématiquement à la moindre sollicitation de leur part. Elle initie ainsi leur indépendance grâce au détachement, période qui dure normalement jusqu'aux quatre premiers mois de l'animal.

 

Seulement, en France, la vente de chiots - ou leur adoption - est autorisée à partir de leur huitième semaine de vie, donc durant cette période charnière, alors que le détachement d'avec leur mère n'est pas totalement effectué.

 

De plus, à l’arrivée du chiot dans sa nouvelle maison, avec de nouveaux propriétaires, celui-ci a tendance à s'attacher très vite à un ou à plusieurs individus, alors que de son côté, le maître va être enclin à l'infantiliser de nouveau en le couvrant de trop d’attentions et de caresses, mais aussi en installant par exemple le panier dans sa chambre à coucher. Il devient ainsi le point de repère principal du petit animal. Le chiot passe alors naturellement d'un attachement canin à un attachement humain, sans avoir pu être véritablement autonome, puisque le maître n'effectue pas le « rejet » nécessaire à la prise d'indépendance du jeune chien. C'est ce que les spécialistes nomment l'hyperattachement.

 

Hyperattachés à leur maître, certains chiots ou chiens supportent alors très mal la séparation, même provisoire, et deviennent hypernerveux, manifestant souvent leur détresse par des destructions, de la malpropreté, des aboiements répétitifs, etc.

 

Par ailleurs, certains comportements du maître favorisent cette anxiété, comme par exemple les rituels de départ et ceux de retour.

 

En effet, lorsque le maître s'en va, il peut vouloir rassurer son chien, lui parler, lui expliquer qu'il ne va pas partir longtemps, etc. Tout ce rituel rend le chien anxieux, car il comprend vite que tous ces signes précèdent le départ de son maître. L'inquiétude du chien augmente donc au fur et à mesure qu'il voit son maître lacer ses chaussures, prendre son manteau, agiter ses clés, etc. Finalement, ce rituel de départ n'a comme résultat que de faire stresser encore plus le chien, au lieu du contraire recherché.

 

De même, le rituel de retour est aussi un problème. Dès la porte de la maison franchie, le chien fait la fête à son maître et vice-versa. Comme le maître culpabilise d'avoir laissé son chien, il répond à ses sollicitations, et le chien associe donc le retour de son maître à un apaisement.

Manifestations de l'anxiété de séparation chez le chien

Un Labrador couché à côté des objets qu'il a cassés

Les chiens atteints par l'anxiété de séparation détruisent tout ce qui leur passe sous les pattes ou dans leurs mâchoires dès que leurs maîtres sont absents, allant des coussins du canapé aux chaussures qui traînent, et fouillent dans les poubelles. Ils aboient également énormément, et font leurs besoins dans toute la maison, alors qu'ils sont normalement propres et savent se retenir.

 

Quand les maîtres sont présents, ce sont des chiens que l'on dits collants : ils sont toujours à traîner dans les jambes, à suivre leur maître partout dans la maison, à pleurer devant des portes closes, et qui sollicitent sans arrêt des petites attentions.


En promenade, les chiens atteints de ce trouble du comportement ne s'éloignent pas trop de leurs maîtres, et ont toujours besoin d'un contact visuel avec eux.


En règle générale, ce sont aussi des chiens anxieux qui s'adonnent fréquemment à des activités de substitution pour palier ce trouble. Le plus souvent, c'est à travers le léchage excessif de leurs coussinets ou de leurs pattes, qui entraîne des saignements ou des pertes de poils par plaques susceptibles de s'infecter, que les chiens traitent cette névrose d'abandon.

 

L'anxiété de séparation est une véritable souffrance psychologique chez le chien, découlant souvent sur des souffrances physiques. À quoi cela est-il dû ?

Comment éviter que mon chien soit anxieux en cas d'absence ?

Chien très attaché à son maître se montrant agressif

Tout d'abord, il ne faut en aucun cas voir les comportements destructeurs du chien comme une forme de vengeance, mais plutôt comme des signes d'une souffrance émotionnelle qui entraîne malheureusement des activités de substitution. Il faut donc, pour éviter qu'ils ne perdurent, apprendre à l'animal à se détacher petit à petit de son maître, tout en lui inculquant également quelques règles de vie commune entre chien et maître.

 

Pour venir à bout de cet hyperattachement, le maître doit en premier lieu faire un travail sur lui-même, en se contrôlant et en ne cédant pas à toutes les sollicitations de son animal, comme les demandes de caresses ou de moments de jeux. Ce contrôle n'est en aucun cas fait pour que le maître cesse de montrer son attachement à son chien, mais bien pour donner enfin à l'animal son indépendance, pour l'aider à grandir correctement si c'est un chiot, ou à vivre plus sereinement si c'est déjà un adulte.

 

Puis, une fois que le maître aura fait un travail sur lui-même, il est temps d'apprendre, avec beaucoup de patience et de compréhension, le détachement et l'indépendance au chien.

 

Dévastation causé par un chien attendant le retour de son maître

Ainsi, dès le départ, il est vivement recommandé de ne pas laisser le chien passer la nuit dans la même chambre que son maître, ou carrément sur son lit. Il doit dormir dans une autre pièce, et avoir son propre espace. 

 

Également, il est conseillé au maître de ne pas répondre systématiquement aux sollicitations du chien quand il vient chercher des caresses. Par contre, le maître peut aller de lui-même le chercher pour jouer, le caresser, même s'il le dérange pendant sa sieste. C'est toujours le maître qui doit initier le contact avec le chien.

 

Si le maître préfère enfermer son compagnon durant ses absences, il lui faudra progressivement apprendre à son chien à rester seul dans un endroit choisi au préalable, et agréable pour lui. Le cas échéant, il est préconisé d'y aller par étapes, en mettant en place quelques exercices : 

 

  • Le maître doit passer un peu de temps dans la pièce prévue à cet effet (la cuisine, la salle de bain, le salon, là où il dort la nuit...) notamment avant de le quitter (du moins au début), afin qu'il n'associe pas la mise dans cet endroit avec le départ du maître. Il faut essayer de l'habituer à y passer de plus en plus de temps, même si le maître est là. Le garage ou une cage sont à éviter si l'animal n'y a jamais fait de séjour, car le stress du chien et sa frustration n'en seraient alors que trop importants. Il n'en retirerait aucun apprentissage qui aille dans le sens recherché. 

 

  • Une fois la pièce ou l'endroit définis, le maître doit y laisser le chien enfermé, mais sans rester trop loin, afin qu'il sache que son maître est toujours présent, pendant au moins dix minutes. Cela rassurera l'animal, et lui évitera encore d'associer cet endroit avec l'absence de son maître.

 

  • Si le chien pleure, le maître ne doit pas répondre à ses appels, même pour le réprimander, mais continuer à vaquer à ses occupations. En effet, l'animal pourrait associer le retour de son maître à ses cris, et non pas à la réprimande. Il va donc recommencer à chaque fois. 

 

  • Dès que le chien sera calme, ou qu'il fera une pause entre deux séries d'agitations et/ou d'aboiements, le maître pourra aller le libérer. Il ne faut surtout pas en faire un événement : il est conseillé d'ignorer l'animal pendant dix bonnes minutes et de le repousser s'il cherche le contact. On évitera les embrassades, caresses et salutations verbales ; ainsi, il n'associera pas le retour de son maitre et sa libération avec des câlins. Il faut qu'il apprenne que le départ du maître est tout simplement toujours suivi de son retour et de sa libération. Si le propriétaire du chien théâtralise cet exercice, ce moment, il y accorde trop d'importance, et est donc clairement en train d'informer son animal que son départ est un événement.

 

Peluche déchirée par un chien attendant son maître

Par ailleurs, si le chien se surexcite dès qu'il voit son maître prendre ses affaires pour sortir, un exercice peut être mis en place pour calmer ce comportement, et que le chien comprenne que s'agiter est inutile. Le weekend, ou durant un jour de libre, le maître peut pratiquer de faux départs. En effet, il peut se préparer comme s'il allait sortir, mettre ses chaussures, les vêtements habituels pour une sortie (manteau, bonnet...), mais ne pas partir. Il s'installera sur le canapé, allumera la télévision ou lira un livre, sans s'occuper du chien. Au bout de quelques minutes, le maître pourra se dévêtir, retrouver sa tenue habituelle, mais toujours en ignorant le chien. Ainsi, après plusieurs entraînements de ce genre, le chien se rendra compte que s'agiter dans tous les sens ne sert à rien. 

 

Ces différents exercices sont un aperçu de la stratégie thérapeutique utilisée par les comportementalistes canin professionnels pour solutionner ce problème très fréquent chez le chien. En les utilisant, on va provisoirement majorer les tensions avant d'arriver progressivement à l'extinction de ces comportements dérangeants.

 

Pour aller plus loin, n'hésitez pas à consulter notre article dédié à l'apprentissage de la solitude chez le chiot.

Conclusion

Chez certains chiens, apprendre le détachement est plus difficile. En effet, si sa mère ne le lui a pas appris correctement, ou n'a pas eu le temps de le faire, ou si le chien vit dans un système familial restreint (foyer composé d'une seule personne, par exemple), il lui sera plus difficile de se détacher de ce contact privilégié qu'il a avec un seul individu.


Il est donc indispensable, si les problèmes persistent au-delà de l'âge de quatre mois, de consulter un vétérinaire. Celui-ci pourra être de précieux conseil et éventuellement mettre en place un traitement médicamenteux visant à faciliter l'apprentissage de la solitude par le chien. En effet, certains médicaments ont pour but de diminuer l'anxiété des chiens lorsque leurs maîtres sont absents. Le vétérinaire peut éventuellement prescrire un décontractant léger pour permettre au chien d'être plus serein, donc plus réceptif. Attention toutefois : ces médicaments ne suffisent pas, ils ne sont qu'une aide provisoire et non définitive à la démarche thérapeutique comportementale à mettre en oeuvre, en ayant recours si besoin à un comportementaliste canin professionnel.

 

De plus, ce trouble du comportement du chien ne pourra être supprimé que si le maître accompagne tous ces efforts d'une bonne gestion de ses relations avec son chien, en commençant en priorité par éviter de maintenir en permanence près de lui son animal dès qu'il est à la maison.

Mise en garde

Les propos et conseils formulés ici ne remplacent pas l'expertise d'un professionnel, d'autant que chaque chien est unique. En cas de besoin ou de doute, il convient donc de se tourner vers un comportementaliste canin.
Dernière modification : 04/12/2020.

Commentaires sur cet article

Votre article a beaucoup de vrai mais helas on a toujours tendance a donner de l'amour a en revendre a notre chien. Je vous explique mon cas: nous avions trois chiens. L'un a ete repris par une association car il etait de trop. Le deuxieme, son frere, est mort une semaine apres son depart. D'apres le veterinaire,il s'agit d'un virus. La troisieme est faible car elle refuse de manger. Cette situation est tres triste car nous sommes tres attaches a cette chienne. Merci d'avance.

   
Par karine
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