L’Homme considère la plupart du temps son chien comme un membre à part entière de la famille. Si cela peut avoir de bons côtés pour l’animal, le risque est aussi souvent que son maître tombe dans le piège de l’anthropomorphisme. Il lui prête alors des caractéristiques et des raisonnements qui sont spécifiquement humains et ne correspondent à rien chez le chien.
Ces situations peuvent générer une incompréhension réciproque due au fait que les deux espèces ne communiquent pas de la même façon - en particulier si le maître ne fait pas l’effort de se renseigner sur le sujet. Ces incompréhensions dans la relation entre le chien et son maître peuvent entacher gravement et durablement ladite relation, et sont susceptibles d’entraîner des problèmes de comportement (agressivité…), voire carrément une dépression.
En tout état de cause, il ne faut jamais oublier que, pour adorable qu’il soit, un animal n’est pas une peluche. Qu’il s’agisse de bisous ou de toute autre chose, il ne faut pas le forcer à faire quelque chose qu’il n’a pas envie de faire ; il doit toujours avoir le choix. Montrer à son chien qu’on l’aime, ce n’est certainement pas lui imposer ce qui nous fait plaisir à nous. Quel intérêt a un bisou qui n’est pas bien accueilli ?
Le chien dispose de toute une panoplie de comportements et d’expressions pour notamment communiquer avec ses congénères, avec d’autres espèces animales et avec l’Homme.
Or, des gestes incompréhensibles à ses yeux, voire qu’il considère comme « déplacés », ne peuvent que provoquer chez lui un malaise, du stress, qu’il exprime par différents signaux - mais encore faut-il que son maître soit en mesure de décrypter ce langage corporel du chien. Cela est indispensable pour savoir qu'un chien n'aime pas ce qu'on lui fait.
Ces signaux d’apaisement du chien lui servent selon les cas à se calmer lui-même en cas de stress ou d’excitation, à communiquer un malaise ou un stress, ou encore à faire part de ses intentions pacifiques pour calmer un individu qu’il sent inquiet. Il les utilise donc non seulement pour communiquer avec les autres espèces (dont l’Homme) et avec ses congénères, mais aussi pour lui-même.
Le nombre et la fréquence des signaux d'apaisement utilisés varie d’un chien à l’autre, et notamment des contacts sociaux qu’il a pu avoir dans le passé, par exemple quand il était chiot : certains en utilisent beaucoup, d’autres se limitent à quelques-uns.
Certains de ces signaux sont évidents, mais d’autres peuvent être très subtils, d’où parfois la difficulté de les remarquer et de les comprendre.
S’il n’intervient pas juste après le réveil, un bâillement, qui peut aussi être accompagné d’étirements, montre un malaise et un stress du chien.
Si ce n’est pas juste après le repas, un chien qui se lèche la truffe ou les babines signale par là de l’inconfort.
Ce signal peut être très rapide et difficile à percevoir, mais il est important d’y être vigilant, car il se produit parfois juste avant une morsure.
Un chien qui détourne son regard, sa tête voire l'ensemble de son corps montre qu’il a des intentions pacifiques, mais demande à son maître d’arrêter de l’ennuyer.
Il peut arriver qu’un chien se secoue ou se gratte quand enfin son maître le lâche et/ou le repose sur le sol.
Ce geste a pour but de chasser son stress, de l’apaiser, et trahit donc le fait qu’il y avait jusqu’alors un malaise.
Le sourire du chien n’a vraiment pas la même signification que chez l’Homme, et est un parfait exemple de possible incompréhension entre le chien et l’humain, dès lors que ce dernier ne connaît pas le langage canin. En effet, il s’agit d’un rictus qui trahit l’inconfort et le malaise du chien.
Attention toutefois, ce signal d'apaisement diffère de l’action de montrer les dents de façon menaçante.
Un chien qui cligne des yeux, les ferme à moitié ou au contraire les ouvre démesurément grands émet un signal d’apaisement exprimant son inconfort et son anxiété.
Un chien qui met les oreilles en arrière exprime lui aussi que quelque chose ne va pas, que la situation présente lui est inconfortable.
Si les signaux d’apaisement n’ont pas été suffisants et que la situation posant problème perdure, le chien passe à des messages beaucoup plus clairs. Ces signaux menaçants indiquent un danger immédiat pour celui qui désormais est clairement considéré comme un agresseur, s’il ne met pas fin au geste qui les a provoqué.
D’abord sourd, le grognement monte en intensité si le message n’est toujours pas compris. L’agresseur ne peut pas ne pas l’entendre, et doit cesser l’action qui dérange l'animal.
Difficile d’être plus clair. Un chien qui montre ses dents est clairement à la toute dernière étape avant de passer à l’acte. Sa patience a atteint ses limites, le vase est sur le point de déborder. Clairement, le chien est excédé, et il peut d’ailleurs arriver qu’il couche les oreilles en plus de montrer ses dents, ce qui traduit une tension et une inquiétude extrêmes.
Histoire que les choses soient encore plus claires, il peut aussi arriver que le chien morde dans le vide. C’est le dernier avertissement...
La morsure d’un chien est évidemment la réponse ultime, celle qu’il utilise en désespoir de cause, quand toutes les autres ont échoué.
De fait, quand on dit d’un chien qu’il a mordu sans prévenir, c’est généralement faux : il a envoyé des alertes et des avertissements, mais ceux-ci n’ont pas été perçus, ou bien mal interprétés, ou tout simplement ignorés.
Ces avertissements n’incluent pas forcément des grognements : il peut très bien arriver qu’un chien morde sans avoir grogné auparavant. C’est notamment le cas des chiens qui ont l’habitude de se faire réprimander quand ils grognent.
Pour que la cohabitation entre un chien et son maître se passe au mieux, alors qu’ils appartiennent à des espèces différentes et ont donc des codes de communication différents, le maître ne peut pas s’épargner l’effort d’apprendre à connaître le langage corporel des chiens, et en particulier les signaux d'apaisement que ces derniers sont susceptibles d’émettre. Faire l’impasse là-dessus revient à se condamner à de nombreuses incompréhensions entre chien et maître, et donc de nombreuses déceptions, voire situations dangereuses.
Le chien fait des efforts pour comprendre son maître, mais ce dernier doit en faire de même, en particulier en étant attentif aux signaux d’apaisement que son compagnon est susceptible de lui envoyer. En effet, être un bon maître pour son chien, c’est ne vouloir pour lui que le meilleur, et donc notamment s’abstenir d’adopter ou de prolonger des comportements qui lui posent problème. De fait, c’est parfois involontairement qu’un maître dérange son chien ; mais dès lors que ce dernier a manifesté via un signal d’apaisement le fait qu’il est mal à l’aise, le maître doit s’interrompre et le laisser tranquille. Par exemple, on peut faire un câlin à son chien (même si les grattouilles sont généralement bien plus appréciées), et certains s’en accommodent fort bien, mais il faut savoir détecter quand il est temps d’arrêter, pour le bien-être du chien comme pour la sécurité du maître.
Non content de devoir apprendre à décrypter ces signaux, le maître doit aussi partager ce savoir et le transmettre aux différentes personnes susceptibles d’interagir avec le chien, à commencer par les autres membres du foyer.
Cela vaut tout particulièrement pour les enfants, qui sont plus vulnérables et beaucoup plus souvent victimes de morsures de chiens que les adultes. En effet, ils vont plus spontanément vers eux, peuvent avoir des gestes brusques et/ou auxquels le chien n’est pas habitué, et ne se rendent généralement pas compte que le chien n’est pas bien disposé : un cocktail explosif qui explique tant d’accidents regrettables, dont certains auraient pu être évités à travers une plus grande sensibilisation.
Il est donc essentiel d’enseigner aux enfants qu’un chien n’est pas un jouet, qu’il ne faut pas le forcer à quoi que ce soit et/ou le déranger alors qu’il se repose ou qu’il mange.
Enfin et surtout, de jeunes enfants ne doivent jamais être laissés seuls avec un chien sans surveillance, précisément car ils ne sont pas capables de percevoir les signaux d’apaisement que ce dernier est susceptible d’émettre : seul un adulte présent à proximité est susceptible de les identifier, et donc de mettre fin au comportement problématique de l’enfant avant qu’il ne soit trop tard.
Bonjour à toutes et à tous, Mon chien n'est pas excité lorsque j'arrive. Il est simplement très content et je...