L'histoire du Berger de Brie

La genèse du Berger de Brie

Le Briard est considéré comme une des plus anciennes races de chiens de bergers européens. Si les premières traces écrites qui le mentionnent datent du 12ème siècle, une tapisserie du musée du Louvre (Paris, France) représente deux chiens lui ressemblant beaucoup aux côtés de l’empereur Charlemagne (742-814), et attesterait donc de son existence dès le 8ème siècle.

 

Contrairement à l’opinion d’une partie des historiens, il n’est pas certain qu’il soit originaire de la Brie, une région naturelle située à l’est du bassin parisien. En effet, certains spécialistes pensent que la dénomination « Chien de Brie » serait en fait une altération de « Chien d’Aubry », en référence à Aubry de Montdidier, un chevalier chargé d’acheminer le courrier du roi de France Charles V (1338-1380). Celui-ci possédait un de ces chiens, lequel aurait vengé le meurtre de son maître en tuant son assassin. Cela dit, cet épisode tient plus de la légende que du fait historique.

 

Quoi qu’il en soit, jusqu’au début du 19ème siècle, le Briard faisait partie des chiens de berger de plaine français, ne portait pas de nom bien défini et était apparenté au Berger de Beauce (ou Bauceron). On considérait en effet qu’il s’agissait là de deux variétés d’une même race : l’une à poils courts (le Berger de Beauce), l’autre à poils longs (le Chien de Brie).

 

Ce dernier était très apprécié pour sa polyvalence, et on l’utilisait surtout dans les fermes comme berger ou gardien, parfois même comme chasseur. Très efficace et capable de parcourir facilement de longues distances, il conduisait les troupeaux de pâturage en pâturage ainsi que lors des transhumances, les protégeant contre les loups et les braconniers. Après la Révolution française (1789-1799), les terres furent divisées, les lopins diminuèrent de surface et il eut alors pour mission de veiller à ce que les troupeaux restent dans les limites de leurs pâturages.

 

Le 19ème siècle marqua un tournant décisif pour celui qui allait devenir une race à part entière, le Berger de Brie. En 1809, l’abbé Rozier, ecclésiastique et agronome, publia un Cours complet d’agriculture dans lequel il parlait de ce chien, qu’il appelait Chien de Brie et qu’il différenciait totalement du Berger de Beauce.

 

L’année 1863 fut particulièrement importante. En effet, c’est cette année-là qu’eut lieu à Paris la première exposition canine française : le Briard était de la partie, ce qui contribua à le faire connaître. La même année, le professeur Pierre Mégnin (1828-1905), vétérinaire et entomologiste français qui fut par la suite reconnu comme le précurseur de la cynologie, conclut lui aussi, après s’être penché sur la question, que lui et le Berger de Beauce étaient bien deux races distinctes.

 

Sous son égide, on procéda à des croisements du Chien de Brie avec le Barbet, dans le but d’améliorer son apparence et d’adoucir son caractère. En effet, excessivement protecteur, il se montrait alors volontiers agressif envers l’Homme. C’est via ces croisements que fut mis au point le Briard tel qu’on le connaît aujourd’hui, c’est-à-dire un chien de berger français à poils longs bien distinct du Beauceron et se déclinant lui-même en deux variétés : une à poils laineux et une à poils secs, dits « de chèvre ».

 

En 1896 fut créé le Club Français des Chiens de Berger, dirigé notamment par le professeur Mégnin, et qui devint donc responsable notamment du développement et de la promotion du Berger de Brie. Un premier standard de la race fut publié en 1897, à l’occasion du deuxième concours sur troupeau d’Angerville, non loin de Paris. Il visait notamment à uniformiser ce qui n’était encore qu’une sélection empirique, et distinguait officiellement les deux variétés de pelage.

 

Les sélections se poursuivant, le standard évolua plusieurs fois. En 1925, il fut ainsi décidé d’abandonner le poil laineux au profit du poil de chèvre, qui retenait moins l’eau et la boue. D’autres mises à jour eurent lieu en 1978, 1982 et 2008.

La diffusion du Berger de Brie dans son pays d'origine

Bien que le Cours complet d’agriculture de l’abbé Rozier paru en 1809 contribua dans une certaine mesure à faire connaître le Berger de Brie, il fallut attendre 1863 pour que le grand public ait réellement l’occasion de le découvrir, à l’occasion de la toute première exposition canine organisée en France. Ce fut d’autant plus le cas qu’une représentante de la race nommée Charmante obtint le prix d’honneur dans la catégorie des chiens de berger. Sa photographie devint le premier document visuel de référence concernant cette race.

 

En 1885, Sans-Gêne, un mâle de 3 ans appartenant au prince de Béarn, fut le premier Berger de Brie à être inscrit au Livre des Origines Français (LOF) géré par la Société Centrale Canine (SCC), qui avait été fondée 4 ans auparavant. Le Berger de Brie n’étant alors pas encore considéré comme une race à part entière, il fut enregistré sous l’appellation Berger Français. Trois ans plus tard, il remporta le premier prix lors de l’exposition canine de Paris.

 

Il contribua donc lui aussi à la reconnaissance du Briard comme race à part entière, ce qui finit par survenir en 1897, avec l’établissement d’un premier standard. Le Club des Amis du Briard fut fondé douze ans plus tard, en 1909 ; comme tout club de race officiel, il a pour mission de perpétuer la race et de favoriser sa diffusion. 

 

Le Berger de Brie fut également mis à l’honneur durant les deux guerres mondiales, car sa polyvalence lui permit alors de se rendre utile à l’armée française de nombreuses manières. Ainsi, il fit office non seulement de sentinelle et de messager, mais servit également pour détecter les mines, ou encore apporter de la nourriture et des munitions aux soldats. Il fut également chien ambulancier : en compagnie des médecins et/ou des infirmiers, il recherchait les soldats blessés et transportait le matériel médical afin que ceux-ci puissent être pris en charge rapidement.

 

Les deux conflits mondiaux eurent des conséquences dramatiques pour de nombreuses races canines européennes. Se trouvant en première ligne, le Berger de Brie fit partie des plus touchées. Beaucoup de ses représentants perdirent la vie, à tel point que la race faillit tout bonnement disparaître, en particulier après la Première Guerre Mondiale.

La diffusion internationale du Berger de Brie

On ne sait pas vraiment quand et comment le Berger de Brie fut introduit dans les pays limitrophes de la France (Belgique, Suisse…) ou au Canada.

 

Il est avéré en revanche qu’il ne mit les pattes au Royaume-Uni que très tardivement, puisqu’il fallut attendre les années 60.

 

En ce qui concerne les États-Unis, on pense que son introduction remonte à la Guerre d’Indépendance (1775-1783). En 1789, à son retour de France où il avait été ambassadeur, Thomas Jefferson (1743-1826) amena avec lui Bergère, une femelle Briard qui était alors gestante. Le futur Président des États-Unis possédait à ce moment-là un grand troupeau d’ovins, et il est probable qu’il ait choisi cette race en raison de ses qualités de chien de berger.

 

Bergère et sa descendance se révélèrent d’excellents chiens de travail. Dès l’année suivante, Jefferson fit venir un autre Briard depuis la Normandie. Puis, en 1806, son ami le marquis de La Fayette (1757-1834) lui envoya une femelle. En 1809, un autre ami français, Pierre Samuel du Pont de Nemours (1739-1817), lui fit parvenir deux autres spécimens. Enchanté par l’efficacité de ces chiens, Thomas Jefferson essaya de rendre le Briard populaire dans son pays, sans toutefois y parvenir. Il fallut attendre la fin de la Première Guerre mondiale, lorsque des soldats américains rentrèrent au pays avec des Bergers de Brie, pour qu’il commence à être un peu plus connu aux États-Unis. On considère toutefois que Bergère et ses congénères furent à l’origine des lignées américaines de la race.

La reconnaissance du Berger de Brie par les organismes officiels

Le Berger de Brie fut reconnu au cours du 20ème siècle par tous les principaux organismes cynologiques nationaux et internationaux.

 

Fort logiquement, la France fit figure de précurseur : la Société Centrale Canine (SCC) fut la première instance à reconnaître la race. Elle fut suivie d’assez près par les États-Unis, puisque l’American Kennel Club (AKC) en fit de même en 1928. L’autre organisme de référence du pays, le United Kennel Club (UKC), suivit en 1948.

 

En 1954, ce fut au tour de la Fédération Cynologique Internationale (FCI) de lui octroyer sa reconnaissance officielle. Celle-ci fut déterminante pour la diffusion internationale du Briard, car la FCI chapeaute les organismes cynologiques officiels de plus d’une centaine de pays – dont ceux de la France (SCC), la Belgique (Société Royale Saint-Hubert, ou SRSH) et la Suisse (Société Cynologique Suisse, ou SCS).

 

En revanche, la race n’ayant été introduite que tardivement dans le pays (dans les années 60), elle ne fut reconnue par le Kennel Club britannique qu’en 1971.

 

Par ailleurs, elle est également reconnue bien sûr par le Club Canin Canadien (CCC).