Les chiens au Brésil : infos et statistiques

Quand et comment les chiens sont-ils apparus au Brésil ?

Une peinture rupestre d'un chien en train de manger un petit animal trouvée dans le parc national de la Serra da Capivara (Brésil)
Peinture rupestre d'un chien dans la Serra da Capivara

Plusieurs études archéologiques ont montré que les premiers humains qui ont colonisé le continent sud-américain sont venus avec leurs chiens. Ainsi, les premières traces de chiens domestiqués au Brésil remontent à il y a plus de 10.000 ans.


Des études génétiques sur des ossements canins ont toutefois montré que ces chiens primitifs ont tous disparu, remplacés progressivement à partir du 15ème siècle par ceux importés d’Europe par les colons.  

Le nombre de chiens au Brésil

Une personne en train de promener son chien en laisse au bord de l'océan à Rio de Janeiro (Brésil)

Selon l’analyse « Pet Care in Brazil » menée en 2019 par Euromonitor International, le Brésil comptait alors 55 millions de chiens domestiques. Cela en fait le deuxième pays au monde avec la plus grande population de chiens domestiques, après les États-Unis et devant la Chine.


Sachant qu’il compte environ 210 millions d’habitants, il y a donc 262 chiens pour 1000 personnes – un chiffre supérieur à celui de la plupart des autres pays, et qui ne cesse d’augmenter. En effet, même si la proportion de foyers avec un chien est déjà élevée, elle continue de s'accroître. Une étude publiée en 2013 par le Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística (IBGE) indique ainsi qu’à l’époque 44% des ménages (soit 28 millions d’entre eux) possédaient au moins un chien – un pourcentage plus élevé que celui des foyers avec un enfant de moins de 12 ans.  D’après des chiffres publiés par la Pesquisa Nacional de Saúde (PNS), ce pourcentage atteignait en 2019 pas moins de 46 %, soit 34 millions de foyers - quasiment un sur deux !


Comme le confirment les chiffres d’Euromonitor, le début du 21ème siècle est ainsi marqué par un boom des adoptions : c’est ce qui explique que le nombre de chiens de compagnie au Brésil est passé d’environ 30 millions au mitan des années 2000 et 35 millions au début des années 2010 à plus de 50 millions une décennie plus tard.


Les chats domestiques ont également vu leur population croître fortement, mais ils restent largement distancés par le meilleur ami de l’Homme. Leur nombre est ainsi passé d’environ 15 millions au milieu des années 2000 à 20 millions au début des années 2010, et 25 millions à la fin de la décennie. Il est donc plus de deux fois inférieur à celui des chiens.

Les races de chiens au Brésil

Trois Fila Brasileiro qui se font des bisoux

Selon l’analyse « Pet Care in Brazil » menée en 2019 par Euromonitor International, le Brésil compte 55 millions de chiens domestiques, dont environ la moitié qui sont de petite taille (moins de 10 kg). Cette proportion nettement plus élevée que dans les autres pays s’explique par le taux d’urbanisation particulièrement élevé de la population (plus de 85%) : les citadins qui vivent en appartement ont tendance à privilégier un compagnon de petite taille.


Un peu moins d’une dizaine de races de chiens sont originaires du Brésil. La plus connue au niveau mondial est le Mâtin Brésilien (Fila Brasileiro), qui se caractérise par sa façon atypique de se déplacer : lorsqu'il marche, il déplace simultanément ses pattes avant et arrière du même côté, à la manière d’un chameau. Cette race serait issue de croisements entre des chiens endémiques du Brésil et des races européennes introduites par les colonisateurs portugais. Elle est reconnue par la Fédération Cynologique Internationale (FCI), dont sont membres une centaine d’organismes nationaux – c’est le cas notamment de ceux de la France, la Belgique et la Suisse.


Le Terrier Brésilien (Terrier Brasileiro) est la seule autre race locale ayant réussi à se faire un nom au niveau international, puisqu'elle aussi est reconnue notamment par la Fédération Cynologique Internationale (FCI).


Si la FCI – et généralement les organismes nationaux qui y sont affiliés – réserve un accueil favorable à ces deux chiens, on ne peut pas en dire autant de plusieurs autres institutions de référence au niveau mondial, non membres pour leur part de la FCI. En particulier, ni le Kennel Club (KC) britannique, ni l’American Kennel Club (AKC), ni le Club Canin Canadien (CCC) ne reconnaissent la moindre race brésilienne.


En parallèle du Mâtin Brésilien et du Terrier Brésilien, on trouve six races qui n’ont pas vraiment réussi à essaimer hors de leur pays d’origine, mais sont au moins reconnues par l’organisme officiel du pays, la Confederaçao Brasileira de Cinofilia (CBKC). Il s’agit du Buldogue Campeiro, du Buldogue Serrano, du Chien de Berger Gaucho (Ovelheiro gaúcho), du Chien Courant de la Pampa (Veadeiro Pampeano), du Dogue Brasileiro et du Rastreador Brasileiro.  Comme le CKBC reconnaît aussi bien sûr le Mâtin Brésilien (Fila Brasileiro) et le Terrier Brésilien (Terrier Brasileiro), on arrive à un total de huit races autochtones reconnues.


Les races les plus populaires au Brésil sont surtout des chiens de taille petite à moyenne (moins de 15 kg). Entre 2018 et 2020, les cinq races avec le plus d’enregistrements auprès du CKBC étaient (en ordre décroissant) le Spitz Allemand, le Bouledogue Français, le Shih Tzu, le Rottweiler et le Carlin. Seules deux races autochtones figuraient dans le top 30 : le Mâtin Brésilien (émargeant autour de la 15ème place) et le Buldogue Campeiro (vers la 25ème place). Ainsi, la majorité des races brésiliennes peinent à tirer leur épingle du jeu dans leur propre pays.


Dans tous les cas, il faut avoir conscience que les chiens de race sont largement minoritaires au Brésil par rapport aux croisés. Ainsi, la Confederação Brasileira de Cinofilia (CBKC) n’enregistre guère plus d’environ 130.000 spécimens par an : c’est très peu comparé à la population totale de chiens de compagnie, estimée à 55 millions.

 

D'après les résultats d’une étude menée en 2018 par la société MindMiners auprès de propriétaires de chiens, 48% de ces derniers étaient des croisés, pas même assimilables à une race en particulier.

L’organisme cynologique de référence au Brésil

Logo de la Confederaçao Brasileira de Cinofilia

Le Brésil a pour organisme cynologique officiel la Confederaçao Brasileira de Cinofilia (CBKC), dont le siège est à Rio de Janeiro. Elle est membre à part entière de la Fédération Cynologique Internationale (FCI), comme environ une centaine de ses homologues d’autres pays – dont ceux de la France, la Belgique et la Suisse.  Les pedigrees qu’elle délivre sont reconnus par ces derniers, et vice-versa.


La CBKC a pour missions principales de gérer le service d’enregistrement généalogique des chiens de race, d’entretenir des relations avec des entités cynophiles internationales et d’intervenir lors d’événements dédiés à la cynophilie. Environ 90 clubs locaux lui sont affiliés.


Elle reconnaît un peu moins de 250 races, dont huit originaires du Brésil : le Buldogue Campeiro, le Buldogue Serrano, le Chien de Berger Gaucho, (Ovelheiro Gaúcho), le Chien Courant de la Pampa (Veadeiro Pampeano), le Dogue Brasileiro, le Fila Brasileiro, le Rastreador Brasileiro et le Terrier Brésilien.


La CBKC a d’ailleurs une particularité : bien qu'elle soit membre de la FCI et reprenne donc la classification en dix groupes des races reconnues par cette dernière, elle a créé un onzième groupe totalement distinct, dédié à une quinzaine de races non reconnues par la FCI. On y trouve à la fois quelques races brésiliennes qui ne se sont pas encore vraiment répandues à l’international, ainsi que des races étrangères reconnues par des organisations autres que la FCI et non-membres de cette dernière.


Sur la période 2018-2020, pas moins de 130.000 chiens ont été enregistrés chaque année en moyenne auprès de la CBKC. Parmi les membres de la FCI, cela en fait le cinquième organisme avec le plus d’inscriptions annuelles. Par ailleurs, entre sa création en 1985 et 2020, leur nombre total s'élève à 3,5 millions.

Les propriétaires de chiens au Brésil

Deux hommes assis sur un banc avec un chien

D’après un sondage mené en 2016 par GfK au Brésil, 59 % des hommes interrogés avaient un chien, contre 57 % des femmes. Autrement dit, posséder un représentant de la gent canine n’est pas l’apanage d’un sexe plutôt que l’autre.  


En tout cas, il semble clair que l’animal occupe généralement une place à part dans le cœur de ses propriétaires. Ainsi, il ressort par exemple d’un sondage mené en 2019 par DogHero (une société de services pour chiens) auprès de 1500 maîtres que 59% indiquaient préférer passer leur samedi soir avec leur animal plutôt que de sortir. La société MindMiners s’est également intéressé à eux, et a publié en 2018 les résultats d’une étude de marché intitulée « Mercado de PETS: cachorro e gato » : il en ressort que 88% des personnes interrogées considèrent leur compagnon comme un membre à part entière de leur famille, et 29 % ont même déjà organisé une fête pour son anniversaire.


Cette grande proximité avec le chien est potentiellement à rapprocher du fait que dans environ 60% des cas, les propriétaires indiquent ne pas avoir d’enfants. C’est bien supérieur à la moyenne nationale, puisque seuls 19% des foyers brésiliens ne comportent pas d’enfant – un pourcentage qui augmente d’ailleurs fortement.  


Une étude sociologique réalisée par des chercheurs brésiliens, intitulée « Demographics and self-reported well-being of Brazilian adults as a function of pet ownership: A pilot study » et publiée en 2020 dans la revue Heliyon, permet aussi d’en savoir encore un peu plus sur les caractéristiques socio-démographiques des propriétaires d’animaux de compagnie du pays (chiens et chats confondus) :  type de logement, composition du foyer, revenus...


Elle montre notamment une corrélation entre le type d’endroit où on habite et la propension à avoir un animal de compagnie. Ainsi, près de 63% des répondants vivant dans une maison possédaient un animal, alors que c’était le cas de seulement 43% de ceux vivant en appartement. Autrement dit, un Brésilien habitant dans une maison est 50% plus susceptible de posséder un animal que s’il vit dans un appartement.  


Les personnes possédant leur logement sont également plus enclines à posséder un animal de compagnie que celles qui ne sont que locataires : 62 % des répondants propriétaires d’un logement en avaient un, contre seulement 55 % des locataires. Ce n’est pas vraiment une surprise, dans la mesure où au Brésil les contrats de location peuvent interdire les animaux domestiques.


Il ressort également de l’étude que 63 % des répondants qui possédaient un chat ou un chien n’avaient pas d’enfants. Les ménages sans enfants sont donc sur-représentés parmi les propriétaires d’animaux de compagnie : à l’échelle nationale, seuls 19% des foyers n’ont pas d’enfant.


Concernant le niveau de vie, il y avait près de 55 % de propriétaires d'animaux dans la tranche de revenu mensuel la plus basse, inférieure à 2 000 réaux (environ 400 euros) ; 66 % dans la deuxième tranche, de 2 000 à 4 000 réaux (entre 400 et 800 euros) par mois ; 59 % dans la troisième tranche, de 4000 à 8000 réaux (entre 800 et 1500 euros) ; et enfin 62 % dans la tranche supérieure à 8000 réaux mensuels (plus de 1500 euros). Ainsi, c’est dans les foyers aux revenus moyens ou élevés qu’on trouve le plus d’animaux de compagnie.

Le marché des produits et services pour chiens au Brésil

Un chien devant un bol de croquettes

Selon une étude de Market Reports publiée en 2019, le marché brésilien des aliments pour animaux de compagnie représentait en 2018 pas moins de 4,3 milliards d’euros.


Il est dominé par plusieurs acteurs d’envergure mondiale comme la multinationale suisse Nestlé (qui possède notamment la marque Purina), les multinationales américaines Mars (Royal Canin…) et Colgate-Palmolive (Hill's Pet Nutrition…), ainsi que par quelques acteurs locaux qui parviennent à tirer leur épingle du jeu : Nutriara, Total Alimentos (acquise par Neovia) et Mogiana.


Ce marché ne cesse de croître, car les propriétaires deviennent progressivement plus soucieux de la santé et de l'alimentation de leur compagnon. Il faut dire que les chiens domestiques sont de plus en plus considérés comme des membres à part entière de la famille, ce qui n’est pas sans conséquence sur les décisions d’achat.


Ce phénomène résulte de l'augmentation des revenus des Brésiliens et de l'évolution des modèles démographiques : baisse de la natalité (moins de 1,8 enfant par femme en 2018, contre plus de 2,3 en 2000, selon les chiffres de l’Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística - IBGE), augmentation du nombre de personnes célibataires (plus de la moitié des Brésiliens l’étaient en 2017, d’après une enquête Ipsos), augmentation de la proportion de couples sans enfant (20% en 2014, toujours selon l’IBGE).


Un nombre beaucoup plus élevé qu’autrefois de personnes a donc potentiellement plus de temps et d’argent disponible pour s’occuper au mieux d’un animal de compagnie. De fait, comme ailleurs, on observe une corrélation très nette entre les revenus du foyer et le montant dépensé pour ce dernier – comme le montrent notamment des statistiques de l’Instituto Pet Brasil (IPB).    


Selon une enquête de MindMiners publiée en 2018, intitulée « Mercado de PETS: cachorro e gato », 86 % des répondants dépensaient entre 1200 et 3600 réaux (environ de 215 à 650 euros) par an pour leur chien. Une autre enquête de 2019 menée quant à elle par l'Instituto Pet Brasil (IPB) permet pour sa part d’en savoir plus sur la moyenne : celle-ci se situait alors autour de 4000 réaux par an (environ 650 euros), tirée vers le haut par certains propriétaires qui dépensent sans compter pour leur compagnon.


On constate toutefois bien sûr des écarts importants en fonction du gabarit de l’animal. Ainsi, les chiffres de l’IPB montrent que les chiens de petite taille (jusqu’à 10 kg) ont engendré en moyenne une dépense annuelle de 3200 réaux (environ 500 euros), ceux de taille intermédiaire (11 à 25 kg) 4000 réaux (environ 625 euros). Quant aux grands chiens (26 kg à 45 kg), leurs propriétaires leur ont consacré en moyenne autour de 5000 réaux par an (environ 800 euros).


Toutes tailles de chiens confondues, une part importante du budget annuel est allouée à l’alimentation, qui s’élève en moyenne à 1500 réaux par animal (environ 230 euros par an).

L’abandon et l’adoption de chiens au Brésil

Un chien allongé sur un sol en pierre dans un village au Brésil

Selon les chiffres de l’Instituto Pet Brazil, en 2019 environ 170.000 animaux abandonnés étaient pris en charge par des ONG et des refuges. 96% d’entre eux étaient des chiens, et 4 % des chats.  L’institution recensait alors 370 ONG et organismes travaillant dans le domaine de la protection des animaux. Près de la moitié se trouvent dans la région du Sud-Est, suivie du Sud (18 %), du Nord-Est (17 %), du Nord (12 %) et enfin du Centre-Ouest (7 %).


Les chiffres de la Comissão de Animais de Companhia (COMAC) publiés en 2021 par le Sindicato Nacional da Indústria de Produtos para Saúde Animal (Sindan) montrent quant à eux que près d’un tiers des chiens présents dans les foyers brésiliens ont été adoptés alors qu’ils étaient abandonnés : soit directement dans la rue, soit auprès d’une association opérant ou non un refuge – le premier cas est d’ailleurs deux fois plus fréquent que le second. Ce tiers représente moins toutefois que les 41% qui ont été achetés auprès d’un éleveur (23% du total) ou d’une animalerie (18% du total).

 

Les risques que les chiens représentent pour la biodiversité

Un chien assis dans la jungle

Selon une étude de chercheurs brésiliens publiée en 2016 dans la revue Natureza & Conservação et intitulée « Domestic dogs in protected areas: a threat to Brazilian mammals? », la présence de chiens dans des zones naturelles protégées est assez fréquente au Brésil. Elle a été constatée dans une trentaine de parcs nationaux au Brésil, et est favorisée par les activités humaines (personnes habitant aux alentours et chasseurs qui s’aventurent dans des zones protégées). Il s'agit à la fois de chiens sauvages, de chiens errants et de chiens domestiques en divagation.


Dans tous les cas, leur présence entraîne le déclin des populations de certaines espèces d’animaux sauvages indigènes, notamment des carnivores. Les recherches menées dans différentes zones protégées en ont ainsi répertorié 37 qui sont affectées, en raison de la concurrence pour l’alimentation, de la prédation ou encore de la transmission d'agents pathogènes.


Pour éviter que les chiens ne nuisent à la biodiversité, plusieurs mesures peuvent être mises en place, comme interdire aux personnes se promenant dans des zones protégées de venir avec leur animal ou recenser les chiens vivant aux environs et rendre leurs propriétaires responsables s’ils occasionnent des dégâts (par exemple via des contraventions). Les aires protégées peuvent aussi être surveillées via des caméras. Des campagnes de sensibilisation et de stérilisation des chiens domestiques peuvent également être organisées pour éviter in fine l'augmentation du nombre de chiens errants et sauvages.  


La mise en place concrète de ces mesures se heurte toutefois à diverses difficultés, notamment parce que certains chiens en divagation appartiennent en fait à des personnes vivant dans des favelas : elles ne disposent pas de ressources suffisantes pour stériliser leur animal, ni pour lui fabriquer un enclos afin de l’empêcher de pénétrer dans des zones protégées.


Par ailleurs, les chiens en divagation dans les espaces naturels brésiliens peuvent être non seulement responsables de la propagation de maladies entre espèces animales, mais également de celle de maladies transmissibles à l’Homme (zoonoses). En plus d’être une menace pour la biodiversité, ils représentent donc un risque sanitaire pour les humains.

Dernière modification : 06/05/2024.

Sommaire de l'article

  1. Page 1 : Pourquoi y-a-t-il plus de chiens dans certains pays ?
  2. Page 2 : Les États-Unis
  3. Page 3 : Le Brésil
  4. Page 4 : La Chine
  5. Page 5 : L'Inde
  6. Page 6 : La Russie
  7. Page 7 : Le Royaume-Uni
  8. Page 8 : Les Philippines
  9. Page 9 : L'Allemagne
  10. Page 10 : L'Argentine
  11. Page 11 : Le Japon