Lorsque l'urée n'est plus suffisamment éliminée par les reins, elle se stocke dans l'organisme et provoque le blocage de ces derniers.
L’insuffisance rénale chronique résulte d’une altération progressive et irréversible des cellules rénales. Une maladie héréditaire, un agent infectieux comme la leptospirose, une exposition à des toxines ou encore des troubles circulatoires peuvent en être à l'origine, mais elle peut également être l’aboutissement de la plupart des maladies rénales.
Pour le chien, comme pour l'être humain, le rein est une véritable usine d'épuration. Il contribue à l'équilibre intérieur et protège l'organisme d'une intoxication possible par ses propres déchets. Son fonctionnement est directement lié à celui du bas appareil urinaire (uretère, urètre, vessie et pénis/vagin), chargé pour sa part d'éliminer l'urine produite.
Les deux reins épurent l'organisme en filtrant l'ensemble du plasma de la circulation sanguine. Lors du passage du plasma sanguin à travers le rein, celui-ci retient les toxines (urée...) ainsi qu'une partie des ions et des minéraux afin de les éliminer, et réabsorbe d'autres éléments (sucre...) pour qu'ils restent dans le sang.
L'insuffisance rénale, aussi appelée urémie, est un dysfonctionnement des reins : ils ne filtrent plus correctement le sang et ne régulent plus les équilibres ioniques et sécrétions de substances utiles pour le bon fonctionnement de l'organisme.
L'insuffisance rénale peut être de deux types :
Les causes d'une insuffisance rénale chez les chiens sont nombreuses.
Il existe trois types de causes d'insuffisance rénale aiguë chez le chien : les causes pré-rénales, les causes rénales, et les causes post-rénales.
L'insuffisance rénale aiguë prérénale est due à une diminution du sang dans les reins. Elle peut résulter d'une hypovolémie causée par une déshydratation, de brûlures étendues, d'une hémorragie, d'une baisse du débit cardiaque liée à une maladie cardiaque, de la présence d'un caillot, ou encore d'un rétrécissement ou d'une dilatation générale des vaisseaux sanguins.
L'insuffisance rénale parenchymateuse est due à une atteinte des tissus fonctionnels du rein. Elle peut découler d'une insuffisance rénale aiguë prérénale ou résulter d'un empoisonnement (par exemple à la suite d'une morsure de serpent), d'une intoxication médicamenteuse ou à l'antigel, d'une hypercalcémie, d'une pancréatite ou encore d'une infection, comme la leptospirose.
L'insuffisance rénale aiguë post-rénale est une difficulté du chien à uriner qui peut être causée par l'obstruction de l'urètre ou du col de la vessie, ou par une rupture des voies urinaires. Cette obstruction peut avoir pour origine une tumeur, un calcul rénal ou le rétrécissement du canal du fait d'une hernie ou d'une prostate trop grosse.
L'insuffisance rénale chronique découle de la destruction progressive et malheureusement irréversible du rein. De très nombreuses causes congénitales, héréditaires ou acquises peuvent être à l'origine de ce trouble. En effet, une infection rénale non traitée à temps, une malformation rénale, des lésions au niveau du rein ou encore des problèmes urinaires répétés peuvent causer le remplacement des néphrons - les tissus fonctionnels du rein - par du tissu fibreux non fonctionnel.
Chez le chien âgé, l'insuffisance rénale chronique résulte souvent des multiples agressions subies par le rein au cours de sa vie, alors que chez le chien plus jeune, elle résulte plutôt de maladies rénales congénitales.
Dans un cas comme dans l'autre, des phénomènes compensatoires se mettent en place pour assurer tant bien que mal la filtration du plasma et la formation de l'urine, ce qui fait que les signes cliniques d'une insuffisance rénale chronique ne sont détectables qu'à partir d'une perte de tissu rénale souvent supérieure à 60%. Avant ce stade, le chien ne présente aucun symptôme, ce qui rend le diagnostic très compliqué et l'insuffisance rénale irréversible : quand elle devient visible, il est déjà trop tard.
L'insuffisance rénale chronique touche les chiens de tous âges, mâles comme femelles, mais est plus souvent présente chez les animaux âgés, chez qui elle représente la troisième cause de mortalité. Certaines races comme le Shar-pei, le Dobermann, le Samoyède ou encore le Keeshond y sont prédisposées.
Les symptômes d'une insuffisance rénale chez le chien sont nombreux et peu spécifiques.
Ils apparaissent brutalement dans le cas d'une insuffisance rénale aiguë, progressivement dans le cas d'une insuffisance rénale chronique. Ils sont variés, car les fonctions rénales le sont également : excrétion des déchets de l'organisme, régulation de l'hydratation de l'organisme et des minéraux qu'il contient, sécrétions d'hormones diverses...
La quantité d'urine est souvent diminuée, mais peut aussi être parfaitement normale ou être augmentée en même temps que la prise d'eau. Le chien peut également avoir du mal à uriner.
L'urée qui s'accumule au niveau des muqueuses digestives et buccales se transforme en ammoniac et peut être à l'origine d'anorexie, de diarrhée, de vomissements, de mauvaise haleine, d'ulcération buccale ou encore d'ulcère gastro-intestinal.
Le chien peut voir sa vigilance et son état de conscience diminuer, être léthargique, souffrir de troubles du comportement, trembler, perdre l'équilibre, avoir des difficultés pour se déplacer, être atteint de crampes ou de faiblesse musculaire, voire être atteint de crises convulsives pouvant aller jusqu'au coma.
Dans le cas d'une insuffisance rénale chronique, le chien peut également souffrir de troubles ophtalmologiques (conjonctivite, hémorragie, décollement de la rétine, cécité...), de troubles de la coagulation ou encore de dérèglements endocriniens (hyperparathyroïdie secondaire).
Le diagnostic d'une insuffisance rénale se réalise souvent grâce aux symptômes, mais surtout grâce aux examens cliniques approfondis et aux examens complémentaires mis en place par le vétérinaire. Ce dernier peut avoir recours à des prises de sang, des analyses d'urine, des échographies cardiaques et abdominales, des radiographies, des électrocardiogrammes, une biopsie rénale ou encore une mesure de la pression artérielle.
Dans tous les cas, le traitement de l'insuffisance rénale dépend de son type et de sa cause.
S'il s'agit d'une insuffisance rénale aiguë, le traitement peut reposer sur la mise en place d'un traitement antibiotique, ou au contraire l'arrêt d'un traitement posant problème (en cas d'insuffisance rénale aiguë prérénale).
S'il y a obstruction des voies urinaires (à cause de calculs, d'une tumeur...), un retrait par voie chirurgicale peut être nécessaire. Quoi qu'il en soit, le chien est mis rapidement sous perfusion intraveineuse pour réhydrater son organisme.
S'il s'agit d'une insuffisance rénale chronique, son caractère irréversible fait qu'elle ne peut pas être guérie.
Le traitement alors administré au chien permet seulement de ralentir l'évolution de la maladie en diminuant la charge de travail du rein, mais aussi à soulager les symptômes (diarrhée, vomissement...) et réduire les troubles vitaminiques ou minéraux.
Dans la gestion d'une insuffisance rénale, et encore plus s'il s'agit d'une insuffisance rénale chronique, l'alimentation joue un rôle primordial. Elle permet de prévenir l'anorexie ou la diminution du poids du chien, de maintenir une pression sanguine suffisante au niveau du rein, de limiter les perturbations du métabolisme du calcium et de limiter la production de toxines urémiques.
Elle doit contenir des protéines en quantité réduite mais de haute valeur biologique, peu de phosphore, mais au contraire être renforcée en potassium, car 30% des animaux qui souffrent d'insuffisance rénale chronique manquent de potassium.
Le pronostic de l'insuffisance rénale chez le chien dépend de la gravité du cas. En tout état de cause, le pronostic d'un chien atteint d'insuffisance rénale chronique est rarement favorable. L'espérance de vie une fois le diagnostic posé est variable d'un individu à un autre, et dépend notamment du stade de la maladie et de la précocité du diagnostic. La progression de la maladie peut toutefois être ralentie (mais pas arrêtée) par un traitement bien mené.