Les chiens de recherche de stupéfiants (drogues illicites)

Le travail d'un chien de recherche de stupéfiants

Le travail d'un chien de recherche de stupéfiants

On trouve des unités cynophiles spécialisées en recherche de stupéfiants (c’est-à-dire de drogues illicites) dans tous les corps de police et dans tous les pays, que ce soit les Polices nationales, les Gendarmeries, les Douanes ou encore les agences fédérales, comme les Marshals, le FBI ou la DEA aux Etats-Unis.

 

Guidés de la voix et du geste par leur maître pour ne rien laisser passer, les chiens « stup » sont présents dans les gares, les aéroports, sur des parkings, aux frontières et dans mille autres lieux, reniflant les camions, les voitures, les valises ou les gens, à la recherche de substances illicites qu’ils ont appris à mémoriser une par une.

La sélection des chiens de recherche de stupéfiants

Les races les plus utilisées comme chien de recherche de drogue illicite

Les races les plus utilisées comme chien de recherche de drogue illicite

À l’instar des autres chiens de détection, comme par exemple les chiens de recherche d’explosifs, un chien utilisé pour rechercher des stupéfiants doit avant tout avoir un excellent flair.

 

Ce sont certes les qualités individuelles de chaque individu qui le rendent ou non susceptible de remplir ce rôle, mais certaines races de chiens sont particulièrement représentées, à l’instar du Berger Allemand, du Berger Belge Malinois, du Labrador Retriever, du Foxhound ou encore du Beagle, qui excelle dans cette spécialité.

 

Dans les années 90, on trouvait aussi beaucoup de Caniches dans les services douaniers : chiens de très petite taille, ils se faufilent partout et ont des capacités d’apprentissage importantes. Mais ils ont été depuis quasiment abandonnés, car les missions de détection nécessitent de faire appel à des chiens plus endurants.

Au Canada, le Beagle et le Berger Allemand sont particulièrement employés, alors qu’en Suisse prédominent le Berger Allemand et le Berger Belge Malinois. En France et en Belgique, on trouve un peu toutes les races canines précitées.

Les qualités requises pour un chien de recherche de stupéfiant

Les qualités requises pour un chien de recherche de stupéfiant

Les qualités attendues pour faire un bon chien de recherche de stupéfiant sont avant tout individuelles, et c’est ce qui explique qu’on peut avoir un bon chien « stup » qui ne fasse pas partie des races canines les plus couramment employées à cette fin.

En plus d’être doté d’un flair très fiable, il doit savoir rester calme en toute circonstance, mais aussi être un chien très joueur, en l'absence de quoi l’apprentissage serait, sinon impossible, du moins bien plus ardu. En outre, une taille moyenne lui permet de se faufiler dans des endroits difficiles d’accès et d’être soulevé par son maître lorsque cela est nécessaire, en particulier pour une inspection en hauteur - raison pour laquelle les très grands chiens ne sont pas privilégiés.


De fait, les qualités qu’un chien de recherche de stupéfiant doit présenter sont globalement les mêmes que celles des autres chiens de détection, quelle que soit leur spécialité.

Les modalités de sélection des chiens de recherche de stupéfiants

Les modalités de sélection des chiens de recherche de stupéfiants

Tous les chiens de détection sont sélectionnés de la même manière. On suit pour cela les protocoles expliqués précédemment, par pays et par service de police. Que ce soit pour la recherche de stupéfiant ou de toute autre chose, la détection est une spécialité : les chiens sont formés après un « tronc commun ».

 

Selon leurs aptitudes naturelles et leurs résultats aux tests effectués à l’issue de ce « tronc commun », ils sont dans un second temps spécialisés soit en défense/intervention, soit en détection. Les chiens destinés à la défense/intervention pourront se « spécialiser » en chiens d’assaut, et les chiens destinés à la détection deviendront, selon les besoins, des chiens de recherche d’explosifs, des chiens de recherche de personnes, etc.

La formation des chiens de recherche de drogues illicites

La formation des chiens en France

La formation des chiens en France

La formation d’un chien destiné à rechercher des stupéfiants ressemble beaucoup à celle des chiens de recherche d’explosifs ou d’autres produits.

Les motivations du chien sont toujours de faire plaisir à son maître et de jouer : la formation est donc basée sur ces deux piliers. Les chiens sont formés dans les centres précédemment évoqués, à savoir le CNFUC (Centre National de Formation des Unités Cynophiles) pour la Police Nationale et le CNICG (Centre National d’Instruction Cynophile de la Gendarmerie) pour la Gendarmerie, ainsi qu’à l’École Nationale des Chiens Douaniers de La Rochelle. Cette formation dure entre 3 et 6 mois selon les corps de police : 3 mois pour la Police Nationale, 6 mois au total pour la Gendarmerie, et 3 mois et demi au total pour les Douanes.

La première phase est celle du « débourrage », et sa durée peut varier un peu d’un service à l’autre. Ainsi, elle est par exemple de 3 mois à la Gendarmerie Nationale française, mais de 10 semaines aux Douanes françaises. Pendant cette phase, le chien apprend à détecter essentiellement le cannabis et la cocaïne (et même seulement le cannabis au départ à la Gendarmerie). Pour cela, on utilise des bâtonnets stériles sur lesquels on dépose des molécules pures de ces substances : il y a l’odeur, mais pas le produit, car il est bien sûr hors de question que le chien soit au contact de la drogue - ni à ce moment-là, ni jamais, au demeurant. Il travaille ensuite avec de vrais échantillons, toujours sans contact direct, car contrairement à ce que l’on entend parfois de la part de personnes mal renseignées, les chiens de recherche de stupéfiants ne sont pas drogués. Ils ne recherchent d’ailleurs pas de la drogue, mais leur jouet, qu’ils ont associé au cours de leur formation à l’odeur de la drogue. Au demeurant, s’il avait la possibilité d'en ingérer, la drogue conduirait le plus souvent à une intoxication alimentaire, d’où le fait qu’il ne doit jamais être en contact direct avec.

Environ six mois plus tard, le chien et le stagiaire maître-chien policier à qui il a été confié font un stage de 4 semaines (dans le cas des Douanes) ou de 3 mois (dans le cas de la Gendarmerie) pour apprendre la détection d’autres drogues, dites dures, y compris les plus modernes : l’ecstasy, qui est très difficile à détecter car très peu odorante, les amphétamines, le krack, etc. Pendant cette période, le chien et son maître se forment ensemble. À la fin de ce stage, ils passent un examen et sont déclarés opérationnels, sous réserve bien sûr de réussite dudit examen.

Quelle que soit la drogue sur laquelle le chien travaille, elle est en premier lieu placée dans un jouet qui lui appartient : elle est certes inaccessible, mais le chien repère son odeur et l’associe au jouet. Par la suite, la drogue est dissociée du jouet, et les cachettes sont de plus en plus complexes. C’est le maître qui donne à son chien son jouet et force caresses et compliments quand il « marque » la substance.

Au départ, le chien travaille seul. Dans un second temps, le maître le guide en lui désignant certains points. Cette phase est particulièrement utilisée sur des chiens très enthousiastes qui ont tendance à « survoler » les zones. Si le maître pense qu’une zone mérite plus d’attention, il passe la main dessus pour que le chien y revienne, car c’est une recherche presque centimètre par centimètre, certaines drogues n’ayant pas beaucoup d’odeur. Le geste est toujours accompagné d’encouragements et de rappels vocaux pour attirer l’attention du chien.

 

Les chiens de recherche de stupéfiants (drogues illicites)

Mais le chien peut aussi travailler « nez au vent » pour repérer des stupéfiants à distance, dans le cas de perquisitions de domiciles, ou pour travailler sur des camions, en plein air (sur des parkings, en bord de route, etc.). Il faut cependant que les conditions s’y prêtent, et tenir compte du sens du vent.

Comme pour la recherche d’explosifs par des chiens, la détection sur voiture se fait en deux temps: d’abord l’extérieur du véhicule, puis l’intérieur, coffre et habitacle.

Pendant la formation, on habitue également le chien à travailler sur le port et à bord de bateaux (l’École des Douanes est à La Rochelle, en bord de mer), pour le familiariser avec cet environnement particulier et déroutant pour lui. En effet, il sera plus tard amené à travailler en mer, à bord des vedettes des Douanes, et doit donc s’habituer aux odeurs et au tangage, qui ne doivent pas le perturber dans son travail. On procède d’ailleurs de même à la Gendarmerie et à la Police Nationale, puisque les chiens doivent pouvoir être opérationnels quel que soit leur lieu d’affectation, y compris sur le littoral.

Enfin, il est familiarisé avec les tapis à bagages. Compte tenu du rythme soutenu, le chien a peu de temps pour sentir chaque valise ou sac : son maître l’aide donc en appuyant sur chaque bagage, pour en faire sortir une odeur éventuelle. Un chien utilisé sur les bagages dans la Gendarmerie ou la Police Nationale travaille davantage en autonomie, mais le maître n’est pas loin pour le guider si besoin est.

Pour marquer une odeur suspecte, plusieurs réactions sont possibles, en fonction du centre de formation par lequel est passé le chien : grattage et/ou aboiements (désignation active), ou assis/couché sans aboyer (désignation passive).

Un chien « stup » opérationnel est capable de détecter toutes les drogues odorantes existantes, c’est-à-dire le cannabis, l’héroïne, la cocaïne et tous leurs dérivés. En outre, comme le chien de recherche d’explosifs, il peut en apprendre de nouvelles tout au long de sa carrière, car de nouvelles substances sont susceptibles d’apparaître sur le marché. De fait, les chiens de recherche de stupéfiants sont entraînés régulièrement pour rester au plus haut niveau de détection, de façon à réussir à déjouer les tentatives de dissimulation des trafiquants, qui font parfois preuve de beaucoup d’imagination, mais connaissent mal le fonctionnement de l’odorat du chien. Des saisies pouvant aller de quelques grammes à plusieurs dizaines de kilos ont ainsi été réalisées sur des stupéfiants dissimulés dans de la nourriture, dans des produits à forte odeur (café, cannelle, poivre…), voire même dans des jouets pour chien. Autant dire qu’il n’est pas facile de tromper le nez des chiens douaniers…

La formation des chiens en Belgique

La formation des chiens en Belgique

En Belgique, la Police Fédérale et les Douanes forment des chiens de recherche passifs, qui recherchent de la drogue sur des personnes et non dans des lieux. On les utilise dans des endroits où il y a beaucoup de monde, comme les écoles, les prisons ou les aéroports. Si le chien flaire une odeur qui lui semble suspecte, il s’assied pour désigner. C’est au maître ensuite de comprendre et d’interpréter.

Les chiens de recherche active (sur bagages, véhicules, etc.) sont quant à eux formés uniquement par les Douanes belges.

La formation des chiens en Suisse

En Suisse, la formation des chiens de recherche de stupéfiants est plus longue qu’ailleurs, car elle dure au total environ un an. Cela dit, les modalités d’apprentissage sont similaires aux autres pays.

La formation des chiens au Canada

La formation des chiens au Canada

Au Canada, après sa formation de base de 18 semaines au centre de formation de la Gendarmerie Royale du Canada (GRC), commune à tous les chiens policiers renifleurs, le chien se spécialise pendant son stage de cinq semaines, pour apprendre graduellement à dépister et à faire de la recherche en extérieur et en intérieur.

La légalisation du cannabis en octobre 2018 a eu bien sûr des répercussions, qu’il a fallu gérer. La première odeur à laquelle le chien est formé étant précisément le cannabis, il a fallu renoncer à tous les chiens formés jusqu’alors, car il est impossible de les « déprogrammer ». Les chiens vieillissants ont été mis à la retraite, les autres ont été cédés à d’autres services ou à d’autres pays (beaucoup sont partis aux États-Unis), ou ont été adoptés comme animaux de compagnie. Une dizaine de nouveaux chiens est actuellement en cours de formation.

Dernière modification : 09/06/2020.