Interview témoignage : le métier de taxi animalier

Un photo du taxi pour animaux d'Olivier Morin

Il arrive parfois qu'on ait besoin de transporter son chien quelque part : visite chez le vétérinaire, rendez-vous chez le toiletteur, dépôt chez des proches pour qu'ils le gardent lors d'une absence...


Or, tout le monde n'a pas forcément le permis de conduire, ou ne possède pas forcément un véhicule, voire ne sent tout simplement pas à l'aise avec l'idée de prendre son chien en voiture. En fonction du lieu où on habite ainsi que de la réglementation, il est parfois possible de se rabattre sur les transports en commun, mais ce n'est pas forcément de tout repos - voire ça peut être un mauvais moment pour l'animal, pour le maître et/ou pour les tiers. Quant aux taxis, nombre d'entre eux n'acceptent tout simplement pas les animaux.


Il existe toutefois une option parfois ignorée, mais qui n'est pas sans avantages : le confier à un professionnel du transport d'animaux, c'est-à-dire un taxi animalier. C'est le métier qu'exercice Olivier Morin, et sur lequel il témoigne...

Sommaire de l'article

  1. 1. Se lancer comme taxi animalier
  2. 2. Le quotidien d’un taxi animalier
  3. 3. La profession de taxi animalier

Se lancer comme taxi animalier

Bonjour. Pouvez-vous vous présenter ?

Logo d'Aniwal

Bonjour ! Je m’appelle Olivier Morin. Je suis né en 1974 et suis depuis 2009 à la tête de Aniwal, un service de taxi animalier localisé à Roissy-en-Brie, en région parisienne.

 

Je n’ai pas de salarié et travaille seul, mais dispose de deux véhicules différents, en fonction des animaux transportés (nombre, taille, poids, volume…).

Pourquoi avez-vous choisi de devenir taxi animalier ?

Étant depuis toujours dans le secteur du transport, et passionné en même temps de chiens et chats, je me suis dit qu’il serait formidable de se lancer dans une activité qui relie les deux.

Quelle formation avez-vous suivi pour vous lancer ?

Le taxi animalier d'Olivier Morin

J’ai suivi la formation TAV (Transport d’Animaux Vivants, qui dure 3 jours et coûte 300 euros) ainsi que celle pour obtenir la capacité de transport de personnes et de marchandises (qui pour sa part prend 3 semaines et coûte autour de 1500 euros). Cela m’a permis d’obtenir une licence de transport, et ce faisant de m’inscrire au registre des transporteurs routiers.

 

En clair, j’ai suivi tout le parcours et effectué toutes les procédures pour créer ma société en étant parfaitement en règle.

Quels sont les coûts pour se lancer ?

Le taxi pour animaux d'Olivier Morin

Quand on cumule les formations, le véhicule, les équipements spécifiques pour que ce dernier soit apte à transporter des animaux, et enfin les dépenses pour se faire connaître (flyers, site Internet, marquage du véhicule…), il est souhaitable de pouvoir investir environ 20.000 euros.

 

Cela dit, il est possible d’économiser sur le principal poste de coût (le véhicule) en optant pour de la location longue durée ou du leasing, plutôt que de l’acheter. Un véhicule d’occasion peut aussi faire l’affaire pour commencer, et un tel choix permet des économies substantielles. Il est donc possible de se lancer dans l’aventure en ne disposant que d’environ 10.000 euros.

Au-delà des coûts, est-il compliqué de se lancer ? De développer et fidéliser sa clientèle ?

Des Cavaliers King Charles dans une cage dans un taxi animalier

Depuis que je me suis lancé, je ne cesse d’entendre des gens me dire qu’ils trouvent que le principe de taxi animalier est formidable, et qu’ils ne savaient même pas que ça existait. Cette activité souffre donc d’un certain déficit de notoriété, et c’est évidemment un handicap. Les vétérinaires en particulier pourraient aider à nous faire davantage connaître, d’autant qu’on leur amène de l’activité, mais c’est rarement le cas.

 

Si on ajoute au fait que cette profession est peu connue celui que la concurrence est assez rude et que certains acteurs ne respectent pas forcément la réglementation (notamment des VTC qui se mettent à transporter des animaux), on comprend aisément combien se lancer comme taxi animalier et parvenir à faire croître son entreprise n’est pas de tout repos.

 

D’ailleurs, beaucoup de nouveaux acteurs cessent leur activité quelques années (ou mois) après s’être lancés.

Êtes-vous facilement parvenu à vous faire une place dans votre métier, et à en vivre correctement ?

Un des taxis animaliers d'Olivier Morin

Non, ce ne fut pas facile du tout. Pour réussir à percer, il faut être très disponible, se remettre en question en permanence et… être patient. En effet, plusieurs années sont généralement nécessaires avant de pouvoir se payer correctement et vivre de son travail. En outre, les clients vont et viennent en fonction de leurs besoins : il est assez difficile de les fidéliser.

 

Tout ceci explique d’ailleurs que beaucoup de ceux qui se lancent finissent par jeter l’éponge au bout d’une poignée d’années. Dans mon cas, il aura fallu pas moins de cinq années avant d’être en mesure de me rémunérer décemment.

Pensez-vous que c’est un métier « stable » ?

Deux chiens dans des cages de transport dans un taxi pour chiens

C’est compliqué de se faire une place, surtout quand on est comme moi dans un important bassin de population et donc qu’il existe de nombreux concurrents – voire options de transport alternatives. En outre, rien n’est jamais totalement acquis. En effet, contrairement à d’autres métiers, les demandes sont souvent ponctuelles : il est rare qu’un maître ait besoin de faire appel à un taxi animalier de nombreuses fois dans l’année. En outre, le service proposé demeure assez basique : il est moins facile par exemple de se différencier ou se distinguer que pour un toiletteur.

 

Par conséquent, les possibilités de fidéliser la clientèle sont limitées dans ce métier : il faut sans cesse faire de la publicité et chercher de nouveaux clients, que souvent on ne reverra jamais. Néanmoins, avec beaucoup de persévérance et en veillant à faire du travail de qualité, on peut réussir et bénéficier alors de revenus assez stables, mais il ne faut jamais relâcher ses efforts.

Le quotidien d’un taxi animalier

Votre activité est-elle saisonnière ?

Il n’y a pas de périodes vraiment creuses : je travaille d’ailleurs à plein temps l’ensemble de l’année. Cela dit, les demandes sont plus nombreuses pendant les périodes de vacances scolaires.

L’activité repose-t-elle essentiellement sur des clients réguliers, ou bien plutôt au contraire sur beaucoup de missions uniques ?

Un chiot Shiba Inu dans une cage de transport, dans un taxi pour chiens

Le plus gros du chiffre d’affaires est lié à des missions uniques, de type urgence vétérinaire ou transfert vers / depuis les gares et aéroports.

 

Je dirais qu’à l’échelle d’une année, 80% des demandes sont le fait de nouveaux clients, et 20 % de personnes qui avaient déjà fait appel à mes services par le passé.

Est-ce que les chiens représentent une part majoritaire de l’activité ?

Les chiens représentant environ 60% de l’activité, et les chats autour de 40%. Les demandes concernant des souris, lapins, NACs (tortues, reptiles…) et autres espèces sont pour leur part complètement marginales.

Comment se passe la prise en charge d’un chien ?

La plupart du temps, je me rends directement chez le propriétaire avec mon véhicule : la prise en charge à domicile est une dimension importante du service. Le chien m’est alors présenté : nous prenons 5 à 10 minutes pour faire connaissance (en général, le courant passe vite), puis je le fais monter à bord afin de l’emmener vers la destination prévue (aéroport, gare, pension, vétérinaire...).

Quelles sont les modalités tarifaires ?

Un chien dans une cage dans un taxi pour chiens

J’applique un forfait au kilomètre pour les petites distances (moins d’une cinquantaine de kilomètres), quelle que soit la durée que le trajet prend effectivement et le nombre d’animaux transportés. Quant aux grandes courses, c’est uniquement sur devis en fonction non seulement de la distance, mais aussi des péages et de la nécessité éventuellement de prévoir un hébergement.

 

Par ailleurs, j’applique dans certains cas un supplément tarifaire : nuit, jour férié ou dimanche, délai d’attente (par exemple dans le cas d’un transport chez le vétérinaire), très gros chien nécessitant une cage spécifique, nombre vraiment élevé d’animaux, etc.

 

En outre, le prix demandé est plus élevé pour un très gros chien, étant donné qu’il faut alors une cage plus vaste (voire du matériel de sécurité en plus) et opter pour le grand véhicule au lieu du petit.    

 

Quoi qu’il en soit, le tarif est toujours fixé à l’avance : il n'y a pas de mauvaise surprise possible pour le client.

Certains types de véhicules sont-ils particulièrement recommandés pour ce métier ?

Un utilitaire transformé en taxi animalier

Oui, car il faut un véhicule suffisamment spacieux pour pouvoir accueillir les chiens dans de bonnes conditions, quelle que soit leur taille – la réglementation est d’ailleurs très précise quant aux dimensions qu’une cage de transport doit avoir.

 

L’idéal est un utilitaire équipé de la climatisation, bien ventilé et disposant de grilles d’aération.

 

Une grande voiture peut aussi faire l'affaire, mais cette solution limite considérablement le nombre d'animaux que l’on peut transporter en même temps.

Quelles sont les situations les plus courantes dans lesquelles des propriétaires de chien font appel à vous ?

Deux chiens dans un taxi pour animaux

Les trajets depuis ou vers les aéroports et les gares représentent une part importante de l’activité (environ un tiers), car les taxis ne prennent pas les animaux. Pour le reste, j’ai aussi beaucoup de demandes pour déposer un chien en pension canine (ou l'en ramener), chez le vétérinaire, etc.

 

Beaucoup de demandes sont donc prévisibles du côté du client, et pour celles-là une réservation est vivement conseillée : cela permet d’être sûr d’avoir un transporteur sur qui on peut compter. J’établis ainsi un planning chaque semaine, et les quelques courses de dernière minute sont gérées au cas par cas.

 

Ces dernières nécessitent d’ailleurs une grande disponibilité et réactivité, étant donné qu’il s’agit souvent d’urgences. Étant seul, je ne propose pas d’intervenir 24 heures sur 24, mais fais le maximum en fonction de mes possibilités.

 

Enfin, j'effectue également des déménagements d'animaux et des déplacements sur les lieux de vacances des propriétaires, mais les demandes de ce type sont peu nombreuses.

Quelle proportion de l'activité les trajets courts représentent-ils par rapport aux trajets longs ?

Je dirais qu’environ 60% des demandes sont des petites courses, et 40% portent sur de plus longues distances. Ces dernières sont toutefois nettement plus rentables.

Dans quels cas peut-il être pertinent de faire appel à un taxi animalier pour transporter son chien, même si on a soi-même un véhicule ?

Ce peut être le cas par exemple quand on arrive ou se rend à l’aéroport, mais aussi pour les personnes qui possèdent plusieurs grands chiens.

Pour les trajets longs, faites-vous des pauses ? Le chien est-il alors conciliant ?

Un Labrador noir devant un taxi animalier

J’effectue effectivement une ou plusieurs pauses dès lors que la durée du trajet et les animaux transportés le justifient. C’est évidemment le cas pour un chien, qui doit pouvoir faire ses besoins, boire, se dégourdir les pattes….

 

Il arrive que cela soit assez compliqué à gérer à cause de son niveau de stress, lié tant au fait de se retrouver à des endroits inconnus qu’à celui d’être entre les mains d’une personne qu’il ne connaît pas. S’il est vraiment trop stressé et/ou agressif, mieux vaut qu’il reste au calme dans sa cage, tant pour lui que pour les tiers et moi-même (risque de morsure, de fugue…).

 

Néanmoins, c’est loin d’être le cas majoritaire : en général, les choses se passent assez bien, car la plupart des chiens s’habituent vite aux nouvelles personnes.

Dans quelle mesure y-a-t-il un risque de fugue, que ce soit lors des pauses ou à d’autres moments ?

Il y a effectivement un risque de fugue du chien à chaque fois qu’il entre ou sort dans le véhicule. Afin d’éviter ce genre de situations, la laisse est systématiquement doublée.

Arrive-t-il fréquemment qu’un chien soit très angoissé au moment de monter en voiture et de partir ?

Un chien dans une cage de transport

Il est rare qu’un chien qui n’est pas habitué à la cage de transport et/ou aux trajets en voiture monte spontanément dans le véhicule… Il faut donc le rassurer, voire le porter pour l’installer dans la cage.

 

Les choses peuvent aussi se compliquer avec un animal qui est de nature anxieuse, en particulier vis-à-vis des inconnus.

 

Quel que soit le cas de figure, des caresses et des friandises peuvent s’avérer des alliés précieux. Cela dit, en général, le chien finit par se calmer de lui-même après quelques minutes de route ; on le voit alors s'allonger et se détendre. C’est d’autant plus vrai si on prend soin d’avoir une conduite très souple, pour assurer un voyage tout en douceur.

Arrive-t-il fréquemment qu’un chien soit malade pendant le trajet ?

Même si je veille à conduire de manière très souple pour éviter que le chien souffre du mal des transports, il arrive effectivement de temps en temps qu'un petit accident survienne - en particulier s'il est très stressé ou craintif, ou tout simplement s'il a mangé juste avant le départ.

 

Dans ce cas, un arrêt s’impose afin de nettoyer la cage avec des produits spécifiques et changer le tapis de sol.

Les caractéristiques du chien (âge, race / gabarit, sexe…) ont-elles une grande influence ?

Un Pitbull dans le coffre d'une voiture

Les plus gros chiens sont évidemment plus difficiles à manipuler, vu leur poids. Par ailleurs, il est clair que certaines races ou certains types de chiens (Pitbull, molosses, chiens d'attaque…) sont de façon générale moins dociles. Il arrive même que certains congénères habitués à cohabiter paisiblement chez un même propriétaire deviennent agressifs entre eux, en particulier s’ils ne sont pas habitués aux transports. Le problème est surtout susceptible de se poser à l’entrée et à la sortie du véhicule, mais peut aussi survenir pendant le trajet lui-même.

 

Le sexe entre aussi en ligne de compte, car les mâles sont souvent un peu plus compliqués à gérer.

Dans le cas d’un animal très gros et/ou dangereux, j’invite généralement le propriétaire à l’installer lui-même dans le véhicule, ou au moins à m’aider : cela rassure énormément l’animal et facilite la manutention. Il s’avère aussi parfois utile de faire porter une muselière au chien, en cas de risque avéré.

 

Cela dit, quel que soit le gabarit de l’animal ou son tempérament, je double systématiquement la laisse au moment de le faire entrer dans la cage de transport, ainsi que lors des sorties : cela accroît considérablement la sécurité des opérations.

 

Le tarif pour un très gros chien peut d'ailleurs être supérieur à celui pour un petit chien, en fonction du matériel utilisé : véhicule, cage, sécurité...

D’autres paramètres jouent-ils également un rôle déterminant ?

Oui, l’état de santé entre aussi en ligne de compte. Un animal malade ou handicapé est plus difficile à installer dans le véhicule.

Quelles sont les plus grands challenges que vous rencontrez, les plus gros défis à relever ?

Un Loulou de Poméranie dans une cage de transport avec gamelle

Le bien-être de l’animal pendant le transport est l’obsession N°1. En particulier, il ne faut pas qu’il souffre de la chaleur, ou au contraire qu’il ait trop froid.

 

Sur un long trajet alors que les températures extérieures sont peu clémentes, ce peut être un vrai défi. Par exemple, s’il doit voyager 12 heures de suite alors que dehors il fait 40°C, il est important de le protéger de différentes manières contre la chaleur : climatisation, grilles d’aération et/ou extracteur d’air, eau fraîche dans une gamelle spéciale fixée sur la cage, tapis rafraîchissant, pauses à l'ombre…

 

Dans un tout autre registre, la ponctualité et le respect des horaires convenus sont souvent un défi en région parisienne.

Quels sont les plus gros dangers au quotidien, et comme faites-vous pour vous en prémunir ?

Un Amstaff attaché à deux laisses

Lors du transport d’un chien, le principal risque est celui d’une fugue – cela vaut déjà quand on emmène son propre animal, mais c’est encore plus vrai bien sûr avec un autre que l'on ne connaît pas, ou seulement peu.

 

C’est la raison pour lesquelles je double systématiquement les laisses lors de l’entrée dans le véhicule et lors des pauses, au cas où une casserait.

Le propriétaire peut-il également monter à bord ?

Oui, bien sûr, le propriétaire peut parfaitement accompagner son chien à bord, et c’est d’ailleurs ce qui se produit dans environ la moitié des cas.

 

Certains appliquent alors un supplément, mais ce n’est pas mon cas. De fait, j’y trouve largement mon compte : la présence de son maître rassure le chien, et facilite mon travail.

Vous arrive-t-il de refuser des missions ?

Le taxi animalier d'Olivier Morin

Il est déjà arrivé qu’on me demande de transporter des fauves ou des animaux appartenant à des espèces protégées. À chaque fois, j’ai évidemment décliné.

 

Pour ce qui concerne les chiens, ce n’est pas forcément l’animal qui pose problème (il ne m’est jamais arrivé de refuser un chien au motif qu’il me semblait trop agressif, voire franchement dangereux), mais plutôt son propriétaire. Ainsi, il m’est déjà arrivé de décliner des demandes émanant de personnes particulièrement indélicates ou agressives. Cela demeure néanmoins exceptionnel : en général,  les maîtres sont plutôt sympathiques.

Vous arrive-t-il de transporter plusieurs animaux à la fois ?

Deux chiens dans des cages de transport dans un taxi pour chiens

Il m’arrive effectivement de transporter plusieurs animaux à la fois, qui appartiennent en général au même propriétaire ou au moins qui se connaissent : le chien de l’oncle, le chat de la grand-mère… Néanmoins, il est possible aussi de convoyer deux chiens ou deux chats appartenant à des propriétaires différents. Dans tous les cas, il faut alors parfois un peu de temps pour installer tranquillement tout ce petit monde de manière confortable.

 

En revanche, à moins qu’ils appartiennent au même client, nous évitons au maximum de transporter un chien ou un chat avec une espèce très différente (tortue, souris, serpent…), du fait des risques sanitaires (maladies ou virus susceptibles de se transmettre d'une espèce à une autre).

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre métier ?

J’apprécie d’aider des animaux à voyager dans des conditions de confort optimales, et de rassurer leurs propriétaires.

Et ce qui vous déplaît le plus ?

La circulation parisienne, sans hésiter !

Y a-t-il un épisode dont vous êtes particulièrement fier ?

J’ai eu la chance de prendre part au sauvetage de 40 chiens qui arrivaient de Martinique, les prenant en charge à l’aéroport et les transportant jusqu’à un refuge qui se chargea alors de les placer à l'adoption. Ce fut une réelle fierté que de participer à cette opération.

Avez-vous déjà eu des frayeurs ?

Je n’ai pas un souvenir spécifique en tête, mais il m’arrive régulièrement de tomber sur des chiens très agressifs et difficiles à manipuler. On peut alors se faire de belles frayeurs…

Avez-vous une anecdote intéressante ou amusante à nous raconter ?

Des chiens et un chat dans un coffre de voiture durant un déménagement

Comme les déménageurs ne prennent pas les animaux, je me suis retrouvé un jour à gérer le déménagement d’une personne de 85 ans, accompagnée de… 29 chats, le tout sur 1200 kilomètres. Autrement dit, en plus des animaux, il a fallu transporter d’importantes quantités d’affaires personnelles et de mobilier : chaises, lit, matelas, tapis… Une mission très éloignée de celle d’un taxi animalier ; c’était épique !

La profession de taxi animalier

Le métier de taxi animalier est-il accessible à tous ?

Oui, c’est un métier que tout le monde peut exercer – sous réserve bien sûr d’être motivé.

Que pensez-vous de la réglementation sur ce métier ?

Je n’ai pas grand-chose à redire en soi sur la réglementation qui en France s'applique au transport d'animaux ; à mes yeux, elle est tout à fait adaptée. En revanche, son application laisse à désirer, car les contrôles sont insuffisants. Beaucoup de personnes convoient donc des animaux sans avoir les agréments pour cela.

Êtes-vous régulièrement en contact avec des confrères ?

Non, je ne suis pas vraiment en contact avec d’autres personnes exerçant le même métier.

Y-a-t-il a de réelles différences de qualité d’un professionnel à un autre ? Comment juger le sérieux d’un taxi animalier ?

Un chien dans le taxi animalier d'Olivier Morin

Oui, comme partout, il y a une grande différence entre les personnes sérieuses et celles qui le sont moins, voire pas du tout. En l’occurrence, il y a un monde entre les taxis animaliers bien équipés et très professionnels, et les autres…

 

Les agréments (dont elle doit se prévaloir pour être dans les règles) ainsi que les équipements de son véhicule (par exemple la qualité des cages de transport pour chiens utilisées) donnent déjà un aperçu du sérieux de la personne. Les avis de précédents clients (par exemple sur Google Maps) permettent également d’y voir plus clair sur la qualité du travail effectué.

Quel regard portez-vous sur les autres membres de votre profession ?

Un homme pointe sa montre du doigt

Je connais très peu de collègues, donc il m’est difficile de juger de leur professionnalisme ni du matériel qu'ils utilisent.

 

Cela dit, il arrive régulièrement que des clients me fassent part de problèmes de non-respect des horaires ou d’annulation de course au dernier moment (parfois sans prévenir !) rencontrés avec d’autres professionnels. Certains refusent même la prise en charge au dernier moment, arguant que le chien est trop grand et/ou qu’ils n’ont pas assez de place dans leur véhicule.

Diriez-vous que c'est un métier difficile ?

Oui, c’est un métier plutôt difficile, dans lequel il faut être à la fois disponible, efficace et professionnel.

Quelles sont selon vous les qualités indispensables à avoir dans ce métier ?

Un Berger Allemand allongé dans le coffre d'une voiture

Selon moi, on ne peut pas être un bon taxi animalier si on n’est pas soi-même amoureux des animaux.

 

Cela dit, aimer ces derniers et être très attaché à leur bien-être ne suffit pas : il faut aussi savoir faire montre de respect et de ponctualité vis-à-vis des clients.

 

Enfin, la disponibilité et la réactivité sont très importantes de ce métier où certaines demandes urgentes se font à la dernière minute, qui ne connaît pas d'horaires fixes et qui nécessite d’être prêt à sacrifier – au moins en partie – ses week-ends (ce sont les jours où il y a le plus de travail) et à prendre ses vacances en décalé, car c’est lorsque la plupart des gens sont en congés qu’il y a le plus de demandes (tout particulièrement l’été).

Pensez-vous que ce métier va évoluer ?

Non, je ne pense pas que le métier de taxi animalier soit amené à changer substantiellement à l’avenir.

En termes de revenus, à quoi peut-on s’attendre ?

L'intérieur du taxi animalier d'Olivier Morin

C’est assez variable.

 

Pour certains, les revenus générés ne peuvent représenter au mieux qu’un complément de salaire, faute de dépasser quelques centaines d’euros par mois.

 

En revanche, d’autres mieux établis et/ou plus travailleurs peuvent gagner jusqu’à 3000 euros par mois en moyenne, une fois les charges payées (pour ceux qui en payent…).

 

Il reste néanmoins difficile d’envisager par exemple recruter des salariés, sauf à avoir une offre de services beaucoup plus large.

Que conseilleriez-vous à une personne qui envisagerait d’exercer votre métier ?

Le taxi animalier d'Olivier Morin sous la neige

Je lui conseillerais d’être vigilante sur la ponctualité, la qualité d'accueil des animaux et le relationnel avec les clients, mais aussi de faire preuve de persévérance : plusieurs années sont généralement nécessaires avant de parvenir à être réellement bien implanté. 

 

Et bien sûr, il faut aimer et savoir conduire en toutes circonstances, y compris dans des conditions difficiles : montagne, nuit, pluie, longs trajets…

Dernière modification : 02/11/2022.