Interview témoignage : le métier de responsable de pension canine

Annick Raoul et 2 Terre-Neuve dans sa pension canine

Que ce soit par exemple lors d'un déplacement professionnel, d'un séjour à l'hôpital ou encore d'un départ en vacances, il n'est pas toujours possible d'emmener son fidèle compagnon avec soi. Mettre son chien en pension fait alors partie des options disponibles, et présente de nombreux avantages tant pour l'animal que pour ses propriétaires.


Que l'on envisage d'avoir recours à un tel service ou d'exercer soi-même cette activité, il est intéressant de se pencher sur ce métier à travers le témoignage d'un professionnel expérimenté...

Sommaire de l'article

  1. 1. Se lancer comme responsable de pension canine
  2. 2. Le quotidien d’un responsable de pension canine
  3. 3. La profession de responsable de pension canine

Se lancer comme responsable de pension canine

Bonjour. Pouvez-vous vous présenter ?

Annick Raoul et un Golden Retriever
Annick Raoul et un Golden Retriever

Je m’appelle Annick Raoul et vis près de Guingamp, en Bretagne (France).

 

Je suis responsable de la pension canine Abridog, que j’ai créée en 2007. C’est une structure relativement importante et disposant de beaucoup d’espace, puisqu’elle peut accueillir jusqu’à 49 chiens.

 

De ce fait, je suis épaulée toute l’année par une employée, et prends également une personne en renfort pendant les vacances d’été et celles de Noël, qui sont les deux périodes les plus chargées chez nous.

Pourquoi avez-vous choisi d’ouvrir une pension pour chiens ?

La pension canine Abridog
La pension canine Abridog

Dans le cadre d’un changement d’orientation professionnelle, j’étais à la recherche d’un métier de services.

 

Or, je suis passionnée depuis toujours par les chiens (j’avais d’ailleurs déjà un élevage de Terre-Neuve) et aime les contacts humains ; c’est cette combinaison qui m’a incité à créer et ouvrir ma pension.        

Quel formation / parcours avez-vous suivi pour y parvenir ?

Annick Raoul joue avec un chien dans sa pension canine

Mon activité d’élevage m’avait permis d’acquérir une solide expérience des chiens, si bien que je n’ai eu qu’à passer le certificat de capacité, ce qui fut une simple formalité.

 

En effet, l’examen d’obtention du certificat de capacité fut pour moi assez facile : je suis simplement allée en formation pendant 3 jours à la SCC (Société Centrale Canine) et l’ai passé dans la foulée.

 

Il faut noter toutefois que depuis 2016, ce certificat n’existe plus : il a été remplacé par d’autres formations, dont l’ACACED (Attestation de Connaissances pour les Animaux de Compagnie d’Espèces Domestiques).

 

Par ailleurs, lorsque j’étais éleveuse, je gérais également une entreprise de confection de vêtements pour de la vente en gros et au détail. De ce fait, je connaissais aussi les aspects liés au développement commercial et à la création d’entreprise, ce qui s’avéra évidemment fort utile au moment de me lancer dans cette activité de pension.

Quels sont les coûts pour se lancer ?

Un boxe de pension canine
L'intérieur d'un boxe de la pension

Il est difficile de donner un chiffre, car ils sont excessivement variables suivant la taille de la structure souhaitée, et donc notamment selon qu’il est ou non nécessaire de construire des bâtiments.

 

Dans mon cas, étant donné que j’étais en mesure de m’auto-financer, j’ai pris le parti de voir grand d’emblée et de construire directement la structure encore en place actuellement, qui comporte pas moins de 32 boxes.

 

Une autre option consiste à racheter une pension existante, ce qui permet de récupérer à la fois des infrastructures et de la clientèle. 

 

En effet, partir de zéro et construire sa pension au fur et à mesure de l’évolution de l’activité (en ajoutant des bâtiments au fil du temps) peut paraître plus avantageux car moins coûteux au départ, mais il ne faut alors pas perdre de vue qu’une période plus ou moins longue - et parfois difficile - est nécessaire avant de se constituer une clientèle. Le rachat d’une pension existante présente l’énorme avantage de pouvoir démarrer immédiatement son activité et de réduire l’incertitude quant à l’existence d’une demande suffisante.

 

Dans certains cas, il peut même y avoir un accompagnement pendant quelques temps de la part de l’ancien propriétaire, afin que la passation se fasse en douceur. C’est d’ailleurs ainsi que j’envisage la situation me concernant, pour le jour où je prendrai ma retraite.

 

En tout cas, on peut difficilement prévoir moins de plusieurs dizaines de milliers d’euros pour fonder une pension canine digne de ce nom. Dans le cas du rachat d’une activité déjà existante, le montant se chiffre plutôt en centaines de milliers d’euros.

Au-delà des coûts, est-il compliqué de se lancer, puis de développer et fidéliser sa clientèle ?

Annick Raoul et un Border Collie

Dans le cas du rachat d’une pension existante, le démarrage est quasi-immédiat, car la clientèle est déjà là.

 

En revanche, pour un nouvel établissement, il faut le temps de se faire connaitre et de fidéliser la clientèle. C’est donc forcément beaucoup plus long : plusieurs mois, voire plusieurs années.

Dans tous les cas, la fidélité des clients est une variable essentielle, et est fondée sur la confiance qu'on parvient (ou non) à leur inspirer. Il convient en effet de garder en tête que c’est souvent la première fois qu’ils se séparent de leur compagnon. C’est une situation nouvelle, angoissante et souvent difficile pour eux ; d’où l’importance d’être à leur écoute.

Etes-vous facilement parvenu à vous faire une place dans votre métier, et à en vivre correctement ? Pensez-vous que c’est un métier « stable » ?

Les boxes d'une pension pour chiens

Nous nous étions entièrement auto-financés et avions opté pour un plan assez ambitieux, avec d’emblée pas moins de 32 boxes. L’activité n’a été rentable qu’au bout de 2/3 ans, mais une fois établie (comme c’est clairement le cas désormais), c’est un métier stable.

Le quotidien d’un responsable de pension canine

Votre activité est-elle saisonnière ?

Annick Raoul promène 3 chiens dans sa pension canine

Il y a effectivement des périodes plus chargées que d’autres. C’est le cas en particulier des vacances scolaires, avec un pic pendant les congés estivaux et aussi autour de Noël.

 

Les mois les plus creux sont mars / avril et octobre / novembre.

L’activité repose-t-elle essentiellement sur des clients réguliers, ou bien plutôt au contraire sur beaucoup de clients ponctuels ?

3 chiens jouent dans une pension canine

Nous fonctionnons principalement avec des clients réguliers, puisqu’ils représentent environ 90% de notre activité. Bien sûr, de nouveaux propriétaires primo-adoptants font régulièrement appel à nous ; ils nous restent généralement fidèles par la suite, agrandissant d’autant notre clientèle.

 

Le fait que nous soyons dans une région touristique explique qu’il arrive aussi que des personnes de passage nous laissent leurs chiens pendant les grandes vacances, mais cela est assez rare.

Comment facturez-vous ? Le prix diffère-t-il en fonction de la race ? Du jour de la semaine ? De la période de l’année ? De la durée ?

Annick Raoul fait un câlin à un chien dans sa pension canine

Il convient tout d’abord de souligner que la facturation est très variable suivant les pensions. Ainsi, certaines ont des tarifs différents suivant le jour de la semaine, la période de l’année, la taille du chien… et/ou facturent séparément certains services, tels que l’administration de médicaments ou le chauffage.

Pour notre part, nous n’avons qu’un seul et unique tarif, sur la base du nombre de demi-journées passées par le chien dans nos locaux. Ainsi, contrairement à d’autres acteurs, nous n’appliquons pas un prix plus élevé le week-end ou pendant les vacances scolaires. En outre, tout est compris dans le montant annoncé : l’alimentation, l’administration de médicaments, le chauffage et bien sûr les câlins !

 

Par ailleurs, nous appliquons un tarif dégressif pour les très longues gardes (au-delà d’un mois de pension).

Quelles conditions posez-vous pour accepter un chien en pension ?

Un Teckel aboie

Nous acceptons toutes les races, mais le chien doit être âgé d’au moins 4 mois.

 

Il doit en outre être identifié et à jour de ses vaccins, vermifuges et anti-parasites, pour des raisons sanitaires aisément compréhensibles.

 

Nous pouvons toutefois refuser un chien qui aboie en permanence, pour éviter que cela ne perturbe les autres pensionnaires ; nous invitons alors ses propriétaires à opter plutôt pour une autre solution.

Quelles sont les durées de séjour les plus courantes ? Y a-t-il des cas extrêmes, des chiens qui restent très (trop ?) longtemps à la pension ?

Un Terre Neuve et un Samoyède

Pendant les périodes de vacances scolaires, la durée moyenne de séjour est de l’ordre de 8 à 10 jours. En dehors, nous travaillons beaucoup sur les week-ends.

 

Il nous est arrivé d’avoir des chiens sur des périodes de plusieurs mois, mais cela reste exceptionnel. En général, c’est parce que le maître est hospitalisé pour une longue durée, ou bien part en mission dans un pays où il lui est difficile d’emmener son animal avec lui.

Comment se passe la prise en charge d’un chien ?

Parc de pension canine
Le parc de la pension canine Abridog

Nous proposons à toutes les nouvelles personnes qui nous contactent une « journée test » gratuite. Elle leur permet non seulement de visiter la pension et voir ainsi dans quelles conditions leur animal va être accueilli, mais aussi de nous le laisser une première fois, pour qu’il commence à se familiariser avec les lieux. Ce dispositif est très apprécié de nos nouveaux clients, et ils y ont pratiquement tous recours.

 

Que ce soit ou non le cas, nous accueillons le chien à sa sortie de voiture et l’emmenons avec son propriétaire dans un parc où il peut se détendre.

 

Nous prenons alors une vingtaine de minutes pour faire visiter à ce dernier la pension, lui expliquer la façon dont nous allons nous occuper de son compagnon et procéder à diverses vérifications.

 

Nous nous assurons ainsi que le numéro d’identification correspond bien, que l’adresse du propriétaire est à jour sur sa carte d’identification fournie par l’I-CAD et que le chien est à jour de ses vaccins (en examinant son carnet de santé). En outre, s’il doit prendre des médicaments, nous vérifions les ordonnances correspondantes. Nous notons également les coordonnées du vétérinaire qui le suit habituellement, afin que celui avec qui nous travaillons puisse entrer en contact avec lui en cas de problème.

 

Un chien joue dans la pension canine Abridog

Nous nous enquérons également des éventuelles conditions particulières souhaitées par le propriétaire. Celles-ci sont assez fréquentes, et concernent le plus souvent l’alimentation. En effet, nous laissons les clients choisir parmi plusieurs types de croquettes que nous proposons, mais ils peuvent aussi préférer ne pas changer l’alimentation de leur chien ; dans ce cas, ils nous laissent ses croquettes habituelles et nous indiquent les doses à donner. Certains tiennent aussi à ce que l’animal continue de recevoir ses barres dentaires et/ou friandises habituelles durant le séjour : ils nous en confient alors la quantité nécessaire, et nous font part de leurs consignes en la matière. Nous faisons bien sûr en sorte de suivre ces dernières à la lettre.

 

Les échanges avec le propriétaire sont également importants pour bien cerner le tempérament et le comportement de leur animal, à commencer par sa sociabilité avec les autres chiens, le fait qu’il soit ou non fugueur, etc.

 

Bien sûr, dans le cas d’un chien qui nous a déjà été confié, les choses sont beaucoup plus simples et rapides : nous avons juste à vérifier le carnet de santé afin de s’assurer que les vaccins sont à jour.

La plupart des chiens doivent être assez troublés quand ils viennent pour la première fois et qu’ils voient leur maître partir. Comment gérez-vous cela ?

Deux chiens et Annick Raoul dans la pension Abridog

Nous avons mis en place depuis plusieurs années déjà une « journée test » gratuite que nous proposons à tous nos clients. Cela permet au chien de découvrir la pension, mais aussi à ses maîtres et à lui-même de voir la façon dont nous allons nous en occuper.

 

Ainsi, quand il revient chez nous pour plus longtemps, il est dans un environnement qu’il connait, et cela se passe très bien. En outre, tout cela rassure évidemment les propriétaires.

 

Par ailleurs, au début, nous restons à ses côtés dans le parc : cela permet non seulement de le divertir et l'apaiser, mais aussi de faire sa connaissance et mieux évaluer son comportement.

Arrive-t-il souvent qu’un chien se mette à développer des problèmes de comportement (potentiellement liés à la séparation) en cours de séjour ?

Un chiot apeuré caché sous le canapé

C’est rare, mais cela peut arriver. Le cas échéant, nous en parlons avec ses propriétaires au téléphone et faisons en sorte de gérer la situation jusqu’au retour de ce dernier.

 

Il n’est arrivé pour l’instant que deux fois que ceux-ci écourtent leur séjour et reviennent récupérer leur chien plus tôt que prévu, car celui-ci était dans tous ses états.

Concernant l’appréhension lors de l'arrivée puis la capacité à s’adapter à l’environnement de la pension, remarquez-vous des différentes d’un chien à l’autre en fonction de sa race ?

Un Chihuahua apeuré

Effectivement, nous avons remarqué au fur et à mesure des années d’expérience qui s’accumulent que certaines races sont plus sensibles au stress. C’est le cas par exemple du Berger Allemand, du Dobermann ou du Braque de Weimar.

 

La journée de test sert d’ailleurs à voir dans quelle mesure le chien est capable de s’adapter à la pension. S’il s’avère qu’il est dans un état de grand stress, nous en discutons avec les propriétaires et nous leur conseillons de choisir un autre mode de garde, de préférence avec une personne qu’il connaît (par exemple un membre de la famille).

 

En tout état de cause, il est courant qu’un chien qui n’a jamais vraiment quitté ses propriétaires soit un peu perdu au début. D’où l’intérêt de la journée d’essai que nous proposons, car quand il revient alors « pour de vrai », il est dans un environnement qu’il connaît déjà.

L’âge du chien joue-t-il un rôle déterminant ?

Un chiot dans les bras d'une femme

Nous préférons avoir à garder des chiens qui sont jeunes la première fois qu’ils nous sont confiés, car ils sont plus malléables et s’adaptent généralement sans problème à toutes les situations.

 

En outre, un séjour en pension canine participe à leur sociabilisation, en leur permettant de rencontrer tous types de congénères.

D’autres paramètres que la race et l'âge du chien influent-ils beaucoup sur la façon dont les choses se passent ?

Annick Raoul promène un Labrador dans sa pension

Oui : l’éducation (ou devrais-je dire la non-éducation !) change tout. Nous rappelons régulièrement aux propriétaires certaines choses concernant l’éducation d’un chien, et/ou leur donnons des petites astuces utiles à la relation avec leur animal ainsi qu’au bien-être de ce dernier.

 

Néanmoins, face à des problèmes sévères de comportement, nous invitons les maîtres à se tourner vers un professionnel (éducateur ou comportementaliste canin). Nous sommes alors en mesure de les orienter vers des personnes dont nous connaissons le sérieux.

Est-il fréquent que les maîtres prennent des nouvelles de leur compagnon ? Certains en font-ils un peu trop ?

Un Labrador noir est pris en photo

Nous proposons systématiquement aux propriétaires de nous appeler pour prendre des nouvelles de leur chien. Beaucoup le font effectivement une ou deux fois pendant leur séjour, mais d’autres optent pour une fréquence nettement plus élevée – parfois même quotidienne.

 

Nous pouvons également leur envoyer des photos de leur animal lors des sorties au parc, sans bien sûr que cela fasse l’objet d’une facturation supplémentaire. Certains nous le demandent d’ailleurs expressément, mais même ceux qui ne le font pas sont contents d’en recevoir.

 

Dans tous les cas, cela les rassure d’avoir des nouvelles de leur compagnon, et c’est important car ça leur permet de profiter de leurs congés en toute sérénité.

Arrive-t-il que des clients vous fassent des reproches ou des griefs ? Quelles sont les sources possibles de tensions avec les maîtres ?

Un Jack Russel agressif

C’est très rare, mais cela est déjà arrivé que des propriétaires de chiens très turbulents ou très aboyeurs n’admettent pas que leur compagnon est mal éduqué.

 

En effet, même si nous faisons toujours montre de diplomatie lorsque nous avons une remarque à faire sur le comportement d’un chien, certains le prennent très mal…

Si un chien se met à avoir un problème de santé pendant son séjour, comment gérez-vous cela, notamment en cas de maladie contagieuse ?

Un Carlin chez le vétérinaire

Nous sommes partenaires d’un cabinet vétérinaire situé à 3 kilomètres à peine. Nous disposons d’un véhicule utilitaire qui nous permet d’y emmener facilement un de nos pensionnaires, en l’installant dans une cage de transport pour que le trajet se fasse en toute sécurité. Si vraiment l’état de l’animal implique qu’il vaut mieux éviter de le déplacer, le vétérinaire est en mesure de venir directement sur place.

 

Dans tous les cas, si un chien rencontre un problème de santé pendant son séjour, nous prévenons systématiquement son maître et déléguons les soins au cabinet vétérinaire. Cela est d’ailleurs bien stipulé dans le règlement intérieur, qui est consultable tant sur notre site internet qu’à la pension, et que le propriétaire reconnaît avoir lu et accepter lorsqu’il nous dépose son animal. 

 

Par ailleurs, dès lors que le vétérinaire habituel du chien n’est pas le même que celui avec qui nous travaillons, nous communiquons ses coordonnées à ce dernier, afin qu’il puisse se mettre en contact avec son confrère au besoin.

Dans quelle mesure existe-t-il un risque de fugue ? Comment faites-vous pour le réduire ?

Parcs de la pension canine abridog

Pas de fugue chez nous ! En effet, les boxes comme les parcs sont entièrement sécurisés. Les premiers possèdent un retour de grillage, tandis que le grillage de clôture est emprisonné dans une semelle de ciment, pour éviter toute fugue par creusement.

Le risque de bagarres entre chiens est-il réel ? Comme faites-vous pour les éviter ?

Deux chiens se battent

Pour limiter le risque de bagarres entre chiens, nous nous abstenons de sortir plus de deux chiens ensemble dans les parcs, sauf s’ils séjournent régulièrement chez nous et que nous les connaissons très bien. Par ailleurs, les premières fois, nous restons systématiquement avec eux pour s’assurer que tout se passe bien.

 

Quant aux chiens dominants ou qui ne sont pas correctement sociabilisés, nous faisons en sorte qu’ils sortent seul dans le parc, afin d’éviter tout conflit avec un autre pensionnaire.

 

Nous agissons aussi en amont, puisque nous questionnons les clients pour connaitre le caractère de leur animal. Cela permet de ne mettre ensemble que des individus sociables, que ce soit lors des sorties ou au sein d’un même boxe. En effet, au-delà du cas des propriétaires qui nous confient plusieurs chiens et nous demandent de les mettre dans un même boxe, il arrive que nous installations également ensemble deux chiens qui se connaissent déjà et s’apprécient. Bien évidemment, cela ne se fait qu’avec l’accord des propriétaires.

A quoi ressemble une journée-type pour vous ?

Nettoyage des boxes d'une pension canine
Le nettoyage quotidien des boxes

Le matin, nous sortons les chiens dans les parcs à tour de rôle. Nos pensionnaires bénéficient en général d’une grande sortie le matin (minimum ½ heure), ainsi que d’une autre dans l’après-midi.

 

En parallèle, nous en profitons pour nettoyer leurs boxes, leur donner à manger et changer leur eau.

 

L’après-midi est consacrée au nettoyage en profondeur de la pension : désinfection des boxes qui viennent de se libérer, ramassage des déjections dans les courettes... Dès les beaux jours venus, il faut aussi tondre les parcs et désherber autour de la pension, tant pour des raisons esthétiques que sanitaires.

 

Nous avons par ailleurs deux créneaux par jour au cours desquels les propriétaires peuvent venir nous confier ou récupérer leur animal : le matin entre 10h00 et 12h00 et l’après-midi entre 16h00 et 18h00. Comme ils sont généralement désireux de savoir comment s’est déroulé le séjour de leur chien (et notamment dans quelle mesure celui-ci s’est montré sociable avec ses congénères), nous discutons beaucoup avec nos clients de la manière dont les choses se sont passées – en plus bien sûr des échanges en amont, lorsqu’ils viennent nous le déposer.

Avec près de 50 pensionnaires, n’est-il pas illusoire d’espérer bien s’occuper de chacun ?

Annick Raoul promène 2 chiens dans sa pension canine

Mieux vaut une pension de 49 chiens bien tenue qu’une pension plus petite qui n’accueille pas les chiens dans de bonnes conditions !

 

Pour notre part, dans les périodes où nous sommes au complet et accueillons donc le plus grand nombre de pensionnaires (c’est-à-dire les vacances scolaires), nous sommes pas moins de trois personnes à nous en occuper, et travaillons en outre sur des plages horaires plus étendues.

Quels sont les plus grands challenges que vous rencontrez, les plus gros défis à relever ?

Plusieurs chiens dans le box d'une pension canine

Il peut être difficile de réussir à satisfaire la demande de notre clientèle, en particulier pendant les périodes d’affluence que sont les mois de juillet /août ainsi qu’autour de Noël.

 

En effet, même avec une capacité d’accueil de 49 chiens, il est parfois difficile de trouver de la place compte tenu des nouvelles habitudes des clients – je pense en particulier aux réservations de week-ends et de vacances à la dernière minute.

Vous arrive-t-il de refuser des demandes, et pour quelle(s) raison(s) le cas échéant ?

Annick Raoul avec 2 Yorkshire Terrier dans sa pension pour chiens

Oui, il nous arrive de devoir refuser des demandes lorsque nous sommes complets, car nous ne pouvons pas accueillir plus de 49 pensionnaires.

 

Même si c’est plutôt rare, il y a aussi quelques cas de chiens particulièrement difficiles, que nous préférons renoncer à prendre en charge. Le constat se fait généralement après la « journée test », et nous en parlons alors tout de suite au propriétaire. Quoi qu’il soit, quand la situation se présente, nous fournissons toujours une explication.

Avez-vous déjà eu des frayeurs dans l’exercice de votre métier ?

Compte tenu du nombre de chiens que nous avons vu passer tout au long de ces années, quelques morsures sont inévitables. Cela reste toutefois assez anecdotique, et le fait que nous prenons toujours soin de traiter nos pensionnaires avec douceur réduit considérablement les risques.

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre métier ?

Le contact avec les chiens et leurs maîtres est un plaisir sans cesse renouvelé, surtout qu’il arrive qu’on rencontre des pensionnaires extraordinairement joueurs et complices.

Et ce qui vous déplaît le plus ?

Nettoyage des boxes d'une pension canine

C’est un métier qui demande beaucoup de présence. Il n’est certes pas impossible de s’absenter quelques heures, mais il faut être là 7 jours sur 7, et particulièrement pendant les week-ends et les jours fériés. On a donc tôt fait de se couper un peu du monde. De fait, je prends très peu de congés dans l’année, et ceux-ci sont toujours durant les périodes creuses.

 

Il y a également beaucoup de nettoyage au quotidien. En particulier, le ramassage des déjections n’est clairement pas la partie la plus sympa du job… mais cela doit être fait.

Y a-t-il un moment, un épisode dont vous êtes particulièrement fière depuis que vous faites ce métier ?

Annick Raoul fait un calin à un chien marron

Chaque fois que nous accueillons des chiens qui ne se laissent pas approcher (souvent par peur), mais qu’à force de patience on arrive à se faire accepter et à recevoir un câlin, c’est un moment magique.

Avez-vous une anecdote intéressante ou amusante à nous raconter sur votre métier ?

Une femme âgée lit un livre avec son Beagle

Certaines personnes ont vraiment beaucoup de mal à se séparer de leur animal. Un jour, une dame m’a envoyé des cartes postales en exigeant que je les lise à son chien, et en prenant soin d’indiquer que si je ne le faisais pas, celui-ci le lui dirait !

 

J’ai eu beau lui expliquer que nous parlons régulièrement avec les pensionnaires, elle n’a rien voulu savoir… Nous avons donc lu ses cartes au chien !

La profession de responsable de pension canine

Est-ce un métier accessible à tous ?

Annick Raoul et 2 Setter Irlandais

Oui, n’importe qui peut gérer une pension canine - à condition d’être sérieux, car ce n’est pas un métier facile.

 

En effet, il demande une grande rigueur et une disponibilité de tous les instants. En outre, on a une grande responsabilité : les clients vous accordent leur confiance, donc il ne faut pas la trahir. Le fait de travailler avec des êtres vivants ayant tous des caractères différents complique évidemment les choses, même si c’est aussi stimulant.

Que pensez-vous de la réglementation et des contraintes applicables à votre métier, ainsi que des éventuels contrôles ?

Un box de la pension pour chien Abridog
La pension Abridog

Quand elle vise le bien-être des animaux, la règlementation est tout à fait normale, et les contrôles sont utiles pour la faire respecter.

 

En l’occurrence, la loi française impose aux pensions canines diverses règles en termes d’espace minimum dont chaque chien doit disposer, de propreté, etc. Si déjà toutes les pensions les respectaient, ce serait déjà bien…

Etes-vous régulièrement en contact avec vos homologues ? Est-ce utile ?

Je suis en contact avec certains de mes homologues, et cela est utile en particulier quand nous sommes complets : j’oriente alors les clients vers des pensions dans lesquelles j’ai confiance, et vice-versa.

Pensez-vous qu’il y a de réelles différences de qualité d’une pension canine à une autre ? Le cas échéant, quels sont selon vous les critères pour juger de la qualité d’une pension ?

Annick Raoul et 2 Setter Irlandais dans sa pension canine

Oui, je pense que toutes les pensions ne se valent pas : certaines sont sérieuses, d’autres beaucoup moins. C’est en tout cas le retour de certains de mes clients qui ont testé d’autres établissements.

 

Selon moi, les critères à examiner pour juger de la qualité d’une pension sont les suivants :

  • possibilité de visite préalable (voire de journée ou demi-journée de test) ;
  • disponibilité et présence du personnel sur le site (l’idéal est que le responsable de la pension vive sur place, ou à proximité immédiate) ;
  • taille des boxes et conditions sanitaires ;
  • équipement des boxes : lumière, chauffage, courette privative… ;
  • fréquence des sorties quotidiennes ;
  • relation avec un cabinet vétérinaire situé à proximité et susceptible d’intervenir en cas d’urgence.

Quel regard portez-vous sur les autres membres de votre profession ?

Plusieurs chiens dans le box d'une pension canine

Tout d'abord, force est de constater que les services de garde se sont largement développés ces dernières années, notamment parce que les gens bougent de plus en plus tout au long de l’année, et ne peuvent / veulent pas toujours emmener leur chien avec eux.

 

Malheureusement, beaucoup de structures manquent de sérieux, notamment dans le domaine de la garde à domicile.

Certains professionnels des chiens, par exemple des éleveurs, proposent également un service de pension canine. Qu'en pensez-vous ?

Annick Raoul promène 3 Lévriers

Pourquoi pas ! De par leur métier, ce sont des personnes qui connaissent les chiens et leurs besoins : ils sont donc tout à fait aptes à travailler sur des activités connexes, et potentiellement à prendre en charge les animaux d’autres personnes.

 

Cela dit, le métier d’éleveur canin requiert énormément de temps pour s’occuper correctement des chiots (nettoyage, sociabilisation / éducation…). Personnellement, quand l’activité de pension s’est développée, j’ai dû faire un choix entre elle et mon activité d’élevage. J’ai donc cessé cette dernière.

De la même façon, certains refuges proposent un service de pension. Quel est votre avis sur le sujet ?

Des chiens dans un refuge pour chiens

Même s’ils sont libres de faire ce qu’ils veulent, je suis un peu plus nuancée sur la garde de chiens par des refuges. En effet, très souvent, ces structures manquent de moyens financiers. Elles font donc souvent appel à des bénévoles qui, bien qu’armés de plein de bonne volonté, ne sont pas des professionnels. Les pensionnaires ne sont donc pas forcément entre d’aussi bonnes mains qu’au sein d’une pension « classique ».

Certaines pensions acceptent à la fois les chiens et les chats, voire également d’autres animaux. Qu’en pensez-vous ?

Une femme dans une pension pour chats avec trois chats

Comme pour les éleveurs, pourquoi pas ! Si cela n’implique pas d’aller au-delà du raisonnable par rapport aux capacités, avec à la clef de mauvaises conditions d’hébergement et/ou une impossibilité à prendre le temps de bien s’occuper de tous les pensionnaires, il n’y a de raison que cela ne fonctionne pas correctement.

Que pensez-vous des autres options de garde (visites à domicile par un proche ou un professionnel, garde à domicile par un proche ou un professionnel, famille d’accueil trouvée via un site spécialisé…) ?

Un couple de personnes âgées avec un chien

Je suis tout à fait contre, car bien souvent il ne s’agit pas de professionnels, et ils n’offrent donc aucune garantie de sérieux. Nombre de ces personnes ont une autre activité professionnelle et ne sont même pas présents dans la journée.

 

Quand je vois par exemple des plateformes qui proposent à des retraités bénévoles d’aller garder des animaux chez les propriétaires… Quelle légitimité ont ces personnes-là ?

Pensez-vous que les plateformes de mise en relation entre particuliers (Animaute, Empruntemontoutou…) sont une menace pour votre métier ?

Capture d'écran de la plateforme Animaute

Ce genre de sites correspondent à une « uberisation » de notre profession. Néanmoins, les propriétaires savent faire la différence ; certains de mes clients ont testé ce type de service et sont vite revenus vers nous, car ils ont bien vu les limites. Ils n’ont pas envie que leur animal auquel ils tiennent tant se retrouve entre les mains de personnes incompétentes, non professionnelles, qui le laissent enfermé toute la journée.

Diriez-vous que votre métier est difficile ? Pourquoi ?

Annick Raoul et 2 Terre-Neuve

Je ne dirais pas qu’il est foncièrement difficile, mais il est en revanche très physique. En effet, beaucoup de chiens tirent dès qu’ils sont en laisse. Ce n’est pas vraiment un problème avec les plus petits chiens, mais pour ceux qui pèsent par exemple 50 kg, c’est plus difficile.

 

En outre, nous travaillons avec des êtres vivants, qui dépendent largement de nous pour la satisfaction de certains de leurs besoins essentiels. C’est donc un métier impliquant un gros niveau d’implication, et exigeant en termes de disponibilités : il faut que quelqu’un soit là 7 jours sur 7. Dans mon cas, le fait d’être deux à travailler dans ma structure permet toutefois un certain partage des taches. C’est un vrai plus.

Quelles sont selon vous les qualités indispensables à avoir dans ce métier ?

La première des qualités à avoir pour ouvrir une pension pour chiens est la rigueur. Même après plusieurs années d’exercice, il ne faut pas se relâcher, mais au contraire continuer à rester sans cesse vigilant quant à la propreté des locaux et au bien-être des animaux que l’on nous confie.

Pensez-vous que c'est un métier qui va évoluer ? Si oui, comment ?

Annick Raoul dans sa pension canine abridog

Oui, je considère que le métier de responsable d’une pension pour chiens a déjà commencé à évoluer ces dernières années, avec la généralisation des nouvelles technologies. Ainsi, au-delà de l’envoi régulier de photos aux propriétaires, certains établissements leur proposent même de les voir grâce à une webcam.

 

En parallèle, certains diversifient les prestations proposées (toilettage, éducation canine, taxi animalier...) afin que les propriétaires aient accès à tout un bouquet de services via un même interlocuteur / au même endroit.

En termes de revenus, à quoi peut-on s’attendre dans ce métier ?

Annick Raoul avec deux Terre-Neuves

On peut en vivre correctement et en faire sa source de revenus principale, mais à condition de s’investir totalement.

 

Dans mon cas, l’accroissement de l’activité fait que j’ai même pu depuis plusieurs années déjà m’adjoindre les services d’une personne supplémentaire qui m’épaule tout au long de l’année, en particulier pendant les périodes les plus chargées.

Que conseilleriez-vous à une personne qui envisagerait d’exercer votre métier ?

Annick Raoul entourée de Terre-Neuve

Avant toute chose, il faut bien réfléchir au fait qu’il va falloir être très disponible, et aux contraintes que cela va impliquer au quotidien ; aimer les chiens ne suffit pas toujours …

 

Par ailleurs, on n’y pense pas forcément, mais le montage financier mérite d’être bien réfléchi, dans la mesure où beaucoup de personnes exercent cette activité à une adresse qui est également celle de leur domicile.

 

Toujours dans l’optique de faire les choses dans les règles de l’art et d’être en conformité avec la loi, il est bon de se renseigner sur la réglementation, en sollicitant si besoin les services locaux de la DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations).

 

Enfin, il convient aussi de se demander si on souhaite se concentrer sur l’activité de pension, ou bien proposer également d’autres services en lien avec les chiens.

Dernière modification : 04/02/2021.

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