25 races de chiens éteintes

25 races de chiens éteintes

Le nombre de races de chien reconnues aujourd’hui dans le monde diffère d’un organisme à l’autre, et certaines ont une diffusion extrêmement confidentielle, mais il en existe en tout plus de 500.


C’est beaucoup plus que lors du début de la domestication des chiens il y a plus de 10.000 ans. En effet, tant de manière naturelle que via l’intervention de l’Homme, l’espère s’est grandement diversifiée, notamment pour satisfaire des usages nouveaux ou en évolution.


Ainsi, au fil des siècles, la plupart des races ont évolué, de nouvelles sont apparues, et d’autres ont au contraire complètement disparu.


Qu’elles se soient éteintes après seulement quelques décennies ou au terme de plusieurs siècles d’existence, voici 25 races de chiens qui appartiennent désormais au passé.

Les races de chiens, un concept assez récent

Tête de Kuri, par Kane Fleury (© Otago Museum)
Tête de Kuri, par Kane Fleury (© Otago Museum)

En premier lieu, il convient de souligner que parler de race pour des chiens disparus il y a bien longtemps est discutable. En effet, ce n’est qu’au 19ème siècle qu’apparurent les premiers organismes canins et donc les premiers standards de race, recensant les caractéristiques attendues pour qu’un individu puisse être considéré officiellement comme appartenant à ladite race.

 

Autrement dit, si les individus d’une même race présentent aujourd’hui une certaine homogénéité tant sur le plan morphologique que comportemental, c’était loin d’être le cas par le passé. Les experts parlent d’ailleurs souvent de « types » plutôt que de « races » pour décrire les chiens d’autrefois.

Il n’en reste pas moins que depuis l’époque de sa domestication par l’Homme, le chien a bien changé et s’est beaucoup diversifié, au point de ne plus ressembler tant que cela à ses ancêtres sauvages. Des centaines, voire peut-être des milliers de races ont vu le jour au fil des millénaires : si certaines sont parvenues jusqu’à nous, d’autres au contraire se sont éteintes. Une partie d’entre elles ont toutefois laissé derrière elle quelques témoignages, que ce soit à travers des écrits ou toutes sortes de représentations.

Pourquoi certaines races de chien disparaissent-elles ?

Représetation d'un Chien Courant du Nord
Représetation d'un Chien Courant du Nord

Les causes de disparition des races de chiens sont variées, mais peuvent globalement être classées en trois catégories :

 

  • les épidémies et les guerres, qui n’ont pas décimé que des humains, mais aussi leurs animaux ;

 

  • la perte d’intérêt de la part des éleveurs et de la population, que ce soit en raison d’un trait de caractère (en particulier une agressivité démesurée), d’un changement de mode, ou d’une utilisation devenue obsolète (par exemple, les combats de chiens ont quasiment disparu de nos jours, car devenus illégaux dans de nombreux pays) ;

 

  • les croisements avec d’autres races, qu’ils aient été opérés volontairement par l’Homme ou qu’ils aient eu lieu naturellement.


Nombre de nos races contemporaines, y compris parmi les plus populaires, sont d’ailleurs passées elles aussi près de l’extinction à un moment ou un autre de leur histoire (en particulier pendant les deux guerres mondiales), et n’ont été sauvées que grâce à la volonté et la détermination de quelques passionnés.

Le destin des races de chien, plus que jamais entre les mains de l’Homme

Le Bouledogue Anglais a été très façonné par l'Homme
Le Bouledogue Anglais a été très façonné par l'Homme

Au fur et à mesure de sa domestication et de la diversification de ses usages au service de l’Homme, le chien a vu de plus en plus son évolution et sa survie dépendre très largement de ce dernier. Ainsi, bien avant que les principes de la génétique ne soient compris, des croisements étaient déjà orchestrés entre différentes races afin de développer ou au contraire écarter certaines caractéristiques physiques ou de tempérament, en fonction des besoins utilitaires et esthétiques de chaque époque.

 

Cette pratique a cependant ses limites, puisqu’il n’est jamais possible de tout contrôler, et qu’une amélioration sur un plan peut s’accompagner de revers sur un ou plusieurs autres. Certaines races éteintes du fait de leur agressivité excessive sont là pour en témoigner.

 

Cela dit, de nos jours, c’est surtout l’impact sur la santé de certains attributs morphologiques parfois poussés à l’extrême qui pose problème. Le Bulldog Anglais est un parfait exemple des dérives de l’élevage canin : largement altérée par l’Homme pour répondre à des critères esthétiques et à des modes, sa morphologie actuelle implique non seulement des difficultés respiratoires et une grande sensibilité à la chaleur et à l’effort, mais aussi un risque élevé de problèmes lors de la mise bas. De fait, une large partie des femelles ne sont pas en mesure de mettre au monde leur portée sans intervention humaine !

 

Les pratiques d’élevage ne faisant que peu de cas de la viabilité et de la bonne santé des chiens obtenus sont toutefois fortement remises en cause depuis quelques décennies. Ceci s’inscrit plus largement dans le cadre d’une évolution des mentalités : le chien est aujourd’hui de moins en moins considéré comme un objet au service de l’Homme, mais plutôt comme un être à part entière, qui doit être respecté et dont on doit veiller au bien-être.

 

Cela dit, si toutes les races n’ont pas eu la chance de traverser les époques et de nous parvenir, c’est surtout parce que jusqu’à récemment, les outils manquaient pour suivre de près l’évolution des populations. Ainsi, certains chiens ont disparu sans même que quiconque ne s’en rende véritablement compte, du moins dans l’immédiat.

 

Le fait qu’on dispose d’une meilleure visibilité à ce sujet n’empêche pas qu’il continue d’y avoir de nos jours des races de chiens menacées de disparition, y compris parfois dans des pays ayant par ailleurs une importance culture cynologique, comme c’est le cas par exemple de l’Otterhound (ou Chien de Loutre) britannique. La question se pose de savoir s’il est pertinent et souhaitable de les sauver par principe, plutôt que de les laisser s’éteindre au profit d’autres plus robustes et/ou plus populaires. Quoi qu’il en soit, au vu de la profusion de nouvelles races de chiens que les éleveurs développent, l’espèce continuera sûrement longtemps à se distinguer par sa diversité.

Le Bullenbeißer

Le Bullenbeißer

Le Bullenbeißer, aussi connu sous le nom de Bulldog Espagnol, est une race de chiens disparue il y a un peu plus d’un siècle. Son nom signifie « mordeur de taureaux » en allemand, en référence à son utilisation dans les arènes où il affrontait ces puissants bovidés aux 18ème et 19ème siècles. C’était un animal grand et imposant, à la tête ridée, au nez court et à la mâchoire puissante.

 

Ce que son nom ne dit pas, c’est qu’il était probablement originaire d’Asie, où il aurait servi de compagnon, de gardien et même de chien de combat aux tribus nomades des Huns et des Alains, avant d’être importé en Europe par ces derniers au 5ème siècle de notre ère.

 

En 1835 fut voté en Grande-Bretagne le Cruelty to Animal Act, une loi contre la cruauté envers les animaux. Elle interdit notamment les combats impliquant des taureaux, et ce chien cessa alors d’intéresser les éleveurs britanniques. Il en allait toutefois autrement en Allemagne : en raison de la montée du nationalisme à la fin du 19ème siècle, il fit l’objet de croisements avec le Bulldog Anglais dans le but d’engendrer une race standardisée. De ces mariages naquit le Boxer ; ce dernier devint si populaire qu’il causa indirectement une réduction drastique du nombre de Bullenbeißers, au point que le nombre de ces derniers finit par ne plus être suffisant pour perpétuer la race. Elle finit par s’éteindre officiellement dans les toutes premières années du 20ème siècle.

Le Old English Bulldog

Le Old English Bulldog

Comme son nom l’indique, le Old English Bulldog est l’ancêtre du Bulldog Anglais, bien connu de nos jours. Lui aussi était célèbre, mais pas forcément pour de bonnes raisons : il était particulièrement populaire dans l’Angleterre du 19ème siècle pour son utilisation dans les combats contre des taureaux.

 

Ses origines ne sont pas tout à fait claires, mais il serait né du croisement entre l’Alaunt (une autre race également disparue), le Mastiff et le Greyhound, un lévrier utilisé afin de contrecarrer la faible vitesse de course du Mastiff.

 

Comme dans le cas du Bullenbeißer, c’est le Cruelty to Animals Act britannique de 1835 qui entraîna l’extinction du Old English Bulldog. Les combats contre des taureaux devenant interdits, les éleveurs ne voyaient plus d’intérêt à produire ce type de chien. Ils effectuèrent en revanche des croisements avec diverses autres races afin d’obtenir un animal plus docile, capable de faire office de chien de compagnie : le Bulldog Anglais contemporain.

 

Ce dernier subit toutefois le contrecoup de ces multiples croisements et manipulations génétiques désordonnés, puisque sa morphologie affecte notamment ses capacités respiratoires et sa capacité à mettre bas. C’est ce qui conduisit dans les années 70 un éleveur américain du nom de David Leavitt à se lancer dans un programme visant à utiliser diverses races pour tâcher de recréer le Old English Bulldog. Le chien ainsi obtenu a d’abord été baptisé Olde English Bulldogge, avant d’être renommé Leavitt Bulldog en 2005. Il ressemble physiquement beaucoup au Bulldog Anglais d’origine, mais possède un tempérament moins agressif et une meilleure santé.

Le Braque du Puy

Le Braque du Puy

Le Braque du Puy était un chien d’arrêt, plus précisément un braque français originaire du Poitou, une ancienne région de France située au sud-est de l’actuelle Bretagne. C’était un grand chien blanc à taches orange ou marron, connu pour sa souplesse, sa vitesse à la course et sa loyauté envers sa famille.

 

Ce n’est pas une création ancienne : il aurait été développé au 19ème siècle par deux chasseurs locaux, les frères du Puy, qui auraient croisé d’autres races de braque avec des lévriers tels que le Sloughi, originaire d’Afrique du Nord. Le but était de créer un animal plus léger que le Braque Français et capable de rivaliser avec les chiens de chasse anglais de l’époque.

 

Apprécié de son temps, le Braque du Puy ne put pourtant jamais rivaliser avec le très athlétique Pointer Anglais et s’éteignit donc après environ 150 d’existence, vers le milieu du 20ème siècle. D’aucuns prétendent qu’il en existe encore quelques spécimens en Europe, mais il s’agit vraisemblablement d’individus appartenant à d’autres races de braques morphologiquement semblables.

Le Talbot

Le Talbot

Le Talbot était une race de chiens française très ancienne, apparue vraisemblablement vers le 11ème siècle dans une région située quelque part entre la Normandie, le nord de la France et la Belgique. Physiquement, il ressemblait beaucoup à l’actuel Saint-Hubert – à l’exception du fait qu’il possédait un pelage entièrement blanc – et possédait comme lui un excellent flair, raison pour laquelle il était utilisé aussi bien pour la chasse que comme chien policier. La proximité entre ces deux races est telle que certains pensent que le Saint-Hubert serait l’un de ses descendants, mais ce lien de parenté n’a jamais été prouvé.

 

S’il est d’origine française, c’est à la Grande-Bretagne que le Talbot doit en réalité sa popularité. La légende veut qu’il ait été importé en Angleterre au 11ème siècle par Guillaume le Conquérant (1027-1087), mais aucun élément tangible ne permet de corroborer cette piste. En effet, les plus anciennes traces d’élevage de Talbot en Grande-Bretagne remontent seulement au 12ème siècle.

 

Il fut notamment mentionné en 1735 dans un poème de William Somerville (1675-1742) intitulé La chasse, qui vante ses qualités. Toutefois, il s’agissait alors en quelque sorte du chant du cygne. En effet, ce chien nécessitait beaucoup d’entretien de la part de son maître, et finit par perdre en popularité au fil du temps, jusqu’à s’éteindre à la fin du 18ème siècle.

 

Avant cela, il aurait contribué dans une certaine mesure à la naissance de plusieurs races de chiens de chasse : le Chien Courant du Sud et le Chien Courant du Nord (deux races issues de croisements avec des lévriers en vue d’obtenir un animal plus rapide, mais qui ont également toutes deux disparu), le Beagle, le Basset Hound, et donc le Saint-Hubert.

 

Au-delà, on peut dire que parmi toutes les races de chien disparues, le Talbot fait partie de celles qui continuent d’être le plus présentes. C’est surtout le cas dans la culture populaire britannique, grâce aux nombreux pubs et auberges qui ont été nommés en son honneur. Il figure aussi sur les armoiries de deux familles nobles, les Carter-Campbell de Possil et les Waldegrave.

Le Molosse d’Épire

Le Molosse d’Épire

Si aujourd’hui le terme « molosse » désigne un type de chiens, il était à l’origine le nom d'une des plus anciennes races connues : le Molosse d’Épire (ou Molossus). Il daterait de l’Antiquité et serait le père de tous les mastiffs actuels à l’exception du Dogue du Tibet, qui existait déjà à cette époque.

 

Il tient son nom des Molosses, une tribu de la région historique d’Épire, située entre l’Albanie et la Grèce actuelles. Ils l’utilisaient pour combattre comme chien de guerre, et cet animal était alors si célèbre qu’il figurait sur leurs pièces d’argent.

 

Toujours pendant l’Antiquité, Il était également très apprécié des Romains et des Grecs : les premiers le faisaient combattre dans des arènes, tandis que les seconds le faisaient affronter des lions et des tigres.

 

Son utilisation ne se serait cependant pas limitée à ces activités violentes. En effet, Aristote (384 avant J.-C. - 322 avant J.-C.) le décrivit en 343 avant J.-C. comme un formidable chien de berger dans son Histoire des animaux, écrivant que « la race des chiens de Molossie ne l'emporte pas sur les espèces qu'on trouve ailleurs pour nous aider à la chasse ; mais pour surveiller et suivre le bétail, ils se distinguent par leur courage à combattre les bêtes fauves, aussi bien que par leur grandeur ».

 

On ignore aujourd’hui encore comment le Molosse d’Épire s’est éteint, mais Aristote faisait déjà état à son époque de croisements avec d’autres races. Il est donc probable qu’il ait peu à peu disparu pour laisser la place à d’autres chiens de type molossoïde.

Le Kuri

Le Kuri

Dans certaines cultures, le chien n’était pas simplement considéré comme un animal de compagnie ou un outil destiné à la chasse ou au travail : il était aussi parfois élevé en tant que bétail. C’était le cas du Kuri, une ancienne race originaire de Polynésie, dont les Maoris consommaient la viande. Sa peau et ses poils servaient également à confectionner des vêtements et des ceintures.

 

Le fait d’être consommé ne l’empêchait pas pour autant d’être considéré comme sacré. En effet, les légendes locales lui attribuaient une origine divine, le voyant comme incarnation sur Terre du dieu Irawaru, transformé en chien par son beau-frère qui le jalousait. Sa viande n’était donc pas un aliment banal, mais un mets délicat et sacré que l’on préparait avec le plus grand soin.

 

Le Kuri était de taille moyenne, possédait des pattes courtes mais puissantes et arborait un pelage orange, noir ou blanc. Il était réputé pour être moche, agressif et avoir un odorat peu développé, ce qui explique peut-être qu’il était davantage élevé pour manger de la viande de chien que pour sa compagnie. Par ailleurs, contrairement à ses congénères originaires d’Europe, il n’aboyait pas, mais hurlait comme un loup.

 

Il fut importé en Nouvelle-Zélande par les Maoris au 13ème siècle, mais finit par disparaître vers 1860, suite à l’arrivée des Européens. Contrairement à de nombreuses races disparues, son ADN ne s’est pas fondu dans celui d’autres races, car les colons européens ne parvinrent pas à le croiser avec les chiens qu’ils avaient importés d’Europe.

L’Épagneul des Alpes

L’Épagneul des Alpes

Avant que le Saint-Bernard ne devienne l’un des plus célèbres chiens de montagne, l’Épagneul des Alpes menait déjà au 19ème siècle des missions de sauvetage au sommet des montagnes éponymes et d’autres massifs d’Europe de l’Ouest. Il était également utilisé pour garder les troupeaux de moutons. C’était un chien bouclé originaire de Suisse, élevé par les moines des monastères alpins, qui était connu pour son imposant gabarit : les témoignages de l’époque indiquent en effet qu’il pouvait faire 60 cm de haut et jusqu’à 1,50 mètre de long du bout du nez à l’extrémité de la queue.

 

L’Épagneul des Alpes est une des très rares races de chiens éteintes qu’il est encore possible d’admirer aujourd’hui. En effet, le musée d’histoire naturelle de Berne expose le corps empaillé de Barry (1800–1814), qui était élevé par les moines de l’hospice du Grand Saint-Bernard et est resté célèbre pour avoir sauvé au cours de sa vie plus de 40 personnes. Il est difficile de savoir à quel point l’animal aujourd’hui montré au public est représentatif de ce qu’était la race, mais sa physionomie a été modifiée à de nombreuses reprises par le musée pour mieux correspondre à l’idée que les spécialistes se font sur le sujet.

 

Deux causes majeures ont entraîné l’extinction de l’Épagneul des Alpes. D’une part, dans la mesure où il était utilisé pour de dangereuses missions de sauvetage en montagne, nombre de ses représentants connurent la mort dans des circonstances tragiques. D’ailleurs, dès 1839, une rumeur circulait sur sa possible disparition prochaine. D’autre part, une épidémie déclarée en 1847 tua la quasi-totalité de la population de la race, au point que les moines qui l’élevaient n’eurent d’autre choix que de le croiser avec le Chien de Montagne des Pyrénées pour tenter de le sauver.

 

Ces croisements donnèrent ensuite naissance au Saint-Bernard, qui fut reconnu comme race de chien suisse dès 1887. Le Clumber Spaniel pourrait également faire partie des races obtenues à partir de ces croisements, mais la véracité de cette hypothèse est encore débattue par les spécialistes.

Le Paisley Terrier

Le Paisley Terrier

Originaire d’Écosse et aussi connu sous le nom de Clydesdale, le Paisley Terrier est l’ancêtre du Yorkshire. C’était un terrier court sur pattes et au poil long, qui ressemblait beaucoup au Skye Terrier, à ceci près qu’il n’était pas fait pour la chasse. Prisé des femmes britanniques de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle, il n’avait qu’une chose qui jouait contre lui : sa fourrure très délicate dont il fallait prendre le plus grand soin.

 

C’est cette même fourrure qui lui valut d’abord un certain succès dans les expositions canines, au détriment de son homologue le Skye Terrier, qui était pourtant alors le chien favori de la reine britannique Victoria. Toutefois, les éleveurs de Skye Terriers le considéraient comme une race croisée, et voyaient dans sa participation aux concours de beauté une forme de concurrence déloyale. Leurs protestations se conjuguèrent à un reflux de sa popularité auprès de la gent féminine pour entraîner une forte diminution du nombre d’éleveurs, jusqu’à sa disparition totale dans les années 1930.

 

Le Skye Terrier parvint quant à lui à survivre, mais est aujourd’hui à son tour menacé d’extinction.

Le Chien d’Eau de Saint-John

Le Chien d’Eau de Saint-John

L’apparition d’une race canine n’est pas toujours le fruit d’une réflexion mûrement réfléchie. Parfois, on peut même dire qu’elle relève du pur hasard, et il semble que ce soit le cas pour le Chien d’Eau de Saint-John. Les scientifiques ne sont pas parvenus à déduire grand-chose sur ses origines à partir de son patrimoine génétique, si ce n’est qu’il aurait résulté de simples croisements aléatoires entre des chiens de travail anglais, irlandais et portugais du 15ème siècle.

 

Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’il était originaire de l’île de Terre-Neuve au Canada, qu’il était populaire aux 17ème et 18ème siècles, et qu’il est l’ancêtre du Terre-Neuve ainsi que des différentes races de retriever.

 

Comme son patronyme le laisse supposer, le Chien d’Eau de Saint-John adorait l’eau. Étant donné qu'il était également doté d’un très bon tempérament et ne rechignait pas à la tâche, il était très prisé des pêcheurs, qui l’équipaient d’un harnais et le mettaient à l’eau afin d’augmenter le nombre de prises, lui demandant d’attraper les gros poissons qui leur échappaient. Son pelage épais et étanche était parfaitement adapté pour remplir cette mission.

 

Malgré sa popularité, la survie du Saint-John fut menacée dès la fin du 18ème siècle, lorsque des lois canadiennes limitèrent le nombre de chiens par foyer. De surcroît, alors qu’il était très populaire auprès des Britanniques, les exportations furent drastiquement réduites par les campagnes d’éradication de la rage menées en Angleterre à partir de 1895. En effet, ces dernières se traduisirent notamment par la mise en place d’une quarantaine de six mois pour tous les chiens importés sur le territoire.

 

La race parvint tout de même à survivre bon gré mal gré jusqu’au 20ème siècle, avant de s’éteindre définitivement vers la fin de ce dernier. Les deux derniers mâles furent photographiés pour la dernière fois dans les années 1980.

Le Chien de Combat de Cordoba

Le Chien de Combat de Cordoba

Le Chien de Combat de Cordoba était une race relativement récente, puisqu’il fut créé en Argentine au milieu du 19ème siècle à partir d’Alanos locaux, du Staffordshire Bull Terrier et peut-être d’autres races parmi lesquelles le Boxer, le Mastiff et le Bulldog Anglais. Son nom est une référence d’une part à son origine géographique, et d’autre part à son usage : il était en effet destiné à combattre dans les arènes, et réputé d’ailleurs pour son énergie, sa férocité et son agressivité.

 

Ces traits de caractère étaient tellement prononcés qu’ils se retournèrent contre lui : en effet, mâles et femelles préféraient souvent se battre plutôt que s’accoupler. Si on ajoute à cela le nombre conséquent de spécimens ayant perdu la vie dans les arènes, on comprend aisément pourquoi la race finit par disparaître dans les années 1930.

 

Peu avant son extinction, elle donna toutefois naissance à un autre molosse, le Dogue Argentin. Contrairement à son ancêtre, celui-ci possède un très bon tempérament et s’adapte fort bien à la vie en famille, en plus d’être un excellent compagnon de chasse.

Le Chien Gris de Saint-Louis

Le Chien Gris de Saint-Louis

Le Chien Gris de Saint Louis est une race de chiens éteinte qui existait déjà au Moyen Âge et qui était d’ailleurs à ce moment-là très répandue en Europe, même si elle provenait initialement d’Asie centrale. Il était très utilisé dans les meutes royales pour la chasse au lièvre et au cerf jusqu’aux années 1470, et se serait finalement éteint dans le courant du 19ème siècle.

 

Malgré quelques illustrations remontant au Moyen Âge, les spécialistes ne savent toujours pas précisément à quoi il ressemblait. La vénerie de Jacques du Fouilloux (1519-1580), un livre datant de 1561 et écrit par le chasseur du même nom, fournit quelques maigres renseignements : il y est décrit comme possédant une fourrure grise – d’où son nom –, et un pelage plus foncé au niveau des pattes.

 

Si les croisements avec d’autres races jouèrent un rôle certain dans sa disparition, la Révolution française de 1789 eut également une part de responsabilité. En effet, cette période de grands bouleversements sociétaux se traduisit notamment par l’extension du droit de chasse à l’ensemble de la population, alors qu’il était jusqu’alors réservé aux franges les plus aisées. La chasse devint donc une activité populaire, et le Chien Gris de Saint-Louis fut progressivement supplanté par d’autres races moins « nobles ».

 

Avant de tirer sa révérence, il contribua tout de même à la naissance de plusieurs chiens actuels, dont le Braque de Weimar et le Griffon Nivernais.

Le Dogue de Cuba

Le Dogue de Cuba

Le Dogue de Cuba était une race de type molossoïde originaire de l’île dont elle porte le nom. Il y fut créé après la colonisation de cette dernière par les Espagnols en 1492, en croisant des Alanos avec des Mastiffs importés, dans l’idée d’obtenir un chien utilisable aussi bien pour le combat que pour la chasse ou encore la garde des propriétés.

 

Son museau était plat, sa tête large, ses babines pendantes, son corps robuste et sa musculature impressionnante. Il arborait un pelage de couleur rouille, et ses pattes étaient généralement noires. Il ressemblait beaucoup à l’American Pit Bull Terrier actuel, et avait d’ailleurs lui aussi mauvaise réputation.

 

Son histoire est tristement liée à celle de l’esclavage dans les Caraïbes. En effet, il fut beaucoup utilisé pour retrouver les esclaves fugitifs, en particulier pendant la révolte des esclaves de Jamaïque de 1796, et durant l’expédition française à Saint-Domingue entre 1801 et 1803, qui visait à rétablir l’esclavage dans le territoire.

 

Finalement, l’abolition de la traite négrière en 1815 marqua un coup d’arrêt définitif à l’élevage du Dogue de Cuba, qui s’éteignit peu après faute de demande, sa mission étant devenue caduque. Quelques spécimens furent tout de même ramenés en Espagne afin d’être utilisés pour participer à des combats de chiens, mais la race ne survécut pas beaucoup plus longtemps sur le Vieux Continent.

Le Chien d'Ours Tahltan

©Firstnations.de
©Firstnations.de

Le Chien d’Ours Tahltan était une race vieille de plusieurs milliers d’années, originaire de ce qui correspond actuellement au nord-ouest de la province canadienne de Colombie-Britannique. Il était plutôt petit, mais très puissant, et supportait sans problème le froid glacial de ses terres d’origine. Il était très prisé des Tahltans, un peuple indigène qui le traitait avec beaucoup de respect et l’utilisait surtout pour la chasse à l’ours (d’où son nom), même s’il faisait aussi un très bon compagnon de vie.

 

Ils pratiquaient cette chasse selon un véritable rituel. En particulier, tout chien qui y participait était d’abord entaillé au niveau de l’arrière-train avec un os de renard ou de loup, avant d’être transporté sur les épaules de son maître jusqu’au terrain de chasse. Son gabarit ne lui permettait pas d’affronter un ours ; en revanche, son cri strident était capable de le distraire et de le perturber, ce qui permettait à son maître d’attaquer plus facilement le prédateur.

 

Avec la conquête de l’Amérique de l’Ouest par les Européens au 19ème siècle, les populations indigènes diminuèrent, et le nombre de chiens d’Ours Tahltan en fit de même. Certains documents écrits suggèrent en outre que la maladie de Carré aurait ensuite joué un rôle conséquent dans la disparition de cette race déjà affaiblie. Dans la mesure où plus aucun spécimen n’a été aperçu depuis les années 70, elle est considérée comme éteinte. Par ailleurs, d’après plusieurs études génétiques récentes, elle n’aurait pas donné naissance à d’autres races.

Le Toy Trawler Spaniel

Le Toy Trawler Spaniel

Le Toy Trawler Spaniel était un épagneul issu vraisemblablement d’un croisement entre le King Charles Spaniel d’alors et le Sussex Spaniel, qui lui aurait légué son poil bouclé. On ne sait pas quant exactement il apparut, mais son apparence en revanche est connue grâce à Lady Wentworth (1873-1957), arrière-petite-fille de Lord Byron (1788-1824). En effet, son chien Robin fut empaillé après sa mort en 1920, et est depuis lors exposé au musée d’histoire naturelle de Tring (Royaume-Uni).

 

Principalement utilisé comme animal de compagnie et pour les expositions canines, le Toy Trawler Spaniel était déjà relativement rare au moment de son identification formelle au début du 20ème siècle. Lady Wentworth fit en effet remarquer dès 1911 qu’il existait peu de spécimens en Angleterre, et que la présence de la race n’avait pas pu être confirmée en Italie et aux Pays-Bas. L’auteur Robert Leighton affirmait le contraire en 1907 dans son ouvrage The New Book of the Dog, au sein duquel il dressait un portrait de ce chien.

 

Peu conscients de la rareté de ces chiens, ceux qui en possédaient les croisèrent souvent avec d’autres races, ce qui conduisit à leur disparition définitive dans les années 1920.

Le Chien Courant du Nord et le Chien Courant du Sud

Le Chien Courant du Nord et le Chien Courant du Sud

Le Chien Courant du Nord et le Chien Courant du Sud (respectivement appelés Northern Hound et Southern Hound en anglais) étaient des races de chiens britanniques qui s’éteignirent au cours du 19ème siècle, mais dont les spécialistes ignorent encore avec précision à quel moment elles étaient apparues. Il semble toutefois qu’elles existaient alors depuis probablement moins de deux siècles.

 

Très populaires en Angleterre, ils faisaient partie des chiens utilisés pour la chasse à courre, et tenaient leurs noms respectifs des régions dans lesquels ils étaient le plus répandus : le premier était ainsi principalement présent dans le Yorkshire, au nord, tandis le second se trouvait plutôt dans le Devon et le Pays de Galles, au sud. Même s’ils se ressemblaient beaucoup et étaient souvent confondus, ils se distinguaient par leurs qualités de chasseur : le Chien Courant du Nord était plus rapide que celui du Sud, mais ce dernier avait, semble-t-il, un meilleur odorat.

 

Finalement, ils furent croisés entre eux et avec d’autres chiens, ce qui causa leur extinction. Ils auraient toutefois contribué à la création du Beagle, de l’Harrier et du Foxhound Anglais.

Le Charnaigre

Le Charnaigre

Le Charnaigre était un chien de chasse français que l’on trouvait essentiellement dans le sud du pays (notamment en Provence), mais aussi dans une moindre mesure en Espagne. Avec ses pattes élancées et son corps allongé, il ressemblait aux races de lévriers actuelles, mais son patrimoine génétique demeure incertain.

 

On sait en revanche qu’il avait des origines anciennes, puisqu’il était déjà utilisé pendant l’Antiquité par les Romains pour la chasse. Il continua d’ailleurs de jouer ce rôle jusqu’au 19ème siècle, et était notamment apprécié au Moyen Âge pour s’attaquer aux lapins. En 1845, la cour d’Aix-en-Provence interdit son utilisation pour la chasse, ce qui mit fin à son élevage. La race s’éteignit peu après.

Le Chien de Laine Salish

© McTaggart-Cowan Ian
© McTaggart-Cowan Ian

Tout au long de leur histoire auprès des humains, les chiens ont surtout été utilisés pour la chasse, la garde ou encore comme animaux de compagnie. Néanmoins, certains étaient élevés avant tout pour leur fourrure. C’est le cas notamment du Chien de Laine Salish, une race aujourd’hui disparue qui fut longtemps élevée par la tribu Salish, des indigènes qui vivaient dans un territoire désormais à cheval sur la Colombie-Britannique (Canada) et l’État de Washington (États-Unis).

 

Les Salishs de la côte ne disposaient en effet ni de moutons, ni d’animaux à laine. Pour pouvoir obtenir ce précieux matériau, ils sélectionnèrent donc des chiens en fonction de la qualité de leur fourrure et les croisèrent jusqu’à obtenir le résultat désiré : le Chien de Laine Salish, un petit canidé à la fourrure blanche et abondante. Il s’agirait de la seule race de chiens précolombienne d’Amérique du Nord à avoir été intentionnellement créée par l’Homme pour répondre à ses besoins.

 

Pour améliorer la qualité de la laine, ce chien était nourri notamment avec du saumon, car les Salishs pensaient que ce type de poissons possédait des vertus intéressantes pour le poil. Ils voyaient probablement juste, car le saumon contient des acides gras essentiels et de la vitamine A, qui contribuent notamment à la bonne santé de la peau et du pelage. Différents fabricants proposent d’ailleurs de nos jours de l’huile de saumon pour chien, précisément dans ce but.

 

L’arrivée des colons européens eut raison de cette race singulière. En effet, la disparition des tribus indigènes et l’importation de moutons sur le continent américain entraînèrent une diminution significative du nombre de Chiens de Laine Salish. La race s’éteignit finalement vers le milieu du 19ème siècle, ne laissant derrière elle que quelques objets cérémoniaux très précieux réalisés à partir de sa laine.

Le Chien d’Eau de Moscou

Le Chien d’Eau de Moscou

L’histoire du Chien d’Eau de Moscou était intimement liée à celle de l’Union soviétique. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les chiens de travail y manquaient cruellement, la majorité d’entre eux ayant été tués pendant les combats. Pour remédier à ce problème, le centre militaro-technique russe d’élevage canin, aussi connu sous le nom de Chenil de l'étoile rouge, entreprit alors de créer de nouvelles races : ainsi virent le jour le Chien d’Eau de Moscou et le Terrier Noir Russe, entre autres.

 

Si cette dernière race existe encore aujourd’hui, le premier n’eut pas cette chance. Créé à l’origine pour être un chien de sauvetage en mer, il fut obtenu en croisant des Terres-Neuves avec des Bergers du Caucase et des Bergers d’Europe de l’Est. Le résultat obtenu était un animal de grande taille, doté d’une épaisse fourrure noire, et qui brillait par ses qualités de nageur. Il pouvait aussi être utilisé comme gardien, à la plus grande joie de la marine russe qui pensait avoir trouvé là le chien d’eau ultime.

 

Malheureusement, il possédait un défaut de taille qui causa sa perte : sa très grande agressivité. En effet, lorsqu’il était envoyé en mer pour sauver quelqu’un en train de se noyer, il avait davantage tendance à s’attaquer au malheureux qu’à essayer de le secourir. Comprenant qu’il était difficile d’utiliser pour le sauvetage une race au tempérament de chien d’attaque, le Chenil de l’étoile rouge préféra le retirer de son programme, et la race s’éteignit officiellement dans les années 80.

Le Turnspit

Le Turnspit

Le Turnspit était un chien de petite taille qui aurait été apparenté au Terrier Irlandais Glen of Imaal et/ou au Welsh Corgi. Il en est fait mention dès 1576 dans l’ouvrage de Iohannes Caius (1510-1573) Of English Dogs, mais on ignore quand exactement apparut cet animal au long corps et aux petites pattes courbées.

 

Dès la fin du 16ème siècle, il était souvent présent dans les grandes cuisines britanniques, car il y était employé pour actionner la tourneuse de broche utilisée pour faire rôtir une pièce de viande – une opération qui n’était pas encore automatisée à l’époque, et qui était donc autant fastidieuse que physiquement éprouvante. Pour ce faire, on le plaçait dans une roue tel un hamster, et son mouvement permettait d’actionner la tourneuse à laquelle la roue était reliée. C’est d’ailleurs cette utilisation qui lui valut son nom.

 

Cet usage original du chien fut d’ailleurs mentionné par Charles Darwin (1809-1882) pour montrer la capacité de l’Homme à mettre au point un processus de sélection et une certaine ingénierie génétique afin de développer un animal capable de répondre à des besoins particuliers.

 

Ce n’est cependant pas la seule utilisation curieuse du Turnspit que l’on recense. Le dimanche, il avait en effet droit à un jour de congé : on l’emmenait alors à l’Église, où il était utilisé pour se réchauffer les pieds pendant la messe.

 

A partir du milieu du 19ème siècle, les progrès de la mécanisation eurent raison de son existence, puisqu’il n’était plus nécessaire d’avoir recours à ses services pour actionner les brocheuses à viande. La prise de conscience concernant le bien-être animal joua également un rôle dans l’arrêt de cet usage et donc dans la disparition du Turnspit, les gens étant de plus en plus réticents à utiliser des chiens pour effectuer ce genre de tâches laborieuses. Sa population déclina rapidement, puis la race finit par disparaître.

Le Tweed Water Spaniel

Le Tweed Water Spaniel

Le Tweed Water Spaniel était une race d’épagneul à la morphologie similaire à celle de l’Épagneul d’Eau Irlandais. Il serait apparu au début du 19ème siècle, après que furent croisées ensemble plusieurs races de chiens d’eau. Il tenait son nom du Tweed, un fleuve qui traverse l’Écosse et le nord de l’Angleterre, et qui est célèbre pour la pêche au saumon. Il était particulièrement rare en dehors du nord de l’Angleterre, sa région natale.

 

Comme l’Épagneul d’Eau Irlandais, le Tweed Water Spaniel possédait un imposant pelage marron et bouclé, mais son museau était un peu plus long et ses oreilles pendantes. À ces quelques détails près, les deux races se ressemblaient beaucoup.

 

Excellent nageur, il aidait fréquemment les pêcheurs partis chercher du saumon le long du Tweed. Toutefois, sa notoriété actuelle est avant tout due au fait qu’il aurait participé à la création d’une des races de chien les plus populaires dans le monde : le Golden Retriever.

 

Les spécialistes ignorent la raison précise ayant conduit à l’extinction du Tweed Water Spaniel dans le courant du 19ème siècle. Une hypothèse est que sa rareté en dehors de sa région natale ainsi que les différents croisements en vue d’obtenir des Golden Retrievers finirent par avoir raison de lui.

Le Chien Poi d’Hawaï

© Margaret Ticomb, "Dog and man in the ancient pacific, with special attention to Hawaii"
© Margaret Ticomb, "Dog and man in the ancient pacific, with special attention to Hawaii"

Comme le Kuri, le Chien Poi d’Hawaï était généralement élevé comme du bétail. Il tirait d’ailleurs son nom du poi, un aliment typique de la cuisine hawaïenne traditionnelle avec lequel on le nourrissait pour l’engraisser rapidement. L’étude de son génome a mis en évidence qu’il était comme le Kuri originaire d’Indonésie, mais n’a pas permis de déterminer à quelle époque il apparut.

 

Il n’existe à ce jour aucune représentation fiable connue de ce chien. En effet, les illustrations de Chiens Poi datant du 18ème et du 19ème siècles sont attribuées à des artistes occidentaux ayant mélangé dans leurs œuvres les traits de la race avec ceux d’autres chiens européens et américains. Quant aux témoignages laissés par les Hawaïens, leurs représentations en pétroglyphe ne permettent pas de se faire une idée précise de son aspect.

 

Certains écrits permettent cependant d’en apprendre davantage sur le Chien Poi : on sait par exemple qu’il avait le poil court, la queue courbée et les oreilles pointues. En outre, il se déclinait en de nombreuses couleurs, et souffrait très souvent d’obésité en raison de son alimentation.

 

De nos jours, les Hawaïens utilisent toujours ce nom pour désigner des races locales non définies, mais ces dernières n’ont plus la même souche que les vrais Chiens Poi de l’époque. Leur patrimoine génétique s’est en effet entièrement fondu dans celui des races européennes avec lesquelles il fut croisé après l’arrivée des colons.

Le Mastiff Alpin

Le Mastiff Alpin

Difficile d’y voir clair dans le lignage du Mastiff Alpin et du Saint-Bernard, tous deux originaires des Alpes. Il était d’ailleurs commun au 19e siècle d’appeler le premier comme le second, alors même qu’il s’agissait en réalité de deux races bien différentes !

 

La confusion vient du fait qu’entre 1800 et 1850 furent importés en Angleterre de nombreux Mastiffs Alpins élevés par les moines du col du Grand-Saint-Bernard. Supposant que tous les chiens de Saint-Bernard devaient ressembler à ces spécimens, les Anglais les appelèrent ainsi, au point que les deux noms finirent par devenir interchangeables.

 

Physiquement, ces deux chiens étaient pourtant différents, notamment en termes de gabarit. Le Saint-Bernard est déjà imposant, mais le Mastiff Alpin fixait la barre encore plus haut. Il était connu en effet pour être une race de chien géante, avec des proportions dépassant presque l’entendement : on pense que certains spécimens dépassaient un mètre de hauteur au garrot, et pesaient plus de 150kg. Il était par ailleurs bien plus ancien que le Saint-Bernard que l’on connait aujourd’hui, puisqu’il existait déjà en 500 avant J.-C.

 

On suppose que le Mastiff Alpin fut croisé avec des ancêtres du Saint-Bernard actuel, et que ces croisements entrainèrent sa disparition totale au cours du 19ème siècle. Son importation en Angleterre permit toutefois de donner naissance au Mastiff Anglais, qui lui existe encore de nos jours.

Le Tesem

Représentation probable de Tesem retrouvée sur le tombeau de Ptah Hotep à Saqqarah
Représentation probable de Tesem retrouvée sur le tombeau de Ptah Hotep à Saqqarah

Même si le Tesem est aujourd’hui disparu, il est bien connu des passionnés de l’Égypte ancienne. Ce chien à la queue en tire-bouchon, aux longues pattes et aux oreilles pointues était en effet très présent dans les représentations populaires de la civilisation égyptienne – au point d’ailleurs qu’on le retrouve sur de nombreux hiéroglyphes, dont certains vieux de plus de 5000 ans. Anubis lui-même, le dieu de la mort, était souvent représenté sous les traits d’un Tesem. Ce chien pouvait aussi bien servir comme chasseur que comme gardien ou compagnon de vie, et sa popularité était telle que certains spécimens étaient momifiés et enterrés aux côtés de leurs propriétaires.

 

Pour autant, il ne serait pas originaire d’Égypte ancienne, mais de régions situées plus au sud : la Nubie et le pays de Pount. On sait également qu’il vécut pendant de nombreux siècles, puisqu’il existait encore pendant le Moyen Empire égyptien (2033 avant J.-C. – 1786 avant J.-C.) et le Nouvel empire (1500 avant J.-C. – 1000 avant J.-C.).

 

Il finit toutefois par être progressivement remplacé par le Lévrier Arabe et le Lévrier Persan, au point de disparaître.

Le Norfolk Spaniel

Le Norfolk Spaniel

Dans les années 1860, le Norfolk Spaniel, aussi appelé Épagneul de Shropshire, était considéré comme l’épagneul le plus populaire d’Angleterre. Un constat à nuancer toutefois, car il était alors très difficile de distinguer ce chien des autres épagneuls, étant donné que la seule spécification à son sujet était sa taille moyenne (41 cm de haut).

 

La confusion autour de cette race anglaise appartenant à la même famille que l’actuel Springer Spaniel est telle qu’on peine encore aujourd’hui à en retracer les origines. Il pourrait s’agir d’un croisement entre l’English Water Spaniel et le Sussex Spaniel, mais cette hypothèse n’a jamais été démontrée.

 

L’écrivain et spécialiste des chiens britanniques Rawdon B. Lee (1845-1908) alla même jusqu’à dire dans son ouvrage A history and description of the modern dogs of Great Britain and Ireland (1897) qu’il ne considérait pas ce chien blanc et noir comme une race à part entière d’épagneul, et que rien ne prouvait qu’il était originaire de Norfolk.

 

Imposteur ou non, le Norfolk Spaniel n’en demeura pas moins populaire auprès des Britanniques, mais aussi des Américains. Cela s’expliquait largement par ses talents à la chasse, tant sur terre que dans l’eau. Très attaché à son maître, il pouvait cependant se montrer têtu, voire développer un très mauvais tempérament. Il avait d’ailleurs la réputation d’être difficile à dresser. 

 

Ce n’est toutefois pas ce trait de caractère qui causa sa disparition, ni même un évènement particulier, mais plutôt un changement dans les standards des épagneuls. L’organisme cynologique de référence du pays, le Kennel Club, décida en 1903 de réunir tous les types d’épagneuls sous une seule et même race : l’English Springer Spaniel. La différence était déjà tenue entre ces différents chiens, et du fait des croisements autorisés par cette décision, il devint complètement impossible de le différencier d’autres types d’épagneuls similaires.

Le Hare Indian Dog

Le Hare Indian Dog

Si les spécialistes sont capables de déterminer avec une précision d’orfèvre le patrimoine génétique de certaines races éteintes, d’autres demeurent en revanche de véritables énigmes. C’est notamment le cas du Hare Indian Dog, un canidé d’Amérique du Nord dont on ignore s’il s’agissait d’un vrai chien, d’un hybride entre un chien et un coyote, ou même d’un coyote domestiqué.

 

Explorateurs et écrivains occidentaux commencèrent à s’intéresser à lui dans les années 1820, sans toutefois parvenir à percer ses mystères. Certains pensaient qu’il s’agissait d’un croisement entre le Chien d'Ours Tahltan et des races de chiens islandaises importées par les Vikings. Cette théorie fut toutefois contestée par l’explorateur écossais John Richardson (1787-1865), qui disait ne voir aucune différence entre le Hare Indian Dog et un coyote.

 

Rapide et habile comme ce dernier, le Hare Indian Dog possédait néanmoins la douceur et la loyauté d’un chien. Ceci explique qu’il était très apprécié par les Sahtus, un peuple installé à proximité du Grand lac de l'Ours, dans ce qui constitue aujourd’hui les Territoires du Nord-Ouest canadien. Il possédait un museau allongé, des oreilles pointues, une queue frisée et des jambes plutôt longues. Son physique en faisait un excellent chasseur de lièvres et de gibier de petite taille.

 

Si on ignore à quelle époque cette race apparut, on sait en revanche qu’elle s’éteignit au cours du 19ème siècle, lorsque l’arrivée des armes à feu dans le Grand Nord canadien limita grandement son utilité à la chasse. Elle fut alors croisée avec d’autres chiens, notamment des Terres-Neuves et des Esquimaux Canadiens.

Conclusion

Les races de chien les plus anciennes qui existent encore de nos jours sont celles qui ont su faire face aux guerres, aux épidémies, aux effets de mode ou encore au progrès technique, parfois en changeant radicalement d’apparence ou d’usage. Toutes n’y sont pas parvenues : l’Histoire nous enseigne que quelle que soit l’époque, de nombreuses races n’ont cessé de disparaître et d’autres au contraire d’apparaître, que ce soit naturellement ou du fait de la main de l’Homme.

 

Ce qui était vrai hier l’est encore aujourd’hui : il existe à la fois de nos jours des races de chien menacées d’extinction, et au contraire d’autres qui sont encore embryonnaires. Parmi ces dernières, il est vraisemblable que certaines se diffuseront fortement et rencontreront un très grand succès, tandis que d’autres pérécliteront rapidement, finissant par s’en aller aussi discrètement qu’elles ne s’en étaient venues.

Par Nicolas C. - Dernière modification : 12/26/2020.