Projet de loi pour ré-autoriser la coupe des oreilles des chiens

31/01/2008



Depuis le 1er mai 2004, la France s’est mise en conformité avec la réglementation européenne en interdisant l’otectomie, la coupe des oreilles des chiens (1), tout en demandant à bénéficier d’une exemption pour la caudectomie, la coupe de la queue. En conséquence, depuis le 1er mai si les chiens à queues coupées peuvent continuer à participer aux expositions canines, les animaux nés après cette date, et dont les oreilles sont taillées, ne peuvent plus y être présentés, ni se voir inscrits sur le Livre des Origines Françaises (LOF) de la Société Centrale Canine (sauf certificat vétérinaire apportant la preuve qu’une lésion a nécessité une otectomie).

Cette disposition européenne (1), que la France a adoptée tardivement et partiellement, à l’inverse de la majorité des autres Etats membres, fait l’objet depuis la mi-janvier d’un projet de loi (2) pour la rendre caduque. En effet, le 15 janvier dernier, Jean-Jacques Candelier, le député-maire communiste de Bruille-lez-Marchiennes (Nord), a déposé une proposition de loi visant à réhabiliter l’otectomie, en appuyant sa demande de façon plutôt étonnante…

Ainsi, selon lui, "… l’interdiction de la coupe des oreilles est source de grands dangers." Pour l’animal, "L’otectomie n’est en aucun cas un acte esthétique, ni encore moins une pratique barbare. Elle est réalisée pour des raisons de santé et des raisons pratiques, les oreilles naturelles étant en effet souvent source de souffrances." Or, selon ce député, "On sait qu’un chien qui souffre peut devenir agressif et donc dangereux. Il est donc nécessaire de prendre les décisions adéquates afin d’assurer la santé des chiens et la sécurité des personnes, c’est-à-dire la sécurité animale et la sécurité publique."

Face à cet argumentaire, la Fondation Brigitte Bardot parle d’un "amalgame d’idées archaïques et non avérées", en notant fort justement que "L’agressivité d’un chien peut être due à un ensemble de facteurs divers (conditions de traitement, d’élevage, d’éducation, etc.), mais sûrement pas au fait que les oreilles soient coupées ou non."

Accessoirement, le député considère que l’interdiction de l’otectomie a généré une "brutale désaffection des amateurs de chiens de race et une chute des ventes", menaçant de "disparition à court terme" 25 races canines, dont de nombreux chiens de bergers français ( Beauceron, Briard, Berger des Pyrénées, Bouvier des Flandres). S’il est vrai que ces races ne bénéficient plus du même attrait, elles ne sont pas les seules à être concernées, presque tous les grands chiens sont concernés, qu’ils aient été sujets ou non à l’otectomie. Les amateurs d’un compagnon à quatre pattes s’orientent en effet de plus en plus vers des races plus petites, que cela soit pour des raisons d’habitat, de pratique ou de mode.

Pascal Farcy

1- Article 10 de la Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie du 13 novembre 1987. C'est l'Allemagne qui a été le premier pays européen à interdire l'otectomie, en 1987, avant d'adopter une disposition identique pour la queue en 1998 (caudectomie).
2- Télécharger le projet de loi "réhabiliter l'otectomie"
http://www.univers-nature.com/divers/tel/otectomie-coupe-oreilles-chien.pdf
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