Chiens de thérapie : le chien comme soutien psychologique

Un grand chien gentil assis à côté d'une fille

Le chien est depuis longtemps le plus proche compagnon de l’Homme, et leur relation n’a cessé de s’approfondir au fil du temps. Ainsi, que ce soit comme chien de conduite des troupeaux, chien de chasse ou encore comme chien de garde, l’Homme n’a cessé de confier des missions de plus en plus diverses à son meilleur ami.


Or, les spécialistes ont établi que la présence de cet animal aux côtés d’un être humain a des répercussions importantes au niveau social, émotionnel, affectif et psychologique. Ceci a conduit à l’apparition des chiens de soutien psychologique, qui n’effectuent pas vraiment de tâche particulière, si ce n’est d’être présents et d’offrir leur affection.


Alors, qui sont ces chiens qui viennent en aide aux humains et peuvent les aider à traverser les pires épreuves ? Dans quelles situations et comment sont-ils utilisés ? Quelle formation suivent-ils, et est-elle suffisante pour garantir la réussite de leurs interventions ?

Les bienfaits du chien pour l’Homme

Un chien joue et se fait caresser par une fille à l'extérieur

Sigmund Freud (1856-1939), le père de la psychanalyse moderne, avait déjà constaté à son époque que le chien a un incroyable effet calmant sur les patients suivant une thérapie, lui qui était systématiquement accompagné d’un de ses fidèles Chow Chow lors de ses consultations. Depuis, les neurosciences et la psychologie ont prouvé de manière scientifique que la présence d’un chien peut contribuer à l’amélioration de la santé physique et mentale.

 

Ainsi, sur le plan physique, il est dorénavant établi que la présence d’un chien a un effet apaisant qui permet de faire baisser le rythme cardiaque et la tension artérielle.

 

En outre, posséder un chien oblige son propriétaire à rester actif, par exemple en jouant avec lui et en le sortant quotidiennement.

 

Une dame âgée et un jeune homme promènent leur chien sur une rue pavée

Sur le plan psychique, c’est probablement sur le sentiment d’isolement qu’il agit le plus, en étant capable de « combler le vide ». En effet, une personne seule ne le sera jamais réellement si elle a un chien, notamment parce que ce dernier l’oblige à sortir pour ses promenades et potentiellement à rencontrer d’autres personnes. Il est d’ailleurs courant de voir des gens qui ne se connaissent pas commencer à échanger avec justement le chien comme sujet permettent d’initier la discussion.

 

Le meilleur ami de l'Homme peut aussi être utilisé comme un moyen d’apprendre le respect de l’autre, car il développe l’empathie. Il arrive souvent que des personnes en situation d’exclusion sociale aient des difficultés à se sentir concernées par d’autres humains, considérant parfois de façon générale « les autres » comme étant responsables de leur situation. Le chien peut alors participer à leur réintégration, car il devient facilement le centre de toutes les attentions, pouvant ainsi favoriser le contact et le rétablissement du lien social.

 

Une dame âgée avec un chapeau pointu d'anniversaire serre son chien dans ses bras

En outre, il peut redonner aux personnes fragilisées le goût de la vie, ou du moins un but dans cette dernière. En effet, une personne qui aime son chien n’a pas envie de le laisser tomber. Tout ce qu’elle doit faire pour s’occuper de lui (jouer avec son chien, le promener, le soigner et l’entretenir, aller faire des courses pour le nourrir…) sont autant de fils qui la maintiennent connectée au réel et à la vie.

 

Le chien peut également donner ou redonner confiance en soi. C’est notamment parce qu’il représente, pour l’enfant comme pour l’adulte, un formidable confident, qui reste à l’écoute et ne juge pas. Or, comme le disait à juste titre Albert Camus, « parler de ses peines, c'est déjà se consoler ».

 

Mieux, il est capable de ressentir les émotions des humains et d’agir en conséquence. Ce faisant, il est en mesure d’agir positivement sur la santé psychique d’une personne ; nombre de maîtres, des plus jeunes aux plus âgés, peuvent témoigner avoir trouvé du réconfort auprès de leur compagnon dans des moments difficiles.

 

Un petit chien couché regarde sa maîtresse désespérée

En outre, en plus de faciliter le lien social, le chien peut distraire son maître dans les situations de stress.

 

Il est à noter toutefois que si le chien peut influer sur la psychologie de son maître, sa proximité avec ce dernier fait que l’inverse est également vrai. Ce n’est pas un hasard si on dit souvent que le chien est le reflet de son maître : même sans maîtriser le langage oral des humains, il perçoit généralement très bien l’état d’esprit de son maître et ses éventuels états d’âme. D’ailleurs, nombre de problèmes psychologiques et problèmes de comportement du chien sont en fait causés par le comportement de son maître.

Qu’est-ce qu’un chien de soutien psychologique ?

Un jeune garçon caresse un chien couché

Tout d’abord, il est important de faire la distinction entre un chien de soutien émotionnel ou psychologique et un chien d’assistance.

 

Le chien d’assistance est entraîné pour effectuer des tâches spécifiques, comme c’est le cas par exemple d’un chien guide d’aveugles ou d’un chien d’assistance pour personnes handicapées.

 

Un chien de soutien psychologique, lui, n’a pas pour vocation de réaliser telle ou telle action. Il est formé par des associations pour apporter une aide psychologique à une ou des personne(s) en situation de stress ou se trouvant dans un état émotionnel fragile. On en retrouve employés dans des secteurs aussi variés que la justice, la police, la médecine ou la psychiatrie. Ils interviennent tant auprès d’enfants que d’adultes (y compris des personnes âgées), en bonne santé ou malades, valides ou invalides.

Les domaines d’intervention des chiens de soutien psychologique

Un chien embrassé par sa ma^tresse

Tous les chiens, formés ou non, peuvent apporter un bienfait psychologique aux humains qui les côtoient. Les chiens de soutien psychologique présentent toutefois la particularité d’être formés à résister au stress et à supporter des situations dans lesquelles un chien lambda atteindrait ses limites et ne serait pas en mesure d’apporter son aide.

 

Ils sont ainsi employés notamment dans les cours de justice ou par les services de police afin de recueillir le témoignage d’enfants victimes ou témoins d’agression. Ayant vécu un traumatisme important, ils sont en effet fragilisés et se muent souvent dans le silence. L'animal leur apporte alors le soutien et le réconfort qui leur permet de surmonter leurs craintes et de témoigner de qui leur est arrivé ou ce qu’ils ont vu.

 

Les personnes souffrant de dépression peuvent également avoir recours au chien pour apaiser leurs souffrances, voire parvenir à sortir de la maladie. En effet, leur compagnon peut leur redonner la confiance qu’elles ont perdue, mais aussi leur imposer des sorties, structurer leur quotidien et leur donner des objectifs : autant de choses qui favorisent le cheminement vers la guérison.

 

Un chien assiste à une réunion familiale

En médecine, les chiens de soutien psychologique sont aussi utilisés auprès d’enfants qui souffrent de troubles du spectre autistique (TSA). En effet, la présence d’un chien favorise le développement du langage et de la motricité chez l’enfant, qu’il ait ou non des problèmes. Les chiens dits « d‘éveil » permettent en plus aux enfants qui souffrent de TSA d’apaiser leurs angoisses et de les aider à traverser les moments difficiles. Ainsi, les familles des enfants souffrant de TSA témoignent généralement que la présence d’un chien dans leur foyer permet d’améliorer la cohésion familiale.

 

L’effet apaisant des chiens est également bénéfique auprès des vétérans de guerre ou de toute autre personne souffrant de PTSD (Post Traumatic Stress Disorder, ou « état de stress post-traumatique » en français). L’animal permet en effet de retrouver un peu de sérénité après le traumatisme vécu et d’atténuer les symptômes de leur stress.

 

La présence d’un chien peut aussi permettre à certaines personnes atteintes de phobies, car cette présence rassurante à leurs côtés les aide à affronter et surmonter leurs peurs.

 

Deux chiens couchés aux côtés de leur maître en chaise roulante
© Mira.ca

Les chiens utilisés comme soutien psychologique sont également appelés chiens visiteurs lorsqu’ils réalisent des visites dans des hôpitaux, des maisons de retraite, des prisons et dans bien d’autres endroits encore. Ils apportent alors du réconfort à des personnes qui, de par leur situation, se retrouvent isolées, et sont conviées à participer à des activités mises en place afin de bénéficier des bienfaits du contact avec l’animal. L'intervention des chiens visiteurs permet d’améliorer la qualité de vie des personnes qui prennent part à ces activités et de renforcer leur bien-être. En outre, pour celles qui vivent en maison de retraite et ont fréquenté des chiens au cours de leur existence, elle permet de stimuler leur mémoire et de faire des liens avec leur vie passée.

La sélection et les qualités des chiens de soutien psychologique

Un Labrador marche aux côtés d'un bébé

Certaines races comme le Labrador ou le Golden Retriever présentent des qualités recherchées pour un chien de soutien psychologique. Toutefois, au-delà de la race, c’est surtout le caractère du chien et son niveau de sociabilité avec les humains qui doit être pris en compte. Il est essentiel en effet qu’il recherche et apprécie les interactions avec les humains.

 

En termes de tempérament, un chien utilisé comme soutien psychologique se doit d’être particulièrement obéissant, calme et résistant au stress du chien. Il a effectivement à supporter des bruits, des odeurs, des contacts parfois rudes ou encore des cris. Il faut aussi qu’il soit suffisamment souple physiquement et psychologiquement pour être capable de s’adapter à des situations nouvelles.

 

Un chien de soutien pris de face
© Mira.ca

Lorsqu’il est destiné à partager la vie d’une personne, le chien de soutien psychologique doit aussi avoir une excellente constitution physique et mentale, afin de ne pas devenir une charge pesante pour son maître, alors même que celui-ci est fragilisé.

 

Enfin, l’âge du chien est indifférent, mais s’il est déjà adulte, il est essentiel qu’il ait été correctement socialisé lorsqu’il était petit et qu’il ne souffre d’aucune pathologie. Un chien de soutien psychologique qui commence à présenter des pathologies liées à l’âge est d’ailleurs mis à la retraite, dès lors qu’il ne peut plus venir en aide aux humains comme il le faisait auparavant. Cela peut être du fait d’un manque d’intérêt ou de la perte de ses réflexes, par exemple.

La formation d’un chien de soutien psychologique

Deux chiens d'aide aux handicapés couchés
© Handichiens.org

Il n’existe pas de réglementation quant à la formation des chiens de soutien psychologique, car ces chiens n’ont pas de statut officiel, contrairement aux chiens d’assistance pour personnes handicapées.

 

La durée de formation varie d’une association à l’autre, et souvent, en fonction du type de soutien qu’il sera amené à apporter. En général, elle dure d’un week-end à quelques semaines pour les chiens visiteurs, mais elle peut en revanche être beaucoup plus longue pour ceux destinés à vivre au quotidien avec des personnes en détresse psychologique.

 

La formation consiste en des mises en situation et des jeux de rôles. Elle met l’accent tout particulièrement sur la résistance au stress du chien ainsi que son obéissance.

 

Chien de soutien couché dans l'herbe
© Mira.ca

Par exemple, l’association française Handi’chiens, qui forme des chiens d’assistance et des chiens de soutien psychologique destinés à être confiés à une personne ou à intervenir de façon ponctuelle dans des établissements (hôpitaux, maisons de retraite…), sélectionne ses chiens dans des élevages avant l’âge de 2 mois. Jusqu’à ses 18 mois, le chien est alors confié à une famille d’accueil. En dehors de leur rôle dans l’éducation du chien et sa socialisation, ces familles s’engagent à suivre un cours une fois toutes les deux semaines, durant lequel elles apprennent à enseigner au chien 30 commandes qui lui seront indispensables dans son rôle de soutien psychologique. Il passe ensuite 6 mois dans un centre d’éducation où il est préparé à son rôle de chien de soutien psychologique, aux côtés d’une vingtaine de congénères. La formation est généraliste, mais l’association peut, sur demande, former un chien à une mission spécifique.

 

A l’issue de sa formation, le chien doit être à l’aise dans son nouveau rôle et dans les activités auxquelles il participera.

 

Chien de soutien qui joue avec une petite fille
© Os-mose.be

Toutefois, la formation seule ne suffit pas pour qu’il puisse intervenir de la meilleure manière. Il est en effet indispensable que son maître soit lui aussi formé en parallèle avant d’accueillir son nouveau compagnon.

 

Dans le cas des chiens fournis à une personne par l’association Handi’chiens, l’organisme sélectionne, à l’issue de leur formation dans les centres d’éducation, des chiens pouvant correspondre au profil de chaque bénéficiaire, puis réalise des essais dans ses centres afin de choisir le plus approprié. Le bénéficiaire suit quant à lui un stage de 2 semaines lors de la remise de son nouveau compagnon, à raison de journées entières mêlant cours théoriques sur des sujets aussi variés que la psychologie canine ou l’alimentation du chien, et activités pratiques avec son futur compagnon. Cette formation se déroule dans un premier temps au sein des centres d’éducation de l’association, puis à l’extérieur, en conditions réelles : en ville, au supermarché, au restaurant... Les éducateurs canins de l’association suivent les bénéficiaires et leur chien dans le plus grand nombre de situations possibles, afin de s’assurer que tout se passe au mieux avant que l’animal ne quitte le centre d’éducation et parte vivre chez son nouveau maître.

 

Chien de soutien avec une femme sur un parking
© Mira.ca

En ce qui concerne la formation des chiens visiteurs, de nombreuses associations proposent des stages théoriques et pratiques pour les chiens et leurs maîtres qui souhaitent s’investir bénévolement dans la médiation canine. Il n’existe pas de formation officielle pour devenir chien visiteur, mais certaines associations sont réputées pour leur sérieux. C’est le cas par exemple de Handi’chiens en France, Os'mose en Belgique, Chiens de thérapie Suisse en Suisse ou encore de la Fondation Mira au Canada.

 

Un responsable d’une institution qui souhaite proposer de la médiation animale doit donc de bien se renseigner auprès de l’association de chiens visiteurs afin de s’assurer que l’animal a été correctement formé et que son maître est capable de le guider au mieux durant leurs visites.

Le déroulement des interventions d’un chien de soutien psychologique

une dame âgée lit et pose sa tête sur son chien assis à côté d'elle

Un chien utilisé comme soutien psychologique n’a pas vocation à se substituer à un expert humain de la santé mentale. Il est plutôt un médiateur qui participe au mieux-être de personnes en souffrance, en leur permettant de sortir de l’isolement et/ou du silence, voire de renouer avec la vie. La chaleur de sa fourrure, sa présence affectueuse et son contact physique agissent tout naturellement pour améliorer leur état psychique. En outre, sa spontanéité et sa sincérité sont rassurantes. De fait, il apporte un sentiment de sécurité et permet de communiquer plus facilement avec les autres, d’autant qu’il peut lui-même constituer un sujet de discussion tout trouvé.

 

En fonction du public auprès duquel il intervient, il participe à différents types d’activités.

Les chiens de soutien dans les maisons de retraite

une dame âgée aux côtés d'un chien et d'un jeune homme dans une chambre

Même elles vivent en maison de retraite plutôt que seules chez elles, les personnes âgées ressentent souvent un fort sentiment d’isolement. Interagir avec un chien visiteur leur procure beaucoup de joie et améliore leur humeur. En outre, cela fait un nouveau sujet de discussion (et donc d’échanges) tout trouvé, que ce soit avec l’intervenant qui accompagne le chien, ou bien sûr avec les autres pensionnaires et le personnel de l’établissement.

 

Il est d’ailleurs courant de faire participer les personnes âgées au toilettage du chien. Cela leur permet de se sentir utiles, et il s’agit d’une activité dans laquelle la communication est indispensable. Il faut s’assurer de faire les bons gestes et donc demander conseil, mais aussi parler avec le chien afin de le rassurer.

 

Les chiens intervenant dans ces institutions sont également souvent amenés à faire des démonstrations de parcours. Au-delà de l’aspect récréatif de cette activité et des émotions positives que suscitent ce « spectacle » chez les personnes âgées, il est aussi possible que l’une d’entre elles soit invitée à conduire le chien dans le parcours. Elle se sent alors investie d’une responsabilité et sera fière d’avoir réussi cette mission.

Les chiens de soutien dans les hôpitaux

Chien d'aide aux handicapés caressé par un homme en chaise roulante

Dans les hôpitaux, le chien de soutien psychologique intervient souvent au sein des groupes de parole. Sa présence rassure les patients et leur permet de s’exprimer plus librement.

 

En effet, un patient qui manipule un chien a tendance à se concentrer sur ce dernier et à oublier l’environnement dans lequel il se trouve. Ainsi, il est courant que des patients repliés sur eux-mêmes acceptent de sortir de leur chambre puis du service dans lequel ils sont hospitalisés, grâce à la simple intervention du chien de soutien psychologique

Les chiens de soutien dans les tribunaux

Chien d'aide aux handicapés au milieu de plusieurs personnes

Les chiens d’assistance judiciaire sont souvent d’une grande aide lorsque les victimes se muent dans le silence et ne parviennent pas à témoigner. En effet, il est plus facile pour la victime d’établir une relation de confiance avec le chien ; sa présence apaisante et rassurante permet ainsi de libérer sa parole lorsqu’elle est amenée à communiquer avec les enquêteurs. Le chien de soutien est également autorisé à accompagner les témoins et les victimes devant témoigner devant le tribunal.

 

Ces chiens existent en Amérique du Nord depuis la fin de la première décennie du 21ème siècle, mais d’autres pays commencent également à s’y intéresser. C’est le cas par exemple de la France ; ainsi, en mars 2019, l’association Handi’chiens a confié au procureur de la ville de Cahors un Labrador Retriever spécifiquement préparé à remplir cette mission d’assistance juridique. La Belgique avait précédé la France de quelques mois : en octobre 2018, la police de Bruxelles-Nord a adopté une femelle Labernois formée par la Fondation Mira pour soutenir et réconforter les victimes.

Les chiens de soutien dans les prisons

Chien policier qui marche à côté de son maître

En milieu carcéral, des ateliers permettre aux détenus de sortir de l’isolement et d’être responsabilisés en apprenant à s’occuper d’un chien. Il est ainsi courant qu’ils soient amenés à participer au toilettage du chien, en plus de jouer avec le chien. Durant les différentes activités, les intervenants transmettent aux détenus des notions de psychologie et d’éducation canine.

 

Le chien de soutien psychologique permet également aux détenus ayant des comportements violents de s’apaiser et d’apprendre à maîtriser leurs émotions.

Les chiens de soutien confiés de façon permanente à une personne

Labrador caressé par son maître à l'extérieur

La situation d’un chien de soutien psychologique destiné à accompagner en permanence une personne, tant chez elle que dans ses déplacements, est bien sûr différente. Il ne s’agit pas de participer ponctuellement à des activités de courte durée, mais de partager au quotidien la vie d’une personne fragilisée. Il se noue bien sûr avec elle une relation d’un tout autre type, beaucoup plus étroite.

 

Le chien de soutien accompagne la personne dans tous ses déplacements et sait la rassurer dans des situations qui peuvent être anxiogènes. Son rôle est de faciliter son quotidien et de calmer ses angoisses.

Les sources possibles d’échecs

Un homme essaye de calmer son chien

Dans la majorité des cas, la présence ponctuelle ou permanente d’un chien auprès d’une personne fragilisée lui est bénéfique. Il peut arriver toutefois que cette intervention n’ait pas l’effet escompté. Cet échec peut avoir de multiples raisons.

 

En premier lieu, il est évidemment possible que le chien n’ait pas été soigneusement sélectionné. Il est d’indispensable de savoir que certains chiens ne peuvent pas être utilisés à des fins de soutien psychologique. En effet, un sujet qui lui-même souffre de troubles ou est trop faible et/ou instable psychologiquement (agressivité, peur, hyperactivité, mauvaise socialisation…) n’est évidemment pas le mieux placé pour intervenir avec succès auprès de personnes qui ont besoin d’aide.

 

Entrainement d'un Border Collie sur un parking
© Os-mose.be

La cause d’un échec peut également être une formation inadaptée d’un chien qui, pourtant, cochait toutes les cases. Elle a par exemple pu être réalisée trop rapidement, ne lui laissant pas le temps d’intégrer convenablement ce que l’on attendait de lui. Mais il est aussi possible, et c’est souvent le cas, que la formation ait été menée par des personnes qui n’ont pas les compétences nécessaires. Ce risque est d'autant plus prononcé que, contrairement au chien d’assistance, le statut du chien de soutien psychologique n’est pas clairement établi ; il est donc important de s’adresser à une association spécialisée qui travaille exclusivement avec des éducateurs canins rompus aux méthodes de formation des chiens de soutien psychologique.

 

Enfin, il ne faut pas oublier que le maître joue lui aussi un rôle important dans la réussite de la mission du chien. Il faut donc lui aussi le former. En outre, le maître et son chien doivent impérativement former une équipe et rester attentifs l’un à l’autre. A défaut, l’intervention peut effectivement se solder par un échec.

 

En tout état de cause, la personnalité et la situation de la personne fragile entre également en ligne de compte. Il faut garder à l’esprit que l’intervention d’un chien donné auprès d’une personne qui se montre non réceptive peut s’avérer être un échec total, alors que le même chien auprès d’une autre personne peut faire des miracles. De multiples raisons peuvent faire qu’un chien donné ne convienne pas à une personne, et donc que la magie n’opère pas : en cas d’échec, il convient de faire un essai avec un autre chien.

Les limites de l’utilisation de chiens de soutien psychologique

Un chien envahissant à côté de son maître assis sur un canapé

Le premier risque dans l’utilisation de chiens comme soutien psychologique réside dans l’inversion des rôles qui peut survenir inconsciemment. En effet, quelles que soient les circonstances, il ne faut pas oublier que le chien est un animal et que l’être humain est son maître. Or, d’une part le bénéficiaire d’un chien de soutien psychologique n’est pas toujours habitué à interagir avec un chien, et d’autre part il se trouve en situation de vulnérabilité. Il peut donc arriver qu’il se laisse déborder par l'animal. Or, un chien de soutien psychologique a été formé pour répondre à des commandes, pas pour prendre les commandes. Si cela venait à être le cas, il pourrait être déstabilisé voire faire montre d’agressivité, et la situation pourrait alors devenir hors de contrôle.

 

Dans le cas des chiens visiteurs, c’est bien sûr le maître du chien qui demeure responsable et doit contrôler l’intervention de son chien en toutes situations.

 

De fait, l’obéissance est un aspect central pour tout chien de soutien. En effet, il se trouve au contact de personnes souvent affaiblies physiquement et/ou psychologiquement : il ne faut pas que son comportement puisse être un facteur de risque pour lui-même ou pour les personnes qu’il est supposé soutenir.

 

Un Labrador couché

En outre, le chien de soutien reste un animal et, en tant que tel, il a aussi besoin qu’on s’occupe de lui. Il ne faut donc pas négliger ses besoins si l’on veut qu’il soit en mesure d’être dans les meilleures dispositions pour tenir son rôle.

 

L’utilisation du chien comme soutien psychologique soulève d’ailleurs pour certains des questions d’éthique. En effet, force est de constater qu’il s’agit d’un rôle très différent des autres missions que l’Homme lui avait confiées jusqu'à présent, depuis les débuts de la domestication du chien. Demander à un chien de porter le fardeau des difficultés psychologiques d’un être humain n’est pas forcément quelque chose de naturel pour lui, voire peut s’avérer être une tâche très pesante. Il convient donc à tout le moins de rester toujours vigilant quant aux situations auxquelles il est confronté, les conditions dans lesquelles il évolue, et s’assurer que ses limites soient respectées. En effet, même s’il a été préparé à partager des situations difficiles, il faut s’assurer de ne pas aller au-delà de ce qui est supportable pour lui, et donc être vigilant aux signaux qu’il émet le cas échéant. En outre, il ne doit bien sûr en aucun cas être mis en danger.

Conclusion

Qu’il intervienne de manière ponctuelle ou vive au quotidien auprès d’une personne, un chien de soutien psychologique apporte à ceux qui souffrent du réconfort et leur redonne l’assurance et la confiance en soi nécessaires pour certaines choses que leur état psychologique les empêche de faire sans sa présence rassurante à leurs côtés : parler librement, aller vers autrui, se confronter à des situations nouvelles, et de façon générale lever toutes sortes de blocages que la personne peut avoir.

 

L’utilisation des chiens comme soutien psychologique n’en demeure pas moins une pratique très récente. Malgré les réticences parfois formulées, nul doute que les possibilités qu’elle offre n’ont probablement pas encore toutes encore été explorées.

Dernière modification : 01/28/2020.