Le dhole : morphologie, habitat, alimentation, mode de vie...

Gros plan d'un dhole

Prédateur redoutable mais très discret et peu connu, le dhole est un chien sauvage vivant exclusivement en Asie, dans des habitats souvent difficiles d'accès et des climats peu accueillants.


Bien qu'il soit apparu presque 2 millions d'années avant le loup gris, il est beaucoup moins connu que lui, car il se cache beaucoup de l'être humain et ne s'en approche jamais. Il joue toutefois un rôle écologique assez similaire, et subit des persécutions comparables de la part de l'Homme.

Présentation du dhole

Un dhole allongé sur du sable

Répondant au nom scientifique de Cuon Alpinus, le dhole est un canidé sauvage ressemblant à un renard et vivant exclusivement en Asie. Il est aussi appelé cuon d'Asie ou chien sauvage d'Asie. On le retrouve également sous l'appellation "chien rouge" dans l'ouvrage Le Livre de la Jungle de Rudyard Kipling (1894) : celle-ci fait référence à son pelage roux caractéristique, mais elle n'a rien d'officiel.

 

Il appartient au genre Cuon, dont il est d'ailleurs le seul représentant à l'heure actuelle. Il s'agit d'un cousin éloigné du loup, du chien domestique et du coyote, qui appartiennent à un genre différent, le genre Canis. Il s'en distingue notamment par une dentition et un squelette un peu différents.

Histoire du dhole

Un dhole allongé sur une colline

D'après les connaissances actuelles, le dhole serait apparu il y a environ 2,5 millions d'années. Si cette estimation est exacte, il est donc beaucoup plus vieux que le loup gris (ancêtre du chien domestique), qui lui remonte à il y a environ 380.000 ans. Ses plus proches parents sont le lycaon (un chien sauvage d'Afrique) et certaines espèces de chacals.

 

S'il vit aujourd'hui exclusivement en Asie, des restes datant de plusieurs dizaines de milliers d'années attestent qu'il était originellement présent aussi en Europe et en Amérique du Nord. Il se serait éteint en Europe vers la fin de la dernière ère glaciaire, entre 20.000 et 14.000 ans avant notre ère, sauf en Espagne et en Italie, où il aurait pu survivre un peu plus longtemps, jusqu'à 11.000 ou 10.000 ans avant notre ère. Pour ce qui est de l'Amérique du Nord, le manque de fossiles ne permet pas de savoir jusqu'à quand il y aurait vécu ; ce qui est sûr, c'est qu'il n'y est plus présent depuis longtemps.

La morphologie du dhole

Le gabarit du dhole

Deux dholes côte à côte

Plus grand qu'un renard et plus petit qu'un loup, le dhole a globalement les dimensions d'un chien de taille moyenne : il mesure entre 70 cm et 1 m de long (sans compter la queue, dont la longueur est d'environ 40 cm), et sa hauteur au garrot atteint entre 40 et 55 cm.

 

À l'âge adulte, le mâle pèse 15 à 25 kg, et la femelle 10 à 17 kg. Le dimorphisme sexuel est donc bien marqué : le premier est sensiblement plus lourd que la seconde.

Le pelage du dhole

Un dhole se tient debout dans l'herbe

Le pelage du dhole est d'une couleur rougeâtre caractéristique, ce qui lui a valu le surnom de « chien rouge » par Rudyard Kipling et qui contribue à sa ressemblance avec le renard roux. Il possède des zones brunes au niveau de la tête et des épaules, tandis que le dessous du museau, l'intérieur des oreilles, la poitrine, le ventre et l'intérieur des pattes sont plus clairs, oscillant entre le blanc et le jaunâtre. Quant à la queue, elle est fine, assez touffue (moins toutefois que celle du renard) et brun foncé avec des mèches rousses.

 

Le dhole possède deux pelages assez distincts :

  • un pelage d'hiver, assez dense et plus clair que celui qu'il aborde le reste de l'année ;
  • un pelage d'été, plus court, plus désordonné et aux couleurs plus vives.

 

Certains individus portent une sorte de collerette bien fournie, qui ressemble vaguement à la crinière du lion. Elle est de couleur plus claire que le reste du corps et fait paraître la tête plus grosse qu'elle ne l'est réellement.

 

En captivité, le dhole a tendance à muer une fois par an, au printemps : cela lui permet de perdre son poil d'hiver et de le remplacer par un autre plus léger et mieux adapté aux hautes températures. Dans la nature, les observations manquent pour savoir ce qu'il en est, mais il est probable qu'une mue semblable ait lieu au printemps, potentiellement accompagnée d'une autre à l'automne afin de préparer l'arrivée du froid, comme le fait le chien.

Les autres particularités du dhole

Un dhole allongé sur le sol

Contrairement à la plupart des autres canidés, le dhole n'a que 4 molaires au lieu de 6 sur la mâchoire inférieure (il n'a donc que 40 dents au lieu de 42), et ses molaires supérieures sont plus fines et pointues. De plus, vu de profil, son squelette a une forme convexe (c'est-à-dire formant un creux vers l'intérieur) au lieu d'être concave.

 

Ces particularités justifient qu'il soit placé dans un genre à part, malgré sa proximité apparente avec les autres canidés.

 

Enfin, ses oreilles sont larges comme celles du renard et arrondies à leur extrémité. Elles restent toutefois de forme triangulaire, et ne sont pas aussi rondes que celles du lycaon, son plus proche parent.

La répartition géographique du dhole

Un jeune dhole debout sur un tronc d'arbre

Même si par le passé il était sans doute présent également en Europe et en Amérique du Nord, le dhole vit aujourd'hui exclusivement en Asie orientale. Sa présence est attestée :

  • en Inde, notamment tout le long de la côte, dans le centre-est du pays et dans l'Himalaya ;
  • en Chine, surtout dans le sud-ouest du pays, le long de l'Himalaya ;
  • au Bangladesh, dans tout l'est du pays ;
  • au Myanmar, dans divers parcs nationaux à l'ouest du pays ;
  • en Indonésie, essentiellement sur l'île de Sumatra ;
  • dans quelques autres pays d'Asie du sud-est, de manière très fragmentée.

 

Il pourrait également être présent dans quelques régions de Russie (notamment près du lac Baïkal), au Pakistan et en Corée du Nord, mais les observations manquent pour en attester formellement.

 

Par ailleurs, un spécimen a été abattu au nord-est de la Turquie en 2013. Des investigations ont donc été menées dans la région afin de déterminer si l'espèce y est effectivement présente de manière pérenne. Ces recherches n'ont mis en évidence aucune trace de dholes en Turquie : il s'agissait donc probablement d'un individu solitaire en errance, et non d'une famille installée.

L'habitat du dhole

Un dhole allongé dans l'herbe verte

Comme le renard et le chien domestique, le dhole possède une grande faculté d'adaptation et est capable de vivre dans des habitats très différents.

 

Ainsi, en Asie centrale, on le trouve principalement dans les zones montagneuses à des altitudes comprises entre 2000 et 4000 mètres. Son pelage d'hiver dense lui permet en effet de supporter des températures basses. Il y évolue surtout dans les steppes et prairies de montagne, même si on le trouve aussi parfois dans les taïgas, en particulier dans la partie est de son aire de répartition.

 

À l'inverse, en Asie du Sud, il est surtout présent dans les forêts des hauts-plateaux et les collines, et parfois dans les régions de plaines.

Le comportement social du dhole

Comme la plupart des autres canidés, le dhole est un animal très social, qui vit en groupe structuré et hiérarchisé.

Le fonctionnement d'une meute de dholes

Trois jeunes dholes jouent ensemble

La taille des meutes de dholes est très variable d'une région à l'autre. Par exemple, celles-ci dépassent rarement les trois individus en Thaïlande, alors qu'en Inde elles regroupent en moyenne une dizaine de spécimens et peuvent même en compter jusqu'à 40. Des témoignages datant du 19ème siècle évoquent des groupes d'une centaine de dholes, mais des clans aussi nombreux n'existent plus aujourd'hui, probablement à cause de la raréfaction des grands herbivores dans la partie de l'Asie où l'espèce réside.

 

L'organisation d'une meute de dholes ressemble à celle d'une meute de loups : elle comprend un couple dominant constitué d'un mâle et d'une femelle, leur jeune descendance, et éventuellement des individus extérieurs qui ont été intégrés dans la famille.

 

Toutefois, à la différence de ce qu'on observe chez le loup, la hiérarchie et la dominance semblent peu marquées au sein du groupe. En effet, les marques de soumissions sont discrètes, les combats hiérarchiques peu fréquents, et les dominants difficiles à distinguer des dominés.

Le territoire du dhole

Un dhole en train de se baigner dans de l'eau stagnante

Le dhole est un prédateur moins territorial que les autres canidés, probablement parce qu'il n'éprouve pas réellement de problème pour trouver de quoi se nourrir et n'a donc pas besoin de défendre son domaine plus que de raison. Ainsi, les jeunes qui quittent leur clan une fois qu'ils ont atteint leur maturité sexuelle peuvent facilement rejoindre une autre famille s'ils le souhaitent.

 

Son marquage territorial est également peu prononcé. Par exemple, il n'est pas prouvé qu'il urine à des fins territoriales, et il ne semble pas non plus gratter le sol en bordure de son domaine pour signaler sa présence. De plus, lorsqu'il défèque, il le fait dans des endroits bien visibles, au centre de son territoire plutôt qu'en bordure : cela signifie donc soit qu'il n'accorde pas une grande importance à la protection de ses frontières, soit qu'il n'utilise pas ses excréments comme marqueurs territoriaux.

Le langage du dhole

Deux dholes en train de se saluer
Le langage des dholes entre eux est assez élaboré

Le dhole est connu pour être un canidé très vocal : il produit toutes sortes de cris caractéristiques afin de communiquer avec ses congénères et les autres espèces. Toutefois, comme le loup et contrairement au chien, il aboie très peu. À la place, il utilise des sortes de jappements aigus ressemblant à des cris d'oiseaux, dont il se sert surtout pour se coordonner pendant la chasse ou pour maintenir la meute unie lorsqu'il se déplace. D'autres types de cris (gémissements, grognements...) permettent notamment d'avertir d'un danger ou de réclamer de la nourriture pendant le partage du butin.

 

En plus de son langage vocal particulier et très développé, le dhole possède également un langage corporel complexe, impliquant notamment des mouvements typiques de la bouche. Par exemple, la façon dont il rétracte ou fronce ses lèvres peut indiquer une salutation amicale, une envie de jouer, une intention agressive ou encore une peur.

L'alimentation du dhole

Le dhole est un animal opportuniste et un prédateur redoutable, craint par la plupart des autres espèces et capable lorsqu'il est en groupe de tenir tête à un tigre du Bengale. Il est surtout connu pour sa ténacité et sa témérité à la chasse, renonçant rarement même en cas de pertes importantes dans sa meute.

Le régime alimentaire du dhole

Un groupe de dholes dévorant une carcasse de cochon sauvage
Un groupe de dholes dévorant une carcasse de cochon sauvage

Comme les autres canidés, le dhole est un animal principalement carnivore et un chasseur opportuniste : il est capable de manger toutes sortes de proies, depuis les minuscules rats aux énormes rennes, buffles et mêmes jeunes éléphants. La chasse en grand groupe lui permet en effet d'abattre des animaux beaucoup plus gros que lui et même de mettre en fuite des tigres, des panthères et des ours, qui sont des prédateurs concurrents.

 

Dans l'ensemble, ses proies de prédilection sont les cervidés, les sangliers, les singes, les bouquetins et les chevreuils. Il s'attaque parfois au bétail, mais seulement lorsque celui-ci est laissé sans protection dans les pâturages pendant plusieurs jours, et jamais lorsqu'il est situé dans les villes ou près des habitations. En effet, il semble beaucoup craindre l'Homme et ne s'en approche jamais. Comme le lycaon et contrairement au loup, il ne représente donc pas une menace pour les humains, même s'il est clair qu'une meute pourrait facilement venir à bout d'une personne adulte.

 

Enfin, le dhole consomme régulièrement des fruits, des légumes et des herbes. En Asie centrale, dans la chaîne de montagne du Tian Shan, il est connu pour manger de grandes quantités de rhubarbe.

Les techniques de chasse du dhole

Un groupe de dholes se prépare à la chasse

Comme le loup, le dhole chasse en groupe, ce qui lui permet d'attraper plus facilement ses proies et de s'en prendre à des animaux de taille conséquente. Il chasse essentiellement pendant la journée, et occasionnellement la nuit lorsque la lune est pleine, probablement parce qu'il se base en grande partie sur sa vision pour traquer ses proies. Lorsque le gibier est abondant, les grandes meutes peuvent se diviser en petits groupes de 3 à 5 individus qui agissent indépendamment, afin de faciliter la traque tout en augmentant le nombre de prises.

 

Les séances de chasse commencent traditionnellement par des rituels sociaux impliquant des câlins et des chevauchements, avant de partir à la recherche du gibier. Généralement, quelques individus suivent de près la proie repérée, tandis que les autres restent légèrement en retrait et prennent le relai lorsque les premiers fatiguent ou sont blessés. Quoi qu'il en soit, ceux qui sont à la manoeuvre tentent de rabattre le gibier vers un plan d'eau, afin de limiter ses mouvements et l'abattre plus vite. Cette technique de chasse s'avère particulièrement efficace : la plupart des poursuites durent très peu de temps et s'achèvent effectivement par la mise en pièces de l'animal traqué.

 

Comme dans beaucoup de groupes hiérarchisés, ce sont les individus dominants qui mangent en premier, et les dominés en second. Toutefois, à la différence du fonctionnement d'une meute de loups ou de chiens, les plus jeunes sont prioritaires et ont donc accès aux meilleurs morceaux. Un dhole peut ingurgiter jusqu'à 10 kg de viande en une seule fois, ce qui lui permet ensuite de rester quelques jours sans nourriture.

La reproduction du dhole

Des petits dholes se reposent dans leur tanière

Comme le dhole est un animal discret et peu connu de l'Homme, les biologistes possèdent encore peu d'informations sur son comportement reproducteur en liberté. La plupart des données ont été obtenues à partir d'observations d'individus en captivité.

 

Dans la nature, ou en tout cas au moins en Inde, la saison des amours semble se produire entre octobre et janvier. Les spécimens possédés par le zoo de Moscou s'accouplent pour leur part plutôt en février.

 

Par ailleurs, plusieurs femelles de la meute semblent pouvoir se reproduire, alors que chez le loup, ce privilège est réservé au couple dominant. Il convient toutefois d'être prudent, car le fonctionnement de la meute peut être modifié par la captivité, comme c'est le cas notamment chez le loup : ainsi, il est possible que dans la nature, seule la femelle la plus haut placée puisse s'accoupler.

 

Dans tous les cas, la gestation du dhole dure le plus souvent entre 60 et 63 jours, soit autant que la durée de gestation d'une chienne. Au terme de ce délai, la femelle donne naissance à une portée comptant généralement entre 4 et 6 petits. Ces derniers sont sevrés vers l'âge de 2 mois, commencent à se joindre à la chasse vers 6 mois et aident à abattre des grosses proies dès 8 mois.

 

L'espérance de vie du dhole dans la nature n'est pas connue : elle est probablement d'une dizaine d'années, comme le coyote. En captivité, il peut vivre 15 ou 16 ans.

Le dhole, une espèce menacée ?

Un beau dhole allongé dans l'herbe

Le dhole n'est pas un super-prédateur, c'est-à-dire qu'il ne se trouve pas au sommet de la chaîne alimentaire. En effet, s'il est indéniablement un impitoyable prédateur lorsqu'il chasse en meute, un individu seul n'est ni très grand, ni très costaud : il peut donc facilement se faire tuer par un léopard, un tigre ou un ours, qui s'en nourrissent parfois faute de mieux.

 

Contrairement à beaucoup de prédateurs de ce gabarit, le dhole n'est pas un grand chasseur de bétail et n'attaque jamais l'Homme. Cela ne l'empêche pas d'avoir été longtemps empoisonné, piégé ou tiré à vue par les éleveurs craignant pour leurs bêtes ainsi que par les chasseurs qui l'accusaient de réduire les populations de gibier. Des primes étaient même offertes en Inde pour chaque spécimen capturé ou abattu, jusqu'à ce qu'une loi promulguée en 1972 assure sa protection. Il continue toutefois à être victime du braconnage et à être parfois victime de pièges destinés à d'autres animaux.

 

Par ailleurs, il souffre de la destruction de son habitat naturel (notamment du fait de la déforestation) et de la raréfaction de ses proies habituelles, elles-mêmes chassées par l'être humain. Sa capacité d'adaptation lui permet de mieux résister à ces changements que d'autres espèces plus vulnérables, mais risque de ne pas suffire pour empêcher sa disparition si rien n'est fait pour remédier à la situation.

 

C'est d'autant plus vrai qu'il est également sujet à diverses maladies infectieuses telles que la rage, la maladie de Carré ou la parvovirose canine, qui lui sont probablement transmises par des chiens domestiques lorsque des humains vivent à proximité de son territoire.

 

En revanche, malgré sa longue queue touffue et sa belle couleur rousse, il n'a jamais été beaucoup chassé pour sa fourrure. Cette dernière était certes prisée en Chine à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle en raison de sa capacité à tenir chaud, mais ces prélèvements n'ont probablement pas eu un grand impact sur le renouvellement de ses populations, contrairement par exemple à ce qu'il s'est produit pour beaucoup de félins.

 

Aujourd'hui, le dhole est considéré par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) comme une espèce en danger, car sa population à l'état sauvage est estimée à seulement 2.500 individus adultes, est morcelée et ne cesse de diminuer.

Vidéo de présentation du dhole (en anglais)

Par Aurélia A. - Dernière modification : 04/02/2021.