La cynophobie, ou phobie des chiens : causes et remèdes

La cynophobie, ou phobie des chiens : causes et remèdes

Vous changez de trottoir ou rasez les murs lorsque vous apercevez un chien ? Vous tremblez de panique ou partez en courant à l’idée même d’en croiser un ? Si vous avez répondu oui à ces questions, peut-être êtes-vous cynophobe.


Mais qu’est-ce que la cynophobie exactement ? Comment se manifeste-t-elle ? Quels sont les traitements possibles pour ne plus avoir peur des chiens ?

Qu'est-ce que la cynophobie ?

Qu'est-ce que la cynophobie ?

La cynophobie (du grec « cyno », qui signifie « chien ») n’est pas une simple peur des chiens : il s’agit d’une véritable maladie, une phobie, c’est-à-dire une crainte incontrôlée, irrationnelle et démesurée à l’encontre de ces animaux. Toutes les personnes qui ont peur des chiens ou qui ne sont pas à l’aise en leur présence ne sont donc pas nécessairement cynophobes, loin de là.

 

Cette pathologie peut se manifester sous de nombreuses formes, à des intensités très variables. Chez certains, la simple vue de la photo d’un chien ou le simple fait d’écouter une anecdote impliquant un chien peut suffire à déclencher des symptômes. Chez d’autres cynophobes en revanche, les signes n’apparaissent qu’en présence de l’animal.

 

La cynophobie peut aussi ne se manifester qu’à l’encontre de chiens d’une race, taille ou couleur de robe bien particulière, ou lorsqu’il adopte un comportement spécifique. Par exemple, certaines personnes sont surtout terrifiées par les aboiements, mais ne sont pas dérangées si l’animal reste silencieux. On parle alors de situation phobogène pour désigner la situation qui déclenche une phobie chez une personne.

 

Quelles que soient ses modalités exactes, cette maladie se déclare surtout chez les enfants, mais elle peut aussi apparaître à l’âge adulte. Dans tous les cas, une fois déclarée, elle ne disparaît pas spontanément. Il importe donc de la diagnostiquer pour pouvoir mettre en place un traitement adapté.

Les causes de la cynophobie

La phobie des chiens peut s’expliquer de trois façons différentes : le vécu direct ou indirect, l’environnement, l’information.

L’influence du vécu direct ou indirect

L’influence du vécu direct ou indirect

La cynophobie peut apparaître brutalement à la suite d’une situation traumatisante avec un chien : c’est ce que l’on appelle l’influence du vécu.

 

Par exemple, la personne concernée peut avoir été poursuivie ou mordue par un chien, et développer ensuite une peur panique à l’encontre de la gent canine, quand bien même elle n’était pas du tout cynophobe au départ. Elle peut aussi avoir assisté à une scène dans laquelle une personne – en particulier un de ses proches - s’est fait mordre ou a été poursuivie : dans ce cas, on parle alors plutôt de vécu indirect.

 

En tout cas, il n’est pas nécessaire qu’il y ait blessure pour que la victime ou la personne témoin soit traumatisée : le choc psychologique lié à la grande peur ressentie ce jour-là peut suffire à déclencher une cynophobie. En effet, il s’ancre dans la mémoire, et chaque nouvelle rencontre avec un chien réactive les mêmes émotions que lors de cette expérience traumatisante.

 

La cynophobie liée au vécu survient souvent durant l’enfance : l’enfant étant de petite taille, l’animal agresseur est généralement perçu comme bien plus gros et menaçant qu’il ne l’est en réalité. Pour autant, un adulte peut aussi devenir brusquement cynophobe à la suite d’une mésaventure de ce type.

L’influence de l’environnement et/ou l’entourage

L’influence de l’environnement et/ou l’entourage

Un parent ou un proche atteint de cynophobie risque de transmettre cette peur à son enfant, surtout si ce dernier est très jeune.

 

En effet, quand bien même il essaye d’éviter de l’influencer de la sorte, l’adulte peut avoir des réactions corporelles d’évitement qui font indirectement comprendre à son tout-petit que la présence d’un chien peut être un danger. L’enfant s’approprie donc cette peur et grandit avec, au point de finir par devenir lui-même cynophobe.

L’influence des informations anxiogènes

L’influence des informations anxiogènes

L’accès à certaines informations anxiogènes peut également être à l’origine d’une cynophobie. Il peut s’agir par exemple de vidéos de combats de chiens, de récits d’attaques ou de lectures de statistiques de morsures par des chiens, qui à la longue peuvent finir par convaincre la personne que la gent canine représente un véritable danger.

Y a-t-il des personnes prédisposées à la phobie des chiens ?

Même si tout le monde peut être concerné, il existe tout de même plusieurs facteurs de prédisposition à la cynophobie chez l’être humain :

La génétique

La génétique

La phobie des chiens peut être transmise à une personne par assimilation des perceptions de son entourage. Une étude intitulée « Parental olfactory experience influences behavior and neural structure in subsequent generations » et parue en 2013 dans le journal Nature Neurosciences va même bien plus loin, puisqu’elle montre qu’au-delà de l’apprentissage par imprégnation, la transmission des peurs se transmet aussi génétiquement.

 

Dans l’expérience réalisée dans le cadre de cette étude, deux générations de souris ont hérité d’une peur à laquelle leurs parents étaient conditionnés : les analyses ont montré que cette peur a été transmise par les gamètes parentaux via des changements chimiques produits dans l’ADN.

Le tempérament

Le tempérament

Les personnes sensibles voire hypersensibles ont plus de risques que les autres de développer une phobie à l’encontre des animaux.

L’âge

L’âge

Suite à différents travaux sur le sujet, les chercheurs en psychologie Timothy J. Bruce et William C. Sanderson soulignent dans un livre paru en 1998 et intitulé Specific Phobias: Clinical Applications of Evidence-Based Psychotherapy que les phobies à l’encontre des animaux apparaissent pour la première fois le plus souvent entre 5 et 9 ans.

 

Une étude sud-africaine intitulée « Experiences, characteristics and treatment of women suffering from dog phobia » et parue dans la revue scientifique Anthrozoös a été menée en 2003 sur des personnes cynophobes par deux chercheurs sud-africains nommés Willem A. Hoffmann et Lourens H. Human. Elle a confirmé ces résultats, même s’ils ont constaté que la phobie des chiens peut aussi se développer plus tard.

Le sexe

Le sexe

Comme le montre la chercheuse Brenda K Wiederhold dans son ouvrage Virtual Reality Therapy for Anxiety Disorders: Advances in Evaluation and Treatment, paru en 2005, 75% à 90% des patients souffrant de phobies à l’encontre d’un animal sont des femmes.

 

Malheureusement, à ce jour, aucune explication scientifique ne permet de justifier ce chiffre impressionnant. Cela pourrait être lié à la génétique, ou au fait que les femmes sont dans l’ensemble plus sensibles que les hommes. Peut-être s’agit-il aussi simplement d’un biais statistique ayant des causes culturelles : si elles ont moins honte que les hommes à l’idée de consulter, elles sont mécaniquement plus nombreuses à être diagnostiquées.

Les symptômes de la cynophobie

Les symptômes de la cynophobie

Lorsqu’une personne cynophobe se trouve dans la situation qui la terrifie (présence d’un chien, situation phobogène bien précise, évocation d’une anecdote mettant en scène un ou plusieurs chiens, etc.), différents symptômes se manifestent. Ils ne sont pas uniquement émotionnels, mais aussi physiques, et sont propres à chaque personne et à chaque situation. Ils peuvent aussi varier en intensité et ne pas tous se manifester selon les cas.

 

Parmi les symptômes émotionnels qui peuvent être déclenchés par une cynophobie, on trouve notamment une perte de contrôle et de maîtrise de soi, un sentiment d’impuissance face à cette peur, une crise de panique ou d'anxiété, une envie irrépressible de s’enfuir ou au contraire une incapacité de bouger, une impression de fragilité extrême, voire la sensation d’être sur le point de s’évanouir, de devenir fou, et même parfois de mourir.

 

Les symptômes physiques qui peuvent se manifester incluent par exemple des tensions musculaires, une augmentation du rythme cardiaque, une douleur ou une oppression dans la poitrine, une difficulté à respirer normalement, des bouffées de chaleur ou des sueurs froides, des tremblements, une transpiration anormale, une bouche asséchée, des maux d'estomac, des nausées voire des vomissements, des étourdissements ou encore des vertiges. Certaines personnes peuvent même aller jusqu’à s’évanouir.

Comment diagnostiquer une cynophobie ?

Comment diagnostiquer une cynophobie ?

La cynophobie est une véritable maladie, qui nécessite donc un diagnostic vétérinaire bien précis.

 

À ce jour, la référence internationale lorsqu’il s’agit de diagnostiquer des troubles mentaux ou psychiatriques est le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (ou DSM, en référence à son titre en anglais : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), manuel de référence sur le sujet publié par l'American Psychiatric Association. Il décrit les critères répertoriés pour diagnostiquer une phobie des chiens :

  • la peur persistante d’un chien ou d’une situation spécifique avec un chien (situation phobogène) ;
  • l’exposition au chien ou à la situation redoutée provoque une anxiété immédiate ;
  • si la personne atteinte est adulte, elle reconnaît que cette peur est excessive, exagérée et irrationnelle. En revanche, chez les enfants, ce n’est pas toujours le cas ; l’exposition au chien ou à la situation redoutée est souvent évitée ou subie avec une peur intense ;
  • la peur entrave considérablement la vie quotidienne ;
  • le phénomène se produit depuis au moins 6 mois ;
  • l’anxiété, les comportements d’évitement ainsi que les symptômes qui se manifestent lors du problème ne sont pas dus à un autre trouble mental.

 

Une personne est considérée comme cynophobe si elle répond à l’ensemble de ces critères.

Les risques de la cynophobie

Les risques de la cynophobie

Pour ne plus avoir à subir leur peur à l’encontre des chiens, les personnes cynophobes adoptent des comportements contraphobiques, c’est-à-dire qu’elles évitent de se trouver dans les situations qu’elles redoutent tant. Si c’est la proximité d’un chien qui les terrifie, elles font tout pour éviter d’avoir à en croiser un, fut-ce de près ou de loin.

 

Etant donné à quel point cette espèce est répandue, cela s’avère particulièrement difficile. Il faut savoir en effet que 12% des foyers possèdent au moins un chien en Suisse, et que ce chiffre s’élève environ à 25% en France, en Belgique et au Québec. Pour cette raison, la cynophobie est souvent beaucoup plus invalidante que d’autres phobies comme celle des araignées ou des serpents, pourtant bien plus fréquentes chez l’être humain.

 

Les cynophobes peuvent ainsi faire le choix d’éviter de fréquenter des personnes possédant un chien, refuser de se rendre dans nombre d’endroits publics (parcs, etc.), ou encore changer délibérément d’itinéraire pour éviter une maison où il y a un chien. Cette attitude peut impacter profondément leur vie sociale, mais aussi professionnelle. Par exemple, des difficultés peuvent se présenter si la personne doit croiser des chiens lorsqu’elle parcourt le trajet jusqu’à son travail, et bien sûr si elle est parfois en contact avec ces animaux dans le cadre de son emploi.

 

De plus, un tel comportement d’évitement crée un cercle vicieux : la personne cynophobe qui déploie d’immenses efforts pour éviter les chiens rationalise son attitude notamment en se répétant inlassablement qu’ils sont dangereux et qu’il est légitime de s’en éloigner le plus possible.

 

Finalement, même si elle avait plus ou moins conscience au départ que sa peur était démesurée et infondée, elle finit par se convaincre d’elle-même que ces bêtes à crocs sont dangereuses et que les attaques sont fréquentes. Le jour où elle se retrouve en présence d’un chien, elle risque donc fort de manifester des symptômes exacerbés, ce qui la conduit ensuite à s’isoler encore plus, et ainsi de suite. La cynophobie peut ainsi à terme la plonger dans la dépression, voire en transformer en phobie sociale.

Comment un chien réagit-il face à un cynophobe ?

Comment un chien réagit-il face à un cynophobe ?

Pour une personne cynophobe, il est terrifiant de penser qu’un chien est capable de détecter sa peur et que cela risque de le rendre agressif. Un cercle vicieux a vite fait de s’installer, car le malade, déjà effrayé par l’animal, peut paniquer à l’idée que ce dernier puisse ressentir sa crainte et l’attaquer… Mais est-ce vraiment le cas ?

 

En cas de peur, un être humain transpire davantage, et son odeur corporelle est donc plus forte. Il sécrète aussi différentes hormones, qui sont facilement identifiables par le chien. En effet, étant données d’une part la taille et la complexité de son mucus olfactif, et d’autre part la puissance de son organe voméronasal (groupe de récepteurs sensibles et spécialisés dans l'absorption des substances olfactives), l’odorat du chien est globalement 1.000 à 100.000 fois meilleur que celui de l’Homme.

 

Or, une étude menée par différents chercheurs emmenés par Biagio D'Aniello et intitulée « Interspecies transmission of emotional information via chemosignals: from humans to dogs (Canis lupus familiaris) » et publiée dans la revue Animal Cognition en 2017 a montré que la gent canine est sensible à l’odeur alors émise, et est capable de la reconnaître. En effet, les chiens étudiés ont montré plus de signes de stress en présence d’échantillons de la sueur de volontaires ayant regardé des vidéos conçues pour provoquer la peur, que lorsqu’ils étaient exposés à des odeurs de personnes ayant visionné des vidéos représentant des scènes heureuses ou neutres.

 

Il convient toutefois d’introduire un bémol, car l’étude a été réalisée avec des Labradors et des Golden Retrievers, qui sont des races de chiens possédant un excellent flair. D’autres races comme le Beagle, le Lagotto Romagnolo et le Berger Allemand sont également connues pour avoir un odorat très fin, et les conclusions de l’étude sont donc probablement valables pour elles aussi. Pour autant, tous les chiens ne sont peut-être pas capables de détecter ces odeurs avec autant de précision, et donc de réagir en conséquence.

 

De toute façon, ressentir la peur d’une personne de son entourage peut passer par d’autres signaux que la simple analyse des odeurs. En effet, une personne effrayée se raidit, respire plus vite, a des mouvements plus rapides ou au contraire anormalement lents, etc. Tous les chiens n’ont peut-être pas un odorat aussi fin que le Labrador Retriever et le Golden Retriever, mais tous en revanche sont sensibles à ces changements de comportement : ils peuvent donc ressentir la peur de cette façon, par le biais du langage corporel humain. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on dit souvent que le chien est une véritable éponge à émotions humaines, capable de percevoir ce que les humains autour de lui éprouvent.

 

Néanmoins, quand bien même le chien perçoit bel et bien cette terreur, il n’est pas pour autant capable de comprendre que c’est lui qui la provoque. L’étude conduite par Biagio D'Aniello et ses acolytes a montré que dans une telle situation, il est même loin d’adopter un comportement d’attaque, bien au contraire : il préfère généralement garder ses distances avec les personnes étrangères (en particulier celles qui dégagent de la peur) et cherche avant tout à se rassurer auprès de son propriétaire ou d’une personne de confiance.

 

En réalité, si un chien devient agressif après avoir ressenti la peur d’un être humain, c’est généralement parce que la personne en question, en plus d’être effrayée, adopte un comportement inadéquat (gestes brusques, cris…), qui peuvent faire croire à l’animal qu’il est en danger. C’est cette incompréhension qui peut conduire un cynophobe à être victime d’un accident.

Les comportements à éviter en présence d’un chien pour prévenir un accident

Les comportements à éviter en présence d’un chien pour prévenir un accident

Même si cela peut être difficile car elle a tendance à perdre tous ses moyens lorsque sa phobie se manifeste, une personne cynophobe doit impérativement comprendre et connaître les erreurs à éviter en présence d’un toutou pour éviter que ce dernier se sente menacé et attaque en réaction.

 

Tout d’abord, il faut s’abstenir de fixer le chien dans les yeux, puisqu’il peut interpréter cela comme un affront, voire un défi à attaquer.

 

Il est aussi important d’éviter de crier, de faire des mouvements brusques ou de lever les bras, voire d’essayer de frapper l’animal, car toutes ces attitudes peuvent être interprétées comme des menaces et conduire à une réaction agressive de sa part.

 

Enfin, le fait de s’enfuir en courant a de fortes chances de réveiller l’instinct de prédation du chien, et donc de l’inciter à essayer de l’attraper. Le cas échéant, l’animal n’a pas nécessairement pour but d’agresser ou attaquer le fugitif : il peut prendre ce comportement comme une invitation à jouer, de même qu’il courrait volontiers après un écureuil ou un cycliste. Mais même s’il n’est pas mal intentionné en se comportant ainsi, son attitude a toutes les chances d’aggraver encore un peu plus le traumatisme du malheureux fuyard.

 

Pour autant, lorsqu’on est cynophobe, il ne faut pas non plus à se forcer à aller au contact d’un chien si on ne sent pas complètement sûr de soi. En effet, ce dernier risquerait de ressentir le manque de cohérence qu’il y a dans cette attitude, qui serait de nature à l’inquiéter lui aussi. Il pourrait dès lors avoir une réaction inadaptée, comme par exemple celle de mordre la main tremblante qui s’approche de lui.

 

Même si cela n’est pas facile, la personne cynophobe doit donc essayer de garder un comportement le plus indifférent et calme possible, et faire en sorte que le chien lui accorde le moins d’attention possible. Par exemple, il est conseillé de garder un œil sur lui mais sans contact visuel direct, de rester silencieux, de croiser les bras sur sa poitrine et d’avoir des mouvements les plus naturels possible. De cette façon, même si l’animal renifle l’odeur de la peur et perçoit que la personne n’est pas à l’aise, il ne se sent pas pour autant menacé, et préfère simplement chercher du réconfort auprès de son maître.

 

Si la personne cynophobe parvient à dominer sa peur et à faire en sorte que la rencontre ne dégénère pas, c’est positif pour elle tant à court terme que dans la durée, car il y a peu de chances qu’elle garde de ce jour un très mauvais souvenir. Si les expériences réussies se répètent, elle peut finir par prendre petit à petit confiance en elle et éprouver moins d’appréhension au fur et à mesure des rencontres.

Les solutions pour vaincre la phobie des chiens

Les solutions pour vaincre la phobie des chiens

Comme toutes les phobies, celle impliquant les chiens est une peur irraisonnée. Il ne suffit donc pas d’essayer de raisonner la personne (ou qu’elle essaye elle-même de rationnaliser la situation) pour régler le problème : l’aide d’un professionnel est presque toujours nécessaire pour surmonter cette maladie.

 

Malheureusement, beaucoup de personnes cynophobes sont réticentes à se faire soigner, soit parce qu’elles ont honte de craindre un animal que beaucoup de gens aiment, soit parce qu’elles redoutent d’affronter leur peur. Même si c’est compréhensible, cette attitude est dommageable pour elles, car plusieurs solutions existent pour venir à bout de cette pathologie et retrouver une vie meilleure.

 

Il faut toutefois garder à l’esprit que non seulement cette prise en charge nécessite du temps et des efforts, mais qu’en plus les risques de rechutes sont fréquents si la personne ne côtoie pas régulièrement des chiens une fois guérie.

La thérapie d’exposition

La thérapie d’exposition

La thérapie d'exposition est l'une des formes de traitement les plus courantes pour une personne souffrant d’une quelconque phobie. Elle consiste à l’amener à progressivement faire face à sa peur en l’y exposant très graduellement, tout en s’appuyant sur des exercices de relaxation et de respiration.

 

La thérapie d'exposition est à ce jour le traitement le plus efficace pour les phobies, d’après une méta-analyse réalisée par plusieurs chercheurs de l’Université du Texas à Austin (Etats-Unis), intitulée « Psychological approaches in the treatment of specific phobias: a meta-analysis » et publiée en 2008 dans la revue Clinical Psychology, basée sur les données de 33 essais cliniques menés pendant 30 ans. Cette étude précise notamment qu’une exposition dans la vie réelle est plus efficace qu’une exposition par simple visualisation ou dans la réalité virtuelle.

 

Les séances durent généralement 45 minutes, mais chaque praticien est libre d’en décider autrement. Tout au long du traitement, le patient est exposé très progressivement à sa phobie, tout en se concentrant sur le calme. Il peut d’abord observer la photo d’un chien, puis une vidéo. Ensuite, il peut être amené à en observer un à travers une fenêtre fermée, puis entrouverte, etc. L’objectif est que la personne finisse par être désensibilisée, c’est-à-dire pouvoir être en présence de l’objet de sa crainte sans éprouver de peur panique.

 

Pour réussir, la thérapie d’exposition doit être très progressive, car dans le cas contraire, elle pourrait aggraver le mal au lieu d’en diminuer les symptômes. Il est donc non seulement essentiel de se tourner vers un thérapeute compétent et expérimenté pour être sûr d’obtenir les meilleurs résultats possibles, mais aussi savoir laisser un peu de temps au temps pour y parvenir.

 

De fait, la Haute Autorité de Santé (HAS) française juge qu’il faut compter en moyenne de 12 à 15 séances pour parvenir à se débarrasser d’une telle phobie. Néanmoins, tout dépend de chaque cas individu (le degré de la phobie, le vécu éventuel du patient, l’évolution de la situation au fur et à mesure de son exposition à l’objet de sa phobie…) : 10 séances voire mois sont suffisantes pour certaines personnes, tandis que d’autres peuvent aller jusqu’à 25 séances, voire davantage.

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC)

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC)

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) considère que l’anxiété d’une personne atteinte d’une phobie est le résultat de pensées illogiques déconnectées de la réalité. Elle vise donc à proposer des exercices pratiques au patient pour l’aider à changer sa façon de penser par rapport aux chiens, en le faisant réfléchir sur les raisons de sa peur. Cela peut par exemple impliquer de lui faire noter ses ressentis dans un journal, ou de l’exposer très progressivement à l’objet de son angoisse.

 

En ce sens, la TTC englobe la thérapie d’exposition, qui en est une forme d’application. Même si l’étude des chercheurs de l’Université d’Austin met en évidence que le fait d’ajouter des procédures cognitives n'apporte aucun avantage supplémentaire par rapport à la seule thérapie d'exposition, beaucoup de praticiens continuent de suggérer que la réflexion du patient au sujet des raisons de son angoisse est indispensable pour guérir complètement.

L’accès à une meilleure information

L’accès à une meilleure information

L’accès à certaines informations anxiogènes peut être à l’origine d’une cynophobie. Dans ce cas, la personne n’a bien souvent reçu que des informations très partielles et ne maîtrise pas la réalité des données statistiques, car les morsures et attaques de chiens restent en vérité très rares, et ce quel que soit le territoire. En avoir conscience permet de mettre les chiffres en perspective et prendre de recul, en recontextualisant les informations de médias souvent avides de sensationnel au détriment d’une certaine objectivité.

 

De même, mieux connaître l’espèce canine permet de mieux comprendre ses représentants, de décrypter leurs postures ou leurs gestes, de connaître leurs intentions, et d’identifier les raisons qui peuvent les pousser ou non à un comportement agressif. Par exemple, si un chien se lèche les babines ou détourne le regard, il s’agit probablement de signaux d’apaisement par lesquels il exprime qu’il se sent mal à l’aise. Le fait que la personne en soit consciente lui permet de cesser le comportement qui dérange l’animal.

La relaxation, la sophrologie ou la méditation pleine conscience

La relaxation, la sophrologie ou la méditation pleine conscience

La relaxation, la sophrologie et la méditation pleine conscience sont des techniques d’apaisement et de recentrage sur ses ressentis corporels qui peuvent aider à réduire l’anxiété causée par la cynophobie. Elles permettent à la personne cynophobe d’apprendre à calmer son esprit et à se recentrer sur le moment présent.

 

La relaxation est plus précisément une méthode de détente qui permet de dénouer les tensions musculaires et psychiques par des exercices physiques et mentaux.

 

Quant à la sophrologie, pratique issue de techniques de méditation, de yoga et de relaxation, elle vise à harmoniser le corps et l’esprit en chassant les peurs et les angoisses du passé (souvenirs, conditionnements…), du présent, et du futur (maladie, incertitude, etc.).

 

Enfin, la méditation pleine conscience est aussi un moyen de prendre soin de soi et de mieux gérer la douleur et l’anxiété, mais elle vise surtout à apprendre à prendre conscience de tout ce qui est dans le présent : stimuli internes (sensations, pensées, émotions, etc.) ou externes (attention au monde environnant, bruits, etc.).

Les médicaments contre les phobies

Les médicaments contre les phobies

Lorsqu’une personne souffre d’une phobie des chiens très prononcée, l’utilisation de médicaments prescrits par un médecin généraliste ou un psychiatre peut aider à réduire les symptômes anxieux de manière significative. Les plus efficaces dans ce cas précis sont les bêta-bloquants, qui empêchent les effets de l’angoisse sur le corps : ils entraînent un ralentissement du rythme cardiaque, une diminution des sueurs et des tremblements. Les sédatifs ont également pour effet de réduire l’anxiété et de détendre la personne quand elle est en présence d’un chien.

 

Néanmoins, le traitement médicamenteux ne doit pas être envisagé seul : en effet, il ne permet pas au patient d’acquérir les compétences nécessaires pour diminuer son anxiété, et risque de toute façon de perdre en efficacité au fur et à mesure du temps. Il doit donc être utilisé en complément d’une des thérapies précédentes.

Les risques de rechute

Les risques de rechute

Surmonter une phobie est souvent un processus lent qui nécessite plusieurs mois de patience et d’efforts. En outre, même quand il réussit, il est possible que l’anxiété ne disparaisse pas totalement., Une thérapie adaptée permet néanmoins de diminuer grandement les symptômes les plus handicapants.

 

Pour autant, le risque de rechute est réel si la personne cesse de côtoyer des chiens régulièrement après la fin du traitement.

 

Qu’ils interviennent sur la cynophobie ou sur d’autres types de phobies, tous les thérapeutes compétents prennent d’ailleurs soin d’insister sur cet aspect auprès de leurs patients, et c’est notamment la raison pour laquelle ils obtiennent souvent des résultats durables. Ainsi, une étude parue en 1989 dans la revue scientifique Behaviour Research and Therapy et intitulée « One-session treatment for specific phobias » a mis en évidence que plus de 90% des personnes ayant bénéficié d’une thérapie d’exposition pour des phobies spécifiques témoignaient encore d’une réduction significative voire d’une disparition des symptômes 4 ans après la fin du traitement.

Conclusion

La cynophobie est une maladie qui va bien au-delà de la simple peur des chiens, puisqu’elle peut avoir un impact considérable sur la vie des personnes qui en sont atteintes. Pourtant, des solutions existent pour guérir. Certains patients finissent même par apprécier la gent canine à force de la côtoyer dans le cadre de sa thérapie, au point parfois d’adopter un chien !

Dernière modification : 10/13/2020.

Auteur

Pierre-Alexandre Aubry

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