Maître incontesté du roman d’horreur, l’écrivain américain Stephen King (né en 1947) s’intéresse fortement à la manière dont l’épouvante peut surgir d’éléments lambdas du quotidien. Il se penche notamment à plusieurs reprises sur les animaux domestiques, imaginant à chaque fois comment l’esprit de ces fidèles compagnons pourrait être altéré au point qu’ils se transforment en monstres violents et sanguinaires.
À la fin des années 70, alors qu’il se rend chez un mécanicien quelque part en Angleterre, Stephen King tombe sur un immense Saint-Bernard que son propriétaire décrit comme inoffensif. Toutefois, le maître de l’horreur a pour sa part la ferme impression que le chien est sur le point de l’attaquer.
Cet épisode lui donne l’idée d’une histoire qu’il couche sur le papier quelques années plus tard et nomme Cujo. Publié en 1981, ce récit d’épouvante met en scène un Saint-Bernard gigantesque, mais doux comme un agneau, qui un beau jour est mordu par une chauve-souris atteinte de la rage et devient alors aussi agressif que dangereux.
Toute la beauté du personnage réside dans le fait que Cujo est certes un antagoniste, s’inscrivant pleinement dans la lignée des monstres que le genre produit, mais aussi la victime de cette histoire, car c’est la maladie qui lui fait perdre le contrôle. En ce sens, ce roman est plus qu’un divertissement sanglant : c’est une vraie tragédie.
Considéré comme l’une des oeuvres les plus sombres de Stephen King, aux côtés notamment de Simetierre (qui pour sa part met en scène un chat zombie), Cujo séduit la critique et remporte même en 1982 le prix British Fantasy du meilleur roman, qui récompense des œuvres appartenant au genre du fantastique. On peut d’ailleurs s’en étonner, puisque c’est un de ses romans où le surnaturel est le moins présent.