Œuvre emblématique de l’écrivain anglais Charles Dickens (1812-1870) publiée d’abord sous forme de feuilleton mensuel entre 1837 et 1839, Oliver Twist conte les aventures d’un jeune orphelin britannique victime de mauvais traitements à l’hospice où il naît et où il passe ses premières années, puis chez le croque-mort qui le recueille. Il décide alors de s’enfuir et de prendre la route pour Londres.
Dans la capitale, il rencontre un groupe d’enfants pickpockets opérant sous la houlette de Fagin, un vieux voleur. Oliver se met à travailler avec eux, et c’est dans ce cadre qu’il fait la connaissance de l’infâme Bill Sikes, personnage violent et cruel qui devient l’un des principaux antagonistes du roman. Celui-ci ne se départit jamais de son chien, un Bull Terrier blanc nommé Bull’s Eyes (ou « Mille », dans certaines traductions en français).
Comme tous les autres personnages qui gravitent autour de Sikes, Bull’s Eyes est fréquemment la cible de sa brutalité. Battu régulièrement, il est lui-même devenu un animal féroce qui ne connait plus que la violence comme langage. Il n’en reste pas moins fidèle à son propriétaire, illustrant à la fois la loyauté des chiens envers leur maître et l’incapacité des victimes à se libérer de l’emprise de ceux qui les brutalisent.
Bull’s Eyes est aussi la personnification de la conscience de Sikes. En effet, il est à ses côtés en particulier lorsque celui-ci bat à mort sa compagne : son pelage blanc comme la neige se retrouve même taché du sang de la victime. Il devient dès lors un rappel constant de ce crime, et même une preuve accablante. Traqué par la police, Sikes tente même de noyer son chien pour tenter d’échapper à sa culpabilité, au sens propre comme au figuré.