Roman expérimental, Flush (Flush: A Biography en version originale) est une biographie en partie fictive de la poétesse britannique Elizabeth Barret Browning (1806-1861) rédigée par la célèbre écrivaine moderniste anglaise Virginia Woolf (1882-1941) et publiée en 1933.
Dans ce récit qui mélange fiction et réalité, l’autrice fait le choix de ne pas raconter les événements de la vie de Browning de façon traditionnelle, mais à travers le regard de son Cocker Spaniel Flush. L’idée peut sembler loufoque, mais elle permet à Woolf d’exprimer diverses réflexions sur la condition féminine, la poésie et le langage en soulignant à quel point tout cela peut sembler étrange dès lors qu’on prend un peu de distance sur ces sujets.
Le roman s’intéresse aussi à la façon dont deux êtres que tout oppose et qui ne sont pas en mesure de communiquer via un langage commun peuvent malgré tout apprendre à se connaître et se comprendre mutuellement.
Flush est parfois considéré par la critique comme moins sérieux que les autres œuvres de Woolf en raison de la nature de son personnage principal, mais a le mérite d’employer une stratégie narrative originale pour porter un regard critique sur la société contemporaine.
Cela dit, il n’est pas le premier dans ce cas : l’œuvre rappelle notamment Je suis un chat, chef-d’œuvre de la littérature japonaise signé Sōseki Natsume (1867-1916) et publié sous forme de feuilleton entre 1905 et 1906, dans lequel un félin plein d’esprit livre ses observations sur le monde qui l’entoure. Cela dit, il est peu probable que Woolf ait eu accès à cet ouvrage, puisque la première traduction complète en anglais de ce dernier date de 1972.
En tout cas, l’un comme l’autre témoignent de l’intérêt de certains auteurs pour ce qui se passe dans la tête des animaux de compagnie, à une époque où le regard qu’on porte sur ces derniers est en pleine évolution.