Bien qu’il y soit peu présent, le meilleur ami de l’Homme joue parfois un rôle dans les romans d’aventures de l’écrivain français Jules Verne (1828-1905). C’est le cas notamment dans L’île mystérieuse (1875), puisqu’un représentant de la gent canine figure aux côtés du groupe de naufragés américains qui s’échouent sur l’île de Lincoln au lendemain de la guerre de Sécession (1861-1865).
Fortement inspiré de Robinson Crusoé (1719), célèbre roman d’aventures de l’écrivain anglais Daniel Defoe (1660-1731), L’ïle mystérieuse reprend l’idée de la survie à la suite d’un naufrage dans un environnement dénué de présence humaine. Toutefois, en lieu et place d’un seul homme, Jules Verne préfère mettre en scène un groupe de personnes aux personnalités et aux compétences différentes qui doivent apprendre à travailler ensemble pour surmonter les rudes épreuves qu’ils affrontent et rebâtir un semblant de société humaine.
Le groupe est ainsi composé de Gédéon Spilett, un reporter de guerre, de Bonadventure Pencroff, un marin, d’Harbert Brown, un orphelin de 15 ans, de Nab, un esclave affranchi, ainsi que de Cyrus Smith, un ingénieur et savant qui est en permanence accompagné de Top, son chien courant.
En plus de servir de soutien moral à son propriétaire et aux compagnons d’infortune de ce dernier, Top est un animal intelligent et bien décidé à se rendre utile. Ainsi, il n’hésite pas à mettre ses qualités de chasseur et de gardien au profit des naufragés. Il aide aussi le groupe en multipliant les découvertes, dont celle d’un ancien prisonnier vivant reclus sur l’île depuis plus d’une décennie.
La présence d’un chien dans L’île mystérieuse n’est pas un hasard. En effet, Jules Vernes s’inspire beaucoup de Robinson Crusoé pour construire son récit, mais il sait aussi se montrer critique vis-à-vis de l’œuvre de Defoe et estime que le portrait fait par ce dernier d’un homme qui conserve son humanité malgré plusieurs décennies sans contact humain est peu plausible. Il désire ainsi faire de L’île mystérieuse une réflexion sur ce qui sépare l’être humain de l’animal, si bien que Top est en quelque sorte le symbole d’une nature domestiquée par l’Homme. Il s’inscrit d’ailleurs en opposition avec Jup, un orang-outan découvert sur l’île et qui ne connaît rien d’autre que la vie à l’état sauvage.