Avec les sorties de Rox et Rouky (The Fox and the Hound) en 1981 puis de Oliver et Compagnie (Oliver & Company) en 1988, les amoureux des chiens peuvent s'autoriser à imaginer un retour en grâce du meilleur ami de l'Homme au sein des films proposés par les studios Disney, après voir été délaissés pendant la vingtaine d'années ayant suivi la sortie en 1961 de Les 101 Dalmatiens (101 Dalmatians).
Toutefois, ce n'est pas ce qui se produit : pendant à nouveau une vingtaine d'années, aucun représentant de la gent canine n'est le héros principal dans un film Disney, même si on en trouve en revanche qui occupent des rôles secondaires - notamment Max le Bobtail dans La Petite Sirène (The Little Mermaid) en 1989 et Percy le Carlin dans Pocahontas en 1995. Ainsi, il faut attendre 2008 et l'arrivée de Volt, star malgré lui (Bolt en version originale) pour qu'un chien retrouve le rôle principal d'un Disney.
Ce film est aussi le premier issu de la collaboration entre Disney et le studio Pixar, à l'origine en 1995 du très remarqué Toy Story. Il est aussi un des premiers longs métrages en animation 3D de l'entreprise, après Chicken Little en 2005 et Bienvenue chez les Robinson (Meet the Robinsons) en 2007.
Pour toutes ces raisons, il est très attendu du grand public...
Vivant à Los Angeles, Volt est la star d'un feuilleton d’action-aventure, dans lequel il incarne un chien génétiquement modifié. Sa mission consiste à protéger Penny, son maître, des griffes de l’homme à l’œil vert, le maléfique docteur Calico. Pour rendre la série aussi réaliste que possible, les producteurs ont trompé Volt tout au long de son existence : il croit se trouver dans la vraie vie et posséder de nombreux super-pouvoirs.
Soucieux de satisfaire leur public, qui s'agace d'un manque de suspense, les producteurs décident que Penny se fera enlever par le Docteur Calico lors du prochain épisode. Volt, persuadé que le kidnapping est réel, met tout en oeuvre pour sauver son maître. Une fois rentré dans sa loge, il entend de nouveau la voix de Penny crier au secours. Toujours englué dans la supercherie, il n'est pas conscient que cette voix provient de l'enregistrement du récent épisode, qu'un producteur est en train de repasser en boucle. Il s'enfuit par la fenêtre pour prendre la direction du bruit qu'il entend, bien décidé à secourir Penny. Mais c'est alors qu'il tombe maladroitement dans une boîte remplie de mousse dont il ne parvient pas à sortir, et qui est expédiée à New York.
Bien décidé à user de ses super-pouvoirs pour rentrer à Los Angeles et retrouver Penny, Volt s'aperçoit très rapidement qu'il est un chien comme les autres ; oublié en particulier l'aboiement supersonique capable de tout écraser sur son passage. La chute est rude pour lui, mais soutenu par ses nouveaux amis Mitaine la chatte de gouttière et Rhino le hamster, il ne perd pas espoir, et part en direction de l'ouest.
Des divergences existent au sein de la communauté des fans Disney quant à la race de chien à laquelle Volt appartient. En effet, les producteurs n'ont jamais indiqué clairement ce qu'il en est, ce qui autorise chaque spectateur à avoir un avis sur la question. Les deux races le plus souvent évoquées sont ainsi le Berger Blanc Suisse et le Berger Allemand.
Cela dit, un élément de réponse fait pencher la balance en faveur de la seconde option : interrogé un jour sur le sujet, le designer principal du film, Joe Moshier, a dit s'être inspiré d'un chiot Berger Allemand de couleur blanche pour réaliser les animations du héros.
En tout cas, quelle que soit la race à laquelle il appartient effectivement, Volt a su séduire John Travolta (né en 1954). C'est lui en effet qui prête sa voix au chien dans la version originale du film. Le célèbre acteur américain dit s'être tout de suite senti en phase avec la personnalité de Volt, qu'il décrit comme « si naïf, si fun et touchant ». Les mimiques réalisées par John Travolta lors des prises de sons ont même été filmées et reproduites en animation pour rendre le héros encore plus vivant et attachant.
Dans la version française du film, c'est à l'acteur Gilles Lellouche (né en 1972) qu'il incombe d'être la voix de ce dernier.
Le film qui sort sur les écrans en 2009 ne correspond pas exactement à ce qui était prévu au début du projet, lorsqu'en 2002 celui-ci est confié à Chris Sanders (né en 1962). En effet, son héros a entretemps suscité des remous au sein des studios Disney. Nommé Henry, il devait initialement se retrouver envoyé dans le Nevada en compagnie d'un chat à un oeil et d'un énorme lapin radioactif.
Les choses sont chamboulées en 2006, suite au rachat de Pixar par Disney. En effet, John Lasseter (né en 1957) est alors nommé directeur créatif des studios Disney. S'étant fait présenter une première mouture du film, il formule diverses idées visant à modifier le scénario en vue d'améliorer le résultat obtenu. Chris Sanders est en désaccord sur plusieurs points, et finit par être démis de ses fonctions en 2007 puis remplacé par Chris Williams (né en 1968). On donne alors à l'équipe d'animateurs un délai de 18 mois pour finaliser le film sur la base du nouveau scénario retenu.
Même si une partie du travail a alors déjà été effectué, c'est un délai inhabituellement court, qui aurait pu conduire à proposer un film bâclé. Au final, il n'en est rien, et le succès est d'ailleurs au rendez-vous.
Malgré une fin prévisible, Volt, star malgré lui est globalement bien accueilli par la critique. L'histoire de ce chien est perçue comme touchante et rappelle trait pour trait celle du personnage incarné par Jim Carrey (né en 1962) dans The Truman Show, sorti en 1998. Sa personnalité rayonnante ainsi que sa voix emblématique contribuent également à le rendre attachants. Un autre point souvent mis en avant est le rythme soutenu du film : avec toutes les péripéties vécues par Volt en vue de retrouver son maître, on n'a pas le temps de s'ennuyer. Enfin, la qualité des animations est saluée par une grande majorité des professionnels, le passage à la 3D ayant comme redonné une seconde jeunesse aux studios Disney.
De fait, Volt, star malgré lui permet à ces dernier de regagner les faveurs du grand public, qu'ils peinaient à retrouver depuis la sortie de Lilo et Stitch (Lilo & Stitch) en 2002. Le seul élément qu'il lui manque pour se hisser au niveau des plus grands classiques Disney est une scène de bravoure où Volt se surpasserait, un moment qui ferait frissonner tout une salle de cinéma. Ce genre de scènes ont amené des longs-métrages comme Le Roi Lion (The Lion King) ou Pinocchio au panthéon du film d'animation, mais il n'y en n'a pas dans Volt, star malgré lui.
Critique assumée de la starification à outrance et des tractations malhonnêtes dans le milieu du cinéma, Volt, star malgré lui permet aussi au meilleur ami de l'Homme de revenir une énième fois sur le devant de la scène dans un film Disney, et de fort belle manière.
Plus charismatique que Rouky dans Rox et Rouky et mieux travaillé que Roublard dans Oliver et Compagnie, Volt vient brillamment rejoindre les rangs des chiens stars de Disney. Ses mimiques charismatiques le rendent très réaliste et attachant, mais c'est aussi un personnage d'une grande profondeur grâce à sa personnalité ainsi qu'à la trame du film. Enfin, sa voix parachève magistralement le travail de Disney sur ce chien star malgré lui.
