1988 : Oliver et son gang de chiens entrent dans l'histoire de Disney

La nouvelle génération Disney aux commandes

Oliver et ses amis canins (©Disney)
Oliver et ses amis canins (©Disney)

Les années 70 sont marquées par d'importants changements au sein des studios Disney, car la plupart des animateurs de l'âge d'or de l'entreprise (à commencer par ceux que l'on appelle « les neufs sages ») passent alors le relais à une nouvelle génération. Cela a évidemment un impact sur le style des oeuvres proposées, ce qui ne manque pas de parfois dérouter le public - voire ne pas du tout convaincre les critiques.

 

Les choses s'améliorent dans les années 80 : même si cette décennie reste globalement morose pour les studios, les nouveaux créateurs commencent à affiner leur style.

 

En tout cas, nouvelle génération ou pas, force est de constater qu'après Les 101 Dalmatiens (101 Dalmatians) en 1961, la présence des chiens dans l'univers Disney diminue considérablement.

 

C'est dans ce contexte que sort en 1988 Oliver et Compagnie (Oliver & Company), qui raconte l'histoire d'Oliver, un chat affamé intégrant une bande de chiens vivant dans la rue. Ces derniers l'entraînent alors progressivement à devenir un véritable roi des rues. Ce sont même eux en quelque sorte les principaux héros du film : il y occupent un rôle central, au point d'ailleurs que souvent ce film est davantage connu grâce à eux que grâce au petit félin.

 

Comme souvent, le scénario n'est pas tout droit sorti de l'imagination des employés de Disney : il est en fait librement inspiré de Oliver Twist, un roman de l'auteur britannique Charles Dickens (1812-1870), publié entre 1837 et 1839 sous forme d'épisodes.

Oliver et Compagnie, l'histoire d'une rencontre atypique

Roublard et Oliver (©Disney)
Roublard et Oliver (©Disney)

L'action de Oliver et Compagnie prend place dans les années 80 à New York. Un pauvre chaton affamé tente de voler des saucisses sur l'étal d'un commerçant. Manquant d'adresse, il est pris en flagrant délit et violemment repoussé par le vendeur.

 

C'est alors que Roublard, un chien errant, lui propose de faire équipe. Le plan fonctionne à merveille, mais Roublard, en bon menteur, ne partage pas avec le chaton les saucisses dérobées ensemble.

 

Le petit félin se met donc à le pourchasser jusqu'aux docks. Mais après qu'il ait grimpé sur une péniche délabrée servant de demeure au chien errant, le toit de celle-ci s'effondre, et il atterrit au milieu d'un groupe de chiens dont Roublard est à la tête. Réticents au début, ceux-ci finissent par adopter Oliver sur les conseils de leur leader.

 

Le maître de ces chiens et propriétaire de la péniche est un certain Fagin, qui travaille comme ferrailleur. Il est lourdement endetté envers Sykes, un malfrat de la pire espèce. Il somme donc ses chiens de voler toutes sortes d'objets de valeur et de les lui rapporter, afin qu'il puisse les vendre et rembourser sa dette. 

 

Oliver prend donc part lui aussi à ces activités. Toutefois, un jour qu'il est en train de participer au vol d'un autoradio dans une limousine, il se retrouve malencontreusement enfermé dans le véhicule. Il est alors recueilli par Jenny, une petite fille délaissée par ses richissimes parents. Elle décide de le nommer Oliver. Toutefois, Oliver ne fait pas l'unanimité dans son nouveau foyer ; en particulier, Georgette, la chienne d'expositions de Jenny, le méprise vivement. Néanmoins, les parents de la fillette l'autorisent à garder son nouveau compagnon, et elle s'empresse alors de lui acheter une médaille et un collier.

 

Jenny surveillée par le chien de Sykes (©Disney)
Jenny surveillée par le chien de Sykes (©Disney)

De leur côté, Roublard et sa bande sont bien décidés à récupérer le chat errant. Ils se rendent donc chez les parents de Jenny et profitent du fait que cette dernière soit à l'école pour sauver Oliver et le ramener à la péniche.

 

Toutefois, celui-ci regrette alors d'être séparé de sa nouvelle propriétaire. Roublard perçoit cela comme une trahison, après s'être donné tant de mal pour le ramener parmi eux : il lui ordonne de quitter immédiatement les lieux. Mais Fagin fait alors son apparition, et a une toute autre idée : ayant remarqué que le chat porte désormais un collier, il décide de simuler son enlèvement contre une rançon. Jenny décide d'aller au rendez-vous, munie de ses petites économies.

 

Au moment de la rencontrer afin de procéder à la transaction, Fagin finit par avoir honte de ce qu'il est en train de faire, et renonce à ses plans : il redonne gratuitement le chaton à la petite fille. Toutefois, il ne sait pas qu'ils sont alors surveillés par Sykes, qui lui a beaucoup moins de scrupules et décide de kidnapper Jenny.

 

C'est ainsi que Roublard et sa bande partent en direction du repaire de Sykes pour retrouver Jenny, après avoir promis à Oliver de la sauver. De nombreuses péripéties s'ensuivent, mais ils réussissent à atteindre leur objectif : Jenny est sauvée des mains de Sykes et retrouve ses parents ainsi que son chaton Oliver.

Un accueil mitigé

Jenny et Oliver (©Disney)
Jenny et Oliver (©Disney)

Bien qu'elle soit douée lorsqu'il s'agit de prendre la fuite, la bande à Roublard ne parvient pas à échapper aux critiques négatives. En particulier, il est souvent reproché à Oliver et Compagnie de manquer de créativité et de dérouler un scénario beaucoup trop prévisible. En outre, les animations sont jugées techniquement en dessous des standards de l'époque. Cerise sur le gâteau, la bande-son déçoit, malgré quelques musiques de qualité.

 

En revanche, les critiques jugent généralement que Roublard et les différents membres de son équipe sont des personnages de qualité, car chacun a sa personnalité propre et apporte quelque chose à l'histoire. De fait, force est de constater que les chiens du film sont tous attachants et rafraîchissants. Grâce à eux, Oliver et Compagnie possède un certain charme : il n'atteint certes pas des sommets, mais il n'en demeure pas moins intéressant et divertissant.

 

Ainsi, les critiques sont partagées, entre ceux qui le voient comme un bon film d'aventure et ceux qui n'y trouvent qu'une histoire quelconque entre des chiens et des chats. Certains considèrent qu'il n'est pas à la hauteur de ce classique de la littérature qu'est Oliver Twist, tandis que d'autres se satisfont pleinement de cette jolie aventure oscillant aisément entre le comique et le drame.

 

En tout cas, le succès commercial est globalement au rendez-vous, au point d'ailleurs que Disney décide de sortir une deuxième fois Oliver et Compagnie en 1996 afin de faire de la concurrence à Charlie 2 (All Dogs Go to Heaven 2), qui paraît cette année-là.

Conclusion

Roublard et sa bande (©Disney)
Roublard et sa bande (©Disney)

Indéniablement, Oliver et Compagnie ne tient pas la comparaison face à des grands classiques Disney comme Pinocchio (1940) ou Les 101 Dalmatiens (1961). Il est un grand cran dessous, tant en termes de réalisation technique (en tout cas pour son époque) et d'écriture scénaristique que de charisme des personnages. La bande à Roublard parvient toutefois à laisser à marquer par sa nonchalance et son lâcher-prise sur les événements de la vie. 

 

Surtout, ce film permet surtout au meilleur de l'Homme de revenir sur le devant de la scène dans les films d'animation Disney, presque 30 ans après le succès de Les 101 Dalmatiens (One Hundred and One Dalmatians) et alors qu'il avait été entretemps globalement mis de côté.