La relation chien / cheval : explications, risques, conseils…

Un cheval penché vers un chien qui est allongé dans l'herbe

Quand le cheval fut domestiqué par l’Homme il y a environ 6000 ans dans la steppe eurasienne (qui correspond aujourd’hui à l’Ukraine et au Kazakhstan), le chien partageait déjà son quotidien depuis près de 15.000 ans.


Il est aujourd’hui fréquent de voir ces deux animaux coexister pacifiquement, notamment dans des structures destinées aux activités équestres ou encore dans les fermes. Des siècles d’évolution et de cohabitation ont en effet permis à ces deux êtres très sociables de se tolérer, voire parfois de s’apprécier.


Comment un chien et un cheval se perçoivent-ils respectivement ? Dans quels cas peuvent-ils interagir ? Comment les habituer l’un à l’autre, et quels sont les problèmes qui peuvent survenir au cours de leurs interactions ? Y a-t-il des chiens particulièrement aptes à entretenir de bonnes relations avec les équidés ?

Un peu d’histoire…

Un chasseur sur un cheval avec son chien, avec derrière eux le soleil qui se couche

Si le chien et le cheval sont aujourd’hui capables de coexister, c’est parce qu’ils sont utilisés conjointement par l’être humain depuis des millénaires.


En effet, si de nos jours on associe généralement le cheval à la pratique des sports équestres, dans la plupart des régions du monde cet usage n’apparut que plusieurs siècles après sa domestication. À l’origine, il était surtout utilisé pour tirer des charges lourdes, notamment dans le cadre des travaux de la ferme.


Dans ce contexte, il était vraisemblablement amené à interagir avec le chien, utilisé quant à lui pour éliminer la vermine, garder les troupeaux ou encore retrouver les bêtes égarées.


Le chien et le cheval étaient également utilisés conjointement à la chasse, plus précisément dans le cadre de la vénerie. Le premier avait pour mission de traquer, localiser et ramener le gibier, tandis que le second servait de moyen de transport. Aussi connue sous le nom de chasse à courre, cette technique est aujourd’hui illégale dans de nombreux pays (dont la Belgique, l’Allemagne, la Grande-Bretagne…), mais demeure pratiquée dans certains autres - notamment en France.


Enfin, les deux espèces se croisaient aussi sur les champs de bataille jusqu’au début du 20ème siècle. Leur rôle respectif était néanmoins très différent. Le chien était en général employé dans des missions de reconnaissance, de garde ou de courrier, tandis que le cheval était directement utilisé au combat par les unités de cavalerie.


De nos jours, certains secteurs continuent d’exploiter conjointement les deux espèces, même si cela est nettement moins courant que par le passé. C’est le cas par exemple des forces de l’ordre : le chien est notamment employé pour détecter de la drogue ou des explosifs, tandis que le cheval est utilisé par la police montée pour des missions de maintien de l’ordre.

Une cohabitation qui ne coule pas de source

S’il existe de nombreux exemples de chiens et chevaux interagissant et jouant ensemble, en réalité l’entente entre les deux espèces ne coule pas de source. En effet, pour un cheval, un chien est un prédateur potentiel, car il craint instinctivement les animaux ressemblant à des loups. À l’inverse, un chien est susceptible de considérer un équidé comme une proie et de l’attaquer.


Avant toute rencontre entre un chien et un cheval, il est donc important de comprendre comment ces animaux se perçoivent mutuellement.

Comment un chien perçoit-il un cheval ?

Un chien regardant un cheval

La façon dont un chien perçoit un cheval est susceptible de varier d’un individu à l’autre, en fonction de son tempérament, de sa race, de son vécu ou encore de son âge.

Généralement, il a conscience de sa petite taille, et comprend que le cheval est bien plus grand que lui. Néanmoins, le gabarit imposant de ce dernier n’est pas toujours de nature à l’intimider. Chez certains individus, cela peut aussi être une source de curiosité.

L’odeur que dégage un équidé, ainsi que les bruits qu’il fait avec sa bouche, ses naseaux ou ses sabots, peuvent eux aussi ne pas laisser un chien indifférent. Là encore, cela peut provoquer un sentiment de peur ou de curiosité, voire les deux à la fois.

De manière générale, les spécimens appartenant à des races traditionnellement habituées à travailler avec des chevaux sont moins surpris par ces animaux et sont plus à même de se sentir à l’aise à leurs côtés. Par exemple, un Berger Allemand, un Berger Australien, un Border Collie ou tout autre chien de ferme a davantage de chances de bien s’entendre avec un cheval.

Le vécu joue aussi pour beaucoup. En particulier, un chien ayant subi un traumatisme lors d’une interaction avec un cheval risque par la suite de se montrer craintif ou agressif vis-à-vis des représentants de cette espèce.

L’âge est également un facteur clé. Un chiot ou un jeune chien étant en général moins craintif et plus curieux, il a moins de chance d’être effrayé par un cheval. En revanche, les choses peuvent s’avérer plus compliquées dans le cas d’un chien ayant déjà atteint l’âge adulte – en particulier pour le premier contact.

Comment un chien perçoit-il un poney ?

Un petit poney et un grand chien se regardant

Un chien a des capacités d’observation très développées, et est en général à même de remarquer la différence de gabarit entre un cheval et un poney. D’autres particularités morphologiques ne lui échappent pas non plus, notamment le fait que les pattes du poney sont plus courtes et sa tête plus petite.

En revanche, son odorat ne lui est d’aucune utilité pour distinguer ces deux animaux. En effet, comme ils appartiennent à la même espèce, leur odeur est en théorie identique : elle n’est donc pas un facteur permettant à un chien de les distinguer.

Quoi qu’il en soit, un chien est davantage susceptible de se sentir à l’aise en présence d’un poney, du fait du gabarit moins imposant de ce dernier. Différents critères entrent toutefois là aussi en ligne de compte : sa race, son caractère, l’habitude qu’il a ou non de fréquenter des représentants de cette espèce, etc.

Comment un cheval ou un poney perçoit-il un chien ?

Un poney regardant un chien

La manière dont un cheval ou un poney perçoit un chien est influencée à la fois par ses facultés visuelles et son patrimoine génétique.

En effet, son champ visuel est très large, mais sa vision monoculaire ne lui permet pas toujours d’identifier avec exactitude la hauteur et la profondeur des êtres et des objets. Cela dit, la différence de taille entre lui et un chien est telle qu’il est normalement à même de comprendre que cet animal est bien plus petit et ne représente pas forcément un danger.

Néanmoins, habitués à vivre en troupeau à l’état naturel et faisant alors partie des proies du loup, le cheval et le poney considèrent généralement les animaux ressemblant à ce dernier comme des prédateurs potentiels. Un spécimen qui n’est pas habitué à voir des représentants de la gent canine risque donc d’être effrayé par la présence d’un chien. C’est d’autant plus vrai si ce dernier lui est inconnu et apparaît soudainement au loin. En effet, sa vision à longue distance est deux fois moins bonne que celle d’un humain : il n’est donc pas forcément capable de comprendre que l’animal qu’il aperçoit est un chien et non un loup.

La perception du meilleur ami de l’Homme par un cheval ou un poney dépend aussi largement de son degré de socialisation avec cette espèce. S’il est habitué à en fréquenter, il a évidemment moins de risques d’être effrayé ou de se sentir en danger.

Toutefois, son tempérament individuel joue également un rôle prépondérant. Cela explique qu’un cheval ou un poney qui vit au quotidien avec un chien peut in fine être moins à l’aise qu’un autre qui a pourtant moins l’occasion d’en côtoyer.

Des animaux qui se comprennent de mieux en mieux

Un chien et un cheval qui se font face sur leurs pattes arrière

À l’état naturel, le chien et le cheval sont des ennemis, puisque le premier est un prédateur du second. En outre, leurs comportements, leurs façons de raisonner et leurs langages corporels sont on ne peut plus différents. Des siècles d’évolution semblent néanmoins leur avoir permis de se comprendre un peu mieux.

Cela a d’ailleurs été analysé dans une étude scientifique intitulée « Levelling playing field: synchronization and rapid facial mimicry in dog-horse play », publiée en mai 2019 au sein de la revue scientifique Behavioural Processes et réalisée par Elisabetta Palagi, comportementaliste animale à l’université de Pise (Italie). Elle a passé en revue des centaines de vidéos YouTube montrant des chiens jouer et interagir avec des chevaux, puis en a sélectionné une vingtaine de manière aléatoire pour analyser le comportement des deux espèces.

Elle a ainsi remarqué que lorsqu’un chien et un cheval jouent ensemble, il arrive que l’un ou l’autre (voire les deux) reprenne certains comportements de l’autre espèce. On peut ainsi les voir notamment faire semblant de mordre, sautiller, se pousser ou encore se courir après.

L’étude s’est aussi intéressée à la capacité des deux espèces à reproduire les mêmes expressions faciales, notamment celle appelée « bouche ouverte décontractée » que les scientifiques considèrent comme une des plus importantes dans le langage social des animaux. Elle indique en effet la soumission et la volonté de rassurer son interlocuteur. Dans la vingtaine de vidéos analysées, Elisabetta Palagi a identifié cette expression chez 12 chiens et 10 chevaux.

La chercheuse émet l’hypothèse qu’étant donné qu’au fil des siècles ces deux espèces ont évolué pour apprendre à reconnaître le langage corporel et les expressions faciales des êtres humains, elles auraient aussi par la même occasion développé la capacité de mieux lire leurs expressions respectives et ainsi d’interagir, au lieu de se considérer comme une proie et un prédateur.

Les risques lors des interactions entre un chien et un cheval

Faire interagir un chien et un cheval (ou un poney) n’est pas sans risques. En effet, même si les deux espèces se comprennent probablement mieux qu’autrefois, elles continuent d’avoir des comportements et des raisonnements très différents. Connaître les dangers qui existent lorsqu’un chien est au contact d’un cheval permet d’éviter bien des problèmes tant pour eux que pour les personnes se trouvant à proximité.

Les risques pour le chien 

Quand un chien se retrouve face à un animal aussi imposant qu’un cheval, le risque de blessure vient tout de suite à l’esprit. Toutefois, il n’est pas le seul : de nombreux  produits utilisés pour l’entretien d’un cheval et quelques aliments peuvent également représenter un danger pour le meilleur ami de l’Homme.

Le risque de blessure

Un cheval risquant de donner un coup de sabot à un chien

 Le cheval a beau être un herbivore et une proie potentielle pour un chien, il ne faut jamais oublier que c’est aussi un animal pesant généralement plus de 500 kilos. La différence de taille et de corpulence est telle qu’il est susceptible de représenter un véritable danger pour le chien.

 

Que ce soit par peur ou par agressivité, il peut par exemple lui donner des coups de pattes pour se défendre – avec potentiellement à la clef des fractures et/ou des blessures internes, pouvant aller jusqu’à causer la mort.

 

Il peut aussi par mégarde lui marcher dessus, s’allonger sur lui ou même tout simplement le heurter. Là encore, les blessures occasionnées peuvent être importantes, voire fatales.

 

Le risque d’intoxication

En plus du danger que le cheval lui-même représente, un chien qui est au contact d’un tel animal est exposé à divers risques d’intoxication auxquels on ne pense pas forcément spontanément.

 

Si on suspecte qu’il a ingéré un aliment ou une substance qu’il n’aurait pas dû consommer (ou bien sûr si on l’a pris sur le fait), il faut l’empêcher de manger ou de boire quoi que ce soit, car cela pourrait faciliter la circulation des toxines dans le corps. Surtout, il convient d’appeler sans délai le vétérinaire pour savoir ce qu’il convient de faire.

 

De manière générale, les symptômes les plus courants d’une intoxication alimentaire chez un chien (ou plus largement d’un problème interne) sont des vomissements, une diarrhée, des tremblements et des spasmes.

La nourriture
De la nourriture pour cheval

Le chien peut s’intéresser à la nourriture du cheval. Dans la mesure où cette dernière consiste essentiellement en du fourrage et des grains, elle n’est normalement pas particulièrement toxique pour lui.

 

Cela dit, si elle est complétée par des fruits et des légumes, il faut avoir conscience que ceux-ci peuvent être toxiques pour la gent canine. C’est par exemple le cas des framboises : un cheval peut en consommer sans problème, mais pas un chien.

 

Enfin, si le cheval suit un traitement, des médicaments sont potentiellement mélangés dans sa nourriture et peuvent eux aussi s’avérer toxiques pour le chien.

 

Par mesure de sécurité, le plus simple pour réduire le risque d’intoxication est d’apprendre d’emblée au chien à ne jamais toucher la nourriture du cheval. 

Les vermifuges
Un vermifuge pour cheval

Comme un chien, un cheval doit se voir régulièrement administrer un vermifuge : cela permet d’éradiquer les nématodes et les ténias, des vers parasites.

 

L’ivermectine est la molécule la plus utilisée pour éliminer les parasites gastro-intestinaux chez les chevaux, et qu’on retrouve également dans les traitements antiparasitaires pour chiens. Toutefois, les doses destinées aux premiers sont évidemment sans commune mesure, et peuvent donc s’avérer dangereuses pour les seconds.

 

Qui plus est, l’ivermectine est particulièrement nocive – voire mortelle - pour une partie des représentants de certaines races canines comme le Colley et le Berger Australien, en raison de ce qu’on appelle l’hypersensibilité médicamenteuse liée à la mutation du gène MDR1

Le fumier
Du fumier de cheval dans un seau

Il peut arriver qu’un chien mange le fumier d’un cheval.

 

À la base, les excréments de ce dernier ne sont pas dangereux pour sa santé. Toutefois, si l’équidé a un quelconque problème de santé et reçoit de ce fait un traitement, ses crottes sont susceptibles de contenir des traces de substances toxiques pour les représentants de la gent canine.

Les sabots
Les sabots d'un cheval

Un chien a tendance à aimer mastiquer et manger la paroi des sabots après leur taille. En théorie, ce résidu composé de kératine est bon pour sa santé, puisqu’il contient du calcium, des protéines et de la vitamine B8. Toutefois, un morceau trop gros peut perforer son estomac, ses intestins ou son œsophage. Par ailleurs, si le cheval est traité pour une maladie ou une infection aux pattes, son sabot peut contenir des résidus de produits chimiques toxiques pour le chien. Enfin, les sabots peuvent être infectés par des bactéries et contenir des mycotoxines.

 

Pour toutes ces raisons, mieux vaut jeter ces résidus et ne pas laisser un chien en consommer.

Les risques pour le cheval

Un chien mordant la queue d'un cheval

Même si un cheval est un animal bien plus imposant qu’un chien, ce dernier peut tout de même représenter un danger pour lui.

 

En premier lieu, l’instinct de chasse de certains chiens tend à leur faire percevoir les équidés comme des proies potentielles – et donc à vouloir s’en prendre à eux.

 

En outre, les deux espèces n’ont pas le même langage corporel : de ce fait, il est tout à fait possible que le chien interprète comme une menace – voire une agression – un geste inoffensif de la part du cheval, et tente alors de le mordre.

 

Par ailleurs, si un représentant de la gent canine se met en travers de sa route alors qu’il est en mouvement, le cheval risque de chuter et de se blesser – notamment aux pattes avant, dont les os sont fragiles et particulièrement enclins aux fractures.

 

En outre, s’il est pris de panique face à un chien, il peut décider de prendre la fuite et ainsi se perdre, se blesser et/ou se mettre en danger, en particulier s’il se trouve en dehors des limites de son lieu de vie et s’il traverse des routes ou des zones qui ne sont pas adaptées à sa présence.

 

Les risques pour les tiers

Une cavalière tombant de cheval

Une interaction qui tourne mal entre un chien et un cheval n’est pas seulement dangereuse pour eux : elle l’est aussi pour les personnes qui se trouvent à proximité, et qui potentiellement n’ont rien à voir ni avec l’un, ni avec l’autre.

 

En effet, si un équidé panique à cause d’un chien, il est susceptible de percuter et de blesser des gens situés près de lui - notamment ceux qui chercheraient à le calmer.  

 

Il peut également tenter de s’enfuir et causer un accident, en particulier s’il se trouve à l’extérieur – par exemple en traversant une route où circulent des voitures.

 

En outre, si un cavalier monte le cheval au moment de la rencontre qui tourne mal, il peut être désarçonné - ou entraîné par l’animal si ce dernier chute. Il risque alors d’être blessé.

 

D'ailleurs, ce risque existe également dans le cas où le cheval est seulement gêné dans ses mouvements par le chien.

 

Au demeurant, ce dernier peut également représenter un danger pour les personnes présentes. S’il se montre agressif en présence d’un équidé, il pourrait très bien percuter, mordre ou blesser de toute autre manière une personne qui chercherait à le maîtriser.

 

Les interactions à éviter entre un chien et un cheval

Une cavalière entraînant son cheval au saut de haie en extérieur

Toutes les interactions entre un chien et un cheval comportent une part de risque. Toutefois, certaines représentent une probabilité d’incident tellement élevée qu’elles sont même à proscrire. Autrement dit, il est des situations où les deux animaux doivent absolument être maintenus à l’écart l’un de l’autre.

 

C’est le cas en premier lieu lorsque le cheval travaille avec son cavalier : le chien ne doit alors pas avoir accès au terrain, car il risquerait de l’effrayer. Le cheval pourrait alors le blesser, paniquer et se mettre en danger (voire prendre la fuite), chuter et/ou faire chuter son cavalier, etc.

 

Les repas sont également des moments délicats. En effet, l’un comme l’autre sont très protecteurs de leurs ressources. Pour éviter une réaction violente, le chien ne doit pas pouvoir s’approcher du cheval lorsque ce dernier reçoit sa nourriture – et inversement.

 

Dans le même ordre d’idée, même si le cheval n’est pas un animal territorial à proprement parler, son habitat est un endroit où il se sent particulièrement vulnérable et où il est susceptible de défendre vigoureusement ses ressources : nourriture, eau, etc. Il faut donc veiller à ce que le chien ne pénètre jamais dans son enclos seul et hors de toute surveillance par un humain, car il risquerait de provoquer une réaction violente.

 

Il faut aussi apprendre au chien à ne pas s’approcher d’un cheval par-derrière. Il s’agit en effet pour ce dernier d’un angle mort, et il est susceptible de donner un coup de sabot s’il sent qu’un animal non identifié se trouve sous sa croupe.

 

Enfin, les deux animaux ne doivent jamais être laissés seuls ensemble sans supervision. Même s’ils se connaissent, ils appartiennent à deux espèces aux comportements et aux codes très différents : ils sont donc susceptibles à tout moment de mal interpréter leurs intentions respectives. Surveiller systématiquement leurs interactions diminue grandement le risque d’incident.

Comment choisir un chien apte à interagir sereinement avec un cheval ?

Un cheval blanc et un Berger Allemand qui se font face

Les relations entre un chien et un cheval impliquent de nombreux risques. Toutefois, ces derniers sont réduits si le premier est capable de se comporter convenablement au contact du second.

 

Or, il existe des races de chien compatibles avec les chevaux, et d’autres qui le sont moins. En effet, certaines ont été habituées pendant des siècles à en côtoyer, en particulier dans les fermes ou à la chasse. C’est le cas par exemple du Berger Allemand, du Berger Australien, du Border Collie, du Golden Retriever, du Labrador Retriever, du Rhodesian Ridgeback ou encore du Welsh Corgi Pembroke.

 

Toutefois, dans ce domaine comme dans tous les autres, la race ne fait pas tout. Par conséquent, choisir un chien de telle ou telle race ne garantit pas qu’il s’entendra forcément bien avec les chevaux et les poneys. En effet, les facteurs génétiques propres à la race jouent indéniablement un rôle, mais il ne faut pas perdre de vue que chaque animal a sa propre personnalité et son caractère.

 

Indépendamment donc de sa race, un chien a d’autant plus de chances de bien s’entendre avec un cheval qu’il est calme, ne souffre pas d’anxiété et fait preuve de sang-froid face à ce qui est inhabituel pour lui. Mieux vaut en outre qu’il ne possède pas un instinct de chasse trop prononcé, car ce dernier risquerait de l’amener à se lancer à la poursuite de l’animal, et de lui faire peur voire le blesser.

 

Il est également préférable qu’il soit facile à éduquer et réponde bien aux ordres qu’on lui donne. Cela implique d’ailleurs que les choses se passent généralement mieux avec un chien jeune, car il est plus malléable et apte à apprendre de nouvelles choses.

 

Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’un cheval adulte pèse en général plus de 500 kilos, et qu’une collision ou un coup de patte peut survenir à tout moment – y compris involontairement, alors que les deux compères se trouvent à proximité voire jouent ensemble. Mieux vaut donc choisir un chien robuste, plus à même de tenir le coup en cas d’incident.

 

La taille est également un facteur à prendre en compte : un équidé a plus de chances de percuter par inadvertance un chien de petite taille, faute de l’avoir remarqué. Mieux vaut donc privilégier une race moyenne ou grande.

 

Il est également conseillé d’éviter les races moins vives (tels que le Bouledogue Anglais ou le Boston Terrier, par exemple), dont les représentants sont par exemple moins aptes à éviter un coup de sabot. Plus largement, un chien réactif est plus à même d’éviter les incidents.

 

Enfin, le choix du chien dépend tout autant du rôle qu’on lui réserve que de l’utilisation que l’on souhaite faire du cheval. Si on prévoit des randonnées équestres avec ce dernier et qu’on souhaite que le chien soit de la partie, mieux vaut qu’il soit endurant et athlétique. Dans le cas du travail à la ferme, on a intérêt à choisir un chien habitué à côtoyer toutes sortes d’animaux : il a moins de risques d’effrayer ou de gêner un équidé.

Comment habituer un chien à fréquenter des chevaux

Un cheval brun et un chien installé sur une barrière à côté de lui, qui regardent tous deux dans la même direction

La socialisation d’un chien avec les chevaux est un processus qui doit se faire de manière progressive – comme d’ailleurs avec les chats ou n’importe quelle autre espèce. Pour qu’il s’habitue au mieux à cet animal si différent et qu’il apprenne à se sentir à l’aise en sa compagnie, il faut veiller à créer des associations positives et éviter au contraire toute expérience négative - voire traumatisante.


On peut commencer en l’amenant simplement dans un endroit où il peut voir des chevaux, tout en le maintenant à bonne distance de ces derniers et en s’assurant qu’il en soit séparé par une barrière ou une grille, afin qu’il se sente en sécurité. En outre, il convient alors de le tenir en laisse.


Lors de cette phase de découverte, il n’est pas nécessaire d’attirer son attention sur eux : les choses doivent se faire naturellement. En revanche, lorsqu’il les regarde, on peut lui offrir une récompense ou initier un jeu, de manière à créer une association positive.


Ces moments de découverte des chevaux doivent avoir lieu à plusieurs reprises, jusqu’à ce que le chien se soit habitué à ces derniers.


Il est ensuite possible de répéter l’opération en se rapprochant, mais toujours en le tenant en laisse. On doit alors prêter une attention particulière aux éventuels signes d’anxiété qu’il serait amené à exhiber, et s’éloigner si l’on constate qu’il a peur ou se montre agressif. Là encore, ce processus doit être répété jusqu’à ce qu’il soit à l’aise.


En parallèle, on peut aussi promener son animal en laisse dans une grange ou un centre équestre lorsqu’aucun cheval n’est présent, afin qu’il s’habitue aux odeurs. On peut également lui faire renifler une selle ou des équipements liés à la pratique de sports équestres.

 

Un chien rapprochant son museau d'un cheval qui est dans un enclos

La dernière étape consiste à présenter le chien à un cheval, par exemple lorsque ce dernier se trouve dans son enclos. Mieux vaut toutefois qu’il soit sociable, habitué à côtoyer des chiens et pas du genre à être facilement effrayé. En outre, un poney ou un équidé de petite taille est préférable, pour que le chien se sente moins intimidé.

 

Là encore, ce dernier doit être tenu en laisse, et il ne saurait être question de le contraindre à s’approcher s’il n’en a pas envie. Au contraire, il convient de respecter une distance de sécurité pour prévenir les incidents. Par ailleurs, il faut faire attention aux éventuels signaux de stress : s’il aboie ou semble effrayé, mieux vaut mettre fin à l’expérience et réessayer une autre fois. Si au contraire il reste calme et se montre curieux, on peut le féliciter et lui offrir une friandise. En tout état de cause, le contact doit se faire progressivement et sans forcer les choses.

 

Une fois que le chien est habitué à fréquenter un lieu où il y a des chevaux et à côtoyer ces derniers, on peut tenter de lui retirer la laisse lorsqu’il est à proximité d’un cheval qu’il connait déjà, par exemple lorsque celui-ci se trouve dans son enclos.

 

À terme, on peut envisager de le laisser évoluer librement dans le lieu de vie des chevaux, à condition de lui avoir appris les zones auxquelles il n’a pas accès (notamment les enclos et la piste, dans le cas d’un centre équestre) et qu’il exécuter parfaitement les différentes commandes permettant d’éviter ou de mettre un terme immédiatement à une interaction potentiellement dangereuse : « Assis ! », « Pas bouger ! » et « Arrête ! ».

 

Le processus pour habituer un chien aux chevaux prend généralement des semaines, et n’est pas toujours couronné de succès. En effet, il peut arriver que du fait de son tempérament, un chien ne soit jamais à l’aise en présence d’un cheval, quelle que soit la quantité et la qualité des efforts déployés pour y parvenir. 

Comment habituer un cheval ou un poney à un chien ?

Un cheval, deux chiens et leur maîtresse

Si un chien peut être effrayé ou anxieux aux côtés d’un cheval ou d’un poney, l’inverse est également vrai. C’est même parfaitement normal pour un équidé de se sentir au départ mal à l’aise en présence de cette espèce, car il a tendance à l’assimiler au loup - un de ses prédateurs. Il est néanmoins possible de l’habituer progressivement à côtoyer des représentants de la gent canine, et ce faisant d’instaurer une cohabitation harmonieuse.


L’aisance d’un cheval à proximité d’un chien dépend en grande partie de la confiance qu’il a dans son cavalier. S’il le perçoit comme un vrai chef, il sait que ce dernier peut le protéger et ne cherche pas à le mettre en danger. Il est alors moins enclin à être stressé face à un représentant de la gent canine.


Il existe toutefois un prérequis avant de mettre un cheval en contact avec un chien : lui apprendre à reculer et à se déplacer latéralement. En effet, il s’agit là de deux manœuvres peu naturelles pour lui, et pour lesquelles il a besoin d’être concentré. Lui demander de les exécuter permet de focaliser son attention sur ces mouvements (qui au demeurant nécessitent de rester calme, étant donné la concentration qu’ils requièrent) : c’est un bon moyen d’éviter qu’il se laisse dominer par la peur et cherche à s’enfuir lorsqu’un chien entre dans son champ de vision.


On peut aussi faire travailler un cheval en présence d’un chien, pour le désensibiliser à la présence de cette espèce. Par exemple, pendant qu’une personne tient le chien en laisse et marche en faisant de grands cercles, on peut diriger le cheval avec une corde et suivre ces derniers à distance raisonnable. Plutôt que de se rapprocher du chien, et ce faisant d’imposer au cheval d’en faire de même, on peut le laisser décider de lui-même s’il s’approche – ce qui suppose qu’il soit suffisamment serein. Répété fréquemment, ce type d’exercice permet de développer la confiance en soi de l’équidé. Toutefois, il est important de toujours s’assurer que les deux animaux n’entrent pas en contact direct, au risque qu’un incident ne survienne.


L’étape suivante est de monter le cheval, une fois qu’il est suffisamment à l’aise en présence du chien. Là aussi, l’aide d’une tierce personne est requise : elle doit tenir le chien en laisse et effectuer de grands cercles autour du cheval. Le but est d’arriver à un point où ce dernier ne fait plus attention à la présence de ce petit animal et ne le considère plus comme un danger.


De manière générale, il est également conseillé de surprendre régulièrement son cheval par des mouvements inattendus : sauter sur place, sauter à cloche-pied, faire une pirouette, etc. Cela l’habitue à rester plus serein face à toutes sortes d’événements ponctuels et stressants susceptibles de ponctuer son quotidien : il a alors moins de chance d’être effrayé par un chien et ses comportements potentiellement déroutants pour lui, quand bien même il est déjà habitué à le fréquenter.

Faire du cheval en compagnie d’un chien

Une cavalière faisant une randonnée équestre avec ses chiens

Faire de la randonnée équestre en tenant son chien en laisse serait dangereux aussi bien pour soi-même que pour les deux animaux. On ne peut donc emmener son chien avec soi lors d’une sortie à cheval que s’il est parfaitement éduqué et qu’on est donc en mesure de le laisser évoluer librement sans avoir de doute quant au fait qu’il répondra parfaitement aux ordres qu’on lui donne – même et surtout au moment de croiser d’autres représentants de la gent canine, d’autres cavaliers, des promeneurs ou encore des cyclistes.

 

En outre, il faut non seulement qu’il ait parfaitement intégré les commandes « Assis ! » « Pas bouger ! » « Arrête ! » et « Couché ! », mais aussi qu’il soit habitué à les exécuter sur place, sans chercher à revenir de prime abord vers son maître. En effet, il risquerait le cas échéant de gêner les mouvements du cheval, voire de causer un accident ou une chute.

 

Pour la même raison, il doit également avoir appris à se déplacer à bonne distance du cheval sans non plus trop s’éloigner.

 

Un chien peut-il être jaloux d’un cheval, et vice versa ?

Un cowboy à cheval qui caresse son chien

Un chien peut tout à fait ressentir de la jalousie - notamment envers un cheval, lorsqu’il doit partager l’attention de son maître avec ce dernier. Ce sentiment tel qu’il est ressenti par un spécimen de la gent canine est très similaire à ce qu’un être humain connaît.

 

Il peut notamment l’exprimer en cherchant à se mettre entre son maître et le cheval, en gémissant, en grognant ou en aboyant. Ces comportements sont tous susceptibles d’effrayer le cheval et peuvent s’avérer dangereux tant pour les deux animaux que pour les personnes présentes.

 

Le cheval est lui aussi capable d’exprimer de la jalousie envers d’autres animaux, mais pour des raisons différentes. Il n’est en effet pas susceptible d’envier les récompenses ou les félicitations qu’on adresse à un chien, mais il peut se montrer très protecteur vis-à-vis de son maître, notamment lorsque celui-ci est approché par un animal.

 

Lorsqu’il est jaloux, un équidé peut se montrer agressif et hennir. Il est donc crucial de savoir reconnaître ces signes et réagir lorsqu'ils apparaissent, afin d'éviter un incident.

Conclusion

Les chiens et les chevaux coexistant pacifiquement depuis des siècles, il n’est pas impossible d’habituer un chien à fréquenter des équidés – et inversement. En fonction de la personnalité des protagonistes, ils arrivent même qu’ils s’entendent à merveille.


Toutefois, il ne faut pas se laisser leurrer par les nombreuses vidéos qui présentent les relations entre ces deux espèces sous un jour idyllique : en réalité, ces exemples sont plus l’exception que la règle. Pour un cheval, un chien est généralement avant tout un prédateur potentiel. À l’inverse, un chien a parfaitement conscience de la supériorité physique d’un équidé et a tôt fait de se sentir gêné en sa présence.


Quoi qu’il en soit, un long processus de socialisation est nécessaire pour mettre les deux animaux en confiance et réduire les risques d’incidents. Du reste, même en agissant au mieux et avec la meilleure volonté possible, rien ne peut garantir qu’ils deviennent les meilleurs amis du monde.

Par Nicolas C. - Dernière modification : 09/24/2023.