SUISSE - Une colonie de chiens polaires jette un froid dans un hameau des Ormonts

30/08/2006

Une colonie de chiens polaires jette un froid dans un hameau des Ormonts

LE SÉPEY
Vingt-sept chiens sont à l’origine d’une bisbille dans un hameau d’Ormont Dessous entre les propriétaires des animaux et leurs voisins. Le canton a été appelé à jouer le rôle d’arbitre.

«C'est bien simple, nos voisins ont décidé que nous devions partir!», s'indigne Pierre Mettraux.

Ambiance pour le moins tendue au hameau des Larets, non loin du Sépey, sur la route de la Forclaz. Cinq à six maisons à l'abri des regards, au milieu de la forêt, accessibles en voiture par un chemin défoncé, mais uniquement à pied ou à ski durant l'hiver.

Un lieu excentré et tranquille qui a convaincu Pierre et son épouse Carine de quitter leur maison de l'Etivaz en juin dernier avec leurs toutous – des chiens polaires en majorité, deux bergers belges et deux alaskans. Aujourd'hui, ce sont vingt-sept bêtes qui batifolent dans les cages sécurisées de la propriété en voie d'acquisition.

Au-delà de sa passion, Carine utilise ses chiens dans sa profession d'animatrice-éducatrice à Château-d'Œx. Elle envisage également de proposer des activités hivernales et estivales.

Les papiers pour l'achat de la maison et des 3500 m² de terrain sont prêts, mais les époux sont en proie à une grosse hésitation depuis qu'ils ont appris par un tiers que l'arrivée de la colonie n'était pas du goût de tous les voisins.

Jean-Luc Clerc, en résidence principale depuis une année tout juste quelques mètres plus bas, fait partie des mécontents: «Le matin, ce sont des hurlements. Cela arrive une dizaine de fois par jour. La situation est telle que j'ai presque honte d'inviter du monde. Deuxièmement, la zone est alimentée en eau par des sources et un ruisseau. Qu'en sera-t-il de la récupération des déjections canines? Enfin, durant l'hiver, le seul moyen de rentrer, c'est à pied. Et je crains de rencontrer leurs chiens lorsqu'ils les sortent.»

Tous ces arguments sont consignés dans une lettre paraphée par cinq plaignants. Un document adressé à Annie Oguey, syndique d'Ormont-Dessous: «La loi autorise quatre chiens au maximum en zone agricole, sauf dérogation de la commune en vertu d'une jurisprudence en la matière, indique-t-elle. On pourra discuter du nombre, mais plus d'une vingtaine de chiens, cela me semble trop. Néanmoins, avant de décider, j'attends le 27 septembre.» Soit la date de visite des représentants du Service vétérinaire cantonal, du Service des eaux et du préfet du district d'Aigle.

Les Mettraux, qui contestent l'ampleur des nuisances, sont «tombés de haut» en apprenant l'existence de la fameuse lettre: «Nous avons su lorsqu'un contrôleur du bétail est venu voir nos deux chevaux soi-disant sous-alimentés… Nous avions pourtant dit d'entrée qu'en cas de problème, il fallait nous en faire part, explique Pierre, assistant de police à Vevey. Et nous sommes prêts à faire des aménagements, si cela peut aider à régler le problème.»

«Si nos bêtes ne sont pas les bienvenues, nous partirons, reprend Carine. Même si ce serait très dur de devoir redéménager. Mais une chose est sûre: je ne me séparerai pas de mes chiens.»