Le déménagement du parc canin fait grogner les propriétaires de chiens
Le projet de développement de l'Université de Montréal, dans sa forme actuelle, englobera le terrain de baseball situé au nord du Centre communautaire intergénérationnel. C'est avec consternation que les usagers du parc canin, situé en face dudit terrain, du côté opposé du chemin Bates, ont appris que la Ville proposait de réaménager ce terrain de baseball sur le site actuel du parc canin, et d'aménager un nouveau parc canin dans le stationnement de l'avenue Rockland, à l'ouest du viaduc.
Il va sans dire que les propriétaires de chiens ont l'intention de s'opposer à cette décision et de faire valoir leur point de vue lors des consultations publiques sur le projet de l'Université de Montréal, mais nous, l'association qui les représente, souhaitons dès maintenant nous prononcer sur cette proposition qui ne peut qu'être qualifiée d'aberrante. En effet, le parc canin est un des parcs les plus fréquentés de l'arrondissement; beau temps, mauvais temps, hiver comme été, on peut y voir des gens de tous les coins de la ville s'y promener pendant que leurs chiens s'ébattent en toute liberté.
Il est important de rappeler ici que ce parc remplit deux fonctions essentielles: la socialisation des chiens qui les empêche de devenir agressifs et, bien sûr, leur exercice, fonctions d'autant plus importantes que, justement, les propriétaires et leurs animaux sont bannis de tous les autres parcs de l'arrondissement, même si les chiens sont tenus en laisse. Et pourtant, les propriétaires de chiens paient les mêmes taxes que tout le monde; le moins qu'on puisse dire est qu'ils ont droit à leur parc.
On répondra que la Ville reconnaît ces arguments et s'apprête à aménager un parc canin sur un autre site. Et c'est ici que le mot «aberration» prend tout son sens.
Le parc canin actuel est le fruit de plus de dix ans d'efforts et d'investissements. Même s'il est vrai que le terrain appartient à la Ville et que c'est elle qui en assure l'entretien, ce sont les initiatives de l'Association des propriétaires de chiens d'Outremont qui ont assuré la création d'un parc canin.
En effet, c'est l'association qui s'est battue pour obtenir l'autorisation d'utiliser cette ancienne piste d'athlétisme, qui n'était plus qu'un terrain vague où l'on déversait la neige, pour l'exercice des chiens. C'est encore l'association qui a commandé un projet paysager pour faire de ce parc l'agréable lieu de verdure qu'il est devenu avec le temps. Enfin, c'est elle qui a obtenu que la Ville le classe officiellement parmi les parcs d'Outremont.
Depuis, l'association et les usagers du parc continuent de jouer un rôle actif dans l'amélioration constante du site et son entretien. Un exemple: elle organise chaque printemps une corvée au cours de laquelle les usagers eux-mêmes font bénévolement le nettoyage complet du parc.
C'est dire à quel point les propriétaires de chiens apprécient ce parc qu'ils considèrent comme «leur parc» étant donné qu'ils en ont assumé la création et le développement.
Or, il est question de déménager le terrain de baseball sur notre site même et de créer un autre parc canin à partir d'un stationnement. Il faudra alors enlever l'asphalte, gazonner le tout, planter des arbres, des haies, installer l'eau courante, etc. On peut imaginer les coûts exorbitants pour les contribuables.
Nous faudra-t-il attendre encore dix ans pour avoir des arbres assez grands pour faire de l'ombre lors des journées de canicule et de plein soleil? Sans haies, serons-nous exposés au bruit et aux gaz d'échappement de la circulation environnante, au vent glacial l'hiver? Sans compter que l'abolition de l'actuel espace de stationnement, nécessaire et déjà limité, va créer un problème additionnel dans une zone où il est difficile de stationner.
Et tout ça pour aménager un terrain de baseball pour une fraction de la population, des équipes d'adultes, des hommes uniquement, pas nécessairement de notre arrondissement, et qui pratiquent leur sport quelques heures en soirée pendant la belle saison, c'est-à-dire à peine quelques mois par année. Le reste du temps, le terrain de baseball reste inutilisé.
On sacrifierait donc une portion importante de la population d'Outremont, qui a travaillé à la création de son propre parc canin et qui l'utilise toute la journée, sept jours par semaine, douze mois par année? On peut se demander de quelle sorte d'influence le baseball jouit pour obtenir une décision pareille en sa faveur.
Ne serait-il pas plus logique, plus simple et plus économique de relocaliser les baseballers ailleurs et de laisser le parc canin là où il est? Il existe des terrains de baseball partout dans la ville de Montréal (au parc Jeanne-Mance, pour ne donner qu'un exemple tout près d'ici) pour accommoder les équipes de la ligue.
Les usagers du parc canin sont en colère, et avec raison. Ils n'ont pas l'intention de céder leur parc et ils sont prêts à se mobiliser. Cependant, nous ne pouvons nous empêcher de croire que le bon sens l'emportera et que notre conseil d'arrondissement défendra notre cause pour le plus grand bien d'Outremont.
Bianca Zagolin
pour l'Association des propriétaires de chiens d'Outremont