Canada - Le chat a détrôné le chien

18/11/2007

Michel Thibault

Mine de rien, le chat a détrôné le chien au sommet de la liste des animaux de compagnie les plus populaires. Dans un monde où tout va de plus en plus vite, sa légendaire indépendance lui aurait permis de prendre du poil de la bête.

Depuis 1995, année où il était encore LE meilleur ami de l'homme, le chien ne cesse de perdre en popularité au Québec alors que le chat marque des points, révèle un sondage Léger Marketing réalisé pour le compte de l'Association des médecins vétérinaires du Québec et CDMV, un distributeur de produits vétérinaires.

Entre 1995 et 2006, le pourcentage de foyers abritant un chien dans la province a reculé de 24 à 21 %, selon l'étude. Dans la même période, la proportion de foyers québécois avec un chat a bondi de 23 à 27 %. Bref, en 2006, minou se retrouvait dans plus de maisons que pitou.

Un renversement qui ne ressemble pas à un feu de paille. "Après cinq sondages consécutifs échelonnés sur une période de onze ans, il est maintenant très clair qu'il y a une tendance lourde en ce qui concerne la baisse de popularité des chiens au Québec. Pour ce qui est du chat, tout nous indique que la société québécoise a définitivement fait de celui-ci son animal de compagnie préféré", conclut Léger Marketing.

3000 chiens à Châteauguay
Une petite enquête menée par Le Soleil laisse voir que le phénomène n'a pas épargné la région de Châteauguay.

Dans cette ville, en 2006, le service de fourrière AMR a vendu 3000 licences pour chiens, indique Danièle Chabot, propriétaire de l'entreprise. Cela représente environ 18 % des foyers, moins que le score provincial. À Mercier, une localité très familiale, le taux est encore plus bas : 15 %.

En contrepartie, est-ce que les chats ont gagné du terrain ? Comme ils ne sont pas recensés via les licences, Le Soleil s'est tourné vers le vétérinaire Camille Savaria qui a pignon sur rue à Châteauguay pour en avoir le cœur net.

Est-ce que le chat est plus populaire que le chien dans la région ? "Je le croirais, dit le Dr Savaria. Je traite plus de chats que de chiens."

À l'Animalerie Félix, également à Châteauguay, Brenda Beauvais et Lyne Laforge indiquent que les ventes de chiens ont baissé ces dernières années, vraisemblablement au profit du matou. Comment l'expliquer ?

"D'après moi, dans le monde de fou où l'on vit, un chat c'est moins captivant", opine Mme Laforge.

Le Dr Savaria abonde dans le même sens. "Aujourd'hui, tout est organisé pour aller plus vite. C'est plus facile de laisser un chat seul plus longtemps. Le chien demande plus d'attention."

Sécurité et affection
Et pourquoi adopte-t-on un animal ? Qu'est-ce que ça apporte ? La réponse varie selon le type de compagnon.

La sécurité a été mentionnée en premier par presque tous les propriétaires de chiens interrogés par le journal.

"Ça fait 18 ans que j'ai des gros chiens et je n'ai jamais été cambriolée. Mes voisins oui", a affirmé Anida Jekyll, rencontrée au parc pour chiens de Châteauguay où ses compagnons Cléo, un labrador, et Nike, un berger allemand, se délient régulièrement les pattes.

Les deux bêtes se précipitent vers la porte de l'enclos où s'amène Gamine, un Jack Russell blanc à l'allure de pirate avec sa tache foncée sur l'œil gauche. La petite chienne court avec ses deux amis trois fois plus gros qu'elle en poussant des cris stridents de temps à autre. "Elle joue. Elle a appris à se défendre", note sa maîtresse, Louise Hébert, pour rassurer la propriétaire de Cléo et Nike.

Chien ou chat, les deux comblent un besoin de donner et recevoir de l'affection. "Je trouve que des animaux, ça nous aide à nous faire sentir plus humains. C'est une présence vivante", expose Mme Hébert. La dame confie qu'elle aime bien regarder la télé, la main glissant sur le dos de Gamine.

Caresser un animal au poil doux, c'est agréable, fait valoir le Dr Savaria.

"C'est apaisant de flatter un animal le soir. Ça relaxe. Un animal, ça nous oblige à nous arrêter", confie Lyne Laforge.

Pour Anida Jekyll, un animal sensibilise les enfants aux autres. "Je trouve qu'un enfant élevé avec les chiens apprend à être doux et à respecter les autres. Un animal, si tu n'es pas doux avec, il va te mordre."

Un chien fait aussi bouger. Plusieurs fois par jour, Linda et Donald Marcotte prennent de longue marche avec leur camarade Sabu, un berger des Pyrénées qui ressemble à un bébé ours polaire. "On aime sa chaleur. C'est un ami. Il n'est vraiment pas agressif", dit Mme Marcotte.

"Ça nous fait sortir. Ça met de la vie dans la maison", commente Carole Desnoyers, flanquée de Max, un border coallie. "J'aime ça le flatter. J'aime ça jouer avec", dit François, son fils de onze ans, en parlant de son ami.

Les chiens favorisent ainsi les rapprochements entre humains. "On rencontre plein de gens ici, c'est le fun", apprécie Mme Desnoyers, au milieu du parc pour chiens.


Photo : Brenda Beauvais et Lyne Laforge, de l'animalerie Félix à Châteauguay, tenant un petit chien qui ne se formalise pas de la popularité du chat. (Photos - Michel Thibault)