Le troisième et le quatrième âges peuvent permettre aux personnes retraitées et seniors de profiter de leur temps libre, de réaliser sur le tard certains rêves et de pratiquer diverses activités. Cependant, cette période de la vie est souvent associée aussi à divers inconvénients liés au vieillissement. En particulier, les personnes âgées sont plus enclines à souffrir de difficultés psychologiques causées notamment par l’isolement, et bien sûr de toutes sortes de problèmes de santé.
Dans ces conditions, et compte tenu du fait que cette période est synonyme d’une certaine incertitude quant à l’évolution de leurs capacités, de nombreux adoptants se demandent à juste titre s’il est raisonnable d’adopter un chien à leur âge.
Il existe pourtant au moins douze bonnes raisons d’adopter un chien quand on est une personne âgée.
Avec l’âge et certaines pathologies chroniques qui peuvent favoriser la sédentarité, comme le diabète de type 2 ou l’arthrose, les seniors n’ont pas toujours une activité physique suffisante. Or, posséder un chien favorise la mobilité, car il est nécessaire de le sortir plusieurs fois tous les jours pour qu’il puisse faire ses besoins et surtout se dépenser. Cette routine qu’il est impératif de respecter oblige les propriétaires de l’animal à prendre l’air potentiellement plus fréquemment qu’ils ne l’auraient fait autrement.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande dans ses « Lignes directrices sur l’activité physique et la sédentarité » de pratiquer 150 minutes de marche par semaine pour rester en bonne santé. Les professionnels de santé s’accordent pour dire qu’une telle dépense physique a des effets bénéfiques sur le système cardiovasculaire et respiratoire, et s’avère également bénéfique pour la santé mentale et les facultés cognitives. Or, dans une étude intitulée « Dog owners are more likely to meet physical activity guidelines than people without a dog: An investigation of the association between dog ownership and physical activity levels in a UK community » et parue en 2009 dans la revue spécialisée Scientific Reports, des chercheurs de l’université de Liverpool (Grande-Bretagne) ont établi que la possession d'un chien est associée à un plus grand nombre de promenades récréatives et à une probabilité considérablement plus élevée d’atteindre les seuils d’activité physique hebdomadaire recommandés par l’OMS, y compris chez les 50-69 ans et les plus de 70 ans.
Certaines études se sont même focalisées plus particulièrement sur le cas des personnes âgées, et ont abouti au même constat. Dans l’une d’entre elles, réalisée par des chercheurs écossais (Royaume-Uni) et parue en 2014 dans la revue scientifique Preventive Medicine sous le titre « Dog ownership and physical activity in later life: A cross-sectional observational study », l’activité physique des personnes âgées observées qui possédaient un chien était ainsi 12 % supérieure à celle de ceux qui n’en possédaient pas.
Au passage, le fait de passer davantage de temps en extérieur quand on possède un chien implique une plus grande exposition aux rayons ultraviolets du soleil, qui favorisent la synthèse de vitamine D. Or, cette dernière est utile pour la santé osseuse, un point souvent problématique à partir d’un certain âge.
Cela dit, il n’y a pas que quand il fait beau qu’un chien doit être sorti. Sa possession permet donc d’autant plus de lutter contre la sédentarité qu’elle oblige à rester actif quelles que soient les conditions météorologiques. Cela a d’ailleurs été confirmé notamment par une étude menée sur des personnes âgées anglaises par des chercheurs de l’université de Cambridge. Intitulée « Dog ownership supports the maintenance of physical activity during poor weather in older English adults: cross-sectional results from the EPIC Norfolk cohort » et publiée en 2017 dans la revue scientifique BMJ Journals, celle-ci montre que les personnes âgées sont plus actives physiquement que celles qui n’en ont pas, y compris quand les jours sont plus courts, qu’il pleut fortement et qu’il fait froid.
Ainsi, qu’il s’agisse de longues balades ou simplement de permettre au chien de faire ses besoins, les sorties permettent de lutter contre ce fléau qu’est la sédentarité, qui peut entraîner ou aggraver toutes sortes de problèmes de santé. Elles permettent ainsi aux deux protagonistes d’entretenir leur santé et s’avèrent bénéfique pour leur bien-être.
Dans le cas des personnes très âgées et/ou très peu mobiles, de longues promenades ne peuvent bien sûr pas être à l’ordre du jour, mais permettre à leur animal de prendre l’air peut être une réelle source de motivation et d’énergie pour rester actif autant que faire se peut et conserver leur mobilité, si leur santé le leur permet.
Diverses études scientifiques ont démontré que les propriétaires de chiens vivent plus longtemps que les personnes n’en possédant pas, comme le rappelle une méta-étude intitulée « Dog Ownership and Survival - A Systematic Review and Meta-Analysis » et publiée en 2019 par des chercheurs canadiens dans la revue spécialisée Cardiovascular Quality and Outcomes. En cumulant les résultats d’une dizaine de travaux de recherche menés entre 1950 et 2019, pour un total cumulé de près de 4 millions de participants et un demi-million de décès, ceux-ci parviennent à la conclusion que la possession d’un chien réduit de 24% le risques de mort prématurée, toutes causes confondues. En quelque sorte, elle protège ou éloigne de la mort, quelle qu’en soit la cause.
Il faut dire en effet qu’un niveau d’activité physique accru n’est pas le seul effet positif sur la santé qu’elle implique.
En particulier, la présence d’un chien aide aussi à lutter contre l’isolement et le stress, deux facteurs qui favorisent en particulier les troubles cardiaques. En effet, les interactions et activités avec lui apaisent, et sont autant d’occasions de se changer les idées.
De fait, une bonne partie du résultat obtenu dans la méga-étude précédemment mentionnée s’explique par la réduction du nombre de décès ayant pour origine un problème cardio-vasculaire, une des principales causes de mortalité chez les humains. En effet, la possession d’un chien en réduit le risque de 31%.
Les personnes âgées qui ne travaillent plus et ont réduit les sorties (pour voir des amis, voyager, visiter des musées, assister à des conférences ou à toutes sortes d’évènements…) sont davantage sédentaires, et leurs activités quotidiennes ne sont pas forcément favorables à la stimulation cognitive – par exemple, rester passif devant un écran ou assis dans un fauteuil.
Or, les sorties et activités avec un chien réduisent justement ce temps de sédentarité, et sont synonymes de toutes sortes de stimuli : des objets en mouvement, des personnes et animaux avec qui interagir, de nouvelles choses à lire et à voir, des bruits et odeurs, etc.
Le chien peut aussi stimuler intellectuellement son propriétaire en interagissant avec lui via des mouvements, des sons, des actions qui constituent un langage. Or, comprendre ce que son chien veut dire nécessite de l’attention ainsi qu’un travail d’analyse. Ce n’est qu’ainsi que la personne peut interpréter et réagir au message que son compagnon lui adresse, c’est-à-dire au besoin que celui-ci exprime : promenade, caresse, attention, nourriture…
Cela vaut même quand les choses ont commencé à se dégrader fortement, puisque différents travaux de recherche ont prouvé l’effet positif du chien sur les capacités cognitives de personnes âgées souffrant de différents degrés de démence, de légère à avancée. Une méga-étude publiée en 2019 dans la revue spécialisée BMC Psychiatry et intitulée « Effectiveness of the dog therapy for patients with dementia - a systematic review » confirme ainsi, sur la base de pas moins de six études sur le sujet, que la thérapie assistée par l'animal s’avère être un traitement complémentaire bénéfique aux capacités cognitives des patients présentant différents degrés de démence.
Posséder un chien implique une routine qui a un impact positif sur la personne âgée. En effet, cela lui donne des tâches régulières à effectuer, dont certaines doivent l’être quotidiennement et à heure fixe : lui donner ses repas, le sortir, faire les courses, jouer avec lui, l’entretenir voire l’emmener chez le toiletteur, se rendre de temps à autre chez le vétérinaire, etc.
Cette routine peut aider à réduire les épisodes d’anxiété que vivent certaines personnes âgées, en ritualisant le quotidien et en créant des parallèles entre la vie du chien et celle de son propriétaire. Il est courant par exemple que l’animal se lève lorsque ce dernier se réveille, que la personne prépare son repas après avoir nourri son compagnon, etc. Certaines personnes âgées isolées ont tendance en effet à oublier certaines tâches, par exemple de manger un repas ou de se laver, au risque de ne pas subvenir à leurs propres besoins. La présence d’un chien peut clairement aider à limiter ce genre de problèmes.
Un chien nécessite qu’on s’occupe de lui chaque jour. Il donne ainsi à son propriétaire une motivation pour se lever le matin et se déplacer à diverses occasions tout au long de la journée : quelles que soient les conditions météorologiques, l’humeur du moment ou les douleurs éventuelles, lui a besoin d’être sorti, d’être nourri, d’être diverti… Ces tâches qui constituent une routine responsabilisent et valorisent le maître, qui est conscient que c’est de lui que dépend son animal pour la satisfaction de ses différents besoins fondamentaux.
C’est d’autant plus vrai que cet être vivant doué de sensibilité qu’est le chien n’hésite pas faire savoir si quelque chose ne va pas, par exemple en venant réclamer son repas, une sortie ou tout simplement de l’attention. Ainsi, non seulement en posséder un permet de se sentir utile, mais en plus lui-même est capable dans une certaine mesure de faire sentir et rappeler à son propriétaire les responsabilités qui lui incombent.
Il est courant que les personnes âgées aient moins de relations sociales, en raison de l’arrêt du travail et/ou d’autres activités, de l’éloignement géographique, de la perte de certains proches... Or, le meilleur ami de l’Homme est dans l’ensemble un animal sociable, qui souvent s’intéresse à ses congénères et aux humains autres que ses propriétaires. Promener son chien conduit donc régulièrement à entamer une conversation avec d’autres propriétaires du fait du rapprochement initié par leurs compagnons respectifs, voire simplement avec des personnes qui passent par là et auquel l’animal semble particulièrement s’intéresser, ou qui au contraire elles-mêmes souhaitent en savoir plus sur lui. Tout cela a d’autant plus de chances de se produire qu’on emprunte généralement les mêmes endroits, et donc qu’il est courant de croiser régulièrement les mêmes personnes.
Cela a été prouvé par de nombreuses études, notamment une menée par des chercheurs de l’université de Warwick (Royaume-Uni), intitulée « Dogs as Catalysts for Social Interactions: Robustness of the Effect » et publiée en 2000 dans le British Journal of Psychology. Comme son titre l’indique, elle présente le chien comme un « catalyseur » social. En effet, ses résultats montrent que le fait d'être accompagné par un chien augmente la fréquence des interactions sociales, en particulier les interactions avec des étrangers, et favorise les rencontres susceptibles de mener à une relation amicale voire même amoureuse.
En outre, avoir un chien implique de faire appel de temps à autres à différents professionnels, ce qui est source d’échanges supplémentaires qui s’avèrent d’ailleurs parfois très intéressants et stimulants : consultations chez le vétérinaire, entretien chez le toiletteur, séances d’éducation canine (qui peuvent d’ailleurs être collectives, et donc l’occasion de rencontrer d’autres propriétaires), recours à un dog-sitter ou une pension pour animaux, transport en taxi animalier, etc.
Quelles qu’en soient les modalités, toutes les rencontres qu’entraîne la possession d’un chien entretiennent la sociabilisation du propriétaire de l’animal, voire aident à briser la solitude pour les personnes isolées. Dans une étude intitulée « Pet ownership may attenuate loneliness among older adult primary care patients who live alone » parue en 2014 dans la revue spécialisée Aging & Mental Health, des chercheurs de l’Université de Rochester (États-Unis) ont constaté que les seniors accompagnés d’un chien souffrent moins de solitude que les autres.
Or, le problème est réel. Ainsi, selon une enquête consacrée à la solitude et l’isolement des personnes âgées de plus de 60 ans, menée en 2017 par l’institut français CSA pour le compte de l’association Petits Frères des Pauvres, près de 900.000 personnes de plus de 60 ans souffriraient d’isolement en France, dont deux tiers ne sortent pas de chez elles tous les jours. Un tiers d’entre elles, soit 300.000 seniors, sont considérées comme en état de mort sociale, c’est-à-dire qu’elles n'ont plus aucun contact avec leur entourage. Même s’il ne faut pas non plus s’imaginer que c’est une solution magique, il ne fait pas de doute qu’un chien pourrait être bénéfique à une bonne partie de ces personnes.
Il n’y a pas d’âge pour faire des rencontres ou trouver l’amour : les personnes âgées seules ont elles aussi droit au bonheur !
Or, avoir un chien à ses côtés conduit souvent à initier toutes sortes d’échanges et de rencontres fortuites, y compris avec des gens qu’en temps normal on n’aurait pas osé aborder – ou l’inverse. Il est à la fois un alibi et un sujet de conversation parfait pour « briser la glace », et ces échanges souvent superficiels ou futiles au début aboutissent parfois à des amitiés fortes, voire à une relation amoureuse – même si telle n’était pas forcément l’intention des deux protagonistes lorsqu’ils commencèrent à échanger.
Des chercheurs de l’université de Bretagne Sud (France) ont ainsi étudié l’effet positif de la possession d’un chien sur les relations humaines dans un article intitulé « Domestic Dogs as Facilitators in Social Interaction: An Evaluation of Helping and Courtship Behaviors » et publié en 2008 dans la revue Anthrozoos A Multidisciplinary Journal of The Interactions of People & Animals. Ils ont établi statistiquement qu’une personne accompagnée d’un chien parvient plus facilement à échanger avec des inconnus du sexe opposé et à obtenir leur numéro de téléphone dans le but de convenir d’un rendez-vous afin de se revoir. C’est donc un atout pour faire de nouvelles rencontres, et pourquoi pas trouver l’amour si l’occasion se présente.
Il faut dire en effet que le fait de posséder un chien a une influence sur l’image qu’on renvoie. Des chercheurs du Ruppin Academic Center (Israël) se sont d’ailleurs intéressés à la façon dont la possession d'un chien augmente l'attractivité des hommes dans une étude intitulée « Dog ownership increases attractiveness and attenuates perceptions of short-term mating strategy in cad-like men », parue en 2013 dans la revue Journal of Evolutionary Psychology. En soumettant des photos à des femmes célibataires, ils ont établi qu’un même homme au profil de séducteur est considéré comme davantage attirant par ces dernières lorsqu’on indique qu’il possède un chien. En revanche, dans le cas d’un homme au profil « père de famille », l’attirance qu’il suscite est la même qu’on indique qu’il en a un ou non. Les chercheurs estiment que posséder un animal de compagnie renvoie une image rassurante de personne établie et stable, capable de tourner son attention vers un autre être et de répondre à ses besoins, plutôt que d’être quelqu’un qui recherche juste « un coup d’un soir ». Autrement dit, posséder un chien procure aux hommes un avantage pour faire des rencontres, qu’ils soient intéressés par une relation de longue durée ou au contraire par une simple aventure.
Cet atout vaut aussi dans l’autre sens, comme l’a montré une étude menée auprès d’utilisateurs du site de rencontre Match.com par des chercheurs de l’université de Las Vegas (Etats-Unis), parue en 2015 dans le journal scientifique Anthrozoos et intitulée « The Roles of Pet Dogs and Cats in Human Courtship and Dating ». En effet, 23% des hommes de plus de 50 ans interrogés déclarent avoir déjà été davantage intéressés par une femme du fait qu’elle possédait un animal de compagnie. C’est une proportion moins élevée que chez les femmes (30% disent avoir déjà été davantage intéressées par un homme pour la même raison), mais qui est néanmoins loin d’être négligeable. Cette étude indique aussi que les représentants de la gent masculine sont conscients que leur animal peut être un allié de choix pour séduire, puisque 16% des hommes de plus de 50 ans indiquent l’avoir déjà utilisé dans ce cadre.
Les chiens sont donc susceptibles de jouer un rôle de « catalyseurs » dans les rencontres, et ont une influence sur la manière dont leur propriétaire est perçu par un partenaire potentiel. Toutefois, la façon dont ce dernier se comporte avec l’animal joue également sur l’image que s’en fait ledit propriétaire : dans l’étude précédemment mentionnée, 72% des femmes de plus de 50 ans et 52% des hommes de plus de 50 ans affirment que le comportement de la personne vis-à-vis de leur animal contribue au jugement qu’ils se font à son sujet.
Plus généralement, une personne avec un chien s’intéresse généralement davantage à quelqu’un qui montre aussi de l’intérêt pour cet animal, et ne pas être ami de ces êtres à quatre pattes peut même constituer un véritable « tue-l’amour » pour certain(e)s.
Au passage, l’étude américaine de 2015 confirme l’incroyable supériorité du chien sur le chat en termes de séduction. En effet, alors que 32% des plus de 50 ans interrogés indiquent qu’ils ne pourraient probablement pas être en relation avec une personne qui adore les chats, ils ne sont que 3% à en dire autant pour quelqu’un qui est épris des chiens.
Humains et chiens ont en commun la capacité à vivre en société, et le besoin d’avoir des interactions sociales être équilibrés et heureux. Or, les émotions d’un chien ont tendance à exercer une influence sur son entourage. Ainsi, sa joie peut être communicative ou contagieuse : lorsqu’il « fait la fête », il met du baume au cœur des personnes qui se trouvent à ses côtés. Plus largement, chaque action que le maître effectue et qui rend son animal heureux (une friandise, une promenade, une caresse…) a de fortes chances de lui apporter un double sentiment positif, à travers d’une part le fait de se sentir utile, et d’autre part la joie de son compagnon. Cela a un impact positif sur son moral.
En outre, un chien perçoit les sentiments de son propriétaire : joie, tristesse, colère… Même s’il ne peut répondre par des mots lorsque celui-ci lui parle, il sait écouter d’une oreille attentive et souvent réagit en conséquence par des mouvements ou des marques d’affection qui sont de nature à mettre du baume au cœur de son maître. Ainsi, au-delà du fait que la libération de la parole est déjà en soi salvatrice, les réactions de l’animal sont elles aussi de nature à contribuer au bien-être de son propriétaire. Pour une personne âgée comme d’ailleurs pour n’importe quel autre, un chien peut donc représenter un confident de choix, d’autant que lui ne pose pas de questions embarrassantes et ne juge jamais.
La présence d’un chien apaise aussi les personnes qui interagissent avec lui en diminuant le taux de cortisol, qui est l’hormone du stress. Elle les aide donc à se détendre et profiter du moment présent avec l’animal.
Une étude intitulée « Neurophysiological correlates of affiliative behaviour between humans and dogs », publiée en 2003 par des chercheurs de l’université de Pretoria (Afrique du Sud) dans la revue spécialisée The Veterinary Journal, a également montré que les interactions avec un chien entraînent une sécrétion de dopamine dans l’organisme des deux protagonistes. Or, cette hormone contribue à la sensation de bien-être, à la fois chez l’Homme et chez son meilleur ami. Les caresses et les moments de contact visuel sont particulièrement bénéfiques sur ce plan.
Ces derniers provoquent aussi la production d’ocytocine, appelée parfois hormone de l’attachement et qui est notamment sécrétée dans le cerveau d’une mère lors de l’accouchement, ainsi que lorsqu’elle regarde et allaite son bébé. Cela a été montré notamment par une étude de chercheurs japonais de l’université Azabu intitulée « Oxytocin and mutual communication in mother-infant bonding », parue en 2012 dans la revue spécialisée Frontiers in Humane Neuroscience, qui a établi qu’un échange de regards entre un chien et son maître entraîne la production de cette hormone. Sa libération a un effet sur le bien-être, les sentiments d’amour et de plaisir, l’empathie et la réactivité au stress.
Enfin, comme posséder un chien conduit généralement à passer davantage de temps en extérieur, la personne âgée est exposée plus longuement aux rayons ultraviolets du soleil, qui favorisent la synthèse de vitamine D. Or, cette dernière n’a pas des effets bénéfiques que sur les os : elle impacte aussi sur le moral et l’humeur, voire constitue un excellent anti-dépresseur.
Pour toutes les raisons qui précèdent, la présence d’un animal peut permettre de réduire la prise de médicaments - notamment ceux destinés à lutter contre l’anxiété ou la dépression, consommés par de nombreuses personnes âgées. Certains responsables de maisons de retraite ont d’ailleurs bien compris l’effet positif de la présence d’un animal sur le moral de leurs résidents, et font venir régulièrement des chiens de soutien psychologique qui rendent visite aux pensionnaires dans le cadre de séances de zoothérapie. De fait, la médiation animale avec des chiens est une forme de thérapie non médicamenteuse qui peut venir complémenter voire remplacer en partie le recours aux médicaments.
Le chien n’est pas forcément qu’un compagnon de vie au quotidien : il peut aussi donner à son propriétaire le sentiment d’avoir un « garde du corps », et ce faisant le rassurer. En effet, sa présence aux côtés de son maître lors des sorties peut dissuader d’éventuels agresseurs de s’en prendre à ce dernier. Il procure également un sentiment de sécurité au sein du domicile, car certains de ses sens très développés (son ouïe et son odorat, en particulier) ainsi que sa capacité à rester souvent en éveil lui permettent de détecter des intrusions de personnes malintentionnées. Le fait de savoir qu’un chien est présent dans le foyer peut d’ailleurs dissuader des personnes de s’approcher du domicile après avoir vu ou entendu l’animal – voire à la simple vue d’une mention à son sujet, par exemple une pancarte « Attention au chien ».
De nombreuses races ont d’ailleurs été conçues spécifiquement pour la garde. Cela dit, opter pour un animal très imposant (et ayant potentiellement un grand besoin d’exercice) n’est pas recommandé pour un senior, car sa prise en main peut parfois s’avérer assez physique et n’est donc pas faite pour une personne fragile. Un chien de petite taille qui aboie énergiquement lorsqu’arrive une personne inconnue suffit pour jouer le rôle de lanceur d’alerte.
Si un chien procure un sentiment de sécurité à son propriétaire, c’est aussi parce qu’il peut potentiellement détecter quand celui-ci va mal (malaise, chute, maladie…), et aller prévenir alors le voisinage. Ce faisant, il est susceptible de potentiellement sauver la vie de son maître, a fortiori si celui-ci vit seul.
Il existe d’ailleurs des formations spécifiques pour apprendre à un chien à venir en aide à son maître et donner l’alarme. Par exemple, certaines associations proposent des chiens destinés à servir d’auxiliaires de vie pour personnes diabétiques. Leur odorat très développé leur permet en effet de repérer les hyperglycémies et les hypoglycémies avant que ne survienne un accident, car ils sont entraînés à reconnaître l’odeur particulière qu’émet le corps humain lorsqu’il est en manque de sucre. Ils appuient alors leur museau ou leur patte sur un bouton sonore et avertissent leur maître avec des coups de truffe, ce qui permet de prévenir de l‘approche d’un malaise.
D’autres organismes forment des chiens destinés spécifiquement à vivre avec des seniors. Non contents de lui offrir de la compagnie, ils sont capables de prévenir le voisinage si leur maître se porte mal, ou encore de rapporter des objets. Dans le cas de personnes âgées à mobilité réduite, leur aide peut s’avérer salvatrice dans nombre d’actions du quotidien (ramasser un objet, ouvrir une porte, porter un sac…), et permettre de conserver une certaine autonomie. Les organismes qui mettent à disposition ces chiens s’assurent régulièrement que l’animal est en mesure de répondre correctement aux besoins de la personne, et peuvent le faire bénéficier de formations supplémentaires si cela s’avère nécessaire pour qu’il apprenne à effectuer telle ou telle tâche.
Comme pour les autres tranches d’âges, il existe une grande diversité de profils de senior, que ce soit en termes d’état de santé, de niveau d’activité physique, de lieu et mode de vie, de moyens financiers… Or, il en va de même du côté de la gent canine, si bien que n’importe quelle personne âgée est normalement susceptible de trouver un chien qui lui correspond.
Le critère de l’âge est assez déterminant, et il est d’ailleurs courant de distinguer le troisième âge (60 à 75 ans) et la quatrième âge (au-delà de 75 ans). On trouve dans la première catégorie de nombreux jeunes retraités encore actifs, qui profitent de leur temps libre pour se déplacer et vivre de nouvelles expériences. Ils sont généralement ravis d’avoir un chien qui est lui aussi assez actif, et se font par exemple un plaisir de le promener une heure tous les jours si c’est ce dont il a besoin. Les personnes plus âgées et/ou moins mobiles ont pour leur part tendance à être plus sédentaires, et ne seraient pas forcément en mesure de s’occuper convenablement d’un tel chien. En revanche, un animal plus calme et posé est tout à fait susceptible de leur convenir.
L’espèce canine est potentiellement la plus diverse de toutes, puisqu’il existe plusieurs centaines de races de chien dont les gabarits, tempéraments et besoins (notamment d’exercice) diffèrent grandement : tout un chacun est donc en mesure d’y trouver son compte, quel que soit son profil, son lieu et mode de vie ainsi que ses attentes.
Par exemple, pour une personne âgée peu mobile voire fragile, mieux vaut privilégier une race de petite taille connue pour son calme et son obéissance, comme le Schnauzer Nain, le Coton de Tuléar ou le Bichon Frisé : l’animal n’en sera que plus aisé à manier et à tenir en laisse.
Pour les mêmes raisons, opter pour un chiot n'est pas recommandé : il a en général beaucoup plus d’énergie et est davantage susceptible d’agir de manière imprévisible, au risque par exemple de mordre involontairement ou de déséquilibrer son propriétaire par des mouvements brusques, par exemple en lui sautant dessus. Ce dernier risque ne doit pas être sous-estimé : selon une étude intitulée « Nonfatal Fall-Related Injuries Associated with Dogs and Cats » publiée en 2009 par le Centers for Disease Control (CDC) américain, les chiens sont à l’origine chaque année dans le pays de plus de 75.000 chutes occasionnant des séquelles. Dans environ 80% des cas, il s’agit de fractures, et les tranches d’âge les plus touchées en pourcentage sont les 75-84 ans ainsi que les plus de 84 ans.
Du reste, adopter un chien qui n’en est encore qu’au tout début de sa vie n’est pas forcément très pertinent quand on est soi-même dans la configuration inverse, car on augmente les chances qu’il se retrouve un jour orphelin de son maître. Au-delà d’environ 75 ans, même si on est encore assez en forme, rien ne dit que cela durera encore longtemps : il paraît nettement plus raisonnable d’opter pour un adulte (par exemple en choisissant d’adopter un chien de refuge), d’autant que cela permet aussi d’éviter des mauvaises surprises en termes de compatibilité. En effet, le comportement et le tempérament d’un chien adulte sont déjà connus et ont peu de chances de changer sensiblement par la suite, alors qu’il est nettement plus difficile de prévoir comment un chiot évoluera.
Certaines associations de protection animale qui gèrent des refuges et/ou un réseau de familles d’accueil refusent l'adoption par une personne au-delà d’un certain âge, ou la conditionne à son état de santé et la compatibilité entre d'un côté les besoins de l’animal sur lequel elle souhaite jeter son dévolu, et de l'autre la vie qu’elle est en mesure de lui offrir. Une attention particulière est alors portée à ses capacités de mobilité, qui doivent être suffisantes pour gérer au quotidien son éventuel futur compagnon.
Si une certaine réserve est donc parfois de mise concernant l’adoption d’un chien par une personne âgée, d'autres organismes font plutôt le choix d'encourager cette démarche en proposant un dispositif différent d’une adoption « classique ». Ainsi, pour éviter les aléas en cas d’hospitalisation ou de décès du propriétaire, certaines associations restent légalement en charge du chien, et s’engagent donc à prendre la relève si nécessaire. L’animal est placé auprès de la personne âgée comme il le serait dans une famille d’accueil, si ce n’est qu’elle le conserve aussi longtemps qu’elle est en mesure de s’en occuper. C’est notamment le dispositif qu’a introduit en France la SPA (Société Protectrice des Animaux) : elle s’engage à reprendre l’animal dans le cas d’une hospitalisation ou du décès de son maître.
L’association facilite aussi l’adoption par des personnes âgées disposant de faibles moyens en prenant en charge certaines dépenses, comme les rendez-vous chez le vétérinaire.
Par ailleurs, il existe également des acteurs permettant d’assurer l’avenir de son chien : une fois que son maître est décédé ou n’est plus en mesure de s’en occuper, l'animal est accueilli jusqu’à la fin de ses jours dans une pension haut de gamme spécialisée, au sein de laquelle du personnel qualifié prend soin de lui et où il côtoie au quotidien toutes sortes de congénères.
La présence d’un chien est bénéfique à bien des égards pour les personnes âgées, notamment parce qu’elle a un impact positif sur leur hygiène de vie ainsi que sur leur santé physique et psychologique. Ce faisant, elle aide à lutter contre les effets du vieillissement.
Cela ne veut pas dire pour autant qu’une adoption est forcément pertinente. En cela, il en va des personnes âgées comme de toutes les autres : il y a de nombreuses questions à se poser avant d’adopter un chien, car ce n’est pas un acte anodin. Si on n’est pas sûrs de pouvoir l’accueillir comme il se doit et satisfaire convenablement ses besoins tout au long des années qui suivent, mieux vaut s’abstenir. Au besoin, l’éclairage de proches peut s’avérer utile pour y voir plus clair.
S’il paraît effectivement plus sage de renoncer, il existe néanmoins différentes solutions de repli pour avoir malgré tout l’occasion de côtoyer un ou plusieurs chiens : devenir famille d’accueil au sein d’une association de protection animale, bénéficier de la visite d’animaux de proches (ou leur rendre directement visite), solliciter les services d’un zoothérapeute ou encore d’une association qui amène des chiens rendre visite à des personnes âgées.
Une autre option envisageable est d’aider comme bénévole dans un refuge. Elle est particulièrement pertinente pour un senior qui conserve des capacités physiques suffisantes mais préfère éviter de s’engager plusieurs années et/ou est régulièrement absent de son domicile, par exemple du fait de nombreux voyages ou d’hospitalisations régulières.
Enfin, une personne âgée qui souhaite à tout prix avoir un animal peut aussi bien sûr se tourner vers une autre espèce moins physique et exigeante, par exemple du fait qu’elle est de plus petit gabarit et/ou ne nécessite pas d’être sortie fréquemment.